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Les écrits de Rav Nahman de Breslav

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111maur
Messages: 245
Chalom cher Rav,

Est-il vrai que rabi nahman de Breslav a écrit aucun de ses œuvres ? J'ai entendu dire que le seul livre que son élève a écrit de sont vivant, le Likoutei Moharan, n'a reçu aucune approbation du maitre.
Cette affirmation est-elle juste ?
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6311
Citation:
Est-il vrai que rabi nahman de Braslav a écrit aucun de ses œuvres ?

Non, c'est faux.
Le Sefer Hamidot a été écrit par lui-même, étant (très) jeune.
(et il n'a pas écrit que ce livre, mais c'est peut-être le seul dont nous disposons de sa main.)

Citation:
j’ai entendu dire que le seul livre que sont élève a écrit de sont vivant le likoute moharan n’a reçu aucune approbation du maitre cette affirmation est-elle juste ?

ça dépend ce que vous voulez dire; il n'y a en effet pas d'approbation écrite sur l'ouvrage, mais cela ne signifie pas qu'il n'appréciait pas le contenu.
Le titre lui-même indique que c'est un recueil d'enseignements de Morénou Harav Na'hman, donc rédigés par autrui, mais je ne connais pas grand-chose à l'histoire de la rédaction du Likoutei Moharan, peut-être que des internautes pourront ajouter des éléments...
RHY
Messages: 140
Le livre Likoutei Moharan (LM) n'a bénéficié d'aucune approbation lors de sa première parution en 1808.

Ni Rebbes de l'époque, ni même le nom du Becht, n'y sont mentionnés.

Dans l'Histoire du Hassidisme de S.Doubnov (chap.43 note 15), l'auteur ramène le Esser Orot (p.109 dans l'édition de 1808) qui parle d'une certaine Haskama du Hozeh de Lublin.
Mais il ramène plusieurs éléments qui tendent à penser à un faux.

Toujours selon le même auteur (p.430), le livre Kadoch Venora qui fut rédigé puis finalement brûlé en 1806 à la demande de Rabbi Nahman de Breslev serait en fait une version originale du Likoutei Moharan, dans laquelle l'auteur aurait amèrement critiqué d'autres Rebbes. Il aurait donc demandé à le brûler sous la pression de ces Rebbes.
Pas étonnant donc qu'on ne trouvait aucune haskama au LM ...

On ne trouve pas non plus de haskama de R.N. De Breslev (RNB) au début du livre.

Toutefois, selon Rabbi Nathan, RNB n'a pas tari d'éloges sur son propre livre.
Voir entre autres Hayé Moharan II, 346 où il est dit au nom de RNB que le LM marque le début de la délivrance, qu'il nous faut l'étudier car il est très profond, et ce jusqu'à le connaitre par cœur !

Au début de Hayé MoharnNat (ne pas confondre avec Hayé Moharan), Rabbi Nathan raconte comment a été rédigé cet ouvrage: sa rédaction commence à Hanoukka de 1802. Lors des Chabbat, RNB discoursait et livrait ses Hidouchim. Après chabbat, il répétait ses hidouchim en yiddish devant Rabbi Nathan qui les retranscrivait en Hébreu.

[Je m'étonne qu'il puisse répéter ses Hidouchim Motsei Chabbat, alors qu'il ressort du Hayé Moharan II, 341 qu'il oubliait tout de ses propres hidouchim une fois qu'il finissait de les prononcer !]

J'écris sur mon portable, ce n'est pas chose aisée. Je m'arrête donc là, je pense que c'est déjà suffisant :)

Bonne continuation.
111maur
Messages: 245
merci cher Rav pour votre réponse kol touv berakha ve hatslaha bakol
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6311
Merci à RHY pour sa généreuse contribution.

Après avoir écrit, je me suis résolu à jeter un œil sur la question de l’édition du Likoutei Moharan, voici ce que j’ai appris de mon édition (Jérusalem 1979, c’est la 28ème) :

Tout d’abord même s’il n’y a eu aucune approbation écrite de Rabbi Na’hman lui-même sur son livre, il faut souligner qu’il a été publié de son vivant, en 1808.

Ensuite, il se trouve que nous avons des traces écrites indiquant très clairement la pleine approbation de R. Na’hman au Likoutei Moharan tel qu’imprimé.
Toutefois, il faut souligner que seule la 1ère partie a été imprimée en 1808, la seconde a été rédigée après et n’a été publiée qu’en 1821.

A partir de la seconde édition (post-mortem du Rabbi, par les soins de son dévoué élève R. Nathan) en 1821, ont été imprimées des haskamot de trois Rabbanim dans lesquelles nous lisons que Rav Na’hman lui-même avait demandé auxdits rabbanim de lui écrire une Haskama, c’est donc qu’il « soutenait » la parution de son propre livre.

Deux autres approbations ont été retrouvées ultérieurement et sont imprimées aujourd’hui avec les 3 autres.
Il y a donc 5 Haskamot dans cet ordre :

1) Le ‘Hozé de Lublin, R. Yaakov Its’hak Horowitz (1745-1815)
2) Le Maguid de Koznitz, R. Israel Hopstein (1736-1814)
3) R. Avraham ‘Haim de Zlotshov (1726-1816)
4) R. Méir Kristenpoler
(du nom de la ville Kristinopol en Ukraine, aujourd’hui Tchervonohrad) de Brody (décédé en 1815)
5) R. Ephraïm Zalman Margulies (1760-1828).


Les deux premières n’apparaissent qu’à partir des éditions plus tardives du Likoutei Moharan, dans la seconde édition, seules les 3 dernières Haskamot figuraient.

Néanmoins, plusieurs éléments troublants me poussent à suspecter l’authenticité de ces approbations.

Dans cette seconde édition où apparaissent les 3 Haskamot (N°3, 4 et 5) pour la première fois, il est expliqué que par modestie, R. Na’hman n’a pas voulu les imprimer et elles se sont égarées avec le temps.

Le Likoutei Moharan est donc imprimé en 1808 sans Haskamot, R. Na’hman décède en 1810 et quelques années plus tard, en 1821 on imprime la seconde édition en ayant déjà retrouvé 3 des haskamot, les deux autres seront retrouvées ultérieurement.

Je trouve étrange que R. Na’hman se soit donné tout ce mal à envoyer à plusieurs Rabbanim une copie de son ouvrage accompagnée d’une lettre dans laquelle il demande une Haskama, si c’est pour finalement décider que sa modestie l’empêchait de les publier.

Pourquoi les a-t-il demandées ces haskamot ?

De plus, les auteurs souhaitant rester dans l’ombre par modestie ont plus souvent recours à la suppression de leur nom qu’à la suppression des approbations qui sont nécessaires pour garantir la fiabilité et la qualité de l’ouvrage.

Aussi, s’il voulait dissimuler les Shva’him et titres honorifiques par lesquels les approbateurs l’ont qualifié, il suffisait de remplacer quelques mots par un espace vide ou avec des points de suspension.

Et s’il faut comprendre que sa Anava ne lui permettait pas de diffuser les expressions dithyrambiques écrites au sujet de son livre, il convient de souligner que le plus grand thuriféraire du Likoutei Moharan n’est autre que Rabbi Na’hman lui-même !

Il a dit au sujet de son livre que son impression est le début de la Gueoula (‘Hayei Moharan §346), que l’étude dans son livre amène la Gueoula, qu’il y a une grande profondeur dans ses enseignements, qu’en étudiant son livre on peut devenir très intelligent et un homme Kasher et Baal Tshouva Gamour.

Il a ajouté qu’il est impératif d’acheter son Sefer et que si par manque de moyens cela s’avère difficile, il faudra vendre son oreiller pour pouvoir acquérir ce livre très important que l’on va s’arracher et qu’il faudra donc réimprimer plusieurs fois… (Tout ceci est imprimé en son nom au début du Likoutei Moharan, mais on peut en lire encore beaucoup du même acabit dans ‘Hayei Moharan).

Dès lors, j’ai du mal à croire que par crise d’Anava, Rabbi Na’hman ne souhaitait pas publier les Haskamot pour lesquelles il avait déployé tant d’efforts (-Haskamot en termes nettement moins élogieux que ceux de R. Na’hman).

Ensuite, il faut remarquer que tous ces Rabbanim approbateurs (-en dehors de R.E.Z. Margulies) sont décédés justement entre les deux premières impressions... Quel hasard!

Publier une Haskama falsifiée du vivant du rabbin Maskim, c’est risqué, il pourrait s’en rendre compte et protester, mais une fois décédé, qui pourrait certifier qu’il s’agit d’un faux (surtout avec les moyens de l’époque et les distances) ?

Donc pour les 4 premières Haskamot, disons qu’elles auraient eu plus de valeur si elles avaient été publiées avant le décès de leurs auteurs présumés et que constater leur publication seulement post-mortem, laisse la place au soupçon.

Mais ce n'est pas tout. J’en viens à présent à quelques phrases qui ont attiré mon attention lorsque j’ai lu les 4 Haskamot en question sur le Likoutei Moharan :

Dans celle du ‘Hozé de Lublin, nous trouvons un exploit rarement égalé dans les Haskamot falsifiées : il termine sa lettre en disant qu’il ne connait pas l’auteur (!!)
כ"ד האוהבו הגם שאינני יודעו ומכירו

Alors qu’en début de lettre il lui adressait sa lettre en écrivant « Mon cher ami et Me’houtan » (me’houtan signifie qu’ils auraient eu des enfants mariés ensemble -ce qui ne me semble pas attesté)
מחותני חביבי וידידי
Ça fait un peu beaucoup pour un inconnu…

Dans la Haskama du Maguid de Kojnitz, R. Na’hman est aussi présenté comme étant son ami (je ne sais pas d’où ?), mais ce qui m'a interpellé, c’est la présentation de la Haskama de « R. Israel de Kojnitz… auteur du Avodat Israel et d’autres livres ».

C’est assurément une présentation de la Haskama et ça n’a pas été écrit par le Maguid lui-même, mais je m’interroge sur la date à laquelle cela a été précisé.
En effet, le Avodat Israel n’a été imprimé qu’en 1842, soit quelques 34 ans après la rédaction de la Haskama et 21 ans après la seconde édition du Likoutei Moharan.

Je ne sais pas à quelle date cette Haskama a été publiée la première fois, il y a eu des éditions en 1808, 1821, 1830 et 1874.

Ce n’est qu’à partir de 1874 qu’il a été possible de parler du Avodat Israel pour présenter une Haskama.
N’ayant pas accès aux différentes éditions, je me permets aussi d’imaginer que la présentation de l’approbateur a pu être complétée ultérieurement.

Il faudrait vérifier dans les grandes Sefriot, s’ils ont toutes les éditions du Likoutei Moharan, j’ai regardé sur Hebrewbooks, ce n’est pas du tout le cas.


Dans la Haskama du rav de Zlotshov, datée du 20 Shvat 5568 (1808), il écrit que les Gdolei hador ont déjà donné leur haskama à ce livre.

Il semble que seules deux des haskamot soient antérieures à la sienne, celle du ‘Hozé est datée du 26 Tevet 5568 et celle du Maguid est datée du 4 Shvat 5568.
Je trouve insolite que le Rav de Zlotshov ait eu sous les yeux les approbations de ses prédécesseurs surtout lorsqu’elles sont écrites si peu de temps avant la sienne.
Du 4 au 20 Shvat il y a à peine plus de 2 semaines, comment en ce si court laps de temps la lettre du Maguid est-elle déjà arrivée chez R. Na’hman qui s’est alors empressé d’en faire parvenir une copie (avec une copie du livre) chez le rav de Zlotshov ?
UPS et Fedex n’étaient pas au point à l’époque et la poste, n’en parlons pas.

Il reste toutefois possible d’imaginer que R. Na’hman ait mandaté un Shalia’h qui aurait voyagé d’une ville à l’autre armé d’une copie du Likoutei Moharan et des haskamot reçues en cours de route, ce qui fait qu’il aurait pu présenter au rav de Zlotshov la lettre du Maguid de Kojnitz

Dans la Haskama de rav Méir de Brody, datée du 25 Shvat 5568, il mentionne lui aussi que des Rabbanim l’ont devancé pour approuver l’ouvrage de R. Na’hman, mais ce qui m’étonne surtout, c’est qu’il écrit au sujet de Rav Na’hman :
הגדול בשם טוב
c-à-d qu’il en parle comme d’un rabbin de très bonne réputation, jouissant d’une très grande renommée.
Or, nous savons que R. Na’hman n’était pas en bons termes avec la majeure partie des rabbanim de son époque, Rabbis ‘Hassidiques inclus, qu’il critiquait amèrement en dénonçant leurs prétendus méfaits et leur éloignement du Emet.
S’il y avait UN rabbin à cette époque à qui il devait manquer du « Shem Tov », c’est bien Rabbi Na’hman !


J’en viens à présent aux informations données par RHY que je cite :
Citation:
Le livre Likoutei Moharan (LM) n'a bénéficié d'aucune approbation lors de sa première parution en 1808.
En effet, comme dit plus haut, les Haskamot n’ont pas été imprimées en 1808, mais il pourrait être faux de dire que l’ouvrage n’ait alors bénéficié d’aucune approbation, les approbations ont été données, c’est l’auteur qui aurait refusé qu’on les imprime.


Citation:
Ni Rebbes de l'époque, ni même le nom du Becht, n'y sont mentionnés.
Pour les autres Rebbes, c’est assez compréhensible, surtout quand on connait les tensions qu’il y avait entre eux et R. Na’hman.


Citation:
Dans l'Histoire du Hassidisme de S.Doubnov (chap.43 note 15), l'auteur ramène le Esser Orot (p.109 dans l'édition de 1808) qui parle d'une certaine Haskama du Hozeh de Lublin.
Mais il ramène plusieurs éléments qui tendent à penser à un faux.

Si ce livre datait de 1808 comme vous l’écrivez, c’eût été un élément de preuve important en faveur de l’authenticité de la Haskama.
Mais le Esser Orot dont vous parlez date de près d’un siècle après.

Selon Hebrewbooks, il a été imprimé en 1906 (mais le PDF n’étant pas entier, on ne voit pas la page de garde).
Selon le Beit Eked Sfarim (p.320 sv. Zkhout Israel), le Esser Orot semble avoir été imprimé en 1913.

Je viens de regarder dans l’Histoire du ‘Hassidisme de Doubnov, chez moi c’est en note 2 de la page 217 du second tome car mon édition est en yiddish
געשיכטע פון חסידיזם
(Vilna 1933)


Le Esser Orot est indiqué comme étant de תרס"ח soit 1908 (et non 1808) et Doubnov souligne en effet l’anomalie dans la première Haskama où R. Na’hman est le « Me’houtan » du ‘Hozé de Lublin qui écrit pourtant ne pas le connaître…


Citation:
Toujours selon le même auteur (p.430), le livre Kadoch Venora qui fut rédigé puis finalement brûlé en 1806 à la demande de Rabbi Nahman de Breslev serait en fait une version originale du Likoutei Moharan, dans laquelle l'auteur aurait amèrement critiqué d'autres Rebbes. Il aurait donc demandé à le brûler sous la pression de ces Rebbes.
Pas étonnant donc qu'on ne trouvait aucune haskama au LM ...


Là vous indiquez la page de votre édition, que je ne possède pas.
J’ai cherché à acheter d'occasion l'Histoire du Hassidisme de Doubnov en français, j’ai vu qu’il coûte une fortune ! au moins 50€ ! J’attendrai les soldes :)


Citation:
On ne trouve pas non plus de haskama de R.N. De Breslev (RNB) au début du livre.
What do you mean ? qu’il aurait dû mettre sa propre Haskama pour garantir son accord et pour valider le contenu ?


Citation:
Toutefois, selon Rabbi Nathan, RNB n'a pas tari d'éloges sur son propre livre.
Voir entre autres Hayé Moharan II, 346 où il est dit au nom de RNB que le LM marque le début de la délivrance, qu'il nous faut l'étudier car il est très profond, et ce jusqu'à le connaitre par cœur !

Au début de Hayé MoharnNat (ne pas confondre avec Hayé Moharan),


Il me semble que c’est vous qui avez confondu les titres, ne serait-ce pas plutôt YEMEI Moharanat ?

Citation:

Rabbi Nathan raconte comment a été rédigé cet ouvrage: sa rédaction commence à Hanoukka de 1802. Lors des Chabbat, RNB discoursait et livrait ses Hidouchim. Après chabbat, il répétait ses hidouchim en yiddish devant Rabbi Nathan qui les retranscrivait en Hébreu.

[Je m'étonne qu'il puisse répéter ses Hidouchim Motsei Chabbat, alors qu'il ressort du Hayé Moharan II, 341 qu'il oubliait tout de ses propres hidouchim une fois qu'il finissait de les prononcer !]


Je suppose que ce qui vous étonne le plus c’est qu’il oubliait systématiquement ses ‘hidoushim après les avoir dits.
Je pense à une explication, mais elle ne se présente pas aisément.

Je sais que si je ne l’écris pas ici je risque de l’oublier [car ce qui n’est pas « mathématique » / « carré », ce qui s’apprécie essentiellement par les sentiments, ne permet pas toujours de s’inscrire en mémoire si on n’écrit pas ces idées avec des mots pour les dégager du flou que permet l’oral.]
C’est donc en connaissance de cause que je m’abstiens d’écrire mon explication, en dépit du risque d’oubli qui guette, mais ce danger en constitue peut-être aussi l’explication… Disons que lorsque R. Nathan les lui remémorait, il s’en souvenait et pouvait préciser si les mots choisis par son élève n’étaient pas parfaits.
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