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Le Maasser des revenus

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Rav F.Klapisch
Messages: 389
Comme plusieurs personnes sont intéressées par le Maasser des revenus, je vous l'envoie ici:

Les lois du Maasser des revenus

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Le Maasser du revenu est une des façons de voir la Providence dans notre Parnassa, et nous avons pensé que cela peut être utile de préciser certaines notions.

Introduction:
Il n'y pas de lois spéciales du Maasser des revenus dans le Choulhan Aroukh comme les lois du Shabbat ou autres1, car l'obligation est seulement la Mitsva de Tsedaka (cf le Yoré Déa chap.249), mais le fait de prélever est pour s'assurer que l'on pourra donner de la Tsedaka.
Néanmoins certains Posquim pensent que ceci est tout de même une Mitsva obligatoire ????? ?? (de par le Torah elle-même), d'autres pensent que c'est ?????? (une obligation d'ordre talmudique) ou encore une coutume à laquelle le peuple Juif s'est engagé. C'est ainsi que nous voyons dans le Midrash à propos du verset: (Gen. 28, 22) que Yaacov dit dans son vœu: "de tout ce que Tu me donneras , j'en prendrai un dixième pour Toi ??? ?????? ???? ??? ??? ?? ) que nos maîtres interprètent comme une coutume que Yaacov a institué pour ses descendants. On trouve aussi des allusions que Avraham et Itshak ont prélevé le Maasser.

Néanmoins si on a déjà pris l'habitude de prélever, cela devient un engagement au titre de vœu ??? et on est devant un ??? ?? ????? (de par la Torah) de tenir son engagement. Il est donc recommandé de dire explicitement avant la première fois où l'on va prendre Maasser que
1) cette habitude de prélever ne sera pas un Neder, et
2°) que la quantité sera parfois prise approximativement
3°)que cet argent sera utilisable pour toutes sortes de Mitsvoth, (ceci sera défini plus loin)
4°)qu'il lui sera possible de donner à la Tsedaka et ensuite de se faire rembourser par le Maasser, même d'une année sur l'autre. Nous avons l'habitude que même si le but principal est pour la Tsedaka
Les points à éclaircir seront:
1°) De quels revenus faut-il prélever ?
2°) Quels sont les frais déductibles ?
3°) Quelle quantité ?
4°) À qui est destiné cet argent ?

1°) De quels revenus:
1.- Il faut prélever de tous les revenus,bénéfices, salaires, et même dons .Ex: Si un jeune couple reçoit un capital, à l'occasion de leur mariage, qui sera destiné à être investi, ils devront prélever une première fois du capital et ensuite des revenus. Si ce capital est en actions, on ne sera tenu de prélever qu'au moment où on les revendra.
Si les parents donnent pour acheter un appartement ou du mobilier, ou n'importe quel objet, le Hazon Ish recommande de penser ne pas acquérir cet argent avant d'avoir acheté l'objet. D'autres pensent que les donateurs peuvent dire (ou doivent dire) cette somme est donnée à condition que tu achêtes ceci ou cela. Ce qui équivaut à un don en nature. Mais dire: "je donne à condition que tu ne donnes pas Maasser" est contraire à la Tora, et ce n'est pas une condition valable.

2.- Sur les cadeaux en nature, Rabeinou Yona (?گȆ??·‰ ) recommande de prélever, mais la coutume la plus répandue est de ne pas prendre. Néanmoins, sur un objet que l'on pensait s'acheter, le fait de le recevoir en cadeau peut être considéré comme un don en espèces (c'est un manque à dépenser qui équivaut à un gain).

3.- Si on reçoit une indemnité (par ex. pour licenciement de son employeur), il faut prélever. Mais si c'est une indemnité de remboursement pour des biens qui ont été spoliés, c'est un remboursement et non un gain, et ce sera dispensé.
Les remboursements d'assurances: s'il s'agit du remboursement sur un objet volé ou détérioré, ce n'est pas considéré comme un gain: la valeur de l'objet nous est donnée en argent, c'est comme si on le vendait sans bénéfice, d'autant plus que la valeur de remboursement est, en général, inférieure à la valeur réelle. Mais s'il s’agit d'un remboursement pour un dommage corporel, c'est un gain et on prélèvera (s'il n'y a pas de dépenses médicales).

4.- Les allocations familiales ou autres pensions (R.M.I. etc.) sont passibles du Maasser. Les remboursements de médicaments de la Sécurité Sociale sont à considérer comme un don, et donc passible du Maasser. Mais si on ne reçoit pas d'espèces c'est considéré comme un don en nature et on n'a pas l'habitude de donner.

5.- Celui qui habite dans un appartement loué, et le loyer lui est payé par ses parents (par ex.) cela est considéré comme un revenu dont il doit prendre Maasser. S'il est possible aux parents de verser directement le loyer, 9

2°) Quels sont les frais déductibles: Certains frais sont déductibles, cela signifie que l'on considère que l'on n’a pas gagné la totalité de la somme (par ex. frais de déplacements pour se rendre à son emploi). 10

Il n'est pas permis de servir de l'argent du Maasser pour payer des dettes, des impôts, ou d'autres obligations, mais on peut récupérer le dixième de l'impôt sur le revenu. Ex. Si quelqu'un gagne 10 000F par mois et mets de côté chaque mois le Maasser, 1000F, il aura en fin d'année mis de côté pour le Maasser, ou donné 12 000F. S'il reçoit sa feuille d'impôts et est imposé à payer 20 000 F d'impôt, cela signifie qu'en fait il n'a pas gagné 120 000F dans l'année mais seulement 100 000F. Son obligation de Maasser n'était donc que de 10% de 100 000F, soit 10 000F. Il lui est possible, s'il le souhaite, de récupérer ces 2000F, donné "en trop". Pour calculer cela, il suffit de prendre le dixième de la masse de l'impôt (ici 20 000:10 =2 000) ou des frais professionnels de l'année, et de reprendre cette somme du décompte du Maasser, pour soi.
Il est possible de faire ce calcul une fois par an (donc dans l'exemple ci-dessus, il ne prélèvera rien les 2 derniers mois de l'année, s'il a mis de côté 1000F chaque mois.
Si quelqu'un a fait un emprunt bancaire et doit rembourser une certaine somme chaque mois, est-il permis de déduire des frais ? À cette question, Rav Sh. Z. Auerbach a répondu que cela dépend du but de l'emprunt: S'il s'agit d'un emprunt pour l'acquisition d'un logement personnel, les frais et le remboursement des mensualités ne sont pas déductibles. Mais s'il s'agit d'un emprunt professionnel - par exemple pour acheter de la marchandise qui sera revendue - c'est déductible comme tout frais professionnel.
Il y a une discussion entre les Posquim sur le point des frais déductibles:
La première opinion dit que l'on ne peut déduire que les frais professionnels. La location du local commercial, les frais de déplacements pour aller au travail, les frais d'hôtel normaux pour un représentant, les frais de téléphone, etc. Comme impôt, ce ne sera que les impôts sur le revenus et l'impôt foncier sur le local commercial.
La deuxième opinion dit que tout ce qui n'est pas disponible pour l'usage personnel est aussi déductible: donc on peut aussi déduire l'impôt sur l'habitation personnelle, le loyer de l'habitation, l'impôt sur la personne.
Rav Wosner (shlita) conseille aux nécessiteux d'appliquer la deuxième opinion, mais que ceux qui ont des revenus normaux doivent suivre la première opinion, et ne déduire que le professionnel.

3°) Quelle quantité doit-on donner ?
Le Maasser, comme son nom l'indique, est le dixième, mais nos sages nous ont transmis que celui qui veut donner de façon large, devrait donner non pas un dixième, mais 2 dixièmes, comme il est déduit du verset de Yaacov: "Asser aasserénou lakh" (littéralement: je dîmerai la dîme pour Toi) et il y a là 2 fois le mot Maasser.11 Quand on sait que l'on est dans une ville où il y des nécessiteux qui n'ont pas la possibilité de subvenir à leurs propres besoins, il ressort de nombreux textes que dans ce cas c'est une obligation que de donner le double Maasser. Néanmoins on ne sera pas obligé de se mettre en difficultés financières pour cela.
Il est préférable de prélever 2 fois de suite le dixième plutôt que de donner 20% en une fois.12 (ce qui fait un peu moins)
Le Hafets-Hayim recommande de tenir un carnet où l'on notera les gains et les dons que l'on fait. Il est possible que, en faisant les calculs des gains d'une part (et de leur Maasser) et d'autre part des sommes déjà données au fur et à mesure que des "Tsedaka" se sont présentées, on se rende compte que l'on a donné à la Tsedaka plus que ce que l'on devait attribuer à la Tsedaka au titre du Maasser (ou du double Maasser) de ce mois, il lui sera alors possible de le déduire des sommes à donner pour le mois suivant, ou l'année suivante.13

Si quelqu'un est nécessiteux, et vit de la Tsedaka, doit-il prélever le Maasser ?
La Halakha nous enseigne14 que tout le monde doit donner de la Tsedaka, (et par là même prélever le Maasser) même le pauvre qui reçoit de la Tsedaka. Mais par ailleurs,le Tour (chap 251) rapporte que chacun se doit de veiller à sa propre subsistance, avant d'assurer celle des autres: "Ta vie passe avant celle de ton prochain."
Nous devons en déduire que si, en donnant le Maasser, on en viendrait à être encore plus dans le besoin et à demander encore plus de Tsedaka, on sera dans ce cas dispensé de donner.15 On veillera tout de même à ne pas renvoyer un pauvre qui sollicite, les mains vides, pour une somme inférieure au Maasser.

4°) À qui, ou à quoi donner ? Le Maasser est avant tout destiné à être une provision pour pouvoir donner de la Tsedaka quand un besoin se présente.16
Si on n'a pas devant soi de cas nécessiteux, il faut mettre l'argent de côté, dans une caisse à part, ou bien dans un compte bancaire séparé jusqu'à ce qu'on le donne. Il ne faudra toutefois pas tarder plus de 3 ans pour le distribuer17.
Il y a plusieurs degrés d'importance pour la Tsedaka ou l'attribution du Maasser: le plus important est de soutenir les gens qui étudient la Thora. De même que dans les récoltes, le Maasser était pour la tribu de Lévy qui se consacrait à la Thora, de même ce que nous prélevons de nos salaires et revenus, ira pour cela en priorité.
Si quelqu'un a des proches parents qui sont dans ce cas,18 ils sont prioritaires. Par exemple, il est permis de soutenir ses enfants adultes qui étudient la Tora si ceux-ci n'ont pas de revenus (même si le père aurait les moyens de le soutenir avec de l'argent qui ne serait pas de l'argent de Tsedaka-Maasser, il est tout à fait légal de le faire avec l'argent de Maasser car c'est là une grande Mitsva que de soutenir des enfants qui étudient la Tora19). Il ressort du Midrash 20 que c'est là la meilleure utilisation du Maasser : le soutien à l'étude de la Torah, et c'est sur cet usage qu'a été promise la Beracha connue: "Prélevez le Maasser afin que vous vous enrichissiez" (Taanit 9b). Et il vous est permis d'éprouver D. sur cela, c'est à dire: vous pouvez essayer pour vous rendre compte que c'est vrai.
Par contre, en ce qui concerne les frais de scolarité (de Torah) : comme c'est une obligation pour les parents d'enseigner la Torah21 à leurs fils jusqu'à l'âge de 13 ans, ce n'est pas une Tsedaka. Il ne sera pas permis de le faire avec l'argent du Maasser.
Il n'est pas permis de s'acquitter d'une dette avec l’argent du Maasser.
Si quelqu'un est dans le besoin et est couvert de dettes, le fait de payer ses dettes passe avant le maasser. Il ne serait pas correct de faire traîner des créanciers sous prétexte que l'on met le maasser de coté (Rav Wosner).

Dès que les enfants ont plus de 6 ans, ce n'est plus une obligation légale de subvenir à leurs besoins matériels 22. Ce n'est donc pas une dette mais une forme de soutien bénévole, et il sera permis de se servir du Maasser pour cela. Mais ce qui est une obligation, ou une dette, il n'est pas possible de s'en acquitter avec du Maasser.

Subvenir à ses parents si ceux-ci sont dans le besoin fait partie de la Mitsva obligatoire des enfants de respecter les parents, et à ce titre est une obligation, et on ne pourra donc pas utiliser le Maasser sauf en cas de grande nécessité23 (s'ils ne sont pas dans le besoin, la Mitsva de respecter les parents est à accomplir avec les biens des parents).
On raconte à ce sujet une anecdote intéressante d'un élève du célèbre Rav Hayim de Brisk (début du XX°) qui a demandé au Rav s'il lui est permis de s'acheter le billet de train pour aller voir son père qui est malade avec l'argent du Maasser. Et le Rav lui répondit : Non, vas-y à pied !
Cela signifie : Ta Mitsva est de respecter tes parents, et si tu penses que tu dois te rendre auprès de ton père, ceci est ton devoir, tu ne peux pas t'acquitter de ton devoir avec l'argent du Maasser, mais le billet de train, tu l'achètes parce que toi, tu ne veux pas marcher à pied ! Cela n'a pas de rapport avec la Mitsva elle-même. Nous voyons que l'analyse des détails de la Mitsva nécessite de demander conseil à un Rav compétent.

Une cotisation personnelle obligatoire à sa Synagogue, ou à sa communauté, fait partie des dettes et on ne pourra pas utiliser le Maasser. Par contre si on veut s'acheter une Alya à la Tora, ou une autre Mitsva, la somme est considérée comme une Tsedaka, et on pourra la déduire du Maasser.24
Il n'est pas permis de s'acheter son Loulav, ou ses Matsoth avec cet argent car c'est une obligation dont chacun doit s'acquitter, et ce serait comme payer ses dettes avec du Maasser, ce qui n'est pas permis.
Il est permis d'acheter des Sefarim (livres d'étude de Torah) qui seront prêtés à un lieu public, ou mis à disposition d'une synagogue. Il lui sera permis à lui-même de s'en servir aussi, mais il faut écrire dedans que "ce sont des livres achetés avec l'argent du Maasser". Si ces livres sont offerts, ce n'est pas obligatoire. Il est permis de les garder chez soi à condition d'écrire dans le livre : "acheté avec l'argent du Maasser" et de les prêter à tous. Mais les Posquim recommandent de les déposer dans un Beth Hamidrash, à la disposition de tous.
Si on désire ensuite se les approprier, il sera permis de les "racheter". C'est à dire de donner la somme de la valeur de ce livre à la Tsedaka, et de reprendre le livre pour soi. Il est préférable de faire cette condition avant de les déposer au Bet Hamidrach. Si on a fait la condition que recommande le Hafets Hayim avant le prélèvement, c'est à dire que : "je donne ceci au Maasser à condition que je puisse en disposer pour d'autres sortes de Mitsvoth qui se présenteront", il ne sera pas nécessaire de refaire cette condition ici. Si on écrit dans le livre le prix d'achat c'est comme mettre la condition que l'on pourra les racheter.
Les Matanoth La Evionim (dons aux pauvres) de Pourim sont une nouvelle obligation, et ne peuvent pas être donnés du Maasser. Néanmoins si on s'est déjà acquitté de la Mitsva avec une petite somme, on peut en rajouter avec du Maasser.

Dans tous les cas de doutes, on s'adressera à un Rav, car il y a plusieurs opinions et coutumes dans ces Dinim.

Le mérite de la Mitsva du Maasser est très grand et c'est une Mitsva à propos de laquelle il est dit que la récompense en est aussi bien dans ce monde-ci que dans le monde futur.

F. Klapisch
talmid69
Messages: 5
Chalom kvod arabanim
Merci pour votre article tres interessant sur le maaser. Du coup, il me donne envie de vous poser une question qui m'interpelle depuis longtemps.
Si on est gérant d'une société dont on est propietaire entiérement. Cette société fait des bénéfices, je pense qu'ils ne sont pas soumis au maaser tant qu'ils ne sont pas distribués. Est ce exact ?
D'autre part, ce gerant perçoit de la part de cette société des revenus (salaires et dividendes) ce qui determine un certain maaser.
Pour des raisons de fiscalité, peut on faire payer ce maaser directement par la société. Cela permet d'éviter de payer des charges ou des impots dessus. Etant entendu évidement que cette somme devra être ajouté au revenu pour le calcul du maaser à payer.
Rav F.Klapisch
Messages: 389
Il serait souhaitable d'ajouter que les ????? correspondent à des lettres en hébreu qui ne sont pas passées au mail.

Il est correct de dire que le Maasser n'est obligatoire que sur les revenus perçus, et non sur l'augmentation du capital, duquel on n'a pas de profit pour le moment.

Il est tout à fait correct de le faire payer par la société car finalement c'est la Tsedaka qui en profite.
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