Ça se discute dans les milieux rabbiniques.
Le Pri Tevoua (I, §7) permet de porter un bébé si deux conditions sont remplies:
a) s'il sait marcher seul
b) si on ne passe que dans des domaines dits karmelit; pas dans un reshout harabim gamour.
La majeure partie de nos rues ne sont que Karmelit, mais les grands axes et les grandes avenues sont reshout harabim gamour.
Rabbi Akiva Eiger (shout §28) tend à suivre cet avis, malgré l'opposition du Maguen Avraham (§308, sk.71).
Par contre, s'il manque une des deux conditions, ce sera interdit.
Mais même en remplissant ces deux conditions, plusieurs a'haronim s'opposent à ce din et interdisent même dans le cas d'un karmelit:
Binian Tsion (§20),
Beth Méir (§308),
Kaf Ha'haim (§308, sk.251),
Min'hat Shabbat (§82, sk.28),
Sheélat Shaoul (O"H §44),
Maharsham (VII, §52) et dans Daat Torah (§308, sk.25)
C'est donc la règle suivie a priori.
Le Shoul'han Aroukh Harav baal Hatania (§308, 81) indique de bien diffuser cette information aux gens qui se trompent et portent leur enfant (qui sait marcher) dans la rue. Mais le Mishna Broura (§308) préfère ne pas le dire aux gens qui transgresseront de toute manière cette halakha (moutav sheyiyou shogueguim).
Je me permets d'en parler ici, car je pense que ceux qui posent la question et qui cherchent à se renseigner sur ce point sont avant tout soucieux de bien agir en conformité avec la halakha et seront donc prêts à arrêter de porter leur enfant dans la rue le shabbat.
Toutefois, dans une situation de "crise" (shaat had'hak), si l'enfant s'arrête en pleine rue et refuse d'avancer, on se permettra (Kaf Ha'haim §308, sk.251, Shout Sheélat Shaoul O"H §44) de suivre l'opinion permissive pour les rues qui ne sont pas reshout harabim min hatorah (il faudra donc éviter les grands boulevards et s'il faut les traverser, on fera marcher l'enfant sur cette portion de chemin en lui tenant la main, voire en le tenant à deux et en le faisant sauter moins de 4 amot à chaque fois), le Shmirat Shabbat Kehilkhata (§18, 56) indique de porter l'enfant tout en s'arrêtant à chaque fois pour éviter de parcourir 4 amot (~2 mètres) consécutifs en portant et lorsqu'on arrivera à son immeuble/appartement, on laissera l'enfant entrer tout seul [il ajoute encore (note 223) au nom de rav Auerbach que porter l'enfant sur les épaules allège aussi l'infraction car il se trouve alors (généralement) au-dessus de 10 tfa'him du sol].
Et lorsque l'enfant est malade (ou menace de le devenir en restant dans la rue car il fait froid ou il pleut etc.), il sera permis de le porter même s'il n'est pas concerné par 'haï nossé et atsmo (=il ne sait pas marcher, il dort, il refuse qu'on le porte et veut rester sur place, etc.) tant que c'est dans un karmelit (mais pas dans un reshout harabim gamour) (Igrot Moshé IV, §91)
En résumé:
Il est interdit de porter un enfant dans la rue.
Mais beshaat had'hak (=s'il refuse d'avancer une fois en pleine rue etc.) on autorise à le porter uniquement dans un karmelit (donc sans passer par les grandes avenues) et uniquement s'il sait marcher (=s'il correspond aux critères de 'haï nossé et atsmo, cf. plus haut) et si l'on craint la maladie: même s'il ne sait pas marcher.
-On allège le problème en portant l'enfant sur les épaules, ainsi qu'en s'arrêtant avant chaque 4 amot (etc. cf. plus haut)
Je ne me relis pas, désolé pour les fautes et repassez d'ici une ou deux semaines sur ce post, il est probable qu'il y ait des remarques car je n'ai pas pris le temps de creuser convenablement ce point dans les poskim avant d'écrire.
Dernière édition par Rav Binyamin Wattenberg le Lun 22 Avril 2019, 11:02; édité 1 fois