J'ajoute encore un élément:
Mon ami le Dr K.B. m’a fait remarquer que l’on peut lire entre les lignes d’un Tosfot sur la Torah et constater qu’il pensait comme le Or Ha’haïm sur ce sujet (cela viendrait s’ahouter aux nombreux textes de Tosfot que j’ai indiqués plus haut (en page 1) en ce sens).
Il s’agit du Daat Zkénim (Noa’h 9,5) [rapporté aussi par le Beit Yossef (Y’’D §157)] qui relate un fait tragique:
Lors des Croisades, où de nombreux juifs se laissaient tuer plutôt que de se convertir au christianisme, la question avait été posée concernant les enfants qui survivraient sans leurs parents et seraient convertis de force, faut-il leur appliquer la règle de Yehareg Veal Yaavor ou les laisser devenir chrétiens ?
Un des rabbins de l’époque avait dit qu’il valait mieux les tuer, afin que leurs âmes pures arrivent propres au Ciel.
Un autre lui a rétorqué que c’était assurément démentiel et qu’il était évidemment absolument interdit d’assassiner des enfants ! quand bien même pour sauver leurs âmes.
Et lors d’une Croisade, plusieurs communautés juives avaient déjà été entièrement décimées par les Croisés, et la nouvelle arriva qu'ils se dirigeaient vers leur ville.
Du coup, le premier rabbin mit en application sa terrible pensée et tua des enfants en "prévention". L'autre rabbin s’y opposa, le traita d’assassin, mais rien n’y fit. Impuissant, il le maudit en disant que s’il avait tort, qu’il meure lui-même d’une mort atroce.
C’est ce qui se passa finalement, les Croisés s’acharnèrent sur ce rabbin, le dépecèrent vif et placèrent du sable entre sa chair et sa peau…
Puis, Tosfot ajoute que le pogrome prit fin (il ne dit pas pourquoi ni comment, il se peut que les Croisés aient changé de direction etc.) et que si le rabbin n’avait pas tué ces enfants, ils seraient saufs ! (ואם לא שחט אותן התינוקות היו ניצולין)
Il dit bien que sans l’intervention de ce rabbin, ces enfants seraient encore vivants, cela ne correspond pas à l’opinion de ceux qui s’opposent au Or Ha’haïm (en disant que personne ne peut agir sur autrui et le tuer, si ce n’est lorsqu’il y a un décret divin pour cela).
On peut « chipoter » mais a priori, il est plus logique d’admettre que les Tosfot suivaient la position du Or Ha’haïm.
A noter aussi, que le fait que le Beit Yossef (Y''D §157) le cite sans s'en montrer dérangé, n'est pas anodin...