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Etonnant commentaire du Or Hahaim hakadosh BEHIRA vs GZEIRA

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Rav Binyamin Wattenberg
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On m’a fait remarquer ceci :

j’ai écrit plus haut:

« (il semble considérer qu'un non-juif n'aurait pas de Be'hira, c'est étrange, laissons cet aspect de côté. Contentons-nous d'un non-juif soldat, qui pourrait ne pas avoir de Be'hira. Si Guedalia avait été tué dans le cadre d'une guerre, il n'y aurait pas eu de Taanit) »

Mais le Or Ha’haim voulait peut-être simplement donner deux raisons différentes pour expliquer le Taanit, soit parce qu’il a été tué par un juif (et c’est plus grave), soit parce qu’il a été tué sans gzeira.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6656
Plus haut, en page 1, dans mon message du 20 janvier 2021, parmi la liste de commentateurs qui pensent comme le Or Ha’haim, j’ai indiqué les Tsofot dans Moshav Zkénim sur Mishpatim (Shemot 21,19).

Là-bas il est écrit au nom de Rabénou ‘Haim, que le passouk Verapo Yerapé est nécessaire pour « donner l’autorisation au médecin de guérir », car on aurait pu craindre qu’il puisse le tuer par inadvertance en lui administrant un mauvais remède.

Mais s’il y avait une règle que ne peut mourir que celui dont l’heure est arrivée, pourquoi la négligence du médecin (qui se trompe de médication) serait problématique ? C’est donc que l’action humaine peut abréger la vie d’autrui prévue par D.ieu.

J’ai aussi vu, plus loin dans le même Sefer (Moshav Zkénim Vayikra 21,14) une seconde source en ce sens. A propos de l’interdit propre au Cohen Gadol qui n’a pas le droit d’épouser une veuve, il explique que la Torah craignait qu’il ait « repéré » une femme mariée et qu’au moment de la mention du nom ineffable à Yom Kipour, il ait l’intention de prier pour que son mari meure, afin de pouvoir l’épouser. Voilà pourquoi D.ieu a tenu à interdire d’emblée la veuve au Cohen Gadol.

Nous comprenons de là, que si le Cohen Gadol a réellement cette intention de réclamer la mort d’un individu, cela aura un impact et l’individu mourra si la requête a eu lieu au moment clé.
Et ce, bien que l’heure de cet homme ne soit pas arrivée et qu’il n’ait pas été décrété qu’il doive mourir ce jour-là.
Mais si le Cohen Gadol formule ce souhait au moment de la prononciation du nom de D.ieu, il mourra contre la volonté de D.ieu. Voilà pourquoi D.ieu a pris les devants et a interdit au Cohen Gadol (ayant accès à cette arme) le mariage avec toute veuve.
Rav Binyamin Wattenberg
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Plus haut j’apporte des mefarshim et aussi des Psoukim qui vont dans le sens du Or Ha’haïm (qui écrit que même si D.ieu n’a pas décrété qu’une personne devait mourir, il PEUT arriver qu’un Baal Be’hira en décide autrement et puisse la tuer.

J’apporte à présent, une idée en deux volets qui m’est venue hier pendant la Kriat Hatorah, une source à partir d’un nouveau Passouk qui va dans ce sens.

C’est dans Parshat Bereshit (4,10), lorsque Kaïn tua Hével, D.ieu le lui reprocha en disant קול דמי אחיך צועקים אלי מן האדמה (~« Le cri des sangs de ton frère crie jusqu’à moi depuis la terre »).

Si Dieu avait décrété que Hével se fasse tuer ce jour-là à ce moment-là, pourquoi son sang crie et réclame vengeance de Kaïn ?
D.ieu peut reprocher à Kaïn d’avoir pris sur lui de « faire le job » (pour accomplir le décret divin), c’est sa Be’hira, mais on ne peut pas dire que le sang de Hével incrimine Kaïn si Hével devait de toute façon mourir.

Cette preuve est discutable, mais je pense que celui qui y réfléchit avec recul admettra que ça reste une bonne preuve.

Quoi qu’il en soit, j’en ai une autre, à partir du même passouk, c'est le second volet dont je parlais :
‘Hazal (Sanhédrin 37a) expliquent l’expression du Passouk qui, pour parler du sang de Hével, parle des sangs de Hével. Quelle est la raison de ce pluriel ?
L’une des explications est que le cri provient de son sang et du sang des enfants qu’il devait avoir et qu’il n’aura pas à cause de Kaïn.
Kaïn n’a pas tué qu’une personne, mais aussi tous les descendants que Hével devait avoir qui ne naitront pas.

Or, si D.ieu avait décidé que Hével meure ce jour-là, comment dire qu’il « devait » avoir ces enfants ?
CQFD, à partir de la Torah : Comme le dit le Or ‘Ha’haïm, un Baal Be’hira peut tuer quelqu’un même si D.ieu ne voulait pas qu’il meure ce jour-là. [Car la volonté suprême de D.ieu est de pouvoir -généralement- laisser la Be’hira agir.]
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6656
J'ajoute encore un élément:

Mon ami le Dr K.B. m’a fait remarquer que l’on peut lire entre les lignes d’un Tosfot sur la Torah et constater qu’il pensait comme le Or Ha’haïm sur ce sujet (cela viendrait s’ahouter aux nombreux textes de Tosfot que j’ai indiqués plus haut (en page 1) en ce sens).

Il s’agit du Daat Zkénim (Noa’h 9,5) [rapporté aussi par le Beit Yossef (Y’’D §157)] qui relate un fait tragique:
Lors des Croisades, où de nombreux juifs se laissaient tuer plutôt que de se convertir au christianisme, la question avait été posée concernant les enfants qui survivraient sans leurs parents et seraient convertis de force, faut-il leur appliquer la règle de Yehareg Veal Yaavor ou les laisser devenir chrétiens ?
Un des rabbins de l’époque avait dit qu’il valait mieux les tuer, afin que leurs âmes pures arrivent propres au Ciel.
Un autre lui a rétorqué que c’était assurément démentiel et qu’il était évidemment absolument interdit d’assassiner des enfants ! quand bien même pour sauver leurs âmes.

Et lors d’une Croisade, plusieurs communautés juives avaient déjà été entièrement décimées par les Croisés, et la nouvelle arriva qu'ils se dirigeaient vers leur ville.
Du coup, le premier rabbin mit en application sa terrible pensée et tua des enfants en "prévention". L'autre rabbin s’y opposa, le traita d’assassin, mais rien n’y fit. Impuissant, il le maudit en disant que s’il avait tort, qu’il meure lui-même d’une mort atroce.
C’est ce qui se passa finalement, les Croisés s’acharnèrent sur ce rabbin, le dépecèrent vif et placèrent du sable entre sa chair et sa peau…

Puis, Tosfot ajoute que le pogrome prit fin (il ne dit pas pourquoi ni comment, il se peut que les Croisés aient changé de direction etc.) et que si le rabbin n’avait pas tué ces enfants, ils seraient saufs ! (ואם לא שחט אותן התינוקות היו ניצולין)

Il dit bien que sans l’intervention de ce rabbin, ces enfants seraient encore vivants, cela ne correspond pas à l’opinion de ceux qui s’opposent au Or Ha’haïm (en disant que personne ne peut agir sur autrui et le tuer, si ce n’est lorsqu’il y a un décret divin pour cela).

On peut « chipoter » mais a priori, il est plus logique d’admettre que les Tosfot suivaient la position du Or Ha’haïm.

A noter aussi, que le fait que le Beit Yossef (Y''D §157) le cite sans s'en montrer dérangé, n'est pas anodin...
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