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Birkat Alévana pour un non-voyant

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MrQuestion
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Rav Wattenberg,

Un non-voyant peut-il ou doit-il lire la Birkat Alévana?

Merci
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6656
Le Maharshal (Tshouvot §77) écrit que le Souma (non-voyant) est tenu de réciter cette bénédiction, bien que la Halakha stipule de ne pas la réciter « jusqu’à ce qu’on profite de sa lumière », il n’a pas été dit "jusqu’à qu’il la voit", mais que « l’on » profite de sa lumière, c-à-d que d’autres en profitent, cela va aussi.

Le Leket Yosher (p.70) considère que s’il est avec d’autres, il profite lui-même de cette lumière en cela que ceux qui sont autour de lui sont éclairés et peuvent l’aider et le diriger (cf. Meguila 24b).

C’est pourquoi, certains (Shvout Yaakov III, §32) pensent que le Maharshal n’a autorisé cette Brakha que s’il est compagnie d’autres personnes, mais pas seul.
(voir encore Shout R. Shlomo Eiger O’’H §12).

Même si le Shout Dvar Shmouel (§242) n’apprécie pas vraiment les preuves du Maharshal et que le Shout Rabeinou Yaakov MiLissa (O’’H §7) s’étonne des propos du Maharshal, de nombreux Poskim citent et retiennent son opinion :

Le Maguen Avraham (§426)

Taz (§426, 4)

Baèr Heitev (§426, 1)

le Elia Raba (§426, sk.7)

Shoul’han Shlomo (§426, 3 –daf 78b)

Mekor ‘Hayim (Bakhrakh) (§426, sk.4)

Emek Brakha (Horowitz) (§57)

Shout ‘Hemdat Tsvi (III, §12) cité par le Divrei Israel (II)

Zera Emet (III, §43)

Birkat Habayit (Einhorn) (II, Shaar 48, 12, daf 46b dans l’éd. de Siget 1893)

Kitsour Shoul’han Aroukh (Ganzfried) (§97, 13)

Asher Ledavid (Moati) (Daf 2a, d’’h Hiné)

Shevet Yehouda (Ayache. Daf 35)

Noheg Katson Yossef (kidoush Levana, 2)

Shtilei Zeitim (§426, 2)

Yishrei Lev (‘Hazan) (ot beit)

Sdé Haarets (III, §9)

‘Hemdat Yamim (II, §5, 8 –p.70 dans l’éd. de Bnei Brak 2011)

Pri ‘Hadash (§426, sk.1)

Shout Mayim ‘Hayim (II, o’’h §17) et Otsar Hamikhtavim (I, §312)

‘Hayei Adam (§118, 14)

Mishna Broura (§426, sk.1)

Pa’had Its’hak (érekh Souma)

Le Shaarei tshouva (§426, sk.1)
va même jusqu’à dire qu’il n’y a pas
d’opposants au Maharshal sur ce Din.
Ce qui n’est pas tout à fait exact.

Voir encore le Sama’h Nefesh (Levana) et la note de ROY (ad loc).

Il est aussi intéressant de noter que R. Yaakov Luberbaum de Lissa qui s’étonnait des propos du Maharshal dans son Shout (op cit §7), a tout de même suivi son opinion dans son Derekh Ha’haim (Dinei Kidoush Levana, 7).

Cependant, d’autres ne partagent pas cette opinion et considèrent que la Brakha ne concerne que celui qui voit la lune, comme les mots de la Gmara le laisse(raie)nt entendre.

C’est l’opinion du Maharikash (Rabbi Yaakov Castro) dans son Erekh Le’hem (§426) qui souligne les mots du Shoul’han Aroukh « Haroé Levana », c’est donc une de ces bénédictions que l’on doit réciter SI l’on voit l’objet concerné, Birkot Hareïa.
Voir aussi Hagahot R. Akiva Eiger (§426, 1) et Birkei Yossef (§224, 1).

L’argument est fort, mais on ne peut pas baser aisément une Halakha sur une déduction des mots du Shoul’han Aroukh lorsque ça ne correspond pas à la version que nous avons du Shas.

Il y a bien une Gmara qui dit « Haroé » concernant une bénédiction pour celui qui voit la lune, mais ce n’est pas la fameuse Birkat Halevana.
C’est dans Brakhot (59b) et il est question de celui qui voit « Levana Bigvourata » et la bénédiction est « Maassé bereshit » (cf. Rambam Hil. Brakhot X, 18).

Lorsque le Talmud parle de la Birkat Halevana que nous connaissons et dont nous parlons, c’est dans Sanhedrin (42a) et il n’y est pas dit « Haroé » (contrairement à ce que laisse entendre le Béer Hagola o’’h §426, 1).
Dès lors, interdire cette bénédiction au Souma n’est plus si évident.

Il y a toutefois une autre source dispensant le non-voyant, c’est le Radbaz (§341) et il s’appuie lui aussi sur l’expression « Haroé » en citant la Gmara de Sanhedrin (42a) comme si elle comportait ce terme.
Il est possible et même probable qu’il avait une autre version du texte, car le Tour (§426) aussi, lorsqu’il cite cette Gmara indique ce mot.
Mais le Rif (Brakhot 21a) qui cite cette Gmara de Sanhedrin n’y ajoute pas le mot « Haroé ».

En fait, c’est la version du shas Yeroushalmi (Brakhot 65a) qui indique le texte cité par le Tour et le Shoul’han Aroukh « Haroé Levana Be’hidousha ».
Il semblerait donc que ce soit dépendant des deux Talmuds.
Selon le Yeroushalmi le non-voyant ne pourra pas réciter la Birkat Halevana, mais selon le Bavli, il le peut.

[Le Radbaz amène une autre preuve à partir des mots de la Massekhet Sofrim qui dit qu’en disant Birkat Halevana, on la regardera.

Mais ce texte dit aussi qu’on joindra ses pieds et se revêtira de beaux habits, va-t-on dire pour autant que celui qui n’a pas de beaux habits, ou que l’unijambiste ne pourrait pas réciter cette bénédiction ? ]


Des poskim s’opposent donc à cette Brakha , voir le Shout Maguen Shaoul (§58), Kiriat ‘Hana David (II, §50) et Yalkout Yossef (shabbat ver’’h, §426, 9).

En tout cas, le Biour Halakha (§426) a été séduit par les arguments du Radbaz au point de conseiller d’éviter tout de même la Brakha et s’acquitter par autrui.

C’est aussi la conclusion de nombreux A’haronim (en raison du Safek Brakha) comme:

le Ma’hzik Brakha (§229, 6), et Zikhron Moshé (§229, 2)

le Yaabets (Sidour, p.974, 10)
qui conseille sinon de la réciter sans le Shem,

Birkat Yossef (R. Yossef Yedid Halévy) (I, Ot Hé, §68, p.276 à 280) qui conseille aussi d’omettre le Shem.

Birkat Hashem (Rav Moshé Lévy) (IV, §4, 16), idem.

Shout Divrei Benayahou (V, §9). Idem.

Kaf Ha’haim (§426, sk.2)

Kitsour Shoul’han Aroukh (Tolédano) (§259, 3)

Ben Ish ‘Haï (§II, Vayikra §24)

Sdei ‘Hemed (Brakhot, §1, 18, 3)

Shalmei ‘Haguiga (Algazi) (daf 231b)

‘Hessed Laalafim (Papo) (§426, 2)

Shout Lev ‘Haim (Pallagi) (III, §16)

Shout Hillel Omer (§228)

Mekor ‘Hayim (Halévy) (IV, §181, 11)

Shout Pnei Its’hak (Aboulafia) (I, o’’h, Ot Lamed, §164)

Shout Zé Hayam (I, §42)

Birkat Hashem (Rav Moshé Lévy) (IV, §4, 16)

Shout Dvar Shalom (o’’h IV, §13)

Shaarei Halakha (II, Shaar II, §7, 13)

Shem Mishmouel (Benarosh) (§426, 3)


Nous trouvons un avis selon lequel même pour le Maharikash qui dit que le Souma n’est pas tenu de faire la Brakha, s’il la récite il peut en acquitter autrui.
(Sdé Haarets III, §9)
(Ikarei Hadat §16, 27) (cité par le Kaf Ha’haim §426, sk.3)


Voir encore Shout Meshiv Amarim (imprimé en fin de Shout Maguid Teshouva III de Rabbi Bouguid Saadoun) §5 et 6.
Et Shout Ye’havé Daat (IV, §18, 9)



Il y a une idée intéressante qui mérite d’être mentionnée, c’est le Sefer Yado Bakol (de R. Eliahou Hacohen l’auteur du Shevet Moussar) (§393, daf 69a) qui, après avoir cité le Rabénou Be’hayei ( Shemot XII, 2) qui dit que les Bnei Israel durant les 4O années de désert n’ont pas pu fixer les début de mois par vision de la lune puisqu’ils étaient entourés des Ananei Kavod, se demande comment faisaient-ils pour Birkat Halevana.

Si sa question est étrange [–puisqu’en principe la Takana de Birkat Halevana est bien plus tardive et que de toute façon il n’y a pas de nécessité de réciter la Birkat Halevana, si la lune n’est pas visible, on ne la récite pas], sa réponse l’est tout autant : il propose de dire que les Bnei Israel avaient un statut de non-voyants par rapport à la lune, puisque cette dernière ne leur était absolument pas visible et que la Halakha serait comme le Maharshal qui pense que le Souma peut faire la Brakha.

En dehors de difficultés à comprendre cette idée, le Ye’havei Daat (IV, §18) souligne que le Maharshal justifie son Din en disant que dans la mesure où les autres profitent de la lumière de la lune, le Souma pourra lui aussi faire la Brakha (en fait le Maharshal ne dit pas exactement la Svara du Leket Yosher (qu’il profitera de ceux qui profitent de la lune pour qu’ils l’aident), mais il parle de Brakha sur les Meorot…) , ce qui n’est pas applicable ici).

Voir aussi Kountras Pokéa’h Ivrim (Bnei Brak 1992) (§47, note 72, p.42).

Un ami m’a offert un Sefer spécialisé sur les Halakhot des non-voyants, intitulé Hassouma Bahalakha (Jérusalem 2000), c’est un Sefer écrit par son père, Rav Moshé Dayan (nom approprié pour ce sujet, mais seulement à moitié), je pensais y trouver un chapitre sur Birkat Halevana, mais je ne crois pas qu’il y en ait.
C’est étrange, car les discussions concernant ce point sont nombreuses.
Le chapitre 29 porte sur Birkat Ha’hama, il y a quelques détails qui seront aussi liés à Birkat Halevana, mais on ne pourra pas déduire du fait qu’un Possek interdise au Souma de dire Birkat Ha’hama qu’il en aille de même pour Birkat Halevana.
La différence entre les deux est claire (Kashemesh BaTsahorayim), c’est que la Brakha sur le soleil est présentée par « Haroé » dans Brakhot (59b). Voilà pourquoi celui qui ne voit pas ne pourra pas la réciter, cela n’a donc rien à voir avec la Birkat Halevana.

Je n'ai plus le temps de me relire pour corriger les fautes, j'espère que vous n'y verrez pas d'inconvénient si je demande votre clémence à ce sujet.
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