Bamidbar – Pourquoi avoir donné la Tora dans le désert ?

Pourquoi Hachem a-t-Il donné la Tora dans le désert du Sinaï, et ne l'a-t-Il pas fait à l'entrée en Erets Yisrael ?

Alexandre le Grand, nous apprend la Guemara (Tamid 32a), a posé dix questions aux « Sages du sud ». Il leur a demandé notamment si le ciel avait été créé en premier, ou bien la Terre. Ils lui ont répondu : « C'est le ciel qui a été créé en premier, ainsi qu'il est écrit : "Au commencement créa Eloqim le ciel et la terre" » (Berèchith 1, 1).
Alexandre le Grand, comme disciple d'Aristote, ne pouvait que se montrer curieux de la manière dont les Juifs comprennent l'œuvre de la Création. Sa question était cependant beaucoup plus profonde : Il était le roi le plus puissant de l'univers, et il avait presque fini de conquérir l'ensemble de l'univers.
Etant donné que le ciel représente le domaine de l'esprit, et la terre celui des biens matériels, il avait besoin de s'interroger sur son propre destin : Devait-il continuer jusqu'au bout son œuvre de domination, ou bien ne valait-il pas mieux qu'il élève le niveau spirituel de ce qu'il avait déjà conquis ?
Dans l'impossibilité où il était de trancher lui-même ce dilemme, il s'est tourné vers les Sages. Ceux-ci lui ont répondu que Hachem, lorsqu'Il a créé l’univers, a commencé par le ciel, indiquant par là que la prééminence revenait aux choses de l'esprit.
De la même manière, Hachem a donné la Tora dans le désert, et Il n'a pas attendu que les enfants d'Israël entrent sur leur terre. Les nations du monde qui avaient refusé de recevoir la Tora se sont toutes éteintes les unes après les autres lorsqu'elles ont été dépossédées de leur pays. Les Juifs, en revanche, ont toujours survécu à la perte du leur, et ils continueront de lui survivre dès lors qu'ils observeront la Tora.

Je suis tombé sur cette question

et bien que je ne puisse plus en demander la permission à notre précieux collègue Jacques Kohn zikhrono livrakha, je me permets d'ajouter une idée pour formuler un élément de réponse tout droit tiré du Talmud (Erouvin 54a et Nedarim 55a) qui explique que si une personne se considère "comme un désert" que tout le monde peut fouler sans avoir de comptes à rendre, sans avoir à s'en excuser (c'est une manière de dire que cette personne n'est absolument pas orgueilleuse et ne se formalise pas à chaque manquement de respect à son égard), alors la Torah lui sera donnée. Mais l'orgueilleux ne pourra pas y prétendre.

Voilà pourquoi la Torah a été donnée dans le désert; pour nous faire savoir que la modestie est indispensable à la réelle acquisition (et appropriation) des Divrei Torah.

On retrouve cette idée formulée autrement dans Taanit (7a) qui affirme que les paroles de Torah ne se maintiennent que chez la personne humble.
Ou encore dans Psa'him (66b) pour qui la sagesse quitte et fuit l'érudit qui est pris d'orgueil.

Cette idée est répétée de nombreuses fois dans le Talmud, l'humilité et la modestie sont des conditions sine qua non à l'acquisition de la Torah.

Je pense que Maître Jacques Kohn z"l illustrait bien ce trait de caractère et incarnait admirablement cette humilité qui sied si bien aux hommes avisés et sages.
Que son souvenir soit une bénédiction.