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Bar mistva et bat mistva

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MrQuestion
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Cher Rav Wattenberg,

J’ai appris que lors de la bar mitzvah de son fils, le père doit faire la bérah'a chépatarani méonacho chel zé.

Est-ce qu'il faut aussi faire cette bérah'a lors de la bat mitzvah de sa fille?

Merci
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6618
Citation:
J’ai appris que lors de la bar mitzvah de son fils, le père doit faire la bérah'a chépatarani méonacho chel zé.
Est-ce qu'il faut aussi faire cette bérah'a lors de la bat mitzvah de sa fille?


Le Maguen Avraham (o’’h §225, sk.5) explique cette Brakha en disant que le père se réjouit car il ne sera plus puni pour les mauvais comportements de son fils dépendant d’un défaut d’éducation. Car le ‘Hiyouv ‘Hinoukh incombe au père jusqu’à la Bar Mitsva du fils, après, le fils est « à son compte ».
Mais il cite le Levoush qui en a une tout autre lecture, un peu à l’opposé : le père se réjouit car son fils ne sera plus puni pour les mauvais comportements du père.
C-à-d que les péchés du père peuvent entrainer un Onesh sur le fils, mais c’est tant qu’il est Katan, dès qu’il devient Gadol, le fils est « à son compte ».

J’ai une difficulté avec chacune de ces lectures ;
Celle du Levoush n’entre pas dans les mots, on devrait dire שפטרני מלהענישו et non מעונשו. Ou encore שפטרני מענשו לזה, mais le של זה ne correspond pas du tout.
Et puis c’est peut-être au fils de faire cette Brakha si c’est lui qui gagne à ce changement de statut.
[Certaines sources indiquent effectivement que c’est le fils qui fait la bénédiction, voir le Siftei Cohen (au début de parshat Lekh Lekha), le fils remercie D.ieu d’échapper à présent à la punition en raison d’une faute de son père.
Ça reste aussi un peu étrange car il semble incongru que le fils parle de son père comme d’un fauteur, ce qui est considéré comme un Issour à propos de Birkat Hagomel où le Katan ne fait pas cette brakha en raison du terme « La’hayavim », étant lui-même Katan, il n’est pas à considérer parmi les « ‘Hayavim » et s’il s’agit de son père (responsabilité du père qui entraine une punition sur le fils), le Maguen Avraham (o’’h §219) écrit que c’est Assour de parler ainsi de son père].


Et enfin, la source de cette Brakha dans le Midrash (Bereshit Raba 63,10) indique que c’est lié à la Mitsva de ‘Hinoukh (comme le souligne le ‘Hokhmat Shlomo o’’h §225). [Ce même ‘Hokhmat Shlomo objecte encore sur l’explication du Levoush que l’on a des textes (à propos des fils d’Aharon) qui prouvent que le fils peut être puni pour la faute du père même une fois Gadol (après la Bar Mitsva).]

Quant à la lecture du Maguen Avraham, si le père pouvait être puni jusqu’à présent pour les écarts du fils qui relèvent d’un manquement au niveau de l’éducation, il devrait encore logiquement être puni pour les écarts post-bar mitsva qui relèvent eux aussi d’un défaut de ‘hinoukh !
Le fait que la Mitsva de ‘hinoukh se termine n’indique pas que les bêtises du fils bar mitsva ne sont plus liées à l’absence de ‘hinoukh.

Il semble qu’il faille expliquer bedo’hak qu’à partir de sa bar mitsva, le fils devient entièrement responsable de ses péchés, même ceux entrainés par la mauvaise éducation du père. Comme si du jour au lendemain il pouvait, à présent qu’il est doté de Daat, changer totalement sa conduite et se corriger.

Mais il y a une autre lecture, elle aussi liée au ‘Hinoukh, mais qui semble plus sensée. C’est celle du Divrei ‘Hamoudot (Brakhot IX, §30). Après avoir cité le Levoush et l’incohérence de son explication dans les mots de la Brakha, il donne sa lecture : le père se réjouit car il ne sera plus puni pour ses moments de relâchement où il doit agir pour éduquer son fils et ne le fait pas par paresse.

C’est proche de la lecture du Maguen Avraham en cela que cela dépend de la Mitsvat ‘Hinoukh, mais ça évite la difficulté mentionnée sur l’explication du Maguen Avraham.

Une autre difficulté pourrait concerner la lecture du Divrei ‘Hamoudot, c’est que finalement, sa Brakha revient à se réjouir de ne plus être concerné par une Mitsva ! Il avait la Mitsva de ‘Hinoukh, et maintenant il la perd et il en remercie D.ieu ! C’est un peu étrange.

Mais nous trouvons des parallèles en ce qui concerne les Mitsvot difficiles à respecter parfaitement, on peut exprimer un souhait de ne pas y être astreint du tout afin d’éviter un manquement à nos devoirs. Dans la Gmara Kidoushin (31b), à propos de la gravité de la Mitsva du respect des parents, Rabbi Yo’hanan (qui était orphelin de père et de mère dès le jour de sa naissance) proclame « heureux celui qui n’a pas (vu) connu ses parents ! » (אשרי מי שלא חמאן).


Pour en venir à présent à notre sujet, le Pri Megadim (o’’h §225, Eshel Avraham sk.5) s’intéresse à votre question.
Il écrit que cela pourrait dépendre de l’interprétation que l’on a de cette Brakha ; Si l’on dit comme le Levoush, la fille -comme le fils- peut être « victime » des péchés du père, donc il conviendrait de faire la Brakha pour une fille aussi (à ses 12 ans).
Par contre, selon la lecture qui rattache cela au ‘Hiyouv ‘Hinoukh, il y a une Ma’hloket quant à savoir s’il y a un ‘Hiyouv ‘Hinoukh de la fille, et même d’après ceux qui pensent qu’il y en a un, il n’y a pas vraiment beaucoup de Mitsvot auxquelles il doit l’habituer.

Je ne comprends pas ce qu’il écrit, même s’il y a moins de Mitsvot pour la fille, il y en a quand même ! Donc la lecture du Maguen Avraham (ou du Divrei ‘Hamoudot) devrait s’appliquer. Il semble qu’il veuille dire qu’il n’y a pas assez d’occasions pour justifier une Brakha…

Le Pri Megadim (op cit) se demande aussi si la mère du Bar Mitsva doit faire cette Brakha, et là aussi il écrit que d’après la lecture qui la rattache au ‘Hiyouv ‘Hinoukh, la mère n’étant pas concernée n’a pas à réciter cette Brakha. Par contre, la raison du Levoush serait applicable même pour la mère.

La lecture du Levoush étant difficile à insérer dans les mots de la Brakha (comme dit plus haut), on retient plutôt celle qui lie la Brakha à la Mitsva de ‘Hinoukh. Du coup, selon le Pri Megadim (op cit) on ne fait pas la Brakha lors de la Bat Mistva d’une fille car le ‘Hiyouv ‘Hinoukh n’est pas halakhiquement évident et même d’après ceux qui le considèrent, il reste moindre et on n’aurait pas « institué » de Brakha pour cela.

Il faut souligner que les ‘Hazal n’ont pas institué de Brakha non plus pour un garçon, cette Brakha n’apparait nulle part dans le Shas.
On la trouve dans le Midrash Bereshit Raba (63,10), puis dans quelques Rishonim et Ah’aronim, mais un Midrash ne suffit pas pour créer une obligation de Brakha [c’est d’ailleurs selon plusieurs auteurs la raison pour la quelle le Rama (o’’h §225,2) écrit de réciter cette Brakha sans Shem Oumalkhout -cf. Divrei ‘Hamoudot (Brakhot IX, §30)].

Ce qui fait que, concrètement, celui qui veut remercier D.ieu discrètement chez lui à la maison, en récitant cette Brakha sans Shem Oumalkhout, en présence de sa fille qui devient Bat Mitsva, n’enfreint rien de particulier.
J’écris de le faire discrètement, car si la motivation est sincère, uniquement pour remercier D.ieu et non pour faire un « geste féministe » au passage, il n’est nul besoin de se faire remarquer.

Le fait est que nos ancêtres ne faisaient pas cette Brakha pour une fille (et les Sfaradim ne la faisaient pas non plus pour un garçon), il s’agit donc d’une innovation, c’est pourquoi il ne me semble pas adapté/convenable de l’institutionnaliser, celui qui veut faire sa Brakha de son côté le peut, mais il n’y a pas de raison d’en faire une Halakha.
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