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Bnei issaSSkhar

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ta5769xi
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Chalom Rav Wattenberg,

Rav Rozenberg zatsal citait parfois le bnei issaSS'har (il me semble vous avoir entendu citer ce sefer avec la même prononciation !)
Pourquoi cette prononciation ? Et pourquoi le deuxième chine du prénom est-il muet dans la Torah ?

Merci
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6656
Citation:
Rav Rozenberg zatsal citait parfois le bnei issaSS'har (il me semble vous avoir entendu citer ce sefer avec la même prononciation !)
Pourquoi cette prononciation ? Et pourquoi le deuxième chine du prénom est-il muet dans la Torah ?


En effet, il est possible que vous m’ayez entendu le prononcer ainsi, et je ne doute pas que Rav Rozenberg devait aussi le prononcer ainsi en citant ce Sefer. Je vais vous dire pourquoi.

C’est une vieille Ma’hloket entre Ben Asher et Ben Naftali en ce qui concerne la Kriat Hatorah.
Pour ce dernier on doit lire Yissaskhar (avec 2 ש), mais selon Ben Asher, on ne prononce pas le second Sin, et on lit Yissakhar.

D’autres disent que Ben Naftali ne lisait pas Yissaskhar mais Yis-sakhar.
C-à-d qu’il ne ponctuait pas le second Sin d’un Sheva, mais le premier (et l’autre d’un Kamats)!

De nos jours (à part chez certains ‘Hassidim), on lit Yissakhar (lors de kriat hatorah), comme Ben Asher.

Dans le Daat Zkénim des Tosfot (Bereshit XXX, 18) il y a deux explications à ce double Sin :

1) un pour le שכר de Léa et l’autre pour "שכר שכרתיך".

et
2) le fils de Yissakhar est appelé יוב (Bereshit 46, 13), qui est malheureusement aussi un nom d’Avoda Zara, puis dans Bamidbar (XXVI, 24) on le voit nommé ישוב (לישוב משפחת הישבי) grâce à un ש récupéré de son père .

Voir encore ‘Hezkouni (Bamidbar XXVI, 24).
Voir aussi ‘Hida dans Midbar Kdemot (Youd, §31) et Na’hal Kdoumim (Bamidbar XXVI, 24).

Cependant, voir Ibn Ezra (Shemot I, 3) et (Shemot XVIII, 3), le Reem sur Bamidbar (XIII, 16) et le commentaire « Rashi » sur Divrei Hayamim (I, VII, 1).

Pour le Ibn Ezra (Shemot I, 3) le dédoublement du Sin fait qu’on n’en prononce qu’un seul, c’est comme מחצצרים qui se lit מחצרים (cf. Divrei Hayamim I, XV, 24 et II, VII, 6). (toutefois, là-bas il y a un Kri-Ktiv...)

Voir aussi le Radak sur Divrei Hayamim (I, XV, 24) qui dit la même chose et apporte d’autres exemples dans la Bible.

Certains ont l’habitude de lire Yissoskhor (en prononçant les deux ש) uniquement à certains endroits, le ‘Hazon Ish aurait indiqué de le lire ainsi uniquement lors de sa première occurrence dans la Torah, et par la suite lire Yissokhor avec un seul ש. (cf. Maassé Ish I, p.135)

L’idée serait de mentionner le Remez à שכר שכרתיך la première fois, puis de dissimuler ce Remez gênant (car ce n'est pas glorieux).

C’est ainsi que l’expliquait déjà le ‘Hatam Sofer (Torat Moshé , parshat Vayetsé) (voir aussi Minhaguei ‘Hatam Sofer §V, 22).

D’autres (en se basant sur le ‘Hida) préconisent -comme le Na’hlat Yaakov- de lire Yissoskhor jusqu’à Parshat Pin’has (c’est là qu’apparait ישוב qui a récupéré un ש de son père), c’est aussi l’option retenue par R. Tsvi Hirsh de Ziditshov (cf. Korban Ani, parshat Pin’has, en son nom).

Il y a aussi ceux qui lisent toujours avec 2 ש (Yissoskhor), c’est ce qu’indique le Heikhal Habrakha (Bereshit XXX, 18) [qui estime que ne prononcer qu’un seul Sin est une erreur, voire un péché (comme son nom l’indique !), et que c’est une pure invention des grammairiens], c’est aussi l’habitude des ‘hassidei Karlin (de prononcer 2 ש ), et c’était aussi la position du Bnei Yissoskhor en personne !

Voir Shout Betsel Ha’hokhma (VI, §4) qui mentionnent les différentes lectures, et préfère celle du ‘Hatam Sofer (=uniquement la 1ère occurrence avec 2 ש).

Voilà pourquoi ce sefer est appelé « Bnei Yissoskhor » avec 2 ש , car l’auteur lui-même lisait ainsi.

J’ajoute encore une information :

Le Sfat Emet (Vaye’hi Tarnag ויחי תרנ"ג) explique que Yisskhar s’écrit avec 2 ש pour rappeler le double Skhar (la double récompense) dans l’étude de Yissakhar, une pour lui et l’autre pour le Zvouloun qui le soutient financièrement.

Bien avant le Sfat Emet, cette idée avait déjà été écrite par le ‘Havot Yaïr (Rabbi Yaïr ‘haim Bakhrakh) dans son Mekor ‘Haim (fin de §141) !

Et bien avant le ‘Havot Yaïr, cette idée était déjà écrite dans le Rabénou Be’hayei (Dvarim XXXIII, 18) !

Voilà une idée qui est venue à l’esprit de plusieurs Gdolei Israel au fil des siècles, sans qu’aucun ne sache qu’il avait été devancé, mais ils ont tous pensé à la même idée.

Il doit probablement y avoir d’autres auteurs qui eux aussi ont écrit la même chose (ma nullité en informatique ne me permet pas de savoir comment chercher ça), ou au moins qui y ont pensé sans l’écrire : )

PS: l'heure tardive ne m'encourage pas à me relire, mais -comme vous le voyez- je prends tout de même le temps de vous encourager à faire preuve de clémence si vous trouviez des fautes dans mon texte.
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