Voici le résumé des cours que j'ai donné à Bayt Vagan sur le travail de Dach à savoir le pressage des fruits, l'utilisation des lingettes pendant Chabbat, l'allaitement, l'utilisation de glaçons etc.
Ce cours a été mis à l'écrit par une participante studieuse et pieuse Mme Déborah Zazoun, et j'ai tout relu depuis le début jusqu'à la fin.
Résumé du cours de Rav Cohen-Arazi
הלכות שבת
Presser – סוחט
I. Extraction d'un liquide à partir d'un solide
• Définition
Nos Sages définissent l’action de presser comme étant l’extraction d’un liquide contenu dans un solide.
Ils divisent les différentes espèces de fruits en trois catégories :
1) le raisin et l’olive : il est interdit מן התורה de les presser pendant שבת.
2) Les autres fruits que l’on a l’habitude de presser pour en faire des jus : il est interdit דרבנן de les presser pendant שבת. Exemples : mangue, carotte, tomate, orange… ; concrètement, la grande majorité des fruits et légumes se trouvant sur le marché.
3) Les fruits que l’on a jamais l’habitude de presser pour en faire du jus : il est permis de les presser pendant שבת. Exemple : coings…
• Un cas particulier : le citron
Le citron a un statut particulier car on ne le presse généralement pas pour en faire un jus à l’état pur, mais plutôt pour le boire avec de l’eau, du sucre, ou comme assaisonnement.
Concrètement, le Rav Ovadia le considère comme faisant partie de la 3ème catégorie c'est-à-dire qu’il est absolument permis de le presser ; les Ashkenazims le considèrent comme faisant partie de la 2ème catégorie c’est à dire qu’il est interdit de le presser מדרבנן.
citronade
• La solution magique
Selon la majorité des décisionnaires, il sera permis pendant שבת de presser toutes les sortes de fruits sur un solide que le jus vient agrémenter. (y compris le citron pour les Ashkenazim). La raison est que le jus venant agrémenter le solide, nous le considérons d’emblée comme étant solide, vu que telle est sa finalité, et donc ceci n’est considéré comme extraire un liquide d’un solide, mais un solide d’un solide, et ceci est tout à fait permis.
Exemple : Il est permis de presser une orange sur un tas de sucre en poudre. (Presser un fruit entier sur un grain de riz, ce n’est pas valable !)
Qu’appelle t’on « solide » ? Tout aliment qui ne s’écoule pas ; ainsi, il sera interdit de presser une orange sur une compote si celle-ci peut s’écouler.
• Cas du fruit s’étant pressé tout seul pendant שבת
Cas théorique : un tonneau de raisins est tombé, les raisins se sont écrasés et on a obtenu du jus. Le jus est il permis à la consommation ?
Pendant שבת : il sera interdit de consommer le jus de raisin.
A l’issue de שבת : il sera permis de le consommer, car on n’a fait aucune action interdite pendant שבת.
Prenons le même cas, avec un fruit faisant partie de la 3ème catégorie. Si un coing, par exemple, se presse tout seul pendant שבת, il sera bien entendu permis de consommer son jus, puisqu’il est même permis de le presser directement !
Prenons maintenant le même cas, avec un fruit faisant partie de la 2ème catégorie.
- Si lors de l’achat de ce fruit, on n’avait aucunement l’intention de le presser pour en faire du jus, il sera permis à la consommation, même pendant שבת.
- Si par contre, lors de l’achat du fruit, on comptait le consommer comme jus, il sera interdit de le consommer pendant שבת (mais permis à l’issue de שבת).
- Si lors de l’achat du fruit, on n’avait aucune idée précise de la manière dont on allait le consommer, on considèrera qu’on l’avait acheté pour son jus. Il sera donc interdit à la consommation.
Pour résumer :
Statut du fruit Peut on consommer le jus qui s’est pressé tout seul pendant שבת ?
1 Non
2 Cela dépend de l’intention lors de l’achat du fruit
3 Oui
• Est il permis de mettre une rondelle de citron dans une boisson ?
Cette action ne pose pas de problème aux Sepharadim, puisqu’ils permettent même de presser un citron, donc a fortiori de profiter du jus qui se serait écoulé tout seul.
Pour les Ashkénazims, le citron faisant partie de la seconde catégorie, ils devraient interdire de consommer pendant שבת le jus écoulé tout seul du citron. Cependant, il n'en n'est rien Le problème est résolu par le principe du ביטול ברוב , c.a.d que chaque goutte interdite qui sort du citron se mélange automatiquement à la boisson, et s’annule dedans. Ils permettront donc de mettre la rondelle de citron dans le thé.
• Le cas du fameux pamplemousse, à titre d’exemple
- Le pamplemousse faisant partie de la 2ème catégorie de fruits, il est interdit מדרבנן de le presser pendant שבת.
- Il sera permis de le presser sur un solide, comme par exemple sur une salade de fruits.
- Il sera permis de consommer le jus de pamplemousse (et de tout autre fruit, y compris le raisin) qui restera au fond du bol de salade de fruits, puisqu’il est permis de presser n’importe quel fruit sur un solide.
- Si l’on mange le pamplemousse avec une cuillère, il sera permis de boire le jus qui se presse automatiquement (car le jus se presse sur du solide – le pamplemousse, et qu’il ne s’est pas séparé du fruit).
- Si l’on coupe le pamplemousse en deux sur une assiette par exemple, et que du jus s’en écoule, nos décisionnaires se divisent quant à la question de savoir s’il est permis de le boire pendant שבת. Il convient ici de distinguer 2 cas :
1) Comme nous l’avons vu plus haut, si le pamplemousse avait été destiné à être mangé solide, le jus qui s’en écoulera tout seul sera permis à la consommation. Cependant, vu qu’il y a eu ici intervention de l’homme dans l’extraction du jus (il a coupé le pamplemousse), alors le Rav Elyashiv interdit de consommer ce jus.
Le Rav Ovadia Yossef est d’avis qu’il convient d’autoriser ce jus à la consommation, voici son raisonnement : il y a ici un פסיק רישא, puisqu’il est certain qu’en coupant un pamplemousse, du jus s’en écoulera. Cependant, il n’est pas de mon intention première de recueillir le jus, mais de couper le pamplemousse. L’interdit possède ici un double « derabanan » : 1. le pamplemousse fait partie de la 2ème catégorie ; 2. ce n’est pas la façon habituelle de presser un fruit. Pour cette raison, le Rav Ovadia permettra de recueillir ce jus et de le consommer.
Cependant, comme l’a justement fait remarquer Mlle Rivka Brami, ce que Rav Ovadia Yossef permet est uniquement dans le cas d’un pamplemousse qui avait été destiné à être mangé lors de son achat, et non à être bu sous forme de jus.
2) Si en coupant le pamplemousse, mon intention est de recueillir le jus et de le boire, il sera interdit à la consommation, selon toutes les opinions.
• Sauces extérieures
Jusqu’à présent, nous avons traité de l’extraction du jus d’un fruit. Qu’en est il du cas ou l’on veut se débarrasser d’une sauce extérieure au fruit qui se serait imbibée dans celui-ci ?
1) Si l’intention est de se débarrasser du jus pour que l’aliment devienne consommable, alors cette action sera permise.
2) Par contre, si l’intention est de recueillir le jus pressé de l’aliment pour m’en servir pour autre chose, alors ceci est interdit.
Exemple : il est permis de presser un cornichon pour le débarrasser de son jus un peu aigre, ou bien de presser un poisson trop salé. Par contre, il sera permis de presser un poisson frais comme un maquereau pour obtenir son jus, vu que personne n'a l'habitude d'expurger cette sauce, il appartient à la classe de fruits 3. Il sera cependant interdit de presser une morue car on obtiendrait de l’huile de foie de morue, et donc le poisson prend le statut de fruits de type 2.
• Est-il permis d’approcher un fruit de la bouche et d’en aspirer le jus ?
Pourquoi cette action serait-elle permise ? Nos décisionnaires avancent deux arguments : le premier est que ce n’est pas la façon habituelle de presser un fruit que de le mettre près de la bouche et d’aspirer son jus. Le deuxième est que cette action est considérée comme étant la consommation du fruit et non de son jus.
Cependant, certains autres décisionnaires considèrent cette chose comme étant un véritable pressage et l'interdisent.
En pratique, on permettra d’aspirer le jus d’un fruit, mais uniquement s’il fait partie de la 2ème catégorie. Par exemple, il sera permis d’aspirer le jus d’une orange ou d’une mangue. Cependant, compte tenu de la divergence d'opinions, on s’abstiendra d’agir de la sorte s’il s’agit des fruits appartenant à la première catégorie. Ainsi, il sera interdit d’aspirer le jus d’une olive ou d’un raisin. Tout ceci se réfère aux cas où les fruits se trouvent encore dans la main.
Si le fruit est complètement dans la bouche, il sera permis d’en aspirer le jus, même s’il est une olive ou un raisin, car c’est la façon habituelle de le consommer.
Pour résumer :
Catégorie du fruit Peut-on aspirer le jus…
Si le fruit est dans la bouche ? Si le fruit est dans la main ?
1 Oui Non
2 Oui
3 Oui
• Est-il permis d’utiliser des lingettes pendant שבת ?
L’utilisation des lingettes pour les bébés
Selon Rashi, le problème de presser pendant שבת n’est interdit par la Torah que dans le cas où le jus était contenu dans le fruit depuis sa création. Or, l’eau savonneuse de la lingette ne fait pas partie inhérente de la lingette. L’interdit devient donc דרבנן.
De plus, lorsque j’utilise la lingette, mon intention n’est pas d’extraire le liquide qui est contenu dans le tissu, mais de nettoyer quelque chose en me servant du liquide qui se situe à la surface de la lingette.
Pour ces deux raisons, beaucoup de décisionnaires permettent l’utilisation des lingettes.
Mais, pourrait-on dire, il y a ici unפסיק רישא ! Il est certain qu’en frottant un objet avec ma lingette, du liquide en sortira !
En fait, nos maitres s'accordent à dire que ce n'est pas du tout פסיק רישא que le liquide contenu dans la lingette soit essoré pour peu qu'on fasse attention à ne pas exercer de trop grande pression sur la lingette. Ainsi, aucun liquide ne sortira de la lingette, et on ne fera qu’humidifier l’objet.
En dehors de cela certains maitres affirment que quand bien même on considèrerait qu'il s'agit d'un cas de פסיק רישא , il y a lieu d'autoriser vu qu'il y a ici un tripleדרבנן :
1) passer une lingette sur un objet n’est pas la façon habituelle de presser.
2) Même si j’essore ma lingette, seules quelques gouttes en sortiront, c'est-à-dire moins que la quantité requise pour être passible selon la Loi de la peine de mort. Ainsi, de nombreux décisionnaires tranchent que dès lors que l’on essorera une quantité inférieure à quelques gouttes, il ne s'agit que d'un interdit d'ordre rabbinique.
3) C’est un liquide extérieur à la lingette (d’après Rachi).
Pour ces trois raisons, le Rav Ovadia Yossef et d’autres décisionnaires importants permettent l’utilisation des lingettes pendant שבת si mon intention n’est effectivement pas de presser la lingette, et qu'elle est appliquée délicatement sur la peau du bébé.
Selon Rav Auerbah zatsal, l'interdiction de presser concerne le cas où on obtient finalement une boisson apte à être utilisée en tant que telle. Or, dans ce cas aussitôt le liquide sorti de la lingette il s'abime et devient inutilisable.
De plus, le cas d’un enfant étant apparenté à celui d’un malade dont les jours ne sont pas en danger, on pourrait même autoriser de transgresser pour lui des interdits דרבנן.
En pratique, il sera permis d’utiliser des lingettes pour le bien-être du bébé. Néanmoins, pour ceux qui le peuvent, il serait bon de s’en abstenir, surtout s’il y a possibilité de laver le bébé avec de l’eau, et que cela ne lui cause pas de souffrance ou d’inconfort.
Il existe des sprays contenants de l’eau de mer ou de l’eau minérale que l’on peut vaporiser sur le bébé pour le nettoyer, et ensuite passer un mouchoir sec sur la partie du corps humidifiée. Il n’y a ici aucun risque de transgresser l’interdit de presser et ceci peut donc être une bonne solution pour remplacer les lingettes pendant שבת (il faudra bien entendu veiller à ne pas mettre trop d’eau au point d’en imbiber le mouchoir).
L’utilisation des lingettes pour nettoyer des objets ou pour se rafraîchir le visage
Comme énoncé plus haut, il y a ici un triple דרבנן, et ce n'est pas sensé être פסיק רישא si on n'appuie pas brusquement, donc certains décisionnaires permettent l’utilisation des lingettes, si on n’appuie pas fort dessus, même pour d'autres utilisations.
Néanmoins, il y a lieu d’être plus strict quant à la permission d’utiliser des lingettes pendant שבת, lorsqu’il ne s’agit pas du bien-être d’un bébé (Rav Vozner).
II. Fonte d’un aliment
Dans la première partie, nous avons évoqué l’extraction d’un liquide à partir d’un solide. Qu’en est il du cas où un aliment fond ? Selon le Rambam, ces deux actions se ressemblant fortement, il est interdit de faire fondre des aliments de peur que l’on en vienne à l’interdit de presser.
• Principe général
A-t-on le droit de piller un glaçon dans un verre ? Nous définirons les trois problèmes qui découleraient de cette action :
1) « סוחט » : d’après Rambam, cette action ressemble à « presser », car j’extrais un liquide d’un solide. Si l’on permettait de piller un glaçon, on pourrait en venir à croire qu’il est permis de presser un fruit.
2) « בורא » : d’après Rashi, cette action ressemble au travail de créer de l’eau
3) « נולד » : lorsqu’une matière se crée pendant שבת, celle-ci a le statut de מוקצה. Lorsque je pille un glaçon, c’est comme si de l’eau s’était créée et il serait donc interdit de la consommer car elle est מוקצה.
Pour ces trois raisons, il sera interdit de piller un glaçon pendant שבת.
Sur la base de compréhension de ce principe, nous énoncerons d’autres exemples d’action ressemblants et nous réfléchirons à leurs statuts.
• Est il permis de laisser un glaçon dans un verre vide et de boire l’eau qui en découle ?
- Problème de « סוחט » : on ne craindra pas d’en venir à presser un fruit après avoir consommé l’eau du glaçon, car cette action s’est faite toute seule.
- Problème de « בורא » : il n’y a pas eu ici d’action de créer l’eau, puisque celle-ci s’est faite toute seule.
- Problème de « נולד » : De manière générale, le problème de « נולד » ne se pose pas pour les ספרדים , lorsqu’il s’agit d’un liquide que l’on a congelé, et qui se serait décongelé. Ainsi, pour un Sepharade, il n’y aurait pas de problème de profiter de l’eau qui s’écoulerait d’un glaçon, ou d’une soupe qui se décongèlerait, ou bien même de les poser près d’une source de chaleur. (Il est évident qu’il faudrait ici s’assurer que l’aliment n’arriverait pas à une température de 45°, auquel cas on aurait transgressé l’interdit de בישול pendant שבת)
Par contre, les Ashkénazims interdisent a priori de poser un aliment congelé près d’une source de chaleur à cause du problème de נולד. Cependant, dans un cas d’urgence, ils autorisent à priori de le faire. A posteriori, si l’action a déjà été faite, ils permettront de consommer l’aliment fondu, même s’il ne s’agissait pas d’un cas d’urgence.
• Est il permis de laisser un glaçon dans un verre d’eau et de boire l’eau qui en découle ?
- Problème de « סוחט » : comme pour le cas précédant, il n’y a pas ici lieu de craindre d’en venir à presser un fruit après avoir consommé l’eau du glaçon, car cette action s’est faite toute seule.
- Problème de « בורא » : comme pour le cas précédant, il n’y a pas eu ici d’action de créer l’eau, puisque celle-ci s’est faite toute seule.
- Problème de « נולד » : il n’y a pas de problème car on ne différencie pas l’eau qui a fondu du glaçon de celle qui se trouvait déjà dans le verre.
Concrètement , il est permis de déposer un glaçon dans un verre d’eau.
Cependant, certains disent qu’il vaut mieux verser d’abord l’eau et y plonger ensuite le glaçon : lorsque l’on met l’eau sur le glaçon, cette eau « réchauffe » le glaçon et la fait fondre. Certains diraient donc qu’il y a ici intervention de l’homme dans l’action de faire fondre le glaçon. On essaiera de tenir compte de cette opinion, en particulier si l’eau versée est chaude.
• Est il permis de remuer à l’aide d’une cuillère, un verre d’eau dans lequel se trouve un glaçon ?
- Problème de « נולד » : Tout le monde s’entend à dire qu’il n’y a pas ici de problème de « נולד », puisqu’on ne différencie pas l’eau qui a fondu du glaçon de celle qui se trouvait déjà dans le verre. Restent les problèmes de « סוחט » et de « בורא » :
Selon les Sepharadim, il y a ici intervention de l’homme dans l’action de faire sortir l’eau du glaçon, donc il sera interdit de remuer un verre d’eau contenant un glaçon. Le Rav Ovadia permet cependant de secouer le verre d’eau pour que le glaçon fonde.
Selon les Ashkénazims, les avis sont partagés : selon certains, bien qu’il y ait ici intervention de l’homme, cette action est indirecte (je ne fais que remuer l’eau), et donc il sera permis de remuer le verre d’eau contenant un glaçon. D’autres ont le même avis que les Sépharades.
• Est il permis de remuer une boisson chaude (thé, café…) dans lequel se trouve un morceau de sucre ?
Lorsque l’on met du sucre dans une boisson chaude, celui-ci ne se transforme pas en sucre liquide, il s’agit de la dissolution du sucre (c.a.d qu’il reste solide). Le processus de dissolution d’un solide est à différencier de la fonte d’un solide. Ainsi cette action est permise.
• Est il permis d’écraser un chocolat et de le faire fondre au soleil?
Il s’agit ici d’un cas similaire au cas de la glace pillée, puisqu’il y a ici fonte de la matière – le chocolat :
1) « סוחט » : cette action ressemble à « presser », car j’extrais un liquide d’un solide.
2) « בורא » : cette action ressemble au travail de créer du sirop de chocolat.
3) « נולד » : Lorsque j’écrase du chocolat, c’est comme si du sirop de chocolat s’était créé et il serait donc interdit de la consommer car il est מוקצה.
Ainsi, il sera interdit d’écraser le chocolat.
Pour résumer, lorsqu’il s’agit de la fonte d’un aliment, il faudra toujours penser : y a-t-il ici problèmes de « סוחט », de בורא », ou de « נולד » ?
- On se rappellera que les actions de סוחט et de בורא ne posent de problème que lorsqu’il y a intervention de l’homme.
- Le problème de נולד ne se pose pas pour les Sépharades, dans ce cas précis de décongélation.
- Pour les Ashkenazim, si on ne différencie pas l’aliment fondu de l’aliment présent dans l’ustensile, et que l’action a été faite sans intervention de l’homme, ils autorisent la consommation de l’aliment fondu.
• Est-il permis de mettre un liquide comme de l’eau, un « Igloo » ... au congélateur pendant שבת ?
Comme pour les cas précédents, analysons quels pourraient être les problèmes causés par cette action :
1) « סוחט » : il n’y a pas lieu de craindre qu’à la suite de congeler un liquide, on pourrait en venir à presser pendant שבת, puisqu’il ne s’agit pas ici d’extraction d’un liquide à partir d’un solide.
2) « בורא » : il n’y a pas ici de rôle actif de l’homme (on appelle rôle actif les actions de remuer, piller, écraser…), donc il n’y a pas ici de transgression de l’interdit de בורא.
3) « נולד » : Le problème de נולד ne se pose pas pour les Sepharadim donc ils permettront de congeler de l’eau pendant שבת.
Pour les Ashkénazims, les avis sont partagés :
- certains pensent que congeler un aliment pose un problème de נולד et la matière créée, le glaçon (ou le Igloo…) aura le statut de מוקצה. Ils interdiront donc de congeler un liquide pendant שבת.
- D’autres sont d’avis qu’il n’y a pas ici de problème de נולד puisque cette action est réversible : en ressortant le glaçon, il redeviendra liquide et donc il n’y a pas ici réellement de création de matière.
Mais alors, on pourrait dire que dans le cas ou je fais fondre un glaçon, il n’y aura pas non plus de problème de נולד, vu que cette action est elle aussi réversible : il me suffira de la remettre au congélateur pour qu’elle redevienne à nouveau solide ! Dans ce cas là pourquoi a-t-on craint dans le cas du glaçon fondu qu’il y ait effectivement création de matière – l’eau liquide s’écoulant du glaçon, et on n’a pas craint qu’il y ait création de matière dans le cas ou je crée un glaçon ; ces deux actions étant également réversibles?!
A cette question nos Rabanim apportent deux réponses : la première est que l'influence de la chaleur sur le congelé est bien plus perceptible que celle du froid sur une boisson (il n'y a qu'à s'apercevoir du temps que cette opération prend par rapport à celle-ci). Il me sera donc plus « difficile » de créer à nouveau un glaçon, ce qui rend l’action de fonte d’un glaçon moins réversible.
La seconde est que l'eau à son état naturel étant liquide, on considère presque que je l'abîme en la congelant, ce qui n'est pas le cas de la fonte du glaçon, où au contraire je la fais retrouver son état naturel.
C’est pourquoi on ne craindra pas de transgresser l’interdit de נולד dans le cas ou l’on congèlera de l’eau, mais seulement dans le cas ou l’on fera fondre le glaçon. (Rav Auerbah)
4) « בונה » : l’exemple cité dans la גמרא pour illustrer l’action de « construire » est celui de fabriquer du fromage à partir de lait. Cependant, comme nous l’avons mentionné plus haut, l’action de fabriquer un glaçon est réversible, alors que celle de faire du fromage ne l’est pas (le fromage ne re-deviendra jamais du lait). Il n’y a donc pas ici lieu de craindre que l’on transgressera l’interdit de « construire » pendant שבת.
Pour résumer, les ספרדים permettront de faire des glaçons ou de congeler n’importe quel liquide pendant שבת. Pour les אשכנזים, certains le permettent et d’autres l’interdisent à cause du problème de נולד. Il convient de préciser que dans tous les cas, on ne pourra congeler un liquide que si on voudra s’en servir pendant שבת.
• Est-il permis de faire fondre de la neige pendant שבת ?
A une certaine époque de l’année et dans certaines régions, de la neige s’accumule sur les routes et les trottoirs, mettant ainsi en péril le passage en sûreté des piétons. Par exemple, la question s’est posée de savoir s’il était permis de déblayer l’entrée d’une synagogue pour éviter que des fidèles ne glissent sur la neige. L’action de faire fondre de la neige procède d’un interdit דרבנן, puisque l’eau ne fait pas partie de la 1ème catégorie de fruits (raisins et olives). Nos Sages n’ont pas maintenu leurs décrets lorsqu’il y a un risque de causer un dommage public . Il sera donc permis pendant שבת de jeter du sable sur la neige afin de la déblayer pour préserver la sécurité des piétons.
III. Les lois qui découlent de l’interdit de presser
• Est-il permis de traire un animal pendant שבת ?
La Torah interdit de traire un animal pendant שבת. Cependant, si cela cause une souffrance à l’animal, alors il sera permis de traire la vache en faisant en sorte que le lait qui sort soit directement abîmé et inapte à la consommation (par exemple en mettant de l’eau de javel dans la cuve de stockage).
Si on utilise un tire-lait électrique qui s’enclenchera pendant שבת à l’aide d’une minuterie, on préférera poser la pompe sur le pis de l’animal avant que celle-ci soit en marche.
• Allaiter pendant שבת
Il est permis pour un bébé de téter sa mère pendant שבת. Si nos décisionnaires n’avaient permis d’allaiter un bébé qu’à cause du פיקוח נפש, alors ils auraient interdit aux mamans de le faire quelques minutes avant la fin de שבת , car le bébé n’aurait plus été en danger. Mais cette action ne s’apparente pas à l’action de presser, c’est la manière de manger du bébé, donc il est tout à fait permis d’allaiter un bébé pendant toute la durée de שבת.. Il sera aussi permis de faire couler quelques gouttes de lait devant la bouche de l’enfant pour réveiller son appétit.
• Tirer son lait pendant שבת
Il sera permis à la femme qui souffre d’engrangements de tirer son lait pendant שבת en prenant soin d’abîmer le lait pour le rendre inapte à la consommation. Il sera aussi permis de mettre le tire-lait électrique sur minuterie et de le poser de préférence avant que la pompe ne s’enclanche, encore une fois que si on en abîmera le contenu.
Lorsqu’il s’agit de nourrir un bébé prématuré, ou qui présente un quelconque problème de santé, il sera à priori permis et même recommandé de tirer son lait sans l’abîmer car il est question ici de פיקוח נפש. Il convient toutefois de consulter un médecin et de présenter le cas à son Rav pour que celui-ci juge de la nécessité de transgresser l’interdit de tirer du lait pendant שבת.
• Est-il permis d’ouvrir des pistaches ou autres amuse-gueules enveloppés d’une écorce ?
A priori, on pourrait apparenter l’ouverture d’une pistache au travail de דש consistant à séparer l’écorce d’un grain de blé, travail agricole le préparant à devenir apte à la consommation. Cependant, certains décisionnaires voient une différence fondamentale entre retirer l’écorce d’une pistache et celle d’un grain de blé, car retirer l’écorce de la pistache est la façon de la consommer et non un travail agricole (de la même manière qu’on permet d’éplucher une banane pour la consommer). La preuve en est que c'est l'habitude d’amener à table des amuse-gueules avec leurs écorces, ce qui n’est pas le cas pour les grains de blé. Ils permettront donc d’ouvrir des amuse-gueules pendant שבת. Telle est l'opinion de la quasi-totalité des décisionnaires.
Toutefois, de nos jours, certaines personnes disposent sur leur table des cacahuètes ou des pistaches démunies de leurs écorces. De fait, la séparation de l’écorce de la pistache n’est plus la manière de la consommer mais devient semblable à la séparation du grain de blé de son écorce comme une des étapes le rendant apte à la consommation. Pour cette raison, certains décisionnaires pensent qu’il devient donc interdit d’ouvrir tous les amuse-gueules pendant שבת. Telle est la coutume du Rav Wozner et du Rav Moché Lévy zatsal.
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