Citation:
Est-ce que quelqu'un qui change de courant (devient habad par exemple) mais était déjà pratiquant avant (séfarade) peut changer ses minhagim ?
Voir
Tahaloukhot Hayabasha (§135 -Varsovie 1869, p.127) qui écrit que celui qui est en voyage et fait la Tfila dans une synagogue au Nossa’h différent du sien entre Ashkenaze et Sfard (et il en va de même pour Sfarade), peut prier comme le Nossa’h local puisque c’est un Minhag/Nossa’h juif et qu’il n’y a pas de notion de Issour qui pourrait s’appliquer à l’un ou l’autre Nossa’h.
La règle est la suivante : tant qu’il n’y a rien de ce changement qui puisse s’apparenter à un Issour, on peut changer de Minhag.
Cette règle est énoncée de manière claire déjà par le
Maharashdam (Tshouvot O’’H §35) qui prouve sa position d’un Diyouk des mots du
Ran dans
Psa’him (qui parle de « Minhag Issour »).
Ce
Maharashdam est aussi cité par le
Mishpetei Ouziel (O’’H §1) concernant la prononciation sfarade/ashkenaze, qui ne s’apparente aucunement à un Issour elle non plus. Voir aussi
Sdei ‘Hemed (Mem, §38, tome IV, p.99, sv. Veein).
Par contre, pour ce qui se discute au niveau halakhique et qui pourrait être lié à un Issour, c’est autre chose.
Pour les exemples classiques (à propos de votre cas « Sfarade qui devient Loubavitch »), chez les ‘Habad toutes les filles (même célibataires chez leurs parents) allument les Nérot de Shabbat avec Brakha, mais chez les Sfaradim ce n’est pas l’usage, faire la brakha est compliqué au niveau halakhique si la maman la fait elle aussi. (Donc on ne dira pas « qu’il n’y a aucun problème à ce changement ».)
Idem pour ce qui est de la Brakha sur le Loulav pour une femme, si la femme était sfarade de ces pays dans lesquels on considérait qu’une femme qui fait la brakha sur le Loulav fait une Brakha Levatala (ce qui n’est pas le cas de tous les pays sfarades, au Maghreb, ça passait).
Concernant les Tfilines aussi, il pourrait y avoir une complication, j’en parle ailleurs sur ce site.
Mais les histoires de faire sortir ou non les Tsitsiot, ne posent pas problème. Idem pour le Nossa’h de la tfila, il n’y a pas de « issour » en jeu, donc c’est ok.
Pour Pessa’h, je crois que les ‘Habad sont (beaucoup) plus ma’hmirim que les Sfaradim sur toute la ligne (en dehors de la vente du ‘Hamets), donc le changement dans ce sens revient simplement à prendre des ‘houmrot sur soi (mais dans le sens inverse, de ‘habad à Sfarade, c’est différent).
Veuillez noter que je ne dis pas que tout changement qui peut s’apparenter à un Issour sera interdit, je dis seulement que lorsqu’il ne peut pas s’apparenter à un Issour, c’est autorisé de changer son Minhag.
Mais pour les cas où il y a un enjeu halakhique, il faut analyser au cas par cas avec un rav.
(je précise ça pour ne pas qu’on vienne me dire « pourtant le rabbi de Loubavitch disait aux filles Sfarades d’allumer les Nérot avec Brakha » ? Puis d’autres ajouteront que Rav Ovadia Yossef s’opposait fermement au Rabbi de Loubavitch sur ce point…)
Bref, en résumé je dirais ceci :
Il ne faut pas faire une maladie du changement de Minhag, mais rien de ce qui revêt un aspect de koula ne doit se décider au hasard.
Il faut consulter son Rav sur chaque point de ce type et savoir se fixer un cap :
est-ce que ces changements sont nécessaires pour me RAPPROCHER de D.ieu ? ou c’est uniquement un moyen de créer un peu de diversité, une manière de noyer mon peu d’intérêt pour la Torah dans de jolies coutumes et donner une contenance à une personne bien vide de lien avec D.ieu ?