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Segoula Hanouka dangereuse ?

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Torah123
Messages: 56
Bonjour Rav,

J'ai entendu parler d'une ségoula qui me semble non seulement tirée par les cheveux mais surtout très dangereuse. Cette ségoula pour trouver son mazal consiste à conserver les meches et les huiles restantes de Hanouka, les mettre dans une barquette et y mettre le feu. Puis il faut que le célibataire enjambe le feu (oui... enjamber le feu) 7 fois (apparemment 1 fois n'est pas assez dangereux).
Cette ségoula provient apparemment d'un sefer nommé "Beth Abba".
Comment une telle ségoula peut exister ? Et encore plus, comment des gens peuvent-ils appliquer une telle chose sans que personne ne soit choqué ?

Merci.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6852
Citation:
J'ai entendu parlé d'une ségoula qui me semble, non seulement, tirée par les cheveux mais surtout très dangereuse. Cette ségoula pour trouver son mazal consiste à conserver les meches et les huiles restantes de Hanouka, les mettre dans une barquette et y mettre le feu. Puis il faut que le célibataire enjambe le feu (oui... enjamber le feu) 7 fois (apparemment 1 fois n'est pas assez dangereux...)
Cette ségoula provient apparemment d'un sefer nommé "Beth Abba" !
Comment une telle ségoula peut exister ? Et encore plus, comment des gens peuvent ils appliquer une telle chose sans que personne ne soit choqué ?


Pour ce qui est du danger, il faut être pragmatique, je suppose qu’il s’agit d’un tout petit feu dans une petite casserole.

Quant à l’idée d’enjamber 7 fois, les sorciers adorent ça, on enjambe le feu 7 fois. Pourquoi pas 6 ou 8 ? Allez savoir. C’est toujours 3 ou 7 qui ont la préférence.

Je ne sais pas quelle est votre source, ni quel est ce sefer Beit Aba, mais on n’est pas responsable de toutes les segoulot inscrites dans des livres. Chacun écrit ce qu’il veut, il ne faut pas croire que toutes ces Segoulot étranges soient « unanimes » et acceptées de tous.
La grande majorité des rabanim ayant vécu sur cette planète n’ont jamais considéré cette Segoula, voire n’en ont même probablement jamais entendu parler.

J’ai trouvé une source écrite dans un livre qui s’intitule Sefer Djerba Yehoudit (Djerba la juive) de Boaz Haddad (Jérusalem 1977, p.78).
Il dit qu’il y a une Massoret à Djerba que c’est une Segoula pour les vieilles filles qui n’arrivent pas à se marier, de sauter 7 fois au-dessus du feu où l’on brûle les restes d’huile et de mèches de ‘Hanouka.
(Il indique aussi que les enfants à Djerba ne jouaient pas à la toupie et qu’il n’y avait pas non plus de notion de Dmei ‘Hanouka –‘Hanouke Guelt- équivalent des cadeaux de ‘hanouka.)
Cette Segoula semble donc venir de Djerba, peut-être était-elle aussi répandue en Tunisie, mais pas beaucoup plus loin.

Tout part d’une nécessité de brûler ces restes de ‘Hanouka car ils auraient été consacrés pour la Mitsva et il serait donc interdit d’en faire un usage profane.

En réalité, cette notion de Houktsa lemitsvato ne concerne que le cas d’une huile destinée à la Mitsva, c-à-d le cas où l’on a mis juste ce qu’il faut pour que ça dure 30 minutes et que le Ner s’est malencontreusement éteint.
Dans ce cas, le reste d’huile est consacré et il est interdit d’en faire un usage profane. Mais si l’on a mis plus d’huile et que ça a duré 30 minutes, ce qui resterait d’huile serait parfaitement autorisé.

Certains veulent dire que toute l’huile que l’on met dans le récipient est destinée et consacrée à la Mitsva, mais même d’après eux, il suffirait d’exprimer une volonté contraire (faire un Tnay) et dire que l’on ne souhaite pas consacrer ce qui resterait (une fois que ça aura duré 30 minutes). Cf. Mishna Broura (§677, sk.18).

Etrangement, le Shoul’han Aroukh (§677,4) parle seulement des restes d’huile et ne mentionne pas les mèches.
Alors que pour l’huile, comme on l’a vu, c’est plutôt rare qu’on ait le problème. Peut-être que les mèches ne sont pas concernées car dans la mesure où elles servent aussi après les 30 minutes, elles ne sont donc pas « réservées/consacrées » à la mitsva comme peut l’être l’huile de la première demi-heure.
Mais les Rishonim (Aboudarham et autres mentionnés dans le Beit Yossef) parlent de l’huile et des mèches.

Rabénou Méir Haméili (Sefer Hameorot, Shabbat p.70) mentionne le minhag de faire un feu la dernière nuit de ‘hanouka et d'y brûler les restes d’huile et de mèches, afin de ne pas en tirer profit (il mentionne lui aussi les mèches).

On trouve dans quelques Sfarim des sources qui parlent de Segoula pour d’autres choses [ou aussi pour pouvoir se marier mais en possédant une mèche de ‘hanouka d’un Tsadik -le Rebbe de Nadvorna donnait une mèche de ‘Hanouka pour cela, et il brûlait celles qui lui restaient avec le ‘Hamets en veille de Pessa’h. Cf. Hamaor, kislev-tévet 5778, p.104].

Bref, cette segoula de sauter au-dessus du feu n’est pas très répandue et je conseillerais de ne pas l’adopter. Nous avons déjà assez de Segoulot étranges, inutile de s’en ajouter. Chaque nouvelle Segoula de ce type que l’on adopte est susceptible de nous éloigner un peu plus de D.ieu plutôt que de nous en rapprocher. La Segoula à adopter et qui nous rapproche de D.ieu, c’est « la prière ».
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