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Écouter son rav contre la halakha?

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Utilisateur111
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Bonjour Rav,

Voici ce que le Rav Mazouz rapporte dans son dernier feuillet Bayit Neeman sur Vaethanane : "Il y a une histoire dans les récits hassidiques (Moadim, récit 431). L'éditeur des récits hassidiques n'est pas un  קטיל קני באגמא (les Ashkénazes disent "katla kania" - homme simple), mais un érudit, l'éditeur de l'Encyclopédie Talmudique, Rabbi Shlomo Yossef Zavin. II raconte une histoire intéressante. Le Rav Sar Shalom de Belz, le jour de Tisha Be'Av, était avec son maître, le Hozeh de Lublin (qui voyait des choses au loin), et son maître lui dit: "Va chez toi et mange". II lui dit: "C'est Tisha Be'Av". Il lui répondit: "Je te dis d'aller manger". Il alla manger, "contraint par l'ordre". Plus tard, il rentra chez lui et tomba malade. Le jour de Yom Kippour arriva, et il demanda au médecin s'il pouvait jeûner ou non. Ils lui dirent: "Si tu n'as pas jeûné au cours des deux derniers mois, tu peux jeûner". C'est ainsi qu'il comprit la sagesse du Hozeh. S'il avait jeûné à Tisha Be'Av, il n'aurait pas pu jeûner à Kippour. C'est pourquoi il lui a dit de manger à Tisha Be'Av, afin qu'il puisse jeûner à Kippour."

Bien que l'on fasse "Woouaahh" devant cette histoire, une question me taraude : comment comprendre que Rav Sar Shalom de Belz ait pu transgresser Ticha Béav, même si son maitre (aussi grand soit-il) le lui ordonne ? S'il était faible soit, mais ca n'a pas l'air d'être le cas ici...

Merci beaucoup !
Rav Binyamin Wattenberg
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Citation:
Voici ce que le Rav Mazouz rapporte dans son dernier feuillet Bayit Neeman sur Vaethanane : "Il y a une histoire dans les récits hassidiques (Moadim, récit 431). L'éditeur des récits hassidiques n'est pas un קטיל קני באגמא (les Ashkénazes disent "katla kania" - homme simple), mais un érudit, l'éditeur de l'Encyclopédie Talmudique, Rabbi Shlomo Yossef Zavin. II raconte une histoire intéressante. Le Rav Sar Shalom de Belz, le jour de Tisha Be'Av, était avec son maître, le Hozeh de Lublin (qui voyait des choses au loin), et son maître lui dit: "Va chez toi et mange". II lui dit: "C'est Tisha Be'Av". Il lui répondit: "Je te dis d'aller manger". Il alla manger, "contraint par l'ordre". Plus tard, il rentra chez lui et tomba malade. Le jour de Yom Kippour arriva, et il demanda au médecin s'il pouvait jeûner ou non. Ils lui dirent: "Si tu n'as pas jeûné au cours des deux derniers mois, tu peux jeûner". C'est ainsi qu'il comprit la sagesse du Hozeh. S'il avait jeûné à Tisha Be'Av, il n'aurait pas pu jeûner à Kippour. C'est pourquoi il lui a dit de manger à Tisha Be'Av, afin qu'il puisse jeûner à Kippour."
Bien que l'on fasse "Woouaahh" devant cette histoire, une question me taraude : comment comprendre que Rav Sar Shalom de Belz ait pu transgresser Ticha Béav, même si son maitre (aussi grand soit-il) le lui ordonne ? S'il était faible soit, mais ca n'a pas l'air d'être le cas ici...


Il semble que vous ayez fait une copie conforme des feuillets traduits en français. Donc il faut leur dire que le nom du Rav c’est Zevin et pas Zavin (qui veut dire autre chose).

Je ne sais pas s’ils retranscrivent tout (dans l'édition en français), mais à la suite de cette même note (Bayit Nééman n°421, note 2), tout à la fin, Rav Mazouz dit lui-même explicitement que le Roua’h Hakodesh est une chose, mais que la Halakha en est une autre et que Al Pi Halakha, c’est assour !
Sa conclusion est : ההלכה היא שמצוה שבאה לידך אל תחמיצנה.
Lorsqu’une Mitsva se présente à toi, tu dois l’accomplir tout de suite (et ne pas faire des calculs par rapport à une éventuelle autre Mitsva que cela empêcherait).

On pourrait relativiser un peu cette vue, car les Poskim recommandent au malade/faible de ne pas être ma’hmir pour jeûner à Tsom Guedalia lorsque ça peut avoir une incidence sur sa capacité à jeûner à Yom Kipour qui suit une semaine après.
Je dirais donc que le point essentiel dans notre histoire, c’est que rien (al pi hatéva) ne permettait de dire que jeûner le 9 Av l’empêcherait de jeûner à Yom Kipour, surtout qu’il n’était pas encore malade.

Vous me direz : mais alors selon Rav Mazouz, comment justifier l’attitude du Rabbi de Belz (et celle du ‘Hozé) ?
Je pense qu’il ne la justifie pas.
Et c’est pour cela qu’il a précisé que Rav Zevin n’est pas un קטיל קני באגמא, car sans cela, il n’aurait pas considéré cette histoire saugrenue.

Il y a beaucoup d’histoires de ‘Hassidim qui ne s’arrangent pas avec la halakha, l’explication n’est pas toujours la même.
Parfois il y a eu des rabanim qui pensaient que le « Roua’h Hakodesh » primait sur la Halakha.
S’ils avaient tort ou raison de le penser est une autre question, mais puisqu’ils le pensaient, ils suivaient donc des directives différentes de ce que la Halakha que nous connaissons préconise.

D’autres fois -et souvent- les récits ‘hassidiques ont été romancés et déformés, de sorte qu’on ne puisse aucunement leur faire totalement confiance.
Le sefer Shiv’hei Habesht est connu pour ses excès dans ce domaine.

Notre histoire pourrait donc souffrir de quelques omissions et déformations qui expliqueraient mieux cette affaire.

De toute manière, elle semble un peu étrange sur plusieurs petits détails ; si le médecin dit 2 mois ce n’est pas au jour près, il y aurait donc encore dû négocier.
De plus, entre le 9 av et le 10 Tishri, on peut considérer 2 mois et 1 jour (si le médecin parlait en mois hébraïques).
Et encore, pourquoi le ‘Hozé lui aurait dit de manger sans raison ni justification ? Supposons qu’il savait par roua’h Hakodesh qu’il ne pourrait pas jeûner à YK s’il jeûnait à Tisha Beav, en quoi cela l’empêche de donner une explication ?

Le ‘Hozé tenait-il (‘has veshalom) à créer son image de « tsadik » en se montrant mystérieux et énigmatique ? Quelle Gaava c’eut été de sa part s’il avait voulu jouer au mystérieux avec rabbi Shalom Rokéa’h, ça ne correspond pas du tout aux Midot pures d’un Tsadik digne de ce nom.

Voilà pourquoi je suppose qu’il nous manque des informations.
Par exemple, il se peut que celui qui a transmis cette histoire ait, afin d’embellir l’histoire sur le ‘Hozé, omis de préciser que le (futur) Rabbi de Belz était malade ce 9 Av et demandait au ‘Hozé s’il pouvait tout de même jeûner (car on ne s’exempte pas comme ça du jeûne du 9 av, comme on le ferait pour un jeûne plus kal). Et le ‘Hozé lui aurait dit de ne pas être ma’hmir et de manger.
Ce qui s’avéra salutaire 2 mois après lorsque le médecin lui dit qu’il ne pouvait jeûner que s’il n’avait pas jeûner depuis 2 mois.

Cela répondrait à toutes les questions et difficultés soulevées.

Les histoires de ‘Hassidim étant passées par les mains de Amei Haarets, ils ne se rendaient pas toujours compte qu’en « embellissant » les histoires des Tsadikim, ils déformaient le Emet et parfois on peut les confondre (ou déceler le mensonge) même deux siècles plus tard, comme dans notre cas.
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