Citation:
Peut on faire birkat halevana pendant une eclipse de lune ? (avant qu'elle ne disparaisse complètement)
Tout d’abord, la halakha indique de faire la Brakha lorsqu’on « profite » de la lumière de la lune (
Rama O’’H §426, 1), si la lumière s’amenuise et va disparaître incessamment, il n’est pas recommandé de faire la bénédiction à ce moment.
Mais posons votre question sur l’instant qui SUIT l’éclipse (et non l’instant qui la précède) : peut-on faire la brakha à ce moment bien que la lune paraisse partiellement obstruée?
A ceci je répondrais que cet aspect n’est pas un facteur invalidant, néanmoins l’autorisation de réciter la Brakha n’est pas si évident ; en effet, cette Brakha doit être récitée AVANT la moitié du mois lunaire, or le moment où l’on constate une éclipse ne saurait être "avant" cette « moitié du mois ».
Il y a donc un problème technique qui devrait -théoriquement- rendre votre question irréelle.
Cependant, il peut arriver que le Rosh ‘Hodesh soit suffisamment décalé du véritable Molad pour que ce certain décalage permette de rencontrer ce problème : selon la date (hébraïque) on ne serait pas encore arrivé au milieu du mois, mais on le serait selon la réalité astronomique.
Que faut-il suivre par rapport à la Brakha ? Le calendrier ou la réalité de la révolution lunaire ?
C’est sujet à discussion. Le
Maharil écrivait déjà il y a six siècles dans ses
Tshouvot (§19) que s’il y a eu éclipse lunaire, cela nous prouve que la lune a déjà parcouru la moitié de sa révolution et on ne devra plus faire la Brakha
(cependant, voir aussi Shout Maharil §155 où il écrit qu’il s’est posé cette question très longtemps etc.).
Voir aussi le
Levoush (§426, 4) pour qui on ne fera pas la brakha. Et voir
Beit Yossef (o’’h §426)
[en principe, le moment de l’éclipse correspond exactement au milieu du mois, donc, selon votre question , si l’on parle de l’instant qui précède l’éclipse, nous ne sommes effectivement pas encore arrivés au « milieu » du mois. Mais comme sa lumière disparaît, ce n’est pas recommandé]
D’un autre côté, nous avons le
Rabbi de Munkacz dans
Darkei ‘Haim Veshalom (Hil. Kidoush Levana §494) qui pense que c’est le calendrier qui doit nous intéresser et tant que la date est valide (= si l’éclipse a lieu avant la moitié du 29j 12h 793 ‘halakim), on fera la Brakha, même après une éclipse.
Cependant, ce même
Rabbi étaye un peu mieux sa position dans son
Nimoukei Ora’h ‘Haim (§426, sk.3) et il y semble qu’il n’ait pas compris convenablement l’impossibilité astronomique. (Voir encore son
Divrei Torah volume VI, §94) .
Toutefois, l’éclipse indique seulement le milieu de la révolution lunaire (c-à-d la moitié des 29j 12h 793 ‘halakim), mais selon certains, la fin du temps de récitation de Birkat Halevana n’est pas ce moment, mais la date du 15 du mois.
D’après ces derniers, il n’y aura aucun problème à faire la Brakha jusqu’à 5 heures et 683,5 ‘halakim après l’éclipse.
Voir
Rav Zilber dans
Birour Halakha (IV, o’’h §426, p.301) et dans
Otsrot Yeroushalayim (tome 79, §814).
Concrètement, si la situation se présente, je n’ai pas assez étudié la Souguia et par conséquent, je ne sais pas ce qu’il convient de faire
(surtout que le Shoul’han Aroukh ne mentionne pas ce problème, alors qu’il l’évoque dans son Beit Yossef, ce qui laisse entendre qu’il ne le retiendrait pas et on pourrait donc faire la Brakha), mais disons qu’en vertu de la règle sur le Safek Brakha, j’opterai plutôt pour un Kidoush Levana sans Shem Oumalkhout.
