Citation:
Il y a un principe dans la Torah disant qu'il faut dire une chose au nom de celui qui l'a dite (Lomar Davar Beshem Omro).
On retrouve ce principe notamment dans les Pirkei Avot (dans la Brayta : VI, 6).
Est-ce que cela veut dire que lorsque nous ramenons un enseignement, que ce soit de Torah ou même d'autres choses, il est obligatoire de citer l'auteur ou les auteurs de ces enseignements ?
Oui, plusieurs commentateurs de cette Brayta soulignent que même les Divrei ‘Hol sont concernés, puisque l’enseignement trouve sa source dans Esther qui a dit au roi «
au nom de Mordekhaï » et il ne s’agissait pas d’un Dvar Torah.
Cf.
Davar Beshem Omro (Fish) (p.17-18) qui indique ceux-ci :
Bigdei Shesh (Boukhris),
Beit Aharon (‘Hagiz),
Milei DeAvot (R. Mordekhaï ben Yehoshoua),
Tov Veyafé (Mayersohn),
Min’ha ‘Hadasha (R. Ye’hiel Mikhel ben Yedidia) (daf 76b),
Maassei Avot (R.Moshé ben Yona),
tous sur la Brayta en question
(Avot VI,6), et voir aussi la
Hakdama du Ets Yossef sur le
Ein Yaakov Kodshim.
En réalité, ce qu’on apprend d’Esther c’est sur « davar », on dit « האומר דבר בשם אמרו » (et non האומר דבר תורה בשם אמרו). C-à-d que l’on parle de toute chose ayant un intérêt (car il ne s’agirait pas de répéter chaque bêtise au nom de celui qui l’a dite).
Cela inclut les Divrei Torah (qui ont un intérêt) et tout Dvar ‘Hokhma, tout conseil judicieux, ou bonne parole. Voir
Kountras Arvout (II, §8), cité dans
Beit Aharon (III, p.450, §38).
Le
Shouvi Hashoulamit (VII, §6,2) souligne le ‘Hidoush exceptionnel de
Rav Shlomo Elkabets dans son
Manot Halévi où il écrit que dire « Beshem Omro » ne concerne pas que les Divrei Torah.
Je ne vois pas en quoi c’est un ‘hidoush étant donné que c’est écrit par de nombreux auteurs et la source même (de Esther) semble l’indiquer.
[Il est vrai que l’on pouvait comprendre du
Midrash Tan’houma (Bamidbar §22) que cela ne concerne que les Divrei Torah.]
Ça n’est donc pas limité aux Divrei Torah et on citera même un Dvar ‘Hokhma entendu d’un non-juif en son nom, surtout selon les sources qui rattachent l’absence de mention de l’auteur comme étant du vol, étant donné qu’il est interdit de voler aussi un non-juif, nous sommes donc tenus de mentionner son nom et ne pas s’approprier son enseignement -bien que ce ne soit pas si évident aux yeux du
Siftei ‘Hakhamim (Meguila 15a) qui se pose la question de savoir si cela concerne aussi un enseignement reçu/appris d’un non-juif, mais il penche lui aussi pour dire que oui.
A tel point que le
Zekher Yehossef (O’’H §53) ira jusqu’à rapporter un enseignement de
Wilhelm Gesenius (1786-1842) qu’il a lu dans le
Biour sur Yeshaya (5,2) ! en expliquant qu’il est obligatoire de citer «
Beshem Omro ».
C’est aussi ce qu’a fait Rabbi dans
Sanhédrin (91b) en rapportant un enseignement d’Antonin (certains pensent qu’il s’est converti, mais ce n’est pas unanime, cf.
Yefé Enaïm Avoda Zara 10b).
Citation:
Et si oui, est-ce que cela va même jusqu'à citer chaque auteur qui cite un autre auteur qui en cite un autre etc. jusqu'à l'enseignement que l'on veut citer (exemple : A a dit que B a dit que C a dit que D a dit que E a ramené la Gmara disant que etc.) ?
Cette question ne se pose pas uniquement pour des Divrei ‘Hol, on peut aussi se la poser pour des Divrei Torah ; faut-il mentionner tous les transmetteurs ?
Nous trouvons dans
Nazir (56b) qu’il n’est nécessaire de mentionner que le 1er et le dernier.
C-à-d celui qui est l’origine du ‘Hidoush et le dernier transmetteur par lequel ce ‘Hidoush est passé pour arriver jusqu’à moi.
Mais si l’on peut tous les mentionner, c’est encore mieux, quitte à remonter jusqu’à Moshé Rabénou
(Yeroushalmi Shabbat I,2).
Voir encore
‘Hida dans
Marit Haayin (Psa’him daf 104) et
Ein Zokher (Kaf §6) qui rapporte des
Klalei R. Betsalel au nom du
Raavad (Avoda Zara 16b) qu’il suffit de mentionner le premier nom.
C-à-d qu’il comprend dans
Nazir (op cit) qu’il suffit de citer le 1er ou le dernier.
Voir aussi
Sidrei Taharot (Ohalot daf 239), rapporté dans
Davar Beshem Omro (p.85) qui parle longuement de ce sujet.
Nous trouvons parfois dans le Talmud des enseignements rapportés avec plusieurs noms, il arrive souvent qu’il y en ait 2 ou 3, même 4 est assez fréquent
(Kidoushin 33b, 73b, Sanhédrin 28b, Brakhot 49b, ‘Houlin 5b, Mena’hot 38b, Tamid 27b, Zva’him 109b), parfois 5
(Tmoura 3a, Shabbat 47a, Brakhot 27b, Kidoushin 39a), ou 6
(Makot 16a, Brakhot 55b) et même 6 ou 7
(‘Houlin 98a), voire même 8
(Nedarim 8b) !
Je crois que 8 c’est le record dans le Talmud, je ne me souviens pas qu’il y en ait plus.