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Contestation de la dépendance financière du Rambam

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David Alvares
Messages: 2
Bonjour R. Wattenberg.

Vous laissez entendre en différents endroits que le Rambam était dépendant financièrement de son frère. Vous faites rentrer cela dans la case "accord de issakhar et zevouloun".
Vue la position du Rambam sur la dépendance financière quelle qu'elle soit de tout étudiant ou prestataire de service en Tora, il m'est bien sur difficile de croire en une pareille affirmation.
Plus que cela, dans un de vos écrits vous dites que très probablement le Rambam n'aurait put être celui qu'il fut s'il n'avait pas étudié ainsi en mangeant dans la main de son frère !
Ça c'est imbuvable !

Je me suis donc penché sur vos sources, ou du moins pour être précis, la source ramenée dans la retranscription dite "libre" de votre allocution sur le sujet.
La source: igrote harambam page ל"ז ע"ב, édition de 1859:
contexte: le Rambam raconte à un rabbin ami rencontré lors de son passage en Israël les malheurs qui se sont abattu sur lui les derniers temps en Égypte, et plus particulièrement la mort de son frère.
les mots: ובידו ממון רב לי לו ולאחרים
soit: "et dans ses mains (lorsqu'il se noie) beaucoup d'argent à moi, à lui et à d'autres."
Ainsi David, le frère du Rambam, avait dans ses mains l'argent du Rambam.
Quel argent ? Si il donne une rente à son frère alors on doit parler de son propre argent, pas de celui du Rambam. De plus "mon argent" est mis sur le même plan que l'argent de David et que l'argent des autres. Que fait-il avec cet argent lors d'une mission commerciale en Inde ? Le plus probable est que ce soit l'argent investi par des tiers dans ce commerce.

Si de toutes façons aucune déduction n'est à sortir à 100% de ces mots, je vous laisse la possibilité d'appuyer votre lecture plus fortement que la mienne.

Venons-en à la phrase qui pourrait ravir un journaliste du Yated !

Le contexte: le Rambam continue de narrer son malheur, il fait part de son état "maladif" durant un an suite à la mort de son frère et fait son éloge. Dans cet éloge il dit les mots suivants:
Les mots: והוא היה נושא ונותן בשוק, ואני היתי יושב לבטח
Soit: "et il s'occupait des transaction au marché (sur les places de transaction), et moi j'étais assis assuré/rassuré dans la confiance."

Ainsi le Rambam dit que son frère s'occupait du business et que lui était tranquillement assis !

Ce qui n'est pas écrit: qu'il le finance; qu'il y a entre eux un quelconque accord de yssahar et zevouloun.

Ce qui est dit: qu'il est reconnaissant à son frère d'avoir pris une charge de travail qu'il présente comme principale et que lui s'en trouve ainsi déchargé.


On se trouve donc en connaissance du fait que le Rambam reconnaît à son frère une prise en charge du business qui libère le Rambam.
- il ne dit pas qu'il le nourrit
- il dit que son frère avait dans les mains son argent lors du naufrage.
- c'est une éloge funèbre et cela a donc tendance à être poétisé et à extrémiser les qualités et bienfaits du défunt.


Rajoutons que "ואני היתי יושב לבטח" ne veut absolument pas dire que je reste à rien faire (ou à étudier la sainte Tora bien sûr), mais simplement que je suis assis dans l'assurance, avec l'esprit tranquille.

Ainsi votre compréhension du texte n'est absolument pas une lecture rigoureuse mais une simple hypothèse à laquelle s'oppose déjà tous les points cités ci-dessus.


Allons un peu plus loin, même si c'est déjà amplement suffisant les textes du Rambam se suffisant à eux-mêmes.


Le Rambam dans le pirouch amichnayot après avoir martelé qu'un étudiant de Tora ou un pratiquant de responsabilité religieuse ne peut recevoir d'argent pour cela, ou pour lui laisser un maximum de temps et de force pour son étude, ne peut entraîner les autres à lui donner ou accepter de recevoir dans les communauté ou la pratique est installée et où l'on fait croire qu'il est obligatoire ou même adéquat/juste de donner de l'argent au talmid haham.
Ramène maints exemples de tanaïms ou amoraïm qui travaillaient (car bien sûr on peut être hillel hazaken en étant bûcheron, mais avec la yeridas adoroys on ne peut être le rambam en étant médecin ou businessman...)
Cette Michna est reprise en tant que alakha dans le Michné Tora.

Le Rambam finit en expliquant le fameux "et pas seulement la tribu de Lévi" en disant: "et cependant, les choses que la Tora a permise aux talmidei hahamim sont: qu'ils donnent leur argent à un homme qui l'investira pour lui, et l'ensemble des bénéfices seront pour eux s'il le souhaite. Et celui qui fait cela a un grand mérite/bénéfice "moral" sur sa personne... suivent des exemples avant de reprendre:... et ainsi sont les lois que D' leur a fixé... (les lois ci-dessus semblant faire partie de la liste mais mis avant car directement liées au sujet développé sur l'aide financière au hahamim, les lois suivantes pouvant être rattachées au même esprit mais parlant de sujet totalement différent)."
Résumé de ces lois: la non-participation aux frais communaux...

Ainsi:
- Les propos du Rambam dans la lettre à rav Yafet font état de l'argent qui lui appartient et qui a sombré avec son frère. De plus, ils font état de la reconnaissance du Rambam envers son frère d'avoir été actifs dans l'activité commerciale pendant qu'il est assis lui assuré/rassuré dans la confiance, ce qui vous vaut l'hypothèse qu'il vivait à la charge de son frère.
- La thèse et les lois énoncées par le Rambam dans le pirouch amichnayote et le Michné Tora sont contraires et militantes contre toute perception d'argent par un étudiant ou un prestataire de service de Tora, que cet argent soit réclamé ou donné volontairement par des gens qui penseraient cela convenable/juste/ראוי,
- Il dit dans le Michné Tora que l'investissement dans la Tora n'est pas réservé au Chevet Lévy mais à tout celui qui veut.
- Dans le Piroush Amichnayotes il met en parallèle les lois telles que le fait de pouvoir donner son argent à investir à quelqu'un qui reverserait l'intégralité des profits au haham le lui ayant confié, ou encore la non-participation aux frais communaux avec les "dons" que la torah a fixé comme revenant aux Levyim et aux Cohanim.

Ainsi, s'il y a quelque chose à déduire sur l'aide financière qu'a perçu le Rambam de la part de son frère des mots de cet éloge "il s'occupait des transactions sur les marchés et moi j'étais assis assuré/rassuré dans la confiance" c'est qu'il avait son argent entre les mains pour l'investir "et avec lui (lors du naufrage) beaucoup d'argent, à moi, à lui et à d'autres" et que lui, le Rambam n'avait pas à s'occuper des transactions, à l'image de ce qu'il dit que la Tora permet au haham et qui ressemble à ce qu'elle a mis en place de manière institutionnelle pour les descendants de Lévi.

À la question: d'où provient cet argent, nous répondrons d'un éventuel travail effectué auparavant, ou encore d'une dot par exemple.


Je finirais en vous remerciant de l'attention portée à mes propos si vous êtes arrivés jusqu'à cette ligne sans sauter les autres qui bien que nombreuses sont d'une part le fruit de mon inhabtitude à parler de manière concise et d'autre part nécessaire à la démonstration la plus rigoureuse de l'inexactitude de vos propos.
Peut-être prouverez-vous l'inexactitude ou l'incomplétude de mes propos qui sont tout de même nécessaires pour comprendre les enjeux du sujet et qui, au cas où ils s’avéreraient comme je le pense convaincants, sont une JUSTE RÉPARATION face au propos "On n'aurait peut être pas entendu parler du Rambam s'il avait dû travailler dès son plus jeune âge."

Enfin, je vous dirai que si il m'a tenu à cœur de vous répondre, c'est que malgré la violence de mes propos (que j'ai pensé justifiée de par la violence de vos affirmations) je pense justement qu'à l'image du respect que j'ai pour vous, votre parole est respectée en France et donne donc à votre avis (très bien référencé sur Google) une certaine force de loi.


Avec mon sincère respect.

David Alvares.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6656
Cher Monsieur, j'ai lu tout votre message mais (hélas) très rapidement par manque de temps.
C'est vrai qu'il est très long, mais il a au moins le mérite d'être précis.

Je vous remercie de l'attention que vous avez porté à mon cours, même si j'aurais préféré que vous ne vous basiez pas sur un compte-rendu (qui risque de mal rendre les idées et) qui annonce clairement qu'il s'agît d'une retranscription libre - que je n'ai pas vérifiée et qui est rédigée par une personne que je ne connais pas.

Je vous suggérerais donc d'écouter enregistrement du cours (qui est disponible ici:
http://www.centre-alef.fr/2013/11/issakhar-et-zvouloun-peut-on-se-faire-aider-financierement/
au cas où vous ne l'auriez pas fait, car certains éléments devraient vous mettre la puce à l'oreille sur des détails que vous semblez ignorer ou mal interpréter dans mes dires.

Vous justifiez l'usage de la « violence » car vous dites que ma « parole est respectée en France », je crois que vous surestimez la population de mon "fan-club", le nombre de juifs français pratiquants ne connaissant pas du tout Techouvot.com ni le site du Centre Alef me semble considérable, votre propos m'apparaît donc peu probable et il n'était pas nécessaire de faire usage de violence verbale pour apporter la correction que vous pensez juste.

Votre message est très long, mais en bref vous dites qu'il est impossible d'imaginer que le Rambam ait bénéficié de l'aide de son frère puisqu'il s'oppose halakhiquement à ces systèmes de soutien.

Ce cours date de quelques années, je ne sais donc plus avec précision ce que j'y ai dit explicitement et ce sur quoi je n'ai peut-être pas assez appuyé, mais vous devez savoir que tout ce que le Rambam peut dire de négatif sur le paiement des rabbins ne PEUT pas concerner l'association Issakhar-Zvouloun si l'on considère qu'elle est indiquée par les Sages eux-mêmes comme ayant été pratiquée par des tsadikim (comme mentionné dans le cours).

Le Rambam ne s'oppose pas au Talmud et il prend même soin de préciser qu'on ne trouve pas dans nos sources un rabbin qui aurait été entretenu aux frais du contribuable.
Ce qui indique bien qu'il ne s'oppose qu'à ce à quoi il s'est opposé et non à l'association Issakhar-Zvouloun, un des objets de mon cours était justement d'expliquer la différence fondamentale entre aider financièrement un rabbin et faire Issakhar-Zvouloun.

Comprenez-moi bien, je ne tiens pas absolument à dire que le Rambam avait rédigé un contrat Issakhar-Zvouloun comme le font certains, je ne m'intéresse pas à l'appellation, mais au point clé que j'ai défini dans ce cours comme étant la différence entre ladite association et - par exemple - le Kollel.

(je ne vais pas reprendre ce point ici, mais indiquons-le brièvement par la distinction entre "AIDE à un rabbin" et "SPONSORISATION d’un chercheur".)

Vous écrivez : « Vue la position du Rambam sur la dépendance financière quelle qu'elle soit de tout étudiant ou prestataire de service en Tora il m'est bien sur difficile de croire en une pareil affirmation ».
Mais c’est faire abstraction de l’information citée, le Rambam ne PEUT pas s’opposer à une certaine forme de SPONSORISATION qui est louée et recommandée par les Sages du Talmud.
Vous parlez donc de « dépendance financière quelle qu'elle soit » mais c’est faux, le Rambam ne s’oppose pas à Issakhar-Zvouloun.

Ce qu’il faut définir est comment se conçoit cette association.
Il n’est pas impossible que pour le Rambam, « Issakhar-Zvouloun » revienne aux privilèges accordés aux érudits dont il fait état, comme « Metil Melay lekisso shel Talmid ‘Hakham » , c-à-d « déposer de la marchandise chez le sage » qui pourra la revendre à bon prix ou encore, faire fructifier son capital etc.

Dès lors, la forme de l’association entre le Rambam et son frère était peut-être que David faisait fructifier l’argent du Rambam : l’argent mêlé au temps produit de l’argent, l’érudit ne donne pas de son temps (et efforts), c’est son associé qui le lui offre et se charge de faire voyager son argent, de l’investir, d’acheter et de revendre, etc.
Ça serait l’application du Issakhar-Zvouloun dont parle le Talmud (selon le Rambam du moins) et c’est ainsi que le Rambam aurait profité de son frère qui se mouillait la chemise pour lui, pour qu’il puisse étudier sereinement et n’ait pas à aller travailler comme tout le monde.

C’est ce que vous dites, je vous cite : « le Rambam dit que son frère s'occupait du business et que lui était tranquilement assis ! ce qui n'est pas écrit: qu'il le finance; qu'il y a entre eux un quelconque accord de yssahar et zevouloun ».
N’imaginez pas l’accord Issakhar-Zvouloun exclusivement sous forme de don d’argent, le don du temps nécessaire à « faire » de l’argent est aussi un don.

Je pense que le Rambam considérait qu’il est aussi permis de faire un Issakhar-Zvouloun par don d’argent (puisque c’est ce qui semble être le cas de Shimon A’hi Azaria et autres), mais il est clair que le faire par « don d’effort » est parfaitement autorisé.
Issakhar reste assis chez lui et Zvouloun se démène pour multiplier le capital de Issakhar en parallèle de ses efforts pour ses propres deniers.
Ce n’est pas ce qui se faisait avec le Shevet Lévi qui recevait effectivement des dons, mais c’est encore mieux.

(Il faut bien comprendre qu’il ne s’agît pas simplement de faire fructifier le capital d’autrui à l’instar de ce que le proposent les banques ou autres, ces derniers prennent une part pour eux et en vivent, là nous parlons de le faire à titre bénévole, c’est le concept du "Matil Melay" autorisé et recommandé par le Talmud et c’est ce qui fait que le Rambam n’avait plus besoin de travailler en parallèle et pouvait être « yoshev béta’h » puisqu’il n’aurait pas fait mieux que son frère en travaillant pour lui-même.
C’est l’idée de « והוא היה נושא ונותן בשוק, ואני היתי יושב לבטח ». Et c’est pourquoi David avait aussi avec lui sa propre fortune, car il devait vivre lui aussi et comme il n’était pas payé pour ses services pour son frère, il devait commercer avec son propre argent aussi.)

C’est tout ce que je voulais dire, l’essentiel étant de démentir l’affirmation classique que le Rambam (puisqu’opposé aux rabbins subventionnés) aurait commencé à être médecin dès sa jeunesse et aurait malgré tout réussi à produire tous ces sfarim APRES ses journées de travail.

Vous dites encore :
Citation:
dans un de vos écrits vous dites que très probablement le Rambam n'aurait put être celui qu'il fut s'il n'avait pas étudié ainsi en mangeant dans la main de son frère ! Ça c'est imbuvable !.

Je ne pense pas avoir parlé de « manger dans la main de son frère », c’est certainement votre incompréhension de la différence que je présente entre SPONSORISATION et CHARITÉ qui vous pousse à utiliser de telles expressions, mais si vous remettez les choses en ordre et que vous analysez POURQUOI le Rambam s’oppose au paiement des rabbins, vous comprendrez qu’il n’y a rien de mal dans le système de la sponsorisation du chercheur et je vous dirais que le Rambam ne serait probablement pas devenu ce rabbin mondialement connu pour son Mishné Torah s’il avait été occupé par sa parnassa.

D’une part vous reconnaissez qu’il est écrit dans sa lettre qu’il profitait du travail de son frère (même si c’est en ayant avancé une somme, sans bouger de sa chaise le Rambam confie une somme à son frère et ce dernier lui rend -par exemple- le double) et que cela lui permettait d’être « yoshev beta’h » et d’autre part, même si vous ne le reconnaissiez pas, nous possédons un témoignage de son [petit-]fils indiquant que pour écrire le Mishné Torah, le Rambam n’est pratiquement pas sorti de son bureau durant 10 ANS!

Je vous le demande : si son frère ne l’avait pas soutenu en travaillant pour lui (ce qui est Halakhiquement licite selon le Rambam), aurait-il pu écrire son Mishné Torah ?
Aurait-il pu s’enfermer et se concentrer dessus durant 10 ANNEES ? ( et donc sans travailler.)

Voilà, nous sommes d’accord je présume, le Rambam n’aurait pas pu écrire son Mishné Torah sans ce soutien financier.

Désolé pour votre « JUSTE REPARATION face au propos » que je tenais.

Par contre, quand vous ajoutez :
Citation:
Rajoutons que "ואני היתי יושב לבטח" ne veut absolument pas dire que je reste à rien faire (ou à étudier la sainte Tora bien sur) mais simplement que je suis assis dans l'assurance, avec l'esprit tranquille

que voulez-vous dire ?
qu’il travaillait malgré tout en plus de cela ?
Si c’est ainsi, en quoi était-il « yoshev béta’h » ?
De plus, le témoignage cité vous prouve qu’il devait bel et bien chômer « à rien faire (ou à étudier la sainte Tora bien sur) » car s’il n’a fait qu’écrire son livre pendant 10 ans sans sortir de son bureau, c’est qu’il ne travaillait pas.

J’aurais bien voulu vous répondre plus longuement afin de pouvoir reprendre chaque élément et y répondre séparément (comme je viens de le faire pour votre « Rajoutons »), mais je ne dispose pas du temps suffisant et je pense qu’il y a ici essentiellement un malentendu ; vous tenez à prouver que le Rambam n’avait pas souscrit à un contrat classique de Issakhar-Zvouloun, que l’argent que son frère lui donnait était le fruit d’un investissement du capital du Rambam et qu’il ne recevait pas d’aumône.
Ce que je dis c’est qu’il a bénéficié d’une aide considérable –réservée au rabbin- qui consiste à le décharger de tout travail afin qu’il puisse être disponible et totalement concentré sur son étude.

Je ne tiens pas à dire que cette aide était constituée de dons et de virements, elle peut parfaitement se faire autour d’un capital appartenant au Rambam selon les règles du « Matil Melay lekis talmidei ‘hakhamim » qui lui octroient la totalité des bénéfices.

Ça ressemble assez à ce qu’à fait la famille Yaïche (que je cite, j’imagine, dans ce cours) qui avait trouvé comme moyen de sponsorisation d’un rabbin de lui donner (ou lui vendre à bas prix si vous y tenez) des parts de leur entreprise, de telle sorte que lorsque l’affaire prospérait, le rabbin en étant actionnaire, gagnait très bien sa vie sans faire autre chose qu’étudier (et écrire etc.).

Les autres points sur lesquels j’aurais souhaité trouver le temps de vous répondre lorsque je ne suis pas d’accord avec vous (comme votre « Rajoutons ») me semblent accessoires et j’en ferai donc l’économie et mon message est déjà assez long sans cela.

L’essentiel étant de clarifier le fait que le Rambam a étudié des années durant sans se soucier de sa parnassa et sans pratiquer la médecine chez un sultan, c’est ce qui lui a permis d’écrire son grand-œuvre mondialement connu et étudié aujourd’hui. Et tout ceci, grâce à son frère David qui a "travaillé gratuitement pour lui", afin qu'il puisse étudier sans souci de parnassa.

Ashrav Veahsrei 'Helko, on ne souligne pas assez l'action de ces héros de la Torah qui sont pourtant très rares, que ce soit David Ben Maïmon ou la famille Yaïche et autres sponsors sans lesquels des merveilles de Torah n'auraient pas été écrites.
David Alvares
Messages: 2
Tout d’abord je vous remercie de votre réponse.

Nous sommes donc semble t il accord et si j'ai mal compris vos propos ou que la retranscription n’était pas juste je vous demande de m'excuser des passages violents (violence d’étude et surtout pas contre la personne).

Ce qui me tenais a cœur de préciser c'est que le rambam VALORISE tel les matnot kehouna qui sont mitsva l'aide aux talmidei hahamim (a savoir qu'est ce qu'un haham? débuter un cursus d'hypothétique hahamisation est il compris?) mais qu'il rejette tout don d'argent brut , concrètement: LE kOLEL.
(ce qui reste son avis , d'autres hahamim pensant autrement)

Sur le fait que le rambam fut celui qu'il fut je développerai rapidement mon idée sur le sujet. Sur le coup je n'ai pas de preuve concrète mais uniquement mon avis philosophique a proposer:

Si le travail est vitale a l'homme (homme que l'on ne regardera pas comme dépendant de la bonne volonté de ses concitoyens)
et que l'on considère que dieu a créer l'homme (sans rentre dans pourquoi dieu l'a fait mais seulement dans la vision humaine de la création a posteriori) pour le reconnaître, dépasser l’animalité qui est en lui en cherchant le sens.
c'est par cette recherche de hohma que l'homme fait ressortir a ses yeux dieu de la création, et qu'il acquiert une conscience de plus en plus forte de dieu.
la hohma devient donc la raison d'exister de l'homme (a ses propres yeux) et le canal qui le "relie" a dieu.
il me paraîtrais insensé que l'homme se voit limiter dans son développement de la hohma et "ce serait même mauvais joueur de la part de dieu que de le limiter ainsi"
les besoins matériels essentiels de l'hommes ne peuvent donc le limiter dans cette démarche.
le freiner oui, le limiter non.

la rédaction d'un écrit pour autrui peut être par contre éventuellement sorti de cette liberté donnée a l'homme et donc peut être n'aurait il pas écrit le michne torah mais oui il aurait eu la même hohma.
(s'oppose tout de même peut être a cela moche rabenou qui s'occupa du peuple mais qui ne rentra pas en israel/mourut de son échec dans son travail avec le peuple et non d'avoir sacrifier son temps pour cela)

Pour préciser il aurait eu le potentiel d’acquérir autant de hohma, ça aurait été plus dur et peut être aurait il échoué de la même manière qu'il a échoué au bout d'un moment a être encore plus haham et mourut mais le potentiel reste le même.

En précisant qu'il s’agit uniquement d'une idée philosophique parmi tant d'autre mais qui je pense mérite d’être défendue, surtout face a notre réalité (peut être ancestral voir éternel) d'un judaïsme qui baisse trop les bras.



En vous remerciant !
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6656
Je vous cite:
Citation:

Tout d’abord je vous remercie de votre réponse.

You're welcome.

Citation:
je vous demande de m'excuser des passages violents (violence d’étude et surtout pas contre la personne).

It's OK.

Citation:
Ce qui me tenais a cœur de préciser c'est que le rambam VALORISE tel les matnot kehouna qui sont mitsva l'aide aux talmidei hahamim ... mais qu'il rejette tout don d'argent brut , concrètement: LE kOLEL.


Si c'est ce qui vous tenais à cœur de préciser, dommage que vous n'ayez pas écouté le cours avant d'écrire, car c'est précisément ce que j'y souligne.
J'y explique que le Rambam était opposé au système du Kollel, mais qu'il souscrivait au système "Matil melay".


Citation:
(a savoir qu'est ce qu'un haham? débuter un cursus d'hypothétique hahamisation est il compris?)


Oui, débuter un "cursus d'hypothétique hakhamisation" est probablement compris, puisque les Matnot Kehouna concernaient aussi les jeunes kohanim, c'est justement dans l'espoir qu'ils puissent bien s'instruire et "éventuellement" donner des 'hakhamim dignes de ce nom.

Quant à pointer ce qu'est la définition d'un 'hakham vis-à-vis de ces notions, cela nous entraînerait vers de longs débats.

Citation:
il me paraîtrais insensé que l'homme se voit limiter dans son développement de la hohma ... les besoins matériels essentiels de l'hommes ne peuvent donc le limiter dans cette démarche.
le freiner oui, le limiter non.


C'eût été insensé si cela contrevenait aux "attentes" de D.ieu concernant cette personne, mais nous ne savons pas grand chose des "plans divins".
Pour simplifier mon propos: prenez l'exemple d'un juif qui naît juif mais ne le sait pas, qui naît dans un pays pauvre et en guerre, sans eau courante, sans aucune facilité de vie. Il apprend sur le tard qu'il est juif et tente de s'intéresser à la Torah interdite dans son pays.

Vous pensez bien que l'obtention de ses "besoins matériels essentiels" sera forcément plus gênante que celle d'un coreligionnaire né ailleurs , dans de meilleures conditions.

Alors où est la justice me demanderez-vous?
Hé bien dans l'attribution du rôle de chacun. D.ieu n'attend pas la même chose de celui qui naît en milieu favorisé, chacun doit oeuvrer avec ses capacités.


Citation:
peut être n'aurait il pas écrit le michne torah mais oui il aurait eu la même hohma.


Attendu que l'exploit que constitue le Mishné Torah n'est pas d'ordre calligraphique, l'enjeu n'est pas de "l'écrire", mais bien de le concevoir.

S'il en avait eu la 'hokhma tout en travaillant toute la journée, il aurait bien pu trouver 20 minutes tous les soirs pour l'écrire.

La difficulté n'est pas "d'écrire" le Mishné Torah, mais d'être "capable de l'écrire", d'en avoir "la 'hokhma" comme vous dites.

S'il s'est enfermé durant 10 années consécutives pour écrire ce livre, soyez assuré que ça ne prend pas 10 ans ni même 10 mois à mettre par écrit.
Il s'agît du travail d'acquisition de 'hokhma, passant par l'étude répétée et approfondie des textes du Talmud, voilà ce qui prend du temps et voilà ce qui fait -par définition- défaut au médecin qui travaille toute la journée.


Citation:
Pour préciser il aurait eu le potentiel d’acquérir autant de hohma


Oui, si vous parlez de "potentiel", oui, c'est certain, le potentiel reste le même.
Toutefois, vous devez savoir que le Rambam lui-même considère que chaque juif peut potentiellement arriver à imiter Moshé Rabeinou...
Que le Rambam -s'il avait été médecin dès son jeune âge- aurait eu le même potentiel est bien beau, mais il ne nous aurait pas intéressé et n'aurait pas fait avancer le monde. C'est justement la mise en pratique de son potentiel qui nous est profitable.

Citation:
face a notre réalité ... d'un judaïsme qui baisse trop les bras.

Certes, il ne faut pas baisser les bras et il faut savoir que même un "Baal Habayit" qui travaille à plein temps PEUT, s'il le veut, faire de grandes choses pour et dans l'étude de la Torah.
Je répète assez souvent les exemples de Baalei Batim incroyablement érudits -voire même prolifiques. Notamment le Rav Reouven Margulies, le 'Hayei Adam, le Megadim 'Hadashim et d'autres du même acabit.

Toutefois, il faut se garder d'excès de naïveté et comprendre que ces exceptions sont très rares et surtout qu'il s'agît de personnes qui travaillaient mais qui consacraient des heures quotidiennement à l'étude, qui ne partaient pas en vacances, qui n'allaient pas au restaurant, qui ne "sortaient" pas, chaque moment libre était consacré au limoud.
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