Vous avez raison, il faut savoir prendre le bon là où il est,
kabel et haemet mimi sheomro.
Toutefois, si vous habitez en milieu Hareidi en Israël, il faut faire attention, car la fermeture d’esprit y règne trop souvent en maîtresse impitoyable et celui qui ose lire ce type de sfarim que vous mentionnez est parfois rapidement catalogué comme indécis, instable, Baal Tshouva,…
(avec incidences pour le futur…).
Vous me demandez des sources dans la Gmara indiquant que les juifs étaient ouverts aux autres hashkafot, il n’y en a pas vraiment si l’on doit considérer l’étude d’autres hashkafot comme celles dont nous parlons.
Car à l’époque de la Gmara, il n’y avait pas –au sein des juifs traditionalistes- plusieurs courants identifiés par leurs sfarim [et shitot] respectifs.
Je pourrais vous « inventer » des preuves basées sur un raisonnement par l’absurde dans un texte talmudique, mais il ne serait pas difficile de les contrer.
Vous aurez des preuves plus conséquentes en invoquant les rabanim reconnus qui n’hésitent pas à mentionner un
Likoutei Moharan à l’occasion.
Par exemple
Rabbi Méir Mazouz ou d’autres encore (surtout chez les sfaradim –et comme vous dites suivre ROY, ça devrait aller.)
Vous écrivez qu’on vous répond «
mais il n'a pas demande a reuven d'etudier les ouvrages de naftali... », c’est un peu normal, Naphtali n’a rien écrit.
A cette époque, les hashkafot n’étaient pas identifiées et répertoriées comme aujourd’hui…
Aussi, il faut savoir que le
Likoutei Moharan a mauvaise presse en Israël à cause de certains ‘hassidei Breslev qui passent leurs soirées autour d’un feu de camp avec une guitare à la main et leurs journées sur le toit d’un camion –toujours avec la guitare à la main.
Mais ça n’a rien à voir avec le Rebbe
Rabbi Na’hman lui-même qui était un grand érudit en Torah, ni avec de nombreux ‘hassidei Breslev qui étudient aussi la Torah avec assiduité.
Il y a trois courants dans Breslev, si certains sont critiqués, il y en a aussi de très sérieux, avec des talmidei ‘hakhamim
(qui d’ailleurs critiquent eux aussi les Breslevers qui font plus de guitare que de Gmara).
Bref, on peut être ‘Hassid Breslev et Talmid ‘hakham et tsadik respecté.
Seulement, comme cette ‘hassidout attire de nombreux baalei tshouva, ces derniers n’étant pas toujours parfaitement formés en « yiddishkeit », ils ternissent parfois un peu l’image de la ‘hassidout sans le savoir.
Il y a le même phénomène avec ‘Habad.
Nombreux sont ceux qui font tshouva avec les Loubavitch, mais ça ne suffit pas encore pour savoir se comporter en juif.
Certains continuent dans leur tshouva et se renseignent et étudient la Torah (pas seulement le Tanya –ou Likoutei Si’hot/ etc.), d’autres s’arrêtent-là et se contentent de faire plus ou moins les mitsvot qu’ils connaissent, sans vraiment tenter de découvrir le bon D.ieu convenablement.
De là, certains critiquent ces deux ‘hassidouyot en se basant sur leurs fruits les moins sérieux.
Dans ‘Habad, il y a encore de plus gros problèmes, car certains considèrent que le dernier
Rabbi de Loubavitch était un Kofer/apikoros (etc.) et lui reprochent des tas de choses.
Dès lors, si vous tombez sur ces gens-là et leur citez un enseignement du rabbi, vous imaginez bien que ça ne saurait passer.
C’est pourquoi je vous disais qu’en Israël, en milieu ‘hareidi, il faut savoir faire profil bas, car si vous voulez vous opposer à leur mode de pensée, ils sont plus nombreux et plus puissants que vous et finiront par vous écraser, vos enfants auront un mal fou à se faire accepter dans les écoles
(/puis yeshivot) VIP et plus tard, des difficultés dans les Shidoukhim.
Cette société s’ouvre tout doucement, mais il y a encore de quoi craindre, hélas.
Ça fait partie des difficultés qu’un juif ne rencontre qu’en Israël.
A part ça, s’il est bon de picorer un peu de bon à droite et à gauche, il faut surtout veiller à garder une cohérence de hashkafa.
Il y a réellement quelques points contradictoires entre différents systèmes de hashkafa et si vous éduquez vos enfants avec un mélange non ordonné, ils risquent de s’y perdre.
Donc vous pouvez leur glisser des idées ‘hassidiques mais en veillant à ce qu’elles ne contredisent pas d’autres enseignements que vous leur transmettez.
Quant à ce que vous écrivez : «
Je ne peux pas m'imaginer que des gdolim font l'impasse sur des pans entiers de tora... 70 panim latora »
Je ne puis vous donner entièrement raison.
Il faut savoir que le fait de « rencontrer » les autres hashkafot est relativement récent, avant guerre, chacun habitait grosso modo un pays/une région, on ne voyageait pas autant et surtout, on n’avait aucune idée de ce qu’un rabbin peut dire à l’autre bout du monde, si ce n’est ce qu’il imprime dans un sefer, si -avec beaucoup de chance- ce dernier fait le voyage.
Alors qu’aujourd’hui, chacun sait (ou peut savoir) dans l’heure ce qu’un rabbin dit aux antipodes, toutes les opinions sont confrontées, les sfarim connaissent une diffusion sans précédent et les compagnies d’aviation une prospérité remarquable.
Ce qui fait que si les hashkafot se répandent, les anciens rabanim (disons ceux décédés au XXème siècle) n’avaient pas le réflexe ou l’habitude de s’intéresser sérieusement aux drakhim différents de celui dans lequel ils ont été éduqués.
Les tensions entre ‘hassidim et mitnagdim y étaient aussi pour quelque chose.
Et en ce qui concerne les Sfaradim, ils étaient globalement inconnus et ignorés des ashkenazim.
(Dans l’autre sens, c’était moins tranché, des sfarim et des rabanim ashkenazes étaient parfois exportés vers le Maghreb.
Par exemple, puisque je parlais plus haut de
Rav Méir Mazouz, il est à souligner qu’il ne rechigne pas à mentionner des enseignements ‘hassidiques.
Lorsqu’il était jeune, en Tunisie, il y avait un Shalia’h ‘Habad, le
Rav Pinson, qui s’occupait de l’école et tous les enfants de Tunis de cette époque ont été un peu en contact avec la ‘hassidout ‘Habad par son intermédiaire.
Il cite donc des Sfarim ashkenazes et ‘hassidiques, mais il reste malgré tout beaucoup plus habitué et Baki dans les sfarim de rabbins sfarades.)
Citation:
70 panim latora (doit-on juste trouver son pan ou les etudier tous ?
On peut se contenter d’une Guisha (un seul accès) à la Torah, il est certainement souhaitable d’avoir une shita cohérente (plutôt que de faire son marché et retenir des tas de notions contradictoires sans s’en rendre compte), mais rien n’impose de s’inscrire exactement dans une shita répertoriée ; vous pouvez « faire votre marché » chez différentes hashkafot reconnues et adopter le bon que vous trouvez chez chacun, mais il est nécessaire de s’impliquer dans un travail personnel d’approfondissement des Hashkafot pour se construire un système cohérent.
[Par exemple : on ne peut pas considérer que la Hashga’hat Hashem concerne chaque ver de terre à titre individuel
(Baal Shem Tov) tout en considérant que la Hashga’hat Hashem s’applique en fonction de l’élévation spirituelle de la personne et de son niveau et qu’elle ne concerne le monde animal que de manière générale (l’espèce en général, pas cet animal en particulier)
(Rambam).
Si vous enseignez les deux à vos enfants, vous leur enseignez aussi une troisième chose : on peut tout dire et son contraire et la Torah n’est pas un domaine précis et clair. Résultat : on reste flou et loin de D.ieu .]
Pour conclure, je dirais que vous avez raison dans l’absolu, mais dans la réalité et dans la pratique, prenez garde à deux choses :
1) Ne pas éduquer vos enfants en mélangeant deux hashkafot contradictoires
(il faut analyser ce que vous leur transmettez et savoir si vous vous y identifiez, pour ne pas leur raconter l’inverse la semaine suivante).
2) Faites profil bas face à ceux qui s’opposent à l’enseignement ‘hassidique, ne cherchez pas à les convaincre, relativisez à leurs yeux votre implication dans cette étude. (pas la peine de le dire autour de vous…)
Hatsla'ha, bon approfondissement et soyez attentif aux problèmes propres à Israël, car les 'houtsnikim ont trop souvent la naïveté de croire que puisque le monde qui les entoure en Israël paraît plus proche de D.ieu, c'est qu'il n'y a rien à craindre de particulier en Rou'hniout, ça ne peut qu'être mieux qu'en France, etc.
C'est faux; il y a des avantages mais aussi des inconvénients.
Chaque pays à ses dangers dans l'éducation des enfants, la France est dangereuse pour certaines choses et Israël pour d'autres.