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Datation minhaguim omer

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Dodecagone
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Bonjour Rav,

De quand date l'apparition les différents minhaguim liés à la période du omer : ne pas se raser, ne pas se couper les cheveux, ne pas écouter de musique ?

Quelles sont les références écrites les plus anciennes que l'on peut retrouver sur le sujet ?

Merci !!
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6700
Citation:
De quand date l'apparition les différents minhaguim liés à la période du omer : ne pas se raser, ne pas se couper les cheveux, ne pas écouter de musique ?
Quelles sont les références écrites les plus anciennes que l'on peut retrouver sur le sujet ?


Des trois minhaguim que vous citez, seul se couper les cheveux est mentionné dans le Shoul’han Aroukh et c’est le plus ancien.
Il a été devancé par un autre Minhag que vous n’avez pas cité : ne pas se marier.

Rien de tout cela n’est mentionné dans le Talmud, mais comme l’indique le Rashbats (I, §178), c’est un Minhag Israël (il ne parle que de ne pas se marier).

Le minhag de ne pas se marier se retrouve déjà à l’époque des Gueonim, une lettre de Rav Hay Gaon l’indique dans le Shout Shaarei Tshouva (§278).

Les élèves de Rashi aussi en font mention (Sefer Haoré §992) (Sefer Hapardes §154).

Voyez encore le
Sefer Hamanhig (§106),

Or’hot ‘Haim (II, p.62)

et le Méiri (Yevamot daf 62).


Se raser la barbe n’était pas d’actualité à l’époque et ce n’est que par analogie avec les cheveux que le minhag s’est établi lorsque la mode a évolué.

(Il y a plusieurs années, j’avais lu un article dans Shana Beshana qui voulait dire qu’il n’y a aucun interdit pour la barbe… mais il n’est pas retenu.)

La mention du minhag « dans certains pays » de ne pas se couper les cheveux se retrouve déjà chez les Rishonim comme le Shibolei Haléket (§235) et le Tour (§493), mais ce minhag n’était pas encore établi et répandu chez tous les juifs à cette époque.

Un ou deux siècles plus tard, vers le XVIIème siècle, ça l’était déjà (cf. Ba’h ad loc. et aussi Shoul’han Aroukh §493, 2 « nohaguim » -et déjà avant voir le Leket Yosher p.97) quasiment partout, même si le Minhag ne s’est pas répandu chez les yéménites (Shout Peoulat Tsadik II, §76) , qui l’ont pourtant accepté en Israël pour se ranger au minhag majoritaire.

Quant au Minhag de ne pas écouter de musique, il est très tardif, ce n’est qu’au XXème siècle qu’il s’est imposé dans toutes les communautés -ou presque.
Mais vous pensez bien qu’à l’époque des Rishonim ou du Shoul’han Aroukh, la question ne se posait pas fréquemment, rares étaient les possesseurs de gramophone, de mange-disque, de radiocassette, de lecteur de CD, ou d’appareil numérique lecteur MP3.

Il est donc difficile de pointer une date pour chaque Minhag, car cela dépend des pays et communautés, le « Issour coiffeur » n’existait pas au Yémen alors qu’il était en vigueur depuis des siècles en Europe et au Maghreb.

[NB : je parle « d’interdit » et de « Issour » par habitude de langage, mais le vocable est incorrect sur le plan halakhique, il ne s’agit pas d’un issour mais d’un minhag.]

Même l’interdit de mariage (dont les premières traces remontent à plus de mille ans -Shaarei Tshouva §278) ne date pas exactement du même jour dans le monde entier, le Shibolei Haléket (§235) le rapporte comme non universellement accepté, le Aboudarham aussi [-alors qu’il était l’ami et contemporain du Tour au XIVème siècle en Espagne qui lui, indique le « issour mariage » comme étant établi, en le distinguant du « issour coiffeur » qui n’est en vigueur que dans certains endroits/pays].

Il y a même des discussions sur l’origine de ces interdits durant la période du Omer.
Le plus classique est de dire que c’est pour le deuil de la mort des élèves de Rabbi Akiva, mais d’autres idées sont avancées, notamment en souvenir du deuil des communautés décimées par les croisades du XIIème et XIIIème siècles.
La première croisade (en 1096) a fait beaucoup de victimes au mois de Iyar, puis en 1146 aussi c’était essentiellement entre Pessa’h et Shavouot. (Cf. Shout Beit Mordekhai -Folgelman- §30)

Les « Gzeirot Ta’h Tat » (en 1648-49) seraient aussi liées d’une manière ou d’une autre à cette période.
Dans les pays ashkenazes, le Vaad Arba Haaratsot a décrété une période de deuil de 3 ans, allant de Lag Baomer 1650 à Lag Baomer 1653 (Sefer Hatodaa, Nissan p.245-246, Sivan p.357).

Le deuil lié aux croisades était inconnu des juifs yéménites et relativement méconnu au Maghreb, quant à celui des « Gzeirot Ta’h Tat », il était totalement ignoré dans le monde Sfarade, donc forcément, il y aura des décalages dans la diffusion du Minhag.

Pour résumer on peut donc dire que:
1) le minhag de ne pas se marier date au plus tard de la fin des Gueonim (fin Xème s.) et n’a été accepté mondialement qu’après plusieurs siècles, vers la fin du XIVème siècle.

2) Celui de ne pas se couper les cheveux est plus tardif, il date des Rishonim ( dès le XIIIème s., -mentionné par le Shibolei Haléket , par le Leket Yosher, le Tour) et s’est répandu plus rapidement -à part au Yémen.

3) Ne pas se raser la barbe pourrait être inclus dans le Minhag.

4) Ne pas écouter de musique est un minhag récent comme expliqué plus haut.

PS: il est tard, je ne me relis pas, sorry pour les fautes.
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