Citation:
d ou vient le principe qu’un aharone ne peut contredire un richone
Un A'haron PEUT contredire un Rishon.
Seulement, avant de le faire, il faut "se lever tôt".
Si généralement un A'haron s'interdit de contredire un Rishon, c'est en raison du caractère absurde de la démarche, tant les Rishonim avaient les idées claires sur le Talmud par rapport aux A'haronim. Pour s'aventurer à se prononcer en désaccord avec un Rishon (sans avoir un autre Rishon sur qui s'appuyer), il faut vraiment avoir les épaules larges (ou l'esprit étroit -au choix).
Nous trouvons des A'haronim qui se sont permis ce genre de désaccord, c'est rare, mais ça existe. L'exemple le plus fréquemment cité est le
Gaon de Vilna.
Un Ah'aron pas particulièrement brillant qui se permettrait ce type de désaccord serait vite ridicule aux yeux de ses pairs. Pour le
Gaon de Vilna, ça passait, mais ça n'ouvre pas la porte à n'importe quel A'haron.
Donc techniquement, un A'haron (même du XXIème siècle)
peut contredire un Rishon (voire même un Gaon d'il y a 14 siècles), mais les chances qu'il ait raison sont tellement infimes que ça parait plutôt de la légèreté d'esprit de sa part.
Si nous supposons que le Gaon ou le Rishon a raison, ce n'est pas parce qu'on lui prêterait des facultés mentales ou des capacités cognitives surhumaines ou extraordinaires, mais parce que sa proximité dans le temps
(et pour les Gueonim aussi dans l'espace) avec les maîtres du Talmud lui confère un atout majeur tel que notre éloignement fait de nous des demeurés face aux Anciens.
Cette idée s'appliquait aussi aux maîtres du Talmud eux-mêmes par rapport à leurs prédécesseurs, comme on le dit dans la Gmara
Shabbat (112b) "Si les Anciens sont comme des anges, nous sommes comme des hommes, si les Anciens sont comme des hommes, nous sommes comme des ânes".
La Gmara dit aussi dans
Erouvin (53a) que notre logique est comparable à
"un doigt qui essaie de pénétrer dans de la cire dure", c'est une manière de dire qu'on n'a plus du tout la compréhension qu'avaient les Anciens des enseignements de Torah, on ne pénètre pas du tout la profondeur de la Svara, c'est à peine si on en ressort légèrement "chargé"
(comme un doigt qui a essayer de pénétrer la cire qui ressort un peu collant).
Toutefois, ceci est généralement à propos d'un désaccord sur un point Halakhique, mais en matière de Agada, de Midrash et d'interprétation des versets de la Bible, un A'haron se permet beaucoup plus facilement le désaccord -et pour le coup, même contre un Amora ou un Tana!
Car, si vis-à-vis des Rishonim (et des Gueonim) le désaccord est "possible"
(mais difficile d'accès, comme on l'a dit), par rapport aux maîtres du Talmud il est (selon la majeure partie des opinions) absolument interdit.
Néanmoins, cet interdit ne s'appliquerait que sur la partie Halakhique du Shas et non sur la partie Agadique (ni sur les Midrashim).
Donc une personne née au XXIème siècle PEUT proposer une autre interprétation que le Talmud d'un verset ou d'une idée Agadique, sans pour autant se voir taxer d'hérésie (c'est le cas de nombreux commentateurs de la Bible). Bien entendu, tout ceci n'est que dans la mesure où cela reste strictement Agadique et qu'aucune Halakha n'en ressort
(directement).
Et évidemment, la proposition d'une nouvelle interprétation contraire à celle du Talmud demande tout de même un minimum de connaissance pour ne pas être simplement ridicule.
