La réponse n'est pas simple. Beaucoup de décisionnaires l'interdisent, mais à vrai dire, il m'est avis qu'il y a quelques manipulations qui ne peuvent être absolument interdites de manière halakhique, mais uniquement à titre de conseil.
Je m'explique:
Il existe plusieurs sortes de minuteries, celles qui disposent d'un affichage digital ne sont pas manipulables du tout.
Nous ne parlerons donc que des programmateurs sans écran, sans affichage digital.
Là encore, il faudra distinguer entre la minuterie avec plots amovibles/déplaçables, qu'on ne manipulera pas du tout, de la minuterie avec plots "rattachés"/inamovibles que l'on ne déplace pas mais qui peuvent être enfoncés ou non.
Dans ce dernier modèle seulement, il est autorisé de RETARDER l'action à venir.
Si la minuterie doit allumer ou éteindre la lumière à une heure H, on pourra enfoncer ou relever les plots suivants afin de RETARDER l'action (par exemple pour que ça s'allume ou s'éteigne à H+1 ou +2 etc.).
MAIS on ne peut pas faire en sorte D'AVANCER l'action (que ça s'allume ou s'éteigne plus tôt, H-1, ou -2 etc.).
(Sauf éventuellement pour un malade ou tsorekh mitsva ou en cas de grand besoin -hefsed gadol)
Voir Rav S.Z. Auerbach dans Hamaayan (eloul 1954) et dans Min'hat Shlomo (I, 13),
Yabia Omer (III, o"h §18),
Tsits Eliezer (VI, §5),
Dvar Yehoshoua (II, §132),
Maassé 'Hoshev (I, §30),
Erets Tsvi (I, §72)
et voir Piskei Tshouva (Pietrkovsky) (§303) au nom du Lev Yehouda (§16) et dans ses Hashmatot (§1).
Tout ceci vaut même pour le shabat.
Pour Yom Tov, certains permettent aussi d'avancer l'allumage, mais pas l'extinction. cf. Shmirat Shabbat Kehilkhata (XIII, 27), mais tout ceci est très complexe et de manière générale je déconseille de jouer avec la minuterie, si ce n'est lorsqu'on est sûr d'avoir bien compris ce qui précède.
Aussi, une des raisons pour lesquelles les rabanim s'opposent souvent à ces ajustements, c'est que l'on risque fort d’entraîner l'action (allumage ou extinction) par inadvertance, directement, tout de suite. On veut retarder un peu et sans faire exprès on va un plot trop loin et...
C'est pourquoi il conviendra de s'imposer une petite barrière rabbinique personnelle, être ma'hmir légèrement et ne pas aller jusqu'à la limite, de peur de transgresser par maladresse.
Du 'Hazon Ish (o"h §38, sk.2) il semble qu'il soit interdit de tripoter sa minuterie de quelque manière que ce soit, mais le Rav Auerbach émettait de sérieux doutes quant à la possibilité d'une telle position et il pense que le 'Hazon Ish voulait dire autre chose (voir S.S.K. §XIII, note 88)
Il y a encore beaucoup de discussions à ce sujet, certains sont plus rigoureux, d'autres plus permissifs.
Il y a ceux pour qui plusieurs autres manipulations sont licites durant Yom Tov, mais aucune le shabbat (voir par exemple -car il n'est jamais cité, il fallait que je le case quelque part- le rav Ernest Gugenheim dans Les Portes de la Loi p.190)
(En fin de paragraphe, en page 191, il écrit que si des poskim l'interdisent à cause de Mouktsé, il lui semble possible de permettre en se fondant sur d'autres autorités. J'indiquerai donc que c'est l'opinion du Rav Auerbach cité dans S.S.K. §XXIII, note 68).
En raison de ces désaccords et des discussions, nous trouvons des poskim qui conseillent d'avoir recours à un enfant (=moins de bar mitsva) ou encore d'opérer Kilea'har yad, c'est-à-dire avec un Shinouy, par exemple avec le revers de la main.
Personnellement, je ne souscris pas du tout à ces conseils; manipuler les petits plots de la minuterie sans éteindre ou allumer (immédiatement) demande de la dextérité et utiliser un enfant ou le revers de sa main pour le faire n'est pas vraiment un gage de réussite.
Aussi, il sera préférable de s'en charger normalement en se basant sur ceux qui pensent qu'il n'y a pas de problème de mouktsé (je parle du fait de bouger les plots en les enfonçant ou en les tirant vers le haut, mais s'il est nécessaire de déplacer la minuterie elle-même, par exemple lorsqu'elle est branchée à une rallonge et qu'il faut la tourner vers soi, on le fera avec shinouy).
Tout ceci, ben entendu, à condition d'avoir bien compris la distinction entre AVANCER et RETARDER.
