Vous avez en général raison, il faut une grande force pour autoriser. Raison pour laquelle, en hébreu, pouvoir et autorisation confinent au même terme de "rechouth". Et je pourrais vous citer de mémoire au moins trois endroits où nos textes (hors agouna et ro'a méh'amath tachmich) mettent en valeur l'effort d' ETUDE qui doit être fait pour TENTER de permettre (le Roch dans melih'a à propos de la h'oumra - admise - de Rabenou Péretz, rem"a Y.D. 99,5 ; Rabénou-Tam cité par le Beith Yossef à propos du beurre).
Dans ce cas particulier, par contre, de nombreux décisionnaires plus grands que moi se sont déjà exprimés sur le sujet. Certains voient dans l'ouverture d'un bouchon à vis un issour thora. Je me suis donc fié à la décision de Rav Yehoucha-Yechayia Neuwirth chlit"a chez qui j'ai fait mes travaux pratiques en halakh'a. Et voyez, cela vous surprendra peut-être, mais il a souffert longtemps d'une réputation de laxiste.
Je n'ai pas repris sa tendance à autoriser l'ouverture des boîtes de conserves lorsqu'on en vide immédiatement le contenu dans une assiette, parce que son langage n'indique pas clairement une permission "de tout son poids".
Le large public dont vous me flattez m'incite à le traiter avec respect, et par conséquent à ne pas chercher la permissivité à tout prix dans un cas où le problème n'est pas vital (mamzerouth, agouna, perte considérable d'argent, ou même simplement ne pas avoir un plat chaud à manger), alors qu'il suffit d'un peu de bonne volonté pour se sortir du risque de h'illoul chabath.
Mais plus généralement, permettez-moi de m'étonner à mon tour. Pourquoi demande-t-on au Rav ? Parce que sa connaissance livresque lui donne le moyen de tout permettre ? Ou bien parce qu'outre le savoir livresque, la reflexion profonde de la Thora lui est intelligible ?
Que lui demande-t-on ? De servir d'ordinateur capable de trouver, dans un ouvrage inconnu, une note en bas de page qui rend la vie plus facile ?
Ou bien de mettre au service du public sa connaissance, son étude, et son ingestion de la parole Divine pour en indiquer le vécu ? C'est justement pour cela que la Thora elle-même a interdit de mettre par écrit la Loi Orale, pour qu'elle reste la transmission d'un vécu. Du souci de faire vivre sur terre la volonté de Hachemm.
"Yorou michpatékha leYa'acov vethorathekha leYisraël" !