Citation:
je voulais savoir concretement comment rav kaniewsky pouvait agir de la sorte et faire presque courir des risques à son peuple ( un peu comme la dite anecdote médicale sur rav kadouri)
C'est quand même le gadol actuel, et d'après vos dires sa Shita est en opposition avec d'autres gdolim, donc qu'elle est la source de cette discorde ?
Je crois qu’une part de l’incompréhension vient du fait que vous semblez considérer la notion de « Gadol » comme étant un rôle attribué et défini.
Vous vous interrogez donc, comment celui à qui on confère ce rôle peut se permettre de réagir en fonction de « lui-même » sans se soucier d’être en adéquation avec ses pairs.
En réalité les choses sont un peu différentes ; il n’y a pas de
rôle officiel de « Gadol » dans le judaïsme.
Il y a une «
notion » de Gadol, mais elle ne se confère pas vraiment et n’est pas un
poste à pourvoir.
Il se trouve que, parfois, un grand Rav inspire de par sa compréhension profonde à la fois de la Torah et des besoins religieux et spirituels des gens de sa génération et automatiquement, les gens éprouvent le besoin de le consulter dans certaines situations délicates et douteuses.
Son rôle n’est que d’être lui-même, tel qu’il est, il n’a pas à s’adapter à quoi que ce soit, ni à une demande, ni à un poste/statut de Gadol. Car il n’y a pas de statut
HALAKHIQUE de « Gadol ».
Si
Rav Kanievsky estime qu’il n’y a aucun danger, il n’aura pas le sentiment de faire courir un risque à qui que ce soit.
Si un juif considère toutefois que la position de
Rav Kanievsky est risquée étant donné que d’autres grands Rabbanim disent l’inverse, libre à lui de ne PAS écouter rav Kanievsky.
Personne n’est tenu d’obtempérer aux injonctions de
Rav Kanievsky, car encore une fois, il n’y a pas de
rôle officiel de « Gadol ».
Ce n’est pas -par exemple, comme le
grand Sanhédrin, dont le
rôle existe bien pour le coup, et dont le pouvoir législatif est contraignant.
En réalité, il y a des gens mystiques, d’autres moins et d’autres pas du tout et même parmi les rabbins nous retrouvons ces différences.
Il faut arrêter de croire naïvement que l’étude de la Torah formaterait les esprits des érudits de manière parfaitement égale
[=et qu’il n’y ait qu’un seul et unique « Daat Torah » et une seule manière de voir les choses « selon la Torah »].
Les différences de hashkafot entre les Gdolei Israël sont très nettes et sont même parfois colossales, tout en ayant un socle commun.
Ceci n’a rien d’affolant.
Si ce n’est pour celui qui s’imagine qu’il y a une notion
halakhique de « Gadol » et que ce dernier est supposé nous indiquer le chemin à suivre par voie de prophétie, sans y mêler une once de sa personnalité, mais en ne transmettant uniquement et que le message divin « texto » -tel que reçu par Roua’h Hakodesh.
Dans ce cas, en effet, il y a de quoi rester perplexe lorsqu’on constate que les directives d’un
rav Shakh sont différentes de celles d’un
Rav Kanievsky.
Mais ce phénomène est des plus classiques et je crois avoir déjà relaté
(à l’oral ou à l’écrit ?) l’embarras dans lequel un Avrekh était lorsque -après avoir posé la même question à
Rav Steinman et à
Rav Kanievsky, il obtint deux réponses diamétralement opposées.
Il faut comprendre et admettre que la personnalité du Rav entre en jeu aussi, ainsi que ce qu'il a reçu de ses maîtres et que chacun a SA Torah et SA manière de comprendre la Torah, sans qu’une des deux soit obligatoirement fausse.
Ce qui fait que les gens se tournent vers
rav Kanievsky et le considèrent "Gadol", c'est qu'il s'agit d'un talmid 'hakham hors pair et considéré par ses prédécesseurs et contemporains.
Cela n'empêche pas que l'on puisse en dire autant d'autres personnes, comme
rav Steinman, Rav Shakh, etc. bien que tous n'aient pas eu exactement les mêmes maîtres/enseignements, ni la même vie, ni le même caractère, ni les mêmes épreuves, ni les mêmes élèves, etc.
Je ne sais pas si je vais être compris convenablement, pourtant j'aurais tenté d'être très explicite, mais je sais que sur ce type de sujet certains ont du mal à y voir clair.