Citation:
La halakha stipule "Eine Mahavirime Al Amitsvot", on ne passe pas sur une mistva sans l'accomplir. Par exemple,pour faire le kiddoush le vendredi soir on couvre le pain car il a préséance sur le vin.
Pourquoi cette halaka quelle en est la raison, le ta'ame?
Nous retrouvons différentes idées dans les A’haronim, mais je pense que l’idée centrale est le Bizyon Hamitsva.
C’est un « mépris » pour la Mitsva que de la laisser de côté alors qu’elle se présente à nous.
Voyez
Shout Divrei Malkiel (o’’h §9 et §16).
Une autre idée apparaît dans le
Radbaz (§1087), on lui a demandé ce que doit faire un prisonnier qui a une permission de sortir 1 jour de son choix dans l’année, à quelle Mitsva (impossible en prison) doit-il donner ce jour ? Pour aller à la synagogue faire une Tfila Beminian? La mitsva de souka ? etc.
Un Rav ayant été consulté penchait pour Yom Kipour, puis il se ravisa et indiqua Pourim en raison de la Meguila et de Pirsoum Hanes
[personnellement, j’aurais dit Rosh Hashana pour le Shofar qui est Min hatorah (sauf s’il peut sonner en prison), ou le 1er soir de Pessa’h (sauf s’il peut avoir de la Matsa en prison) ou le 1er soir de Soukot (et je ne pense pas qu’il puisse manger dans la souka en prison)].
Mais le
Radbaz répondit de manière très tranchée : qu’il sorte pour la première Mitsva
(qui ne peut s’accomplir qu’en dehors de la prison) qui se présentera à lui, car « Ein maavirin Al Hamitsvot ».
Et le
Radbaz souligne qu’on ne se souciera pas de l’éventuel caractère Kal de cette Mitsva qui prendrait la place d’une Mitsva ‘Hamoura ultérieure, car « nous ne connaissons pas la récompense des Mitsvot ».
[Voir cependant Rambam Avot (II, 1) qu’on ne connait pas les récompenses, certes, mais on connait les punitions. On devrait donc choisir en fonction ! La réponse est que la sortie de prison ne permettra pas d’éviter une transgression, mais plutôt de pouvoir accomplir une Mitsva.
Toutefois, il semblerait que nous puissions faire un choix d’importance entre deux Mitsvot, voir la Gmara Moed Katan (9a en bas) que lorsque se présentent deux Mitsvot, que l’on ne peut accomplir que l’une d’elle et que chacune peut être accomplie par quelqu’un d’autre prêt à combler ce que je ne ferai pas, on nous recommande de choisir la plus grande Mitsva et de laisser l’autre à son prochain… mais c’est déjà une question sur la Mishna de Avot et non sur le Radbaz… je préfère objecter au Radbaz le cas où l’une est Min hatorah et l’autre Miderabanan, ne doit-on pas voir une plus grande importance à celle qui est Min Hatorah ?]
On voit donc que le
Radbaz semble expliquer « Ein Maavirin Al Hamitsvot » par le principe de la Mishna
Avot (II, 1) qui stipule que « nous ne connaissons pas la récompense des Mitsvot ».
Mais je pense que c’est toujours dans l’esprit de ce que j’écrivais plus haut ; l’idée centrale est l’humiliation de la Mitsva (cf.
Divrei Malkiel o’’h §9), mais si jamais nous pouvions connaitre l’importance d’une mitsva par rapport à une autre, nous pourrions justifier notre choix et ne pas avoir à nous soucier de l’humiliation de la « petite » mitsva.
Cependant, voir
Moed Katan (9a-9b) où il est dit qu’on n’a pas à se soucier de l’importance d’une Mitsva et l’on doit faire la première qui se présente, sauf si un autre peut l’accomplir, dans ce cas, on visera la mitsva plus importante.
Il semblerait qu’il faille distinguer entre le cas où l’on a devant soit la possibilité de faire une mitsva et le cas où l’on a déjà « commencé » la mitsva, là, s’interrompre pour une plus grande serait assurément un Bizayon.
Il y a encore une idée mentionnée dans le
Maguen Avraham (§147, sk.11) : pour ne pas être vacant de Mitsva.
Voir
Rashi Psa’him (64a sv. Aval).
De la Drasha des ‘Hazal dans la
Mekhilta citée par
Rashi (Shemot XII, 17 et Yoma 33a et Meguila 6b) « Al Ta’hmitséna », on peut comprendre que c’est une crainte d’une mauvaise évolution de la situation qui pourrait nous priver de l’accomplissement. C’est l’opinion dite du
Leket Hakéma’h.
Avec cette explication, même si la première Mitsva qui se présente n’est que Miderabanan, on lui donnera la préférence car on craint de ne pouvoir en accomplir aucune des deux
(mais si on parle du Bizyon Hamitsva, ça ne devrait pas être un problème dans la mesure où une différence les sépare, c’est normal de donner la priorité à la mitsva Min Hatorah).
Mais dans ce cas, on ne devrait pas donner la préséance à la Mitsva qui s’est présentée à nous la première si les deux sont actuellement devant nous (or, voir
Rashi et
Rashbam Psa’him 103a sv. al hamazon).
Cependant, des mots mêmes de la
Mekhilta, on ne voit pas que ce soit l’interprétation à donner à « Ein Maavirin Al Hamitsvot », c’est
Rashi qui l’interprète ainsi. Dans la
Mekhilta on peut expliquer que c’est un autre Din, une autre notion, celle de s’empresser de faire les Mistvot de peur qu’elles nous filent entre les doigts, une sorte de Zrizin makdimin
(qui est encore autre chose, c’est pour montrer du ‘Hibouv Mitsva, voilà pourquoi on trouvera une autre Drasha pour Zrizin makdimin), mais la notion de « Ein Maavirin Al Hamitsvot » serait bien une notion d’humiliation de la Mitsva laissée de côté.
Et le Taam de Bizyon hamitsva ne se vérifiera pas dans
Mena’hot (64b) qui dit qu’il faut apporter le Omer des épis les plus proches et l’une des raisons données est car « Ein Maavirin Al Hamitsvot », or, dans ce cas, tant qu’on n’a pas cueilli l’Omer, on ne peut pas parler d’humiliation d’un épi
(qui n’a rien d’une Mitsva à ce stade).
C’est donc plutôt une idée de crainte d’évolution négative de la situation. [Ou alors, que c’est un Bizayon de la Mitsva que de ne pas s’empresser de prendre les épis qui se présentent à nous le plus rapidement, pas un Bizayon des autres épis, potentiels objets de Mitsva, mais bien de la Mitsva elle-même.]
Il y a cependant des cas où il n’y a pas 2 mitsvot, mais une seule qui peut s’accomplir à 2 moments, comme dans
Meguila (6b). Là, la notion de Bizyon hamitsva est moins prenante, il semblerait que ce soit plutôt de peur de ne pas pouvoir l’accomplir finalement, ou (comme le dit le
Maguen Avraham) pour ne pas être vacant de Mitsva.
Voilà, j’ai le sentiment d’avoir été un peu fouillis et pas assez ordonné, mais je vous livre en vrac des idées et des pistes pour appréhender un peu mieux l’idée de Ein Maavirin Al Hamitsvot, à vous d’approfondir.
