Enterrer en Israël ?

Bonjour.

Y a-t-il une maala à être enterré en Israël ?
J'avais entendu à l'époque que le inyan était que le corps devrait rouler de houts laarets jusqu'en Israël pour thiyat ametim, donc pour éviter cette souffrance, c'est un zhout. Y a-t-il un autre inyan ?

Est-il keday de s'endetter pour cela, ou de dépenser des fortes sommes, par exemple pour des enfants, mêmes fortunés, de dépenser des 20 ou 30 000 € comme c'est régulièrement le cas aujourd'hui quand ils entrèrent leurs parents en Israël ?
Dans le même ordre d'idée : que penser des quêtes pour des personnes qui veulent financer l'enterrement d'un proche en Israël, en faisant des cagnottes comme c'est régulièrement le cas ?

Merci.

Oui.


C’est une image, il ne faut pas la prendre littéralement.
Sinon il faudrait commencer à creuser un tunnel sous la méditerranée pour éviter les détours.


Non.


Il n’y a aucune obligation, mais comme d’autres choses, chacun peut souhaiter mettre son argent là où il le désire.
Ce n’est pas nécessaire, mais -comme vous le dites- il y une « maala » à être enterré en Erets Israel.

Il faut comprendre qu’il y a des millions de juifs pieux et valeureux qui ne sont pas enterrés en Israël, c’est très récent cette accessibilité pour enterrer un mort si loin du lieu de décès.
Rashi, Rabénou Tam, le Méiri, Rabénou Guershom, le Rashba, le Rosh, le Tour, Rabénou Perets, Rabénou Yona, le Ritva, le Ran, …et des centaines d’autres Rishonim ne sont pas enterrés en Israël, s’il s’agit de faire la route avec eux lors de T’hiyat Hamétim, c’est un honneur.

Par contre, il y a un avantage à l’enterrement en Erets par rapport à la France, c’est la pérennité ; la loi française permet de déterrer un mort -même d’une concession perpétuelle- si la tombe n’est plus visitée et est abandonnée.

Mais cet avantage est accessible ailleurs qu’en Israël aussi, dans différentes villes d’Europe.


Je ne sais pas si c’est justifié, je pense qu’il vaut mieux éviter d’avoir recours à la Tsedaka pour cela.
La Mishna dans Shkalim (II, 5) accepte que l’on collecte de l’argent de Tsedaka pour enterrer un mort (pauvre), mais pas pour le faire voyager.

[Plus encore, même s’il y a un surplus d’argent collecté pour ce mort, il y a une discussion si cet argent revient aux héritiers ou s’il faudra forcément embellir sa tombe, quoi qu’il en soit, personne n’autorise à récolter de l’argent a priori pour embellir la tombe, c’est juste si après la collecte on constate qu’il y a plus que ce qu’il n’en faut pour l’enterrement.]

Comme je subodore qu'il y aura des opposants « kabbalistes en herbe » pour qui être enterré en Israël est primordial et capital, je viens de demander au grand Rav Dovid Kohn son opinion et il m’a dit qu’il était d’accord avec moi, on ne doit pas faire un appel de dons pour enterrer un mort en Israël.

Kvod Harav,

Lorsqu'il s'agit d'une volonté exprimée par le MET, dans quelle mesure doit-on s'endetter et/ou demander la Tsedaka ?

Je pose cette question dans la cas où nous aurions donc la MISTVA d'être MEKAYEM DIVREI HAMET.

Merci encore de nous éclairer comme vous le faites.

Kol touv.

La volonté exprimée par le Met ne peut pas nous engager vers des dépenses personnelles imposées (=que l’on ne souhaite pas).

Si le défunt laisse un héritage et souhaite être enterré en Israël, oui, là d’accord, on utilisera l’héritage pour payer ces frais [Mitsva Lekayem Divrei Hamet signifie Mitsva d’accomplir les demandes du défunt concernant SON argent, pas concernant celui des autres].

Mais les proches n’ont pas à dépenser leur fortune personnelle (non héritée de ce Met) pour enterrer un mort en Israël parce qu’il le souhaitait.
Ils le peuvent, bien entendu, mais ce n’est pas obligatoire.
Donc on n’est pas tenu de s’endetter pour cela.

Et pour ce qui est de faire un appel de dons (dans le cas où le Niftar ne laisse pas d’héritage), il semble qu’ils ne devraient pas le faire.
Sauf peut-être pour un grand Rav.

Un ami m’a indiqué une réponse de Rav Yossef Eliahou Henkin (תשובות איברא סי' ס"ו) qui s’insurge contre cette nouvelle habitude d’envoyer le mort se faire enterrer en Israël (lettre datée de 1964), sauf « peut-être » pour un grand Rav où il y aurait alors un aspect de Kvod Hatorah (ce qui entrainera plus de Limoud).
[D’autant qu’il n’est pas évident qu’il convienne d’enterrer en Israël celui qui ne souhaitait pas ardemment y vivre.]

Il écrit que celui qui hérite ou qui a une fortune personnelle et souhaite faire quelque chose d’intelligent en l’honneur de son défunt parent, au lieu de dilapider de l’argent dans des voyages de ce type vers Israël (ou pour des ornements funéraires excessifs), ferait mieux d’investir ces sommes dans le soutien des Lomdei Torah et autres projets de Tsedaka.

Un peu plus loin (§68, 3), il écrit à nouveau qu’il s’oppose à envoyer un cercueil en Israël, sauf pour un grand Rav, à l’instar de Yaakov et Yossef qui ont été emportés pour être enterrés en Erets Israel, mais pour un individu classique, il y voit une marque de Youhara/orgueil/prétention.
Malgré tout, il ajoute qu’il ne faut pas « reprocher » à une famille de choisir d’enterrer leur mort en Israël, s’ils en ont les moyens.