Il faut savoir deux choses :
1) Il est normal de ne pas ressentir le deuil comme nos ancêtres de la génération du ‘Horban, nous sommes arrivés bien après et un deuil ancien ne peut pas se ressentir comme un deuil récent. Cf.
Ktouvot (62a) «
Dashnan Ba ».
De plus, les générations bénies comme la nôtre ont été assez rares, nous bénéficions d’une chance extraordinaire de vivre dans un monde cent fois plus moderne, riche, pacifié et tolérant que celui de nos ancêtres des derniers siècles dans la Galout. Il est donc assez « normal » de ne pas être si facilement désolé du ‘Horban (kal va’homer du juif de la Gmara Ktouvot citée).
2) L’idée est aussi qu’il ne faut pas se focaliser sur notre petite vie personnelle bien rangée et ordonnée, il faut voir plus large, le spectre de tout le peuple juif.
Ainsi, je dirais qu’il y a de quoi s’endeuiller sur de nombreuses choses bien embêtantes et liées à la Galout.
Par exemple : les disputes, les discordes, la haine entre juifs pour des raisons (pseudo-)religieuses, de la Kanaout made in Yetser Hara qui trouve son origine dans la jalousie, l’intolérance et la bêtise, plutôt que dans la prétendue Ahavat Torah.
Que d’égarements !
Le mépris des uns envers les autres, comprendre l’expression des ‘Hazal « Lo Nahagou Kavod Zé Bazé » (au sujet des élèves de R. Akiva -période du Omer), qui signifie que même sans se mépriser mutuellement, ces Rabbanim (élèves de R. Akiva) étaient dans l’erreur. Le fait de ne pas être capable de faire du kavod aux autres, de dire des choses positives sur d’autres (d’être « Mefarguen » comme on dit en Israël), cette incapacité motivée par une crainte stupide (comme si en faisant du Kavod ou en chantant les louanges d’autrui, on se rabaissait soi-même), est de nature à miner la Torah.
Autre chose, toujours liée à la Galout et probablement aussi liée directement à la mentalité générant le problème précité : Les erreurs (pour ne pas parler de dérives) Hashkafiques et Halakhiques dans lesquelles nous nous empêtrons parfois. Il y a de nos jours beaucoup (trop) de juifs qui arrivent à étudier la Torah sans que ça n’ait de répercussion positive sur leurs Midot. Cela prouve à quel point l’égarement est grand.
La tendance à toujours voir le mal chez l’autre, à juger, et à juger Lekaf ‘Hova, à vouloir donner des leçons à l’autre…
Et le manque de tolérance -qu’il est si facile d’habiller d’un vêtement de Kanaout Leshem Shamayim et qui est tellement hypocrite.
Ce n’est pas tant le Beit Hamikdash pour ses Korbanot qui aiderait à résoudre ces problèmes, mais le Beit Hamikdash pour sa Lishkat Hagazit, c-à-d le grand Sanhédrin qui avait le pouvoir de légiférer et d’édicter des Takanot contraignantes.
Vous écrivez :
Citation:
Surtout que je suis b"h heureux dans ma vie: j'avance dans la avodat hachem, j'étudie tout les jours je me construis, j'essaye de me rapprocher d'Hachem. Qu'est ce qui me manque ?
D’une part il faut comprendre que vous arriveriez bien mieux à vous rapprocher d’Hashem si la Torah était dirigée par le Lishkat Hagazit et épurée de toutes ces haines internes, et d’autre part, quand bien même votre judaïsme se porterait à merveille (b’’h), il serait malgré tout entaché de par son appartenance à un tout, au Klal Israel qui ne se porte pas tant à merveille du point de vue spirituel.
La notion de Arvout et d'interdépendance n'est pas juste une idée, c'est une réalité.
