Citation:
Rav Binyamin Wattenberg a écrit:
Ce n'est pas pour rien que de nombreux Rabanim ont demandé à ne PAS être enterrés à proximité d'un riche, et que nous trouvons, dès les Rishonim, des appréciations très négatives à propos des riches, et même certains soulignant la quasi-impossibilité pour un riche d'accéder au Olam haba! (tant il serait rarissime qu'il puisse ne pas s'égarer en ayant un sentiment de Gaava)...
Pouvez-vous nous indiquer quelques sources svp ? Merci
Oui, en voici :
Tsavaa du ‘Helkat Yoav
Shout Haelef Lekha Shlomo (o’’h §112)
Likoutei Moharan (II, §64)
Pardes Rimonim (éd. 1866, p.82)
Kli Yekar (Vayikra 2,1) (Bamidbar 32,2)
Ktav Sofer (Bereshit 13,14)
Meora Shel Torah (Shemot, p.138) au nom du Imrei ‘Hen
Rav Lehmann (Avot 5,13)
Je ne rapporte pas le détail de ce que vous pourrez lire dans ces sources, afin de ne pas saper le moral aux plus fortunés d’entre nous.
Voyez aussi le Shir au début du sefer
Tokef Hatalmoud.
Néanmoins, il est bien entendu possible pour un riche de ne pas s’égarer, cela dépendra de sa manière d’apprécier sa richesse, à quel point cette dernière « fait partie » de sa vie.
Le premier
Rothschild (Meyer Anschel) était connu pour avoir continué toute sa vie à habiter sa maison d’une petite rue étroite du quartier juif, continué à s’habiller comme avant de devenir riche, se comporter simplement, etc.
La seule différence c’est qu’il distribuait beaucoup de Tsedaka.
Ou, comme l’aurait dit son fils aîné (
Anzelm/ Amschel) qui vivait lui aussi assez modestement : «
de toute ma fortune, je n’ai que le devoir de l’administrer » (
La famille De Rothschild, traduit du polonais par
R. Dr. I.M. Rabbinowicz, Paris 1882, p.18).
Celui pour qui l’essentiel est son Limoud et sa Yirat Shamayim, celui qui n’intègre pas son argent dans sa « richesse réelle » et reste conscient qu’il n’est qu’un administrateur de biens pour faire de la Tsedaka et des Mitsvot avec cet argent, sera préservé de ce Yetser Hara particulier de la richesse.
Le test devrait être celui-ci : s’il arrive que le riche perde toute sa fortune
[pas au point de devenir indigent mais de devenir comme "monsieur tout le monde", qu’il reste suffisamment à l’aise pour ne pas avoir besoin de l’aide d’autrui], si cela affecte son moral, c’est qu’il attache trop d’importance à sa richesse, qu’elle fait trop partie de lui, ça ne va pas.
(Je ne parle pas du cas où il devient pauvre, là c’est différent, seul un grand Baal Bita’hon n’en serait pas affecté).
S’il considère que sa fortune ne lui appartient pas et qu’il n’est qu’un simple administrateur à qui D.ieu a confié de l’argent en lui demandant de n’utiliser à ses fins que le nécessaire, sans gaspillage, et de distribuer le reste avec intelligence et cœur, il vivra la richesse comme une responsabilité.
Ainsi, lorsqu’il verra que D.ieu lui retire cette charge, il devrait ressentir comme un soulagement.
Celui qui est riche seulement par son compte bancaire mais pas dans son cœur, échappera aux mauvaises Midot liées à la richesse (en prononciation ashkenaze, la Rishout רישעות se prononce de cette manière : Rishess).
On peut le prouver simplement, la Gmara
Nida (daf 16) nous dit qu’avant la naissance, il est décrété sur l’homme s’il sera fort, intelligent, riche, etc. Mais pas s’il sera Tsadik ou Rasha, car ceci dépendra de lui, de ses choix.
Nous voyons donc que celui au sujet duquel il a été décrété qu’il sera riche, a encore la possibilité d’être Tsadik. CQFD.
Et nous avons aussi plusieurs exemples à disposition, comme Rabbi Yehouda Hanassi (et d’autres, cf.
Sanhédrin 36a), mais c’est justement aussi l’exemple de celui qui n’a pas voulu « profiter » de sa richesse (cf.
Ktouvot 104a).
[Pour des exemples de riches parmi les ‘Hazal, voir ici :
https://www.techouvot.com/viewtopic.php?p=45058#45058 ]
Ça ne veut pas dire que dès qu’un riche profite un tant soit peu de sa fortune, il se condamne immédiatement.
Mais que plus il en profite, plus il lui deviendra dur de préserver de bonnes Midot (qui disparaitront au profit d’un orgueil suffisant pour l’aveugler et ne pas remarquer qu’il a troqué de vraies bonnes Midot contre un ersatz de bonnes Midot).
Le danger étant décuplé concernant ses enfants.
La richesse est un Yetser Hara sournois, il ne permet pas de se rendre compte facilement du mal qu’il fait à la Neshama. Ce n’est pas pour rien que le
Noam Elimelekh a prié pour qu’aucun de ses descendants ne soit riche !
(Mipihem Oumipi Ktavam II, p.163). D'autres prient plutôt pour l'inverse... c'est à méditer.
Mais B’’H de nos jours aussi nous avons des riches qui gardent la tête sur les épaules, mais je ne sais pas s’il en existe parmi ceux qui ne sont pas « Kovim étim latorah » (ceux qui ne s’intéressent pas assez au Limoud, je veux dire au point de ne pas se fixer des temps d’étude de Torah Shébéal Pé).
PS : Cher lecteur, si vous êtes riche et que vous vous sentez visé, de grâce, ne m’en voulez pas. Voici deux bonnes raisons de ne pas m’en vouloir : la première c’est que je n’ai aucune mauvaise intention, c’est pour votre bien que je précise ces choses et en y réfléchissant un peu vous serez vite d’accord avec moi.
La seconde, c’est que si vous vous sentez concerné, c’est que vous ne l’êtes probablement pas ; comme dit plus haut, le Yetser Hara de la richesse est trompeur et persuade profondément sa victime qu’elle est très humble et qu’elle a de bonnes Midot. Donc si vous craignez sincèrement d’être concerné par ce mal et de ne pas vous en rendre compte, c’est bon signe, car généralement les concernés ne se sentent absolument pas concernés 😊.