Techouvot.com

La réponse de qualité à vos questions

Honorer les riches

Voir le sujet suivant Voir le sujet précédent
Poster un nouveau sujet Répondre au sujet
modo
Messages: 112
Bonjour Cher Rav

Le Méiri (Erouvin 86a) explique que la richesse est une valeur, tout comme la Hokhma, que l'on se doit d'honorer.

Je ne comprends pas. Certes, ce sont des valeurs appréciables, mais c'est Hashem qui les a octroyées à ces personnes. En quoi méritent-elles un honneur pour cela ?

Et si cela est du au fait qu'elles l'utilisent pour la Avodat Hashem correctement, alors à ce prix on se doit d'honorer toute personne qui utilise les outils qu'elle a reçu à bon escient ?
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6882
Citation:
Le Méiri (Erouvin 86a) explique que la richesse est une valeur, tout comme la Hokhma, que l'on se doit d'honorer.

Je ne comprends pas. Certes, ce sont des valeurs appréciables, mais c'est Hashem qui les a octroyées à ces personnes. En quoi méritent-elles un honneur pour cela ?

Et si cela est du au fait qu'elles l'utilisent pour la Avodat Hashem correctement, alors à ce prix on se doit d'honorer toute personne qui utilise les outils qu'elle a reçu à bon escient ?


L’idée d’honorer le riche résulterait de la considération suivante : si D.ieu lui a donné la richesse, c’est qu’Il l’en juge digne (Kitsour Shoul’han Aroukh §29,3), et capable de surmonter le Yetser Hara que cela représente (surtout au niveau des Midot).

Alors que -à la différence de la richesse- pour ce qui est de la sagesse, il semblerait qu’on honore la sagesse elle-même, c’est nécessaire et bénéfique pour nous-mêmes.
C-à-d que la sagesse est une valeur intrinsèque alors que la richesse indiquerait seulement une valeur ou en serait le moteur car, dans les faits, on donne du Kavod aux riches car ils sont aussi souvent des Baalei Tsedaka, voir Aroukh Hashoul’han (O’’H §136,2).

(Oui, parce que lorsqu’il est question d’honorer un riche, on ne parle pas du riche qui est Rasha et se comporte mal, on parle du bon juif gentil et poli. Un juif riche qui n’a pas de bonnes Midot ne doit pas être honoré.
Il arrive, hélas, parfois, que des rabbins les honorent aussi, car ils font vivre leur communauté/leurs institutions, mais dans l’absolu, il est mieux de REFUSER les dons de personnes n’ayant pas de bonnes Midot et ne pas leur donner la chance de soutenir des institutions de Torah.)


Cependant, voyez Likoutei Moharan (§68) qui fait de la richesse elle-même une valeur en raison de sa « source » qui serait du Ciel, d’un endroit saint…
Voir aussi le ‘Hida dans Dvash Lefi (Ayin §3) au nom du Arizal.

Disons d’emblée qu’un riche orgueilleux ne mérite pas d’être honoré, mais un riche humble le mérite justement car la richesse est un réel handicap, ça fausse les perceptions au point d’être pris d’un sentiment d’orgueil (de Gaava) que seul un imbécile pourrait atteindre.
De sorte que lorsqu’on rencontre un Gaavtan imbu de sa personne, on sait qu’il est soit riche soit imbécile (soit les deux).

Il faut donc savoir honorer le riche (qui a de bonnes Midot), et le riche lui-même doit savoir que sa richesse est un handicap sur ce point, qu’elle fausse sa vue et son jugement, et qu’il doit par conséquent travailler plus particulièrement ses Midot, surtout l’humilité.

Ce n'est pas pour rien que de nombreux Rabanim ont demandé à ne PAS être enterrés à proximité d'un riche, et que nous trouvons, dès les Rishonim, des appréciations très négatives à propos des riches, et même certains soulignant la quasi-impossibilité pour un riche d'accéder au Olam haba! (tant il serait rarissime qu'il puisse ne pas s'égarer en ayant un sentiment de Gaava)...
anony
Messages: 46
[quote="Rav Binyamin Wattenberg"]
Ce n'est pas pour rien que de nombreux Rabanim ont demandé à ne PAS être enterrés à proximité d'un riche, et que nous trouvons, dès les Rishonim, des appréciations très négatives à propos des riches, et même certains soulignant la quasi-impossibilité pour un riche d'accéder au Olam haba! [size=12](tant il serait rarissime qu'il puisse ne pas s'égarer en ayant un sentiment de Gaava)[/size]...[/quote]

Pouvez-vous nous indiquer quelques sources svp ? Merci
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6882
Citation:
Rav Binyamin Wattenberg a écrit:

Ce n'est pas pour rien que de nombreux Rabanim ont demandé à ne PAS être enterrés à proximité d'un riche, et que nous trouvons, dès les Rishonim, des appréciations très négatives à propos des riches, et même certains soulignant la quasi-impossibilité pour un riche d'accéder au Olam haba! (tant il serait rarissime qu'il puisse ne pas s'égarer en ayant un sentiment de Gaava)...


Pouvez-vous nous indiquer quelques sources svp ? Merci


Oui, en voici :
Tsavaa du ‘Helkat Yoav
Shout Haelef Lekha Shlomo (o’’h §112)
Likoutei Moharan (II, §64)
Pardes Rimonim (éd. 1866, p.82)
Kli Yekar (Vayikra 2,1) (Bamidbar 32,2)
Ktav Sofer (Bereshit 13,14)
Meora Shel Torah (Shemot, p.138) au nom du Imrei ‘Hen
Rav Lehmann (Avot 5,13)


Je ne rapporte pas le détail de ce que vous pourrez lire dans ces sources, afin de ne pas saper le moral aux plus fortunés d’entre nous.

Voyez aussi le Shir au début du sefer Tokef Hatalmoud.

Néanmoins, il est bien entendu possible pour un riche de ne pas s’égarer, cela dépendra de sa manière d’apprécier sa richesse, à quel point cette dernière « fait partie » de sa vie.

Le premier Rothschild (Meyer Anschel) était connu pour avoir continué toute sa vie à habiter sa maison d’une petite rue étroite du quartier juif, continué à s’habiller comme avant de devenir riche, se comporter simplement, etc.
La seule différence c’est qu’il distribuait beaucoup de Tsedaka.
Ou, comme l’aurait dit son fils aîné (Anzelm/ Amschel) qui vivait lui aussi assez modestement : « de toute ma fortune, je n’ai que le devoir de l’administrer » (La famille De Rothschild, traduit du polonais par R. Dr. I.M. Rabbinowicz, Paris 1882, p.18).

Celui pour qui l’essentiel est son Limoud et sa Yirat Shamayim, celui qui n’intègre pas son argent dans sa « richesse réelle » et reste conscient qu’il n’est qu’un administrateur de biens pour faire de la Tsedaka et des Mitsvot avec cet argent, sera préservé de ce Yetser Hara particulier de la richesse.

Le test devrait être celui-ci : s’il arrive que le riche perde toute sa fortune [pas au point de devenir indigent mais de devenir comme "monsieur tout le monde", qu’il reste suffisamment à l’aise pour ne pas avoir besoin de l’aide d’autrui], si cela affecte son moral, c’est qu’il attache trop d’importance à sa richesse, qu’elle fait trop partie de lui, ça ne va pas.
(Je ne parle pas du cas où il devient pauvre, là c’est différent, seul un grand Baal Bita’hon n’en serait pas affecté).

S’il considère que sa fortune ne lui appartient pas et qu’il n’est qu’un simple administrateur à qui D.ieu a confié de l’argent en lui demandant de n’utiliser à ses fins que le nécessaire, sans gaspillage, et de distribuer le reste avec intelligence et cœur, il vivra la richesse comme une responsabilité.
Ainsi, lorsqu’il verra que D.ieu lui retire cette charge, il devrait ressentir comme un soulagement.

Celui qui est riche seulement par son compte bancaire mais pas dans son cœur, échappera aux mauvaises Midot liées à la richesse (en prononciation ashkenaze, la Rishout רישעות se prononce de cette manière : Rishess).

On peut le prouver simplement, la Gmara Nida (daf 16) nous dit qu’avant la naissance, il est décrété sur l’homme s’il sera fort, intelligent, riche, etc. Mais pas s’il sera Tsadik ou Rasha, car ceci dépendra de lui, de ses choix.
Nous voyons donc que celui au sujet duquel il a été décrété qu’il sera riche, a encore la possibilité d’être Tsadik. CQFD.

Et nous avons aussi plusieurs exemples à disposition, comme Rabbi Yehouda Hanassi (et d’autres, cf. Sanhédrin 36a), mais c’est justement aussi l’exemple de celui qui n’a pas voulu « profiter » de sa richesse (cf. Ktouvot 104a).
[Pour des exemples de riches parmi les ‘Hazal, voir ici : https://www.techouvot.com/viewtopic.php?p=45058#45058 ]

Ça ne veut pas dire que dès qu’un riche profite un tant soit peu de sa fortune, il se condamne immédiatement.
Mais que plus il en profite, plus il lui deviendra dur de préserver de bonnes Midot (qui disparaitront au profit d’un orgueil suffisant pour l’aveugler et ne pas remarquer qu’il a troqué de vraies bonnes Midot contre un ersatz de bonnes Midot).
Le danger étant décuplé concernant ses enfants.

La richesse est un Yetser Hara sournois, il ne permet pas de se rendre compte facilement du mal qu’il fait à la Neshama. Ce n’est pas pour rien que le Noam Elimelekh a prié pour qu’aucun de ses descendants ne soit riche ! (Mipihem Oumipi Ktavam II, p.163). D'autres prient plutôt pour l'inverse... c'est à méditer.

Mais B’’H de nos jours aussi nous avons des riches qui gardent la tête sur les épaules, mais je ne sais pas s’il en existe parmi ceux qui ne sont pas « Kovim étim latorah » (ceux qui ne s’intéressent pas assez au Limoud, je veux dire au point de ne pas se fixer des temps d’étude de Torah Shébéal Pé).

PS : Cher lecteur, si vous êtes riche et que vous vous sentez visé, de grâce, ne m’en voulez pas. Voici deux bonnes raisons de ne pas m’en vouloir : la première c’est que je n’ai aucune mauvaise intention, c’est pour votre bien que je précise ces choses et en y réfléchissant un peu vous serez vite d’accord avec moi.
La seconde, c’est que si vous vous sentez concerné, c’est que vous ne l’êtes probablement pas ; comme dit plus haut, le Yetser Hara de la richesse est trompeur et persuade profondément sa victime qu’elle est très humble et qu’elle a de bonnes Midot. Donc si vous craignez sincèrement d’être concerné par ce mal et de ne pas vous en rendre compte, c’est bon signe, car généralement les concernés ne se sentent absolument pas concernés 😊.
Montrer les messages depuis:
Voir le sujet suivant Voir le sujet précédent
Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas voter dans les sondages de ce forum