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"Amira léyid"

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Roroleblairot
Messages: 4
Amis du soir bonsoir,
Concernant Yom tov shéni en Israël, est-il moutar de demander (avant/pendant Yom tov) à un juif (ne faisant qu'un seul Yom tov) de faire une melah'a pour nous?
Merci d'avance pour toutes vos explications à ce sujet.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6666
Nous avons donc pour donnée de base une personne qui DOIT respecter les deux jours, qui se trouve en Israel pour un Yom Tov.

La réponse n'est pas si simple, c'est assez discuté.

Pour faire court (-ou pas trop long), de nombreux poskim interdisent se basant sur le fameux Shaarei Tshouva
(o"h §496 sk.4 –qui est une grande source d'information concernant ce genre de doutes qui touchent au Yom tov shéni)
qui cite le 'Hida dans Birkei Yossef qui amène le Maarikash qui permet, mais le Shaarei Tshouva cite ensuite le Maari Molko (responsa §65) et le Maari "Prago"

(=? Je ne connais pas ce rabbin, je suis quasi-sûr que c'est une erreur d'impression et qu'il faut corriger le VAV en YOUD pour donner Maari Fradji –qui lui existait et s'est opposé à ce din du Maarikash –voir le Birkei Yossef (o"h §496,4) qui le cite (responsa §76) .

Si quelqu'un peut malgré tout me renseigner je lui en serait reconnaissant, je sais qu'il existe des Mishna Broura "modernes" avec probablement le plus d'annotations possibles, ils n'ont certainement pas manqué de corriger le texte si c'est une erreur de frappe.
Si quelqu'un sait qu'il existe un Maari Prago ou Frago ou Fradjo… merci de me le faire savoir.)


qui repoussent ce psak et s'accordent à interdire.

Ils ne sont pas les seuls à refuser l'avis du Maarikash, voir encore le
-Birkei Yossef (lui-même) qui semble ne pas rester sur l'avis du Maarikash (o"h §496,4), le

-Guinat Vradim (klal IV, §16-17),

-Agaot Rabbi Akiva Eiger (o"h §496),

-Igrot Moshé (III,§73 et IV,§105-107),

-Min'hat Its'hak (VII, §34-35),

-Dovev Meisharim (III, §83).

-Le 'Ho'hmat Shlomo (o"h §496) interdit au titre de Amira leakoum tout simplement et aussi il précise que c'est encore pire qu'Amira leakoum car avec un juif la notion de Shli'hout est certaine selon tout le monde
(il y aurait de quoi discuter sur ce point , mais le temps ne le permet pas).

Le Min'hat Its'hak (VII, §34) souligne que selon cette idée, il sera interdit d'avoir recours à Amira leYid même pour tsore'h mitsva ou Tsore'h Gadol.

J'ajouterais encore que selon cette idée il sera aussi interdit de demander à un israélien AVANT Yom Tov de faire une mela'ha pendant Yom Tov Shéni.


Cependant il existe aussi l'opinion permissive, représentée par le Beèr Moshé (VII, p.291) et le Min'hat Shlomo (Auerbach) (§19) qui n'interdit pas mais ne permet pas non plus de manière "le'hat'hila et sans remords".
Il penche plutôt pour permettre mais souligne qu'il convient d'être 'hoshesh les ma'hmirim.

Pour certains, on ne se le permettra donc pas si ce n'est en cas de grand besoin.
C'est l'avis du Az Nidberou (XI, §29) et du Kinian Thora (IV, §58).

Je dois tout de même préciser qu'à l'époque de mes études en Israël, du vivant du Min'hat Shlomo, l'opinion prédominante était -il me semble- de permettre pour un simple petit "tsore'h" et non uniquement "letsore'h gadol".

Mais en tout cas, par une allusion qui ne sous-entend pas un ordre (remez bessignon sipour), il sera évidemment permis de "demander" à l'israélien.
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6666
J’ai pensé apporter une preuve à partir d’un Rishon ! le Tour (o’’h fin de §624) écrit concernant ceux qui sont ma’hmirim de faire 2 jours de Yom Kipour, qu’ils ne pourront pas bénéficier d’une cuisson (=d’un travail) effectué pour eux par autrui qui ne fait qu’un jour.

Il y a certes une différence, c’est que dans le cas de Yom Kipour, les deux personnes (celui qui s’astreint à faire 2 jours et l’autre) sont dans la même situation d’obligation, donc de deux choses l’une, ou c’est autorisé, ou c’est assour. Alors que dans notre cas, les deux ne sont pas dans la même situation d’obligation ; celui qui vient de ‘houts laarets se doit d’accomplir son minhag mais il est conscient que l’autre n’est pas tenu par ce minhag.

Cependant, même dans le cas de Yom Kipour, celui qui est rigoureux reconnait que c’est une ‘houmra dont la halakha stricte nous dispense en raison de la sakana (Yeroushalmi ‘Hala §1,1 et Rosh Hashana §1,4), il n’y a donc jamais eu d’habitude de faire 2 jours de YK, seuls quelques dévots s’y astreignaient, du coup de nos jours aussi, on ne peut pas parler de Minhag Avoteinou (comme pour les 2 jours lors des autres Yamim Tovim) et par conséquent celui qui fait un 2ème jour de YK une fois que le calendrier est fixe, ne le fait qu’en tant que ‘houmra bealma, mais il est impossible d’en justifier l’obligation halakhiquement étant donné qu’il n’y a ni « sfeika deyoma » ni « minhag avoteinou ».
Et si, malgré cela, le Tour interdit de tirer profit du travail d’autrui, à plus forte raison devrait-on l’interdire dans notre cas.
Cette preuve mériterait d’être « creusée » et approfondie pour vérifier ce qu’elle vaut.
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