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Tatouage

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BUSNEL
Messages: 10
Bonjour,

Y a-t-il un problème à enterrer une personne tatouée ?
Si oui, quelles sont les alahot à respecter ?

Merci

G. Busnel

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Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6666
Citation:
Y a-t-il un problème à enterrer une personne tatouée ?


Si elle est décédée, non.
AKazan
Messages: 102
Excellente réponse !!!

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ronydenyro
Messages: 101
Avez-vous une idée de l'origine de cette alaha qui circule selon laquelle un tatoué est toujours porteur de la faute de ktovet kaaka et ne peut donc faire partie d'un carré juif, il sera donc enterré seul.

On dit même qu'il est préférable de lui enlever son tatouage et de l'enterrer separemment de son tatouage...
Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6666
Oui, j’en ai une idée ;
je pense que l’origine de cette « ala’ha » se trouve dans l’imagination de certains farfelus, car elle ne trouve pas son origine dans le Talmud Bavli ou Yeroushalmi , ni dans le Shoul’han Arou’h.

Peut-être que des rabbins en sont aussi les propagateurs, j’imagine bien un rabbin dire ça à une personne qui veut se tatouer.

Le fait de se tatouer est un interdit de la Thora (Vayikra XIX, 28), comme pour dissuader quelqu’un de faire ce péché le rabbin sait qu’il a peu de chances en lui disant (simplement) que c’est interdit, il ajoute généreusement que le tatoué ne pourra pas être enterré dans le carré juif.

Je ne cautionne pas cette attitude.

Il est interdit de se tatouer mais il est aussi malsain d’inventer des lois.

Pas trop de danger « pratiquement parlant » pour ce cas car les personnes qui s’occupent de la ‘Hevra Kadisha seront bien au courant qu’on ne découpe pas un mort tatoué, mais je trouve mauvais, malsain et dangereux d’avoir recours à des arguments faussés pour convaincre quelqu’un de bien se conduire.

Mentir pour être me’hazek ne me plait pas dans l’idée.

Je sais que ça se discute, je sais aussi que des rabbins seront en désaccord avec moi là-dessus, mais qu’y puis-je ?

Pour en revenir aux tatouages et à l’enterrement, dans le responsa réservé aux questions liées à la seconde guerre mondiale, le Shout Mimaamakim (IV, §22), le Rav Oshry a été questionné après la guerre par une femme tatouée d’un numéro par les nazis qui voulait se le faire retirer.
Le Rav indique qu’elle n’a pas le droit de se le retirer car il y a une mitsva de garder ce tatouage pour accomplir « souviens-toi de ce que t’a fait Amalek ».
Aussi en effaçant ce tatouage elle aiderait les nazis à effacer un peu leur faute.

Mais il n’y a aucun problème à être enterré(e) avec ce tatouage, surtout qu’il ne rappelle pas un quelconque péché puisqu’il a été tatoué de force et contre son gré.

Pour un tatouage « volontaire », bien sûr, porter son péché sur son corps ne doit pas être une joie une fois là-haut, mais de là à mutiler un corps mort, non !

Et même pour l’enterrement, il n’y a pas de carré « tatoués », il est vrai que la ala’ha indique que l’on n’enterre pas un tsadik à côté d’un rasha -on aura du mal à définir qui entre dans quelle catégorie, mais lorsque le péché est « porté » à même le corps on serait tenté d’en déduire qu’il vaudrait mieux l’éloigner du tsadik- mais comme on n’a jamais trop d’assurance sur la qualité de tsadik d’une personne, ça ne portera pas fréquemment à conséquence.
La seule distinction appliquée à ma connaissance (-et encore, pas en France) c’est le carré Shomrei Shabbat ou non Shomrei Shabbat.

Il y a eu quelques tsadikim connus qui ont demandé à ne pas être enterré à proximité d’autres personnes ou de telle ou telle catégorie de personne.

Nous trouvons cette demande de la part du ‘Helkat Yoav, le Rav Yoav Yeoshoua Weingarten demande dans son testament que l’on ne dise rien d’élogieux sur lui (pas de hespédim) ni que l’on écrive des titres honorifiques sur sa pierre tombale et ajoute que l’on n’enterre personne dans les huit amot carrées autour de lui (terrain à acheter par l'héritage qu'il laisserait), et même après cette distance on veillera à n’y enterrer que des personnes fidèles à la tradition mais en aucun cas un riche !

Il y souhaite même avoir pour voisins des personnes qui avaient une parnassa assez restreinte (shélo yiyé ashir, rak ish shéparnassato aya [ayta] ktsat metsoumtsemet).

Cette considération négative du riche se retrouve chez d’autres auteurs, le Rav Shlomo Kluger dans son Aelef Le’ha Shlomo (O’’H fin de §112) écrit « pourvu que l’on m’accorde une place dans le monde futur comme celle d’un simple homme qui s’est comporté avec intégrité et qui était pauvre » (Alvay shéyiyé ‘helki laolam aba im ‘had ama deara ole’h tamim vedal).

Dans son testament, lui aussi indique qu’il ne veut pas être le voisin d’un riche et va même plus loin que le ‘Helkat Yoav, il demande à être enterré à côté d’un pauvre, ou même d’un véritable clochard du moment qu’il se comportait selon la ala’ha (rak yiyé mou’hzak bekashrout), mais pas à côté d’un riche même s’il se comportait selon la ala’ha (veal yikverouni etsel ashir afilou kasher) !

Ce rav (1786-1869) extrêmement prolifique écrit dans son Shout Ouba’harta Ba’haim (§29. p.22a) qu’il a (déjà) écrit 115 sfarim ! (-en 1844 !)

A tel point que dans son Shout Aelef Le’ha Shlomo (O’’H fin de §367) il écrit : « D…merci –sans orgueil- si je me souvenais de tout ce que j’ai écrit, il n’y aurait aucune remarque (‘hidoushique) à laquelle je ne fais mention ».
Il déplore par la suite son manque de mémoire. Cette dernière aurait pu lui permettre de se souvenir de ses ‘hidoushim et de savoir où les retrouver car même lorsqu’il se souvient de son 'hidoush, il ne retrouve plus à quel endroit il en parle.

Le titre de ce livre –Aelef Le’ha Shlomo- fait référence au verset (à la fin) de Shir Ashirim (VIII, 12) et a été choisi pour titre de cet ouvrage qui devait comporter 1000 (élef) réponses ala’hiques.

Dès la page de garde il est indiqué qu’il y en aura 1200, le premier tome couvrant Ora’h ‘Haim en comporte donc 400.

La deuxième édition y ajoute encore d’autres réponses à partir d’écrits de l’auteur en annonçant ainsi atteindre la somme de 2000 réponses ala’hiques !
Mais en finale, je constate que cette édition ne comporte qu’à peine plus de 1000 réponses ! (400 de Ora’h ’Haim, 342 de Yoré Déa, 226 de Even Aezer et 40 de ‘Hoshen Mishpat et ashmatot, en tout 1008).


L’on serait tenté de croire que cette attitude "anti-riches" soit liée au contexte historique de ces rabanim du XIXème siècle, lorsqu’on sait dans quelle pauvreté nos ancêtres vivaient dans les ghettos d’Europe de l’est, on peut imaginer le lien qu’ils voyaient entre le riche et le mécréant.

La pauvreté des juifs de cette époque dans certains pays dépasse tout ce que l’imagination la plus fertile de l’européen du XXIème siècle pourrait supposer.

Les juifs eux-mêmes avaient d’autres choses à faire que d’en laisser des témoignages écrits, mais nous retrouvons des informations terrifiantes dans certains ouvrages non juifs, comme dans « Le juif errant est arrivé » d’Albert Londres (à plusieurs endroits mais voyez surtout les) pages 154-156.
(A éviter de lire en soirée pour les personnes prédisposées aux cauchemars).

Mais nous retrouvons cette même idée aussi à l’époque des Rishonim, voir par exemple le Pardes Rimonim (Taanit 25a, p.41b de l’édition de Zhitomir 1866) qui écrit que la richesse peut freiner l’accession à la plénitude et le sage a dit : il est plus facile qu’un éléphant entre dans le chas de l’aiguille à ce qu’un riche entre au Gan Eden !

Mais il ne faut pas oublier que de nombreux rabbins du Talmud- et même certains Rishonim- étaient riches .
C’est donc qu’il doit être possible à l’éléphant –dans certains cas extrêmes et avec beaucoup de bonne volonté- de passer par le chas de l’aiguille.

Il est un peu tard. N'ayant pas le temps de me relire, je vous prie d'excuser les fautes de frappe et d'orthographe.


Dernière édition par Rav Binyamin Wattenberg le Mer 09 Mai 2012, 21:55; édité 1 fois
rend40
Messages: 9
kol akavod rav

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Rav Binyamin Wattenberg
Messages: 6666
Pour complément au sujet de l'enterrement d'une personne tatouée dans le carré juif, j'indique encore une référence: le Otsar Hamikhtavim (II, §1143) du célèbre Rabbi Yossef Messas.
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