Citation:
Un rotzeah' Beshogeg a-t-il le droit de tuer (bémézid) pour se défendre, le Goel Ha-dam venu lui régler son compte ?
Pertinente question!
De mémoire, le Talmud n'en parle nulle part de manière explicite.
Idem concernant le
Yeroushalmi et le
Rambam.
Il y a une situation comparable à certains égards, celle du Kanaï qui tue le Boel Aramit, comme Pin'has et Zimri, au sujet desquels le Talmud
(Sanhedrin 82a) dit que si Zimri avait été plus rapide et avait tué Pin'has, il n'aurait pas été condamnable pour cela, car il n'aurait fait que se défendre de Pin’has qui était (alors) un Rodef !
Mais ce n'est pas le même cas et il n'y est pas dit non plus que c'est "autorisé", mais qu'il n'en serait pas condamnable. Il faut peut-être y voir une subtilité.
Si nous ne trouvons rien d'explicite dans le Talmud, il y a tout de même le
Mishné Lemelekh (Rotséa'h §I, 15) qui se pose votre question.
Il compare au cas du Kanaï et penche donc pour dire que le Rotséa'h qui aurait tué le Goel Hadam au moment où ce dernier tentait de lui régler son compte, ne serait pas condamnable. Mais il n'est pas sûr de la pertinence de la comparaison qu'il propose et n'a pas trouvé de preuve tangible.
(voyez les différents cas qu’il établit, c’est très intéressant).
Cependant, le
Zayit Raanan (sur le Yalkout et cité par Horovitz dans ses annotations (en allemand) sur le Sifrei Zouta Bamidbar 35, 27, Breslau 1910, p.188) interprète la Drasha ומצא אותו פרט למצא הוא גואל הדם comme voulant dire qu'on aurait pu croire que le Rotséa'h serait en droit de tuer le Goel hadam au titre de
Haba Lehorguekha, mais Ka Mashma Lan que non.
C-à-d que pour lui, le Rotséa'h n'aura pas le droit de tuer le Goel Hadam.
Il n'y a pas encore forcément de désaccord entre le
Zayit Raanan et le
Mishné Lemelekh car ce dernier exprime son Safek a posteriori, dans le cas où il l'a tué, est-il ou non condamnable.
Il pourrait admettre qu'il lui serait interdit de le tuer, mais qu'il ne soit pas condamnable s'il le fait, puisqu'il était en situation de défense.
Mais l'absence de précision sur ce point dans les mots du
Mishné Lemelekh laisse penser qu'il était prêt à envisager une autorisation pour le Rotséa'h de se défendre.
Il y aurait donc bien une "Ma'hloket" que je mets tout de même entre guillemets étant donné que le
Mishné Lemelekh ne tranche pas son Safek de manière catégorique.
Le
Galia Massekhet (92b) (cité par le Margaliot Hayam Sanh. 82a, 22) s'oppose au
Mishné Lemelekh d'une manière qui prouve qu'il a compris que ce qu'il dit concerne aussi la situation "a priori".
Il y aurait à dire et à redire sur le titre de Rodef que la Gmara décerne à Pin’has, je veux dire sur ses incidences Halakhiques. Mais laissons ça à une autre fois car je suppose qu’il n’y a pas d’urgence halakhique.
Si jamais c’est Noguéa Halakha Lemaassé, dites-le moi et on verra ce qu’on peut faire 😊
