Rabbanim controversés

Shalom Rav,
J'ai entendu dire que Rav Sh. R. Hirsch était le fondateur du mouvement modern orthodox, associé à un certain Rav Joseph Soloveitchik.
N'est-ce pas problématique ?

Merci pour votre réponse.

Je comprends de votre question que Rav Hirsch est selon vous Kasher alors que Rav JB Soloveitchik serait Passoul.
D’où votre étonnement.

Sachez qu’il y a des gens qui les considèrent tous deux Psoulim, et d’autres qui les considèrent tous deux Ksheirim.

Ce que je veux dire c’est qu’il n’y a pas de quoi s’étonner que certains les mettent plus ou moins « dans le même sac ».
C’est un fait, Rav Hirsch, à son époque, s’est démarqué par une très grande tendance à la modernité et n’a pas été spécialement bien vu pour cela dans le monde rabbinique.
C’est aussi le cas de Rav JB Soloveitchik, dont on ne peut pas dire qu’il fut moins Yeré Shamayim que Rav Hirsch.

En réalité, l’appellation « Modern-Orthodox » est très loin d’être précise et définie, elle est attribuée à différents courants, différentes conceptions.
Il ne faut pas croire que ça ne représente qu’un groupe bien précis, les limites avec les autres groupes sont parfois floues.
Il y a des gens qualifiés de Modern-Orthodox qui sont plus orthodoxes et moins modernes que certains autres pourtant affiliés au courant orthodoxe ou ‘Harédi.
Le rapport à la modernité, comme le rapport à l’orthodoxie, n’est pas défini avec grande précision ; chaque groupe social, en fonction de l’époque, de l’endroit, et de son Rav, pourra placer le curseur à un niveau différent.

Durant des décennies, le statut de Rav Hirsch n’était pas apprécié à l'unanimité, il avait ses contempteurs, certains le traitaient de « Sidour Lamdan », c-à-d qu’il pouvait certes faire de beaux exposés sur le Sidour ou le Tanakh, mais qu’il ne connaissait pas assez son Talmud (cf. 19 épîtres, M.R. Hayoun, p.42).

Et s’il y a quelques Rabanim du passé qui ont souligné sa Tsidkout, c’est dans des termes qui permettent de comprendre qu’elle n’était pas évidente pour tous.
Voyez ce que j’ai cité dans Safa Leneemanim (bas de page 398).

Si Rav SR Hirsch vous a été présenté comme un « ‘Harédi », il faut savoir que son fameux livre, Igrot Tsafoun, a été censuré et tronqué par endroits afin de le rendre Kasher pour le judaïsme ‘Harédi.
L’édition en hébreu dont je dispose (éd. Netsa’h, Tel Aviv 1948 -traduction par ‘Haim Weissman et introduction du Dr Breuer, petit-fils de Rav S.R. Hirsch) est censurée, on en a retiré ce qui pouvait froisser la sensibilité ‘Harédit israélienne.
(J’indique au passage mon étonnement sur Friedberg qui, dans son Beit Eked Sfarim (I, p.18), a indiqué New York comme lieu d’impression de cette édition …)

Les passages où Rav Hirsch parle « trop positivement » de Mendelssohn ont été abrégés ou sautés, pareil lorsqu’il émet une critique à l’encontre du Rambam (voyez Safa Leneemanim p.232), lorsqu’il évoque l’ignorance du Tanakh dans les milieux traditionnels, ou qu’il souligne le peu d’intérêt qu’il a pour la Kabbale.
L’original en allemand est moins « ‘harédi ».

Certains ont aussi remarqué que Rav Hirsch ne mentionnait pas certaines Mitsvot dans son ‘Horev. Par exemple Nidah/Mikve, ou encore la Metsitsa, ou la vente du ‘Hamets… (19 épîtres p.59.)

Voyez encore 19 épîtres (Hayoun, p.40) qui indique qu’étant jeune rabbin à Oldenburg, il ne portait ni kipa ni barbe (comme le montre la gravure d’époque), et se promenait dans la rue « tenant sa jeune épouse par la main, ce qui ne manqua pas de susciter l’ire des orthodoxes ».

(Pour ce qui est de la barbe, c’est faux, la gravure le représentant à l’époque d’Oldenburg le montre avec barbe -mais, certes, apparemment sans Kipa).

Rav Hirsch installa un chœur pour accompagner le ‘Hazan à la synagogue, il supprima la prière de Kol Nidrei (à Yom Kipour), celle de Tashlikh (à Rosh Hashana), ainsi que le ‘Hibout Arava (à Hoshana Raba).
[M. Hayoun, en p.41, note 55, n’a de cesse de nous époustoufler lorsqu’il explique qu’il s’agit de l’ « Action de se battre le dos à l’aide de feuilles de saule ». N’importe quel enfant sait que le ‘Hibout Arava consiste à frapper la Arava sur le sol et non sur son dos, il s’agit-là d’un mélange entre deux coutumes... Il y a plusieurs erreurs dans ses écrits, pas seulement dans ce livre.]

Rav Hirsch prononça, devant les élèves de son école à Francfort, un discours-anniversaire à la mémoire de Friedrich von Schiller (19 épîtres p.37). Vous imaginez ça chez un Rav ‘Harédi en Israël aujourd’hui ?

Bref, à différents égards, Rav S.R. Hirsch pourrait paraitre « moins orthodoxe » que Rav JB. Soloveitchik.

PS: je ne me relis pas, merci d'excuser les fautes.

Bonjour Rav Wattenberg,

Je me permets,avec votre permission bien sûr, de rajouter quelques compléments à votre réponse qui, je pense, s'avereront utiles pour certains lecteurs. Mon but est de défendre le Rav Hirsch.

_Il est certes vrai que "Rav Hirsch installa un chœur pour accompagner le ‘Hazan à la synagogue, il supprima la prière de Kol Nidrei (à Yom Kipour), celle de Tashlikh (à Rosh Hashana), ainsi que le ‘Hibout Arava (à Hoshana Raba)." Mais il me semble tout de même utile de préciser que l'auteur de l'introduction sous entend lui-même plus tard dans le livre que Rav Hirsch avait regretté cette décision lorsqu'il était arrivé a Frankfort : "Et l'on a vu l'attitude changeante de Hirsch a ce sujet" (dix-neuf épîtres sur le judaïsme, page 50, ligne 24). (J'ai bien compris que vous n'aviez jamais dit le contraire mais ce complément s'adresse aux lecteurs du site ne disposant pas de cette information et, qui pourraient croire à tort, que Rav Hirsch aurait continué sur cette voie).

_De même, concernant les mitvots non mentionnées dans 'horeb ou les passages "limites" des 19 épîtres, on peut trés bien dire que ces livre furent écrit au début de sa carrière de Rabbin a Oldenbourg mais qu'il a regretté ces choix plus tard par la suite (au même titre que pour la surpression du kol nidrei).

_De plus, et comme vous le laissez d'ailleurs entendre, il semble que Rav Hirsch avait aussi changé d'avis vis à vis du port de la kippa plus tard dans sa vie. En témoigne cette photographie moins ancienne sur laquelle on peut voir ce dernier portant une Kippa ( https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/d/d1/Samson_Raphael_Hirsch_%28FL12173324%29.crop.jpg/800px-Samson_Raphael_Hirsch_%28FL12173324%29.crop.jpg ). (je me permets tout de même de dire que les cheveux longs du Rav peuvent très bien cacher une kippa sur la gravure d'Oldenbourg).

_Enfin, selon l'auteur du livre, il semblerait que Rav Hirsch n'ait pas grandi dans une ambiance "des plus orthodoxes" (voir pages 38-39). Ainsi, le fait qu'il est fait téchouva plus tard (en contresens total avec la masse des rabbins allemands de son époque) relève assurément d'une certaine tsidkout.

Citation:

Je me permets,avec votre permission bien sûr, de rajouter quelques compléments à votre réponse qui, je pense, s'avereront utiles pour certains lecteurs. Mon but est de défendre le Rav Hirsch.

_Il est certes vrai que "Rav Hirsch installa un chœur pour accompagner le ‘Hazan à la synagogue, il supprima la prière de Kol Nidrei (à Yom Kipour), celle de Tashlikh (à Rosh Hashana), ainsi que le ‘Hibout Arava (à Hoshana Raba)." Mais il me semble tout de même utile de préciser que l'auteur de l'introduction sous entend lui-même plus tard dans le livre que Rav Hirsch avait regretté cette décision lorsqu'il était arrivé a Frankfort : "Et l'on a vu l'attitude changeante de Hirsch a ce sujet" (dix-neuf épîtres sur le judaïsme, page 50, ligne 24). (J'ai bien compris que vous n'aviez jamais dit le contraire mais ce complément s'adresse aux lecteurs du site ne disposant pas de cette information et, qui pourraient croire à tort, que Rav Hirsch aurait continué sur cette voie).

_De même, concernant les mitvots non mentionnées dans 'horeb ou les passages "limites" des 19 épîtres, on peut trés bien dire que ces livre furent écrit au début de sa carrière de Rabbin a Oldenbourg mais qu'il a regretté ces choix plus tard par la suite (au même titre que pour la surpression du kol nidrei).

_De plus, et comme vous le laissez d'ailleurs entendre, il semble que Rav Hirsch avait aussi changé d'avis vis à vis du port de la kippa plus tard dans sa vie. En témoigne cette photographie moins ancienne sur laquelle on peut voir ce dernier portant une Kippa ( https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/d/d1/Samson_Raphael_Hirsch_%28FL12173324%29.crop.jpg/800px-Samson_Raphael_Hirsch_%28FL12173324%29.crop.jpg ). (je me permets tout de même de dire que les cheveux longs du Rav peuvent très bien cacher une kippa sur la gravure d'Oldenbourg).

_Enfin, selon l'auteur du livre, il semblerait que Rav Hirsch n'ait pas grandi dans une ambiance "des plus orthodoxes" (voir pages 38-39). Ainsi, le fait qu'il est fait téchouva plus tard (en contresens total avec la masse des rabbins allemands de son époque) relève assurément d'une certaine tsidkout.

Finalement, je n'ai pas eu besoin de déplacer votre message (cf. https://www.techouvot.com/viewtopic.php?p=56966#56966 ) car vous l'aviez posté ici aussi. Parfait.

‘Hazak de venir défendre le Rav.
Ce n’était pas vraiment nécessaire, mais si vous aviez l’impression que ça l’était, alors ça suffit pour le rendre nécessaire et bienvenu.

Vous dites que tout ça relevait d’erreurs de jeunesse, mais qu’il a changé par la suite.
C’est assurément vrai, il est devenu plus « orthodoxe » avec l’âge.

Néanmoins, ce qu’il était à la fin de sa vie ne satisferait pas du tout les critères d’orthodoxie du XXIème siècle.
Par exemple son discours devant ses élèves à la mémoire de de Friedrich von Schiller le ferait passer pour un Modern-Orthodox éloigné de la piété.
De sorte qu’il n’y ait rien d’étonnant que certains le mettent dans le même sac que Rav JBS.

C’est une histoire de conception, le judaïsme allemand, de cette époque, intégrait cela dans la Tsidkout et la ‘Hassidout.
Ce qui discréditerait Rav Hirsch de nos jours, était, à son époque, revendiqué et assumé.
Il n'y a donc pas vraiment besoin de le "défendre" et lui-même ne considérait pas vraiment ses anciennes positions (même lorsqu'il en est revenu) comme des égarements ni comme des erreurs de jeunesse. Il ne se voyait pas comme un Baal Tshouva qui "renie" son passé.

Et s'il était analysé tel qu'il était réellement mais par des lunettes israéliennes du XXIème siècle, il ne serait pas considéré comme orthodoxe.

L'erreur n'est pas chez lui, mais chez ceux qui jugent d'autres époques avec une Hashkafa restreinte et ignorante de l'histoire.

Shalom
Pourriez-vous donner la source de l’information selon laquelle le rav Hirsch voulait supprimé la prière de Kol Nidrei, celle de Tashlikh, ainsi que le ‘Hibout Arava.
Merci d’avance.

Oui, bien sûr, je croyais l’avoir indiqué plus haut, c’est toujours dans 19 épîtres (Hayoun), p.40 pour Kol Nidrei, et p.41 pour le reste.

Il me semble que j’ai déjà fait une allusion, je crois plus haut, sinon sur un autre fil, au fait que cet auteur (M.R. Hayoun) ne saurait être totalement fiable, car il se trompe parfois sur des choses simples. Cependant, ces points sont assez connus pour avoir été malmenés par Rav Hirsch au début.

Il mentionne aussi (p.41) le fait que Rav Hirsch supprima encore les Kaparot, mais ça n’est pas comparable et beaucoup de rabanim s’opposent aux Kaparot.

Merci Rav.
Je reformule ma question: quelles sont les sources des informations rapportées par Hayoun?

Où peut-on trouver la gravure du jeune rav Hirsch?

Même question pour la gravure/photographie. Où peut-on la trouver?

Il ne les indique pas.
Mais c’est assez connu, c’est une rumeur tenace.
Ça se retrouve dans quelques Sfarim, mais bien entendu, plus l’auteur est moderne et de tendance ‘Harédite, plus c’est reformulé avec soin pour adapter l’image du Rav Hirsch aux idées d’aujourd’hui.

Il faut comprendre que Rav Hirsch s’est retrouvé avec un judaïsme plus que malade dans les bras et qu’il devait un peu se tracer une nouvelle voie pour épurer le judaïsme de cette époque de ses scories et superstitions et revenir à un judaïsme plus authentique et plus pur.

Il y avait beaucoup de superstitions (chez les juifs comme les non-juifs) vers la fin du Moyen-Âge, les non-juifs s’en sont graduellement et partiellement débarrassés depuis les Lumières, mais les juifs isolés dans leurs ghettos les entretenaient encore « religieusement ».
Rav Hirsch voulait supprimer toutes les superstitions et revenir à un judaïsme plus proche de celui des Rishonim espagnols.

Les Kaparot, critiquées jusque dans le Shoul’han Aroukh (§605), étaient évidemment dans le collimateur, mais pas qu’elles.
Toutes sortes d’autres croyances et habitudes infondées, qui ont pourtant perduré en Russie et en Pologne (et autres pays), ont été écartées du judaïsme allemand.

Le Tashlikh était aussi un symbole, l’idée de pouvoir aller à la rivière et se débarrasser ainsi de ses péchés, pourrait encourager à en commettre plus facilement.
Et comment croire que réciter un texte à côté d’un point d’eau nous laverait de nos péchés ?

La question du Kol Nidrei, durant tout le Moyen-Âge, causa de grands torts aux juifs, qui, parfois, s’y trompaient.
Il y avait à l’époque de Rav Hirsch, des juifs malhonnêtes, qui se basaient sur le Kol Nidrei annuel pour se permettre de jurer au tribunal civil sans se soucier réellement de la vérité.

Un juif qui jurait sur le Sefer Torah au Beit Din était conscient de la gravité de l’acte, mais lorsque les non-juifs, l’accusant souvent à tort et à travers, le convoquaient au tribunal civil, où il devait jurer pour s’innocenter, ils se sentait parfois désengagé grâce au Kol Nidrei.

Conscient de ce problème et estimant que Kol Nidrei n’est qu’une habitude farfelue dont le judaïsme ferait bien de se débarrasser, Rav Hirsch annula cette prière (c’était dans ses dernières années à Oldenburg, je crois en 1839).
Lorsque son Rav (‘Hakham Bernays) l’apprit, il le lui reprocha sévèrement (il qualifia cela de Gassout Haroua’h ! cf. Its’hak Heinemann dans Tsion 1951, p.89), du coup, Rav Hirsch revint sur sa décision et réintégra le Kol Nidrei.

[Mais il faut savoir que le Kol Nidrei a aussi été repoussé il y a bien longtemps par Rav Hay Gaon et Rav Netronay Gaon, voyez
Rosh (fin de perek 8 de Yoma)
et voyez aussi :
Kol Bo (§68),
Or’hot ‘Haim (Lunel) (Hil. YK),
Rivash (§394),
Rabénou Yerou’ham (Tol. Adam Ve’hava, Netiv XIV, fin de §3),
Ran Nedarim (23b sv. Ouleïnian)
et le Ritva (Nedarim 25b) qui explique que le Ramban n’a pas mentionné ce Minhag dans ses Halakhot par crainte que les Amei Haarets qui le comprennent mal en viennent à ne pas respecter leurs Nedarim.
C’est une idée qu’on retrouve aussi chez les autres Rishonim cités ici.]

[Puisque j’ai mentionné ‘Hakham Its’hak Bernays (qui voulait qu’on l’appelle ‘Hakham comme les Sfaradim et non Rav, car ce titre avait perdu de son éclat à ses yeux depuis que les Réformés se l’attribuaient), je précise qu’une de ses petites-filles, Martha, a épousé un certain Shlomo Freud, alias Sigmund Freud…]

Si vous voulez une source d’époque qui atteste de la suppression de Kol Nidrei par Rav Hirsch, cela vient du carnet de Gräetz (Monatsschrift für die Geschichte und Wissenschaft des Judenthums 1919, p.356 et aussi MGWJ 1920, p.144) qui a connu Rav Hirsch de très près, a été son élève, et il prétend même que c’est sous son impulsion que Rav Hirsch aurait annulé le Kol Nidrei.

Voyez aussi ce qu’écrit l’arrière-petit-fils de Rav Hirsch, R. Mordekhaï Breuer, dans Harav Shimshon Refael Hirsch, Mishnato VeShitato (de R. Yona Emmanuel) (Jér. 1962 et 1989, p.18 en bas et 19 en haut).
C’est repris plus tard par Rav Yoel Schwartz dans ses Toldot de rav Hirsch (Jér. 2000, p.33 et p.64).

Voyez aussi le Mavo du Al Hatfila (de Rav David Tsvi Hoffman) (Jér. 2017, p.16),
Shemesh Marpé (p.359),
Minhaguei Maharits Halévy (Rav Diner) (Bnei Brak 2016, p.305, note3).

Voyez encore dans Historia Judaica (vol X, p.126) où Heinemann (dont le père était de cette ville -Oldenburg) mentionne l’annulation du Kol Nidrei.
Voyez aussi dans son livre Taamei Hamitsvot Be-safrout Israel (Jér. 1956, tome 2, p.168) où il écrit que Rav Hirsch, bien qu’ayant été très conservateur sur la Halakha à la fin de sa vie, n’a pourtant accordé que peu d’égards aux Minhaguim dans sa jeunesse, comme par exemple pour Kol Nidrei.
[Bizarrement, dans l’adaptation française de Charles Touati, La loi dans la pensée juive (Paris 1962, p.199) (Je remercie ici mon ami le Rav M. A. qui m’a prêté ce livre il y a quelques années.), la mention de Kol Nidrei dans cette phrase a été supprimée !].

Il y a aussi tout un Maamar de R. Mordekhaï Breuer sur l’annulation de Kol Nidrei par Rav Hirsch, dans Hamaayan (Tevet 5724, p.7). Vous y verrez toutes sortes d’explications et de justifications alambiquées, qui visent à dire que Rav Hirsch n’aurait pas réellement annulé Kol Nidrei.
Soit que ce soit une rumeur partie d’un soir de Yom Kipour où Rav Hirsch a quitté la synagogue suite à une prise à partie d’un fidèle de la synagogue contre le Rav qui avait décidé de faire sa Drasha après Kol Nidrei et non avant, comme l’habitude locale le voulait.
Exaspéré, Rav Hirsch est parti et est rentré chez lui (et a prié à la maison le soir de Yom Kipour)!
(Le perturbateur a été puni par le conseil d’une amende de 100 pièces d’or assortie d’une interdiction de mettre les pieds dans cette synagogue durant 1 an.)
(Episode rapporté par Armin Schnitzler dans Jüdische Kulturbilder, Wien 1904, p.73).

Selon Ph. Fischer (In Seinen Spuren, Sátoraljaújhely 1922, p.97-98), c’est à partir de cet incident que la rumeur serait née.

Il faut préciser que cet incident a eu lieu à Nikolsburg lorsque Rav Hirsch y était rabbin, et non à Oldenburg.

Ou encore, Rav Lehmann qui écrit (Die Abschaffung des Kol Nidre und Herr Dr. Aub in Mainz, Mainz 1863, p.13) que le fait que Kol Nidrei n’ait pas été récité une année à Oldenburg ne prouve pas que ce soit par la volonté du Rav Hirsch (on lui aurait un peu forcé la main ?).

La même idée se retrouve dans The secession from the Frankfurt Jewish community under Samson Raphael Hirsch (dans Historia Judaica vol X, p.105) [allez, je vous mets un lien : https://web.stevens.edu/golem/llevine/rsrh/secession/japhet_secession.pdf ], où nous lisons : « Only once did he yield to outside pressure, when -in Oldenburg- he allowed Kol Nidre to be abolished ».

R. M. Breuer (Hamaayan, Tevet 5724, p.9) cite un journal d’époque (Allgemeine Zeitung des Judenthums, vol. VI -1842- p.170), où l’on lit qu’il y a 3 ans (Yom Kipour 1839), le Rav Hirsch a supprimé le Kol Nidrei à la synagogue (à Oldenburg), et une autre année (dès le YK suivant en 1840), il l’a rétabli en expliquant que bien que l’annulation fût motivée par la Halakha, il a compris qu’un tel changement dans le culte ne devait pas être le fait d’un seul rabbin isolé.
C’est pourquoi il demande que l’on fasse dorénavant Kol Nidrei, mais qu’une seule lecture du Kol Nidrei suffira (et non trois).

Il est donc assez clair que Rav Hirsch n’avait pas été forcé à annuler Kol Nidrei, il l’a choisi mais s’est ravisé plus tard.

Vous vouliez une source écrite, vous en avez plusieurs.


Vous parlez de ce que j’ai écrit plus haut, je me cite :
« Voyez encore 19 épîtres (Hayoun, p.40) qui indique qu’étant jeune rabbin à Oldenburg, il ne portait ni kipa ni barbe (comme le montre la gravure d’époque), et se promenait dans la rue "tenant sa jeune épouse par la main, ce qui ne manqua pas de susciter l’ire des orthodoxes".
(Pour ce qui est de la barbe, c’est faux, la gravure le représentant à l’époque d’Oldenburg le montre avec barbe -mais, certes, apparemment sans Kipa). »
Fin de citation.

Elle se trouve sur internet facilement.
Tenez, la voilà :

https://yi.wikipedia.org/wiki/%D7%A9%D7%9E%D7%A9%D7%95%D7%9F_%D7%A8%D7%A4%D7%90%D7%9C_%D7%94%D7%99%D7%A8%D7%A9#/media/%D7%98%D7%A2%D7%A7%D7%A2:Samson_Raphael_Hirsch_(ZR002).jpg

(il faut copier coller le lien.)