Citation:
selon le zohar il est très important que le noeud en forme de youd de la tefila shel yad soit constamment en contact elle (cf mishna beroura 27:2:10)
Sur les tefilin ashkenazes ce noeud a tendance à se distancier du boitier lorsqu'on tire sur la lanière, aujourd'hui on règle ce problème en utilisant un fil (souvent un gid) pour maintenir le youd
le 'hazon ish n'aimait pas cette pratique (cf piskei tshouvot 27 note 31 et dinim vehanhagot 3:7) du fait qu'elle n'est mentionnée nulle part dans les rishonim et sfarim anciens, lui-même positionnait dans la maabarta un bout de retsoua découpée afin de coincer la lanière et éviter que le noeud ne s'écarte.
Ma question : sait-on comment faisaient les anciennes générations ashkénazes avant cette pratique du fil / gid ? Prêtaient elles attention à ce point ?
Dans le sefer minhagei 'hatam sofer (1:11) il est indiqué qu'il entourait une fois la retsua autour de la tefila shel yad avant de continuer sur le bras, on pourrait supposer que ca serve à maintenir le youd... mais le Ramo (OH 27:8) s'oppose explicitement à cet usage de passer la retsua sur la titura donc ca ne semble pas être l'option retenue
[Ce que vous rapportez au nom du
‘Hatam Sofer dans le
Minhaguei ‘Hatam Sofer, n’apparait pas dans mon édition (toutefois titrée "
Minhaguei Baal Ha‘Hatam Sofer"). Pourriez-vous préciser les détails de votre édition ?]
La technique dite du
‘Hatam Sofer est recommandée par plusieurs auteurs (cf.
Kaf Ha’haïm §27, sk.13), inspirés de kabala qui encouragerait à tourner de lanière autour du Bayit
(au point, pour certains d'entre eux, d’indiquer de retirer ou d’écourter le carton de protection qui est autour du Bayit afin que la lanière touche le bayit lui-même).
D’autres, au contraire, s’y opposent.
Le
Rama que vous citez ne s’oppose explicitement qu’au passage de la lanière sur la Titoura, mais pas autour du Bayit, toutefois des oppositions plus explicites existent aussi.
Si l’utilisation du Guid est quant à elle réprouvée, c’est parce qu’il s’agissait de « coudre » réellement le Youd au Bayit et le Guid passait au travers de la Titoura et constituait, selon certains, une ‘Hatsitsa (entre les Tfilines et le bras).
Avant le
‘Hazon Ish nous trouvons le
Shaarei Tshouva et le
Mishna Broura qui dénoncent ce problème.
Ce que le
‘Hazon Ish ajoutait, c’est qu’on ne trouve nulle part cette habitude chez les Rishonim.
A mon sens, si les Rishonim ne parlent pas de la solution du Guid, il ne faut pas oublier qu’ils ne parlent pas non plus d’autres solutions, et la raison en semble bien simple : avant la diffusion du
Zohar, ce problème du Youd qui se décolle du Bayit ne paraissait pas si grave.
Plus encore, même considérant les générations des A’haronim, le
Avnei Nezer (o"h I, §14) s’oppose au "
nouveau Minhag" qui consiste à entailler la Titoura afin de permettre au nœud en forme de Youd d’être plus proche du bayit et de le toucher, car il n’y a pas de nécessité qu’il touche le bayit, il doit juste toucher « les Tfilines », ce qui inclut aussi la Titoura.
Donc dans la mesure où le (bas du) nœud touche la Titoura, c’est bon et il n’est pas nécessaire de saboter la Titoura.
De nos jours nous « sabotons » la Titoura, le (haut du) Youd est donc beaucoup plus proche du Bayit, mais même s’il ne touche pas le Bayit, ce n’est pas grave car le (bas du) nœud touche la Titoura et cela suffit.
C’est aussi l’opinion du
‘Hazon Ish citée dans
Or’hot Rabénou (éd. 2014, I, p.41, §26), qui indique encore qu’il a vu que lorsque le
Steipler portait ses Tfilines, le Youd ne touchait pas le bayit (seulement la Titoura).
Dans le même livre
(Or’hot Rabénou I, p.50) il y a une photo de la Tfila Shel Yad de Rabénou Tam ayant appartenu au
Steipler, et l’écart entre le Youd et le Bayit est flagrant.
Vous vouliez savoir comment faisaient les anciens, vous avez (une partie de) la réponse : ils ne se souciaient pas tant que ça de maintenir le Youd collé au Bayit, considérant les choses comme le
Avnei Nezer et le
‘Hazon Ish, le contact avec la Titoura leur suffisait.
Donc si le
‘Hazon ish avait placé un bout de lanière dans la Maavarta pour immobiliser le Youd, c’était une pratique surérogatoire et non indispensable.
Toujours dans
Or’hot Rabénou (I, p.42, §29),
Rav ‘Haim Kanievsky dit au nom de
R. Shamay (fabriquant de Batim à Bnei Brak) qu’à Brisk on n’attachait pas le Youd avec un Guid car ce n’est pas mentionné dans les Poskim
(=position du ‘Hazon Ish), mais
RHK a demandé à son père
(le Steipler) si c’était autorisé et il lui a dit que oui.
[Il s’agit de coudre avec un Guid mais SANS problème de ‘Hatsitsa, selon la méthode de ce
R. Shamay, cf.
Or’hot Rabénou (I, p.42, §27).]
En réalité, il y a une technique bien plus simple qui consiste à placer un élastique (ou une petite ficelle) autour du Bayit afin de maintenir le Youd en contact avec le Bayit.
