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Manger du poisson entre Kidoush et Motsi

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Mas
Messages: 18
Kvod harabanim,

1) Voici ma question: Je précise que je suis séfarade (origine des parents : Maroc)

Le kidouche du vendredi soir doit-il obligatoirement (sauf cas de force majeure) être suivi du Motsi, ou peut-on en rentrant de la synagogue: faire le Kidouche puis manger un aliment haets puis un aliment haadama et prendre l'apéro (Soda ou vin ou alcool + légumes sec (cacahuètes, pistaches, amendes, noix de cajou...) et tranche de saumon fumé... sans pain bien entendu ? Et pour le Kidouche du samedi midi ?

2) Quelle quantité de pain manger pour valider le Motsi du Vendredi soir ? Et du samedi midi ? Et de la semaine ?

Toda Raba pour la réponse.
Samuel.
Rav Mordehai Alberman
Messages: 29
1) Les sépharades qui ont l'habitude de faire des bénédictions sur une salade et sur du poisson entre le kidouche et le Motsi – et telle est la coutume des juifs du Maroc – ont le droit de maintenir leur coutume autant le vendredi soir que le samedi midi.

Toutefois, pour ne pas rentrer dans des problèmes hala'hiques, il est préférable de faire Hamotsi juste après le kidouche.

De même, les ashkénazes doivent faire Hamotsi tout de suite après le kidouche.

2) Dans chacun des trois repas de Chabbat, a priori il faut consommer un peu plus d'un kabeitsa de pain, (c’est-à-dire une tranche dont le volume est quelque peu supérieur à celui de 2 petites boites d'allumettes ou dont le poids est supérieur à 55 grammes).

Mais a posteriori, si nous avons consommé un kazaït de pain (c’est-à-dire un morceau dont le volume équivaut à celui d'une petite boite d'allumettes ou dont le poids est d'au moins 27 grammes) nous nous sommes rendus quittes de la mitzvah de séouda du vendredi soir ou du samedi midi.


Sources et explications

1) Faire des bénédictions sur une salade ou sur le poisson entre le kidouche et le Motsi

Le livre Maassé Ich (ח"ה עמ' צא) rapporte qu'on a demandé au 'Hazon Ich ce qu'il pensait de la coutume qui était d'usage en Europe de manger le poisson entre le kidouche et le Motsi. Et il a répondu que c'est une coutume problématique.

Rav Moché Soloveitchik a compris que c'est problématique car il y a une interruption entre le kidouche et le repas. Et Rav 'Haïm Kanievsky comprend que c'est problématique, car nous ne mangeons pas la séouda avec appétit.

En effet manger du poisson ou des salades entre le kidouche et le Motsi soulève trois problèmes :

1. Il y a une obligation de juxtaposer son repas au kidouche.

2. Il y a une mitzvah de manger avec appétit les repas de Chabbat.

3. Il est interdit de faire une bénédiction superflue (ברכה שאינה צריכה).


Juxtaposer le repas au kidouche

Le Choul'han Arou'h (סימן רעג סעיף א) écrit que le kidouche doit se faire à l'endroit du repas.

Le Rama (שם סעיף ג) ajoute qu'il faut manger tout de suite après le Kidouche et que si nous faisons le kidouche dans l'intention de manger notre repas plus tard, nous ne nous sommes pas rendus quittes du kidouche. Et tel est l'avis de décisionnaires sépharades, comme le Kaf Ha'haïm (שם סקכ"ה) et Rav Ovadia Yossef (חזון עובדיה שבת ח"ב פ"ג סק"ד).

Manger le repas de Chabbat avec appétit

Le Or Zaroua (סי' כא) et le Darkei Moché (סימן רמט אות ד) rapportent que Rabbi Kalonymus avait l'habitude de manger des grimzels (dont la bra'ha est mezonot, peut-être une sorte de bretzels) après le kidouche du vendredi soir avant de manger le pain du repas de Chabbat pour compléter les 100 bénédictions que l'on doit faire chaque jour .

Cependant, le Maguen Avraham (שם סק"ו) n'est pas d'accord avec cette pratique, car il soutient qu'il y a une mitzvah de manger le repas de Chabbat avec appétit.

En effet, selon rabbi Yehouda (פסחים צט.) il est interdit de commencer un repas le vendredi après-midi après l'heure de Min'ha pour pouvoir avoir de l'appétit à l'entrée de Chabbat. Et selon Rabbi Yossi il est permis de manger jusqu'au coucher du soleil, mais dès que l'heure de la séouda est arrivée, Rabbi Yossi s'aligne avec Rabbi Yehouda et soutient qu'il il y a une mitzvah de manger la séouda de Chabbat avec appétit. Et le Choul'han Arou'h a tranché comme Rabbi Yossi.

Le Biour Hala'ha (שם סעיף ב ד"ה מותר) écrit que manger des mezonot le matin après le kidouche avant la séouda est une coutume répandue, et il n'y a pas lieu de la décrier. Toutefois certaines personnes pieuses s'abstiennent quand ils le peuvent (à cause des propos du Maguen Avraham). Et même si nous participons à ces kidouches, il nous est recommandé de ne pas trop se remplir la panse pour pouvoir manger la séouda avec appétit.

Faire une bénédiction superflue (ברכה שאינה צריכה)

Le Maguen Avraham (סי' מו סק"ח - סי' ריא סק"ט) et le Michna Broura soutiennent (סי' מו סקי"ד) que si la table est dressée, que le pain est devant nous et que nous avons l'intention de commencer la séouda tout de suite, il est interdit de faire une bra'ha sur un aliment dont nous avons l'intention de manger pendant le repas, comme par exemple une salade, car c'est une bénédiction superflue. Ils ajoutent que c'est considéré comme une bénédiction superflue même si notre intention est de compléter les 100 bénédictions journalières pendant Chabbat.

Par conséquent, faire une bénédiction sur une salade dont nous avons l'intention de manger pendant le repas est problématique selon le Michna Broura.

Si nous faisons une bénédiction sur une salade ou un poisson sans intention d'en manger pendant le repas, certes il n'y a pas de problème de bénédiction superflue, mais le fait que le Motsi n'est pas accolé au Kidouche est problématique. Et si nous en mangeons une quantité importante, nous rencontrons aussi le problème de ne pas manger le pain avec appétit.

Néanmoins Rav Ovadia Yossef (שו"ת יחוה דעת ח"ו סי' כו, וחזון עובדיה ברכות פ"א סק"ט) s'est prononcé sur la coutume des juifs du Maroc de manger du poisson entre le kidouche et le Motsi en affirmant qu'ils ont sur qui s'appuyer.

En effet, ils peuvent s'appuyer d'une part sur Rav Kalonymus (mentionné plus haut) qui soutient que faire une bénédiction sur des mezonot entre le kidouche et le Motsi pour compléter les 100 bénédictions journalières n'est pas considéré comme une bénédiction superflue.

D'autre part, il rapporte une responsa de Rav Amram Gaon qui autorise à faire une bénédiction sur la viande ou le poisson avant de faire Hamotsi si notre intention est de multiplier le nombre de bénédictions. Puis apporte plusieurs décisionnaires qui sont en désaccord avec les propos du Maguen Avraham mentionnés plus haut.

De plus, il semble que tel est l'avis du Kaf Ha'haïm (סימן ריא סקכ"ב) qui rapporte que le Érèkh Hachoul'han (שם ס"ג) n'approuve pas les propos du Maguen Avraham et soutient que dans cette configuration ce n'est pas considéré comme une bénédiction superflue.

Concernant l'obligation de juxtaposer la séouda au kidouche, Rav Ovadia Yossef (חזון עובדיה שבת ח"ב פ"ג סק"ד) considère que la consommation de fruits secs après le kidouche n'est pas problématique si elle ne dure pas trop longtemps et que juste après nous faisons Hamotsi.

En revanche, Rav Bentzion Abba-Chaoul (אור לציון פרק כ סכ"ה) soutient que la consommation de fruits secs après le kidouche n'est pas problématique même si elle retarde le Motsi d'une heure (comme il est de coutume chez certains yéménites), et elle n'est pas considérée comme une interruption mais comme une chose nécessaire à la séouda, car elle a pour but d'ouvrir l'appétit.


2) La quantité de pain à consommer pour les repas de Chabbat

Le Choul'han Arou'h (סימן רצא סעיף א) écrit que nous pouvons accomplir la séouda chelichit avec un kabeitsa de pain. Le Maguen Avraham (שם סק"א) et le Chaar Hatzioun (סימן רעא סקמ"ג) précisent qu'a priori il faut consommer un peu plus qu'un kabeitsa pour que ce soit considéré comme une consommation importante (אכילת קבע) et non furtive.

Mais a posteriori, si nous avons consommé un kazaït, nous nous sommes rendus quittes, comme l'écrit le Michna Broura (סימן רצא סק"ב - סימן תרלט סקכ"ג). Et il en va de même pour les autres repas de Chabbat.

Un kazaït selon Rav 'Haïm Naéh correspond à un volume de 27 cm³, soit le volume d'une petite boite d'allumettes et selon le 'Hazon Ich 33 cm³. En revanche la plupart des décisionnaires sépharades préconisent de prendre en compte le poids (27 grammes) et non pas le volume.

Un kabeitza selon Rav 'Haïm Naéh correspond à un volume de 58 cm³, soit le volume de deux petites boites d'allumettes et selon le 'Hazon Ich 100 cm³. Et la plupart des décisionnaires sépharades préconisent de prendre en compte le poids de 55 grammes.
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