Je vous cite :
Citation:
j'ai lu le livre « Tsnioute dévoilée » par Rav Yehuda Henkin que vous avez préfacé, je dois reconnaitre que c'était très instructif, on y découvre vraiment la formation de la Halah'a depuis la guemara et les richonim et parfois jusqu'aux derniers décisionnaires.
C'est extraordinaire de mettre à la portée de tous les juifs nos textes fondateurs pour nous permettre de mieux comprendre ce qu'on fait au quotidien, c’est un vrai limoud de guemara approfondie, il faut tenir tête pour tout comprendre, mais c'est exaltant.
Mais vous savez tout ça, je ne dois pas être le premier (ni le dernier ) à apprécier ce livre et à vous le dire.
En effet, de nombreux témoignages très positifs nous sont déjà parvenus, aux éditeurs comme à moi, parmi eux plusieurs Rabbanim de communauté, insistant sur le besoin crucial de pouvoir donner au public francophone un accès aux Souguiot qui parlent des notions liées à la Tsniout dans le Shas ainsi qu’à leurs interprétations par les Rishonim et A’haronim.
(Mais les éditeurs ont aussi reçu des critiques acerbes, notamment de la part de féministes qui y voient un mépris de la femme).
Vous avez bien cerné l’objet du livre, c’est un Sefer de Limoud, pas du tout un Kitsour Halakha.
Citation:
j'ai bien sur remarqué ce que vous écrivez dans votre préface qu'il ne faut pas suivre les décisions et conclusions de l’auteur pour la pratique, mais vous dites qu'il faut suivre son rav personnel, j'aimerais savoir pourquoi vous vous démarquez ainsi ?
Soyons très clairs, l'auteur,
Rav Henkin, est assurément un grand Talmid ‘Hakham et un Possek parfaitement Yerei Shamayim.
Il suffit d’étudier ses Sfarim pour s’en convaincre.
Et à l’époque où l’on m’avait contacté pour préfacer ce livre, c’était en 2018, j’avais contacté différents Rabbanim pour me renseigner encore plus sur cet auteur.
On m’avait confirmé qu’il s’agissait d’un Possek respectable et parfaitement fiable.
Donc ne voyez surtout pas dans ces mots
(que j’ai écrits dans la préface du livre) un manque de respect -‘has veshalom, envers le
rav Henkin.
Seulement, j’ai tenu à indiquer et souligner que le but du livre n’était pas de faire office de guide Halakhique et qu’il ne fallait pas nécessairement suivre les Psakim qui y seraient indiqués, car comme dans beaucoup de domaines Halakhiques -et particulièrement dans la Tsniout, il est important de tenir compte de multiples aspects et paramètres qui peuvent jouer sur la décision à prendre en pratique.
Voilà pourquoi il est capital de suivre son Rav, un rav qui nous connait, qui comprend notre situation et ce qui est bon de faire dans notre cas.
J’écris donc dans cette préface que
chacun devra suivre son propre Rav.
Si vous le souhaitez, vous pouvez montrer à votre Rav ce que le rav Henkin écrit et lui demander comment se comporter Halakha Lemaassé. Votre Rav (qui vous connait) saura ce qui est à prendre et ce qui est à laisser.
A part ça, si j’en avais été le rédacteur, j’aurais formulé quelques passages différemment et j’aurais peut-être ajouté parfois un peu plus d’insistance sur certaines conclusions.
Par exemple, très récemment, on a porté à ma connaissance que dans le chapitre qui parle du Lav de « Lo Tikrevou », le
Rav Henkin cite différents Poskim indiquant que le Lav ne s’applique pas dans le cadre d’un contact sans Hirhour, ce qui devrait logiquement autoriser « la poignée de main sociale ».
Puis, il indique que c’est tout de même une Ma’hloket
(si un homme et une femme peuvent se serrer la main dans le cas où il n’y a absolument aucun Hirhour, ou si c’est interdit par le Lav Min hatorah, comme lorsqu’il y a Hirhour) et il analyse les sources de ceux qui disent que le Lav s’applique même en l’absence de Hirhour.
Suite à cela, il explique que cette Shita étant extrêmement minoritaire et largement contredite, ne saurait être la halakha stricte, puis conclut qu’on pourra, certes, légitimement considérer que ce soit la démarche à suivre
(ne pas serrer la main), mais sans prétendre que ce soit la halakha stricte.
On pourrait en déduire que la Halakha autoriserait « a priori/Lekhate’hila » la poignée de main.
Or, les fidèles lecteurs de Techouvot savent déjà que ça ne correspond pas tout à fait à ce que j’ai l’habitude d’écrire sur le site où je rapporte les sources
(citées aussi par Rav Henkin) pour aboutir à une conclusion plus nuancée en indiquant bien que ce soit à éviter « a priori », mais que c’est toléré en cas de besoin si on est sûr de l’absence de Hirhour.
Voyez sur différents fils, essentiellement ici :
https://www.techouvot.com/serrer_la_main_dans_le_cadre_du_travail-vt13136.html
(post qui date d’il y a 9 ans et maintes fois repris)
Ce passage du livre de
Rav Henkin est un des endroits où j’aurais préféré qu’il insiste un peu plus en conclusion sur l’importance d’éviter la poignée de main dans la mesure du possible.
Voilà donc qui vous explique pourquoi j’ai tenu à me « démarquer » comme vous dites, en spécifiant que je ne suivais pas le Rav à 100% dans toutes ses conclusions
(bien que nous soyons globalement assez d’accord sur le fond au niveau du Limoud, c’est surtout sur la forme que j’aurais préféré plus d’insistance) et j’ai ajouté que chacun devait s’en remettre à son propre Rav sans suivre systématiquement ce qu’il peut voir dans ce livre.
Même si la Shita de
Rav Henkin se tient parfaitement, il faut savoir que la halakha est une notion relative et le psak à choisir ne tient pas compte QUE des aspects Limoudico-halakhiques, il faut aussi tenir compte des mentalités et de sa société.
C’est ce qui pousse d’autres Rabbanim à se montrer plus réticents lekhate’hila sur la poignée de main, de manière très explicite.
De plus, il y a aussi que, sur quelques points, je ne partage pas totalement les vues du
Rav Henkin. Sans pour autant les condamner bien entendu, c’est juste qu’on peut aussi voir les choses différemment.
Et j’écris cela avec énormément de respect et tout en étant conscient de ne pas du tout faire le poids face à lui.
C’est juste qu’il y a des habitudes en fonction des communautés et que, pour ma part, ayant grandi dans les communautés orthodoxes et les Yeshivot, je ne suis pas les conclusions de
Rav Henkin sur tout ce qu’il dit -encore une fois, en étant conscient qu’au niveau de la Halakha, il n’a pas tort, ce qu’il écrit convient aussi.
Mais dans mon « milieu », on suit plus volontairement d’autres Poskim, parmi lesquels figure le célèbre
Rabbi Falk de Gates Head ou encore le très célèbre
Rav Moshé Feinstein.
Mon épouse et moi-même faisant partie de ce type de communautés, nous avons éduqué nos enfants en suivant généralement l’enseignement de
Rav Falk, en comprenant bien et en étant conscients qu’il s’agit parfois de ‘Houmrot non obligatoires, mais cela donne un tout et un cadre qui peut faire office de moteur de Kdousha.
[Mais il faut souligner que les différences entre les
rabbanim Falk et Henkin sont assez minimes somme toute, car ils sont d’accord sur l’écrasante majorité des points, formant la ligne conductrice et la base des Hilkhot Tsniout, qui est commune à quasiment tous les Poskim.]
En dépit de tout ça, l’enseignement de
Rav Henkin est très précieux lui aussi en cela que celui de
Rav Falk, que je suis, n’est pas adapté à tout le monde ni à la portée de tous les juifs.
Pas tout le monde évolue dans une famille/communauté orthodoxe ; dans beaucoup de familles et dans beaucoup d’écoles françaises, se tenir au niveau d’exigence de
Rabbi Falk relève d’une prouesse et d’un effort qui auraient vite fait d’avoir raison des caractères les plus faibles.
Qui aujourd’hui en France peut nier les dégâts spirituels malheureusement entraînés par certains parents qui n’ont pas su comment transmettre le « sentiment » de Tsniout à leurs filles ?
Combien de drames familiaux de ce type sont à déplorer sur les seules vingt dernières années ?
Le livre de
Rav Henkin apporte justement un éclairage permettant de mieux comprendre et ressentir le sens de la Tsniout.
Tsniout qu’il ne faut pas voir comme des Halakhot/décrets incompréhensibles et sans logique, mais comme un « sentiment », une « Mida » parmi les Midot Tovot.
Comprendre que les règles que l’on indique avec des centimètres très précis n’existent que pour donner un cadre légal à des attitudes.
Car il est difficile de dire à quelqu’un qu’il faille se conformer à la Tsniout, avant que cette personne ne sache et ne ressente convenablement ce qu’est cette Mida.
C’est pour cela que certaines précisons avec des centimètres ont été proposées, afin de faire passer l’esprit de cette Mida.
Hélas, souvent des parents démunis eux-mêmes (car ne connaissant pas les Souguiot), sont bien incapables de faire comprendre à leurs enfants la notion de Tsniout à travers ces directives, puisqu’ils n’ont pas -eux non plus- les idées parfaitement claires sur le sujet.
C’est là que le livre de Rav Henkin peut contribuer au renforcement de la Tsniout, en permettant aux lecteurs de comprendre l’origine de ces lois, afin de se faire une meilleure idée de cette Mida.
Pour d’autres Midot, généralement, il reste plus facile de s’y initier même sans directives chiffrées et puis tout n’est pas quantifiable non plus ; comment mesurer le degré de colère toléré ? Celui d’orgueil ?
(cf. Sotah 5a qui parle d’1/64, mais même après ce chiffrage, on ne sait comment le mesurer/l’appliquer). Comment mesurer la Mida de patience ?... On pourrait aussi donner des chiffres, du genre : il faut savoir rester patient « au moins 3 minutes et 20 secondes » sans rien dire et en supportant, mais il serait dommage de devoir se rabaisser à ça.
Pour la Tsniout ça a été jugé nécessaire parce que trop de gens s’égaraient totalement dans cette Mida en raison de la génération qui n’y est pas favorable.
A l’époque où tout le monde (non-juifs inclus) était encore sensible à la Tsniout, personne n’a trouvé nécessaire d’indiquer des centimètres autorisés, ni de parler d’habits moulants, transparents, etc. Mais depuis quelques décennies, s’initier naturellement au ressenti de la Midat Tsniout concernant la tenue vestimentaire
(car la notion de tsniout ne concerne pas « que » les habits, ni « que » les femmes) est devenu plus difficile.
Voilà en quoi ce livre peut être salvateur et voilà pourquoi je souligne bien dans ma préface qu’il ne faut pas lui attribuer un autre rôle que le sien, à savoir : son rôle est de permettre de découvrir l’origine de ces halakhot
(les souguiot dans le Shas et les Poskim), afin de pénétrer l’esprit des ‘Hazal et des décisionnaires dans certaines de leurs halakhot.
Mais son rôle n’est pas de servir de guide pratique des lois de Tsniout.
L’agencement du livre à lui seul permet déjà de le deviner, on voit bien qu’il n’est pas rédigé pour faire office de guide de lois ou de Kitsour Halakha puisqu’il décortique les Souguiot de Gmara et leurs différentes interprétations chez les Mefarshim.
Mais afin d’éviter toute confusion, j’ai tenu à le souligner très clairement dans ma préface -pour les moins futés, à qui ça n’aurait pas sauté aux yeux.
J’indique ici une nouvelle fois
(ce que j’avais déjà écrit il y a plusieurs semaines sur Techouvot), que j’étais un peu dérangé du fait que
Rav Henkin cite quelques fois nommément
Rav Falk lorsqu’il se prononce en désaccord avec lui.
J’aurais été plus à l’aise s’il indiquait son désaccord sans citer de nom et comme les conclusions de
Rav Henkin ne correspondent pas toujours à celles de
Rav Falk, je ne voulais pas qu’il perçoive négativement la traduction de ce livre en français.
C’est pourquoi je me suis résolu à en faire part à
Rav Falk lui-même, je lui ai expliqué la nécessité d’un tel livre de nos jours mais que je n’étais pas à l’aise qu’il se montre en désaccord avec lui si ouvertement.
Après avoir parlé ensemble du contenu (et des sfarim de l’un et de l’autre),
Rav Falk m’a donné son « aval » en disant que les désaccords de
Rav Henkin étaient légitimes car son intention est Leshem Shamayim « même s’il n’est pas toujours d’accord avec moi sur la halakha, c’est son droit, tant que l’intention est Leshem Shamayim ».
C’est une information importante à mes yeux, car il est indispensable de bien comprendre que leurs désaccords sont Leshem Shamayim et perçus mutuellement en tant que tel, à l’instar de
Beit Shamay et Beit Hillel, l’exemple type de la Ma’hloket Leshem Shamayim (Cf.
Avot V, 17).
Citation:
qui selon vous il faut suivre en Halah’a pratique sur ce sujet? et si vous voulez me répondre que chacun doit suivre son rav personnel comme c’est écrit dans la préface, alors je vous demanderai à vous : qui suivre ? comme si un fidèle de votre synagogue ou yéchiva vous demande à vous en tant que rav, que vous lui disiez qui il faut suivre ? Vous, qui suivez-vous ? (si c’est pas indiscret)
Comme dit plus haut, personnellement, je suis globalement la Shita
Rav Falk (et d’autres Poskim similaires), mais je suis bien conscient que la ligne de
Rav Falk n’est pas adaptée à tous, la prôner indistinctement et systématiquement plongerait les gens dans un choix extrême entre « tout » ou « rien », ce qui aboutirait bien trop souvent à donner : « rien »
(-ou presque rien).
Savoir qu’il y a différents niveaux de ‘houmra est donc capital pour ceux qui ne se sentent pas la force de prendre toutes les ‘Houmrot sur eux.
C’est un point qui fait défaut dans le livre de
Rav Falk, mais il faut savoir que s’il se montre très Ma’hmir, il ne faut pas oublier qu’il était enseignant à Gates Head, qui est une ville de Torah où la très grande majorité des juifs sont Avrekhim
(ou Ba’hourei Yeshivot et « Sem girls »).
Gates Head est un peu comme Kiriat Sefer et autres (villes ou) quartiers ultra-religieux d’Israël, peuplés essentiellement d’Avrekhim, tout le monde y est (plus ou moins) sur la même longueur d’ondes en matière de religion, pas comme dans nos diverses communautés parisiennes et de province qui n’ont rien à voir avec une ville de Torah comme Gates Head.
Disons qu’à Gates Head il n’y a presque que des gens qui sont en mesure de se hisser au niveau d’exigence de
Rav Falk, alors qu’en France, seuls les Bnei Torah & Avrekhim peuvent y prétendre en toute sécurité, imposer la rigueur de
Rav Falk aux autres, risquerait d’entraîner parfois des dégâts spirituels chez leurs enfants, comme nous avons pu malheureusement le constater de trop nombreuses fois.
[Il sera néanmoins possible, même aux communautés moins orthodoxes, d’utiliser les écrits de rav Falk sereinement si cet enseignement est accompagné, ou au moins cadré, par un Rav qui saura renseigner son public sur ce qui est absolument exigé par la Halakha et ce qui est une ‘Houmra non obligatoire.]
Dans un autre domaine qui présente un éventail de niveaux de ‘houmrot, nous avons les lois pascales : Certains s’abstiennent à Pessa’h de consommer tout produit manufacturé, ils passent huit jours à manger « Matsa et pommes de terre »
(-les autres fruits et légumes aussi, mais ceux-là reviennent souvent, c’est l’expression).
C’est une ‘Houmra.
Imaginez un instant si nous faisions de cette ‘houmra « la norme », la « halakha stricte », imaginez que tous les rabbins proclament tous les produits manufacturés
(avec Hashga’ha Kasher LePessa’h) interdits comme le ‘Hamets.
Le message implicite serait :si vous consommez un produit manufacturé, c’est comme si vous mangiez du ‘Hamets.
Et le résultat serait que ceux qui ne se sentent pas capables de se nourrir uniquement de Matsa et pommes de terre toute la semaine, étant vus comme des pécheurs en buvant le moindre petit coca
(avec Hekhsher), ils en arriveront d’abord à consommer d’autres aliments sans Hekhsher, puis Taref, puis même du pain.
Autrement dit, ce qui importe n’est pas ce que « JE » fais, mais ce qui « VOUS » convient le mieux, la ligne halakhique qui est adaptée à votre personne/situation/etc.
Evidemment, je ne parle pas de choix entre ce qui est moutar et ce qui ne l’est pas, je parle de choix entre différents niveaux de ‘houmra -tous « en règle » par rapport à la Halakha.
Voilà pourquoi j’ai écrit dans la préface du livre que chacun doit suivre le psak de son Rav ; pas « d’un
autre Rav », mais de «
son » propre rav, c-à-d un rav qui le connaisse, qui connaisse sa famille et leur situation et qui comprenne cette situation et sache tenir compte de sa particularité pour ne pas imposer stupidement une ‘Houmra qui pourrait s’avérer néfaste voire fatale.
Vous remarquerez aussi que le
Rav Henkin écrit dans ce livre des phrases du genre «
Ce qu’on vient d’énoncer ne peut aller à l’encontre d’un minhag communautaire ou familial établi ».
C’est bien pour la même raison : contrairement à ce que d’aucuns s’imaginent,
ces lois de Tsniout ne sont pas supposées être des lois totalement figées et égales pour toutes les communautés (comme l’écrit d'ailleurs
Rav Falk dans
Oz Vehadar Levousha, éd. hébraïque p.511 et p.229), il ne doit pas y avoir qu’une seule Halakha en matière de Tsniout, car dans ce domaine, la situation d’un endroit à l’autre, d’une communauté à l’autre, peut faire varier les directives.
Il y a, bien entendu, une base commune et immuable de la Torah, des choses qui ne dépendront pas du « minhag hamakom » ; par exemple ce qui est considéré par la Halakha comme Erva l’est et le reste en dépit d’éventuelles habitudes différentes dans une ville
(=Habiter à la plage -ou similaire- ne rend pas le maillot de bain Tsanoua au titre de Minhag Hamakom).
Ce que
Rav Henkin autorise n’est pas forcément à autoriser dans d’autres communautés.
Pareil, ce que
Rav Falk autorise n’est pas forcément toléré dans d’autres communautés, le
Oz Vehadar Levousha est parfois vivement repoussé.
Il y a tout un Sefer
(téléchargeable ici : http://www.keter-malchut.co.il/harimuMichshol.html ) titré «
Harimou Mikhshol Miderekh Ami », plein de critiques sur les Koulot et (
prétendues) erreurs « inadmissibles, intolérables et sacrilèges » de
Rabbi Falk dans son
Oz Vehadar Levousha (que l’auteur rebaptise Oz Vehadar La-Bousha -p.15), car
Rav Falk n’aurait absolument rien compris à la Tsniout (cf.
p.13) !
L’auteur ne mâche pas ses mots lorsqu’il relève
des dizaines de passages « scandaleux » dans le
Oz Vehadar Levousha ou lorsqu’il démonte les preuves apportées par
Rabbi Falk à ses Psakim et apporte des Psakim de
Rav Wozner et de
Rav Karélits contre
Rav Falk, ou lorsqu’il prouve que
Rav Falk aurait mal compris/lu les sources qu’il apporte dans son livre.
Je n’apprécie pas du tout ni ne cautionne la virulence et le mépris dont fait preuve cet auteur envers
Rav Falk, je trouve que c’est bien plus scandaleux et sacrilège que les prétendues erreurs dramatiques que
Rav Falk aurait commises dans son livre.
Il est évident que
rav Falk ne cherchait pas à faire fauter les gens, mais tout le contraire, et pour cela seulement -quand bien même cet auteur estimerait que
Rav Falk se serait gravement trompé, il n’a pas à le mépriser et dénigrer ainsi.
On se doit de respecter tout auteur dont l’intention est pure, même si l'on pense qu'il se trompe.
La discussion halakhique a toujours été la bienvenue dans le monde du Limoud, mais dans le respect, à l’instar de
Beit Shamay et Beit Hillel (cf. Yevamot daf 14).
Celui qui méprise autrui parce qu’il a une autre compréhension d’une Souguia, ne prouve pas seulement ses mauvaises Midot mais aussi une faille dans son attitude au niveau du Lishma.
Car si l’intention de l’auteur était noble, même s’il estimait que
rav Falk se trompait gravement, il se devait de présenter et soumettre ses nombreux étonnements directement à
Rav Falk (ce qu’il n’a pas fait) au lieu de le juger d’emblée Lekaf ‘Hova.
[et je suis étonné de toutes les approbations des grands rabbanim connus
(qu’on trouve par l’onglet « Hamlatsot Harabanim ») qui auraient mieux fait de surveiller un peu la virulence des propos qu’ils ont indirectement cautionnés sans s’en rendre compte.]
Un autre élément qui me fait douter fortement du caractère purement Lishma à 100% de l’auteur, est le fait qu’il ne relève que des erreurs «
Lekoula » dans le Sefer de
Rav Falk, et pas les erreurs «
Le’houmra ».
L’auteur critique et démonte plusieurs preuves apportées par
Rav Falk, mais il ne le fait que lorsqu’il s’agît de preuves qui vont dans le sens de la « koula », alors qu’il aurait nécessairement trouvé des preuves de
Rav Falk qui vont dans le sens de la ‘Houmra et qui sont plus que discutables.
Ce choix, cette incapacité de souligner au moins UN égarement Le’houmra, laisse penser que l’auteur n’est pas intentionné Leshem Shamayim.
Il est fréquent qu’un auteur soit axé plus Lekoula ou plus le’houmra qu’un autre, mais il est étrange que la critique ne porte que sur une seule de ces deux catégories, sans exception aucune.
Il est intéressant de souligner qu’il se trouve précisément que c’est
rav Falk en personne, dans le cadre d’une discussion privée, qui m’a transmis cet enseignement pour savoir distinguer entre un auteur qui critique un Sefer de manière « Lishma » et un auteur qui ne serait pas 100% Lishma :
Si les critiques sont toutes axées vers un sens alors qu’il y avait de quoi, au moins une fois, mentionner ne serait-ce qu’un petit désaccord dans le sens inverse, c’est qu’il y a lieu de douter fortement du caractère Lishma de la démarche.
Mais si l’auteur est capable de faire mention d’au moins un petit désaccord dans le sens « inverse » (koula/’houmra), c’est qu’il est intentionné Leshem Shamayim.
Voilà pourquoi j’émets de gros doutes sur la motivation Lishma de la démarche de cet auteur.
S’il cherchait vraiment le Emet, comment se fait-il qu’avec tous les problèmes qu’il a trouvé au livre de
Rav Falk, pas UN seul soit dans le domaine d’une ‘Houmra ? ça laisse penser que la volonté de l’auteur serait juste d’ajouter des ‘houmrot pour se faire remarquer
(en critiquant un Rav au passage) et non de rapprocher les Bnei Israël d’une Avodat Hashem plus convenable.
Pour ma part, je n’ai pas l’ombre d’un doute que
rav Falk était -lui- bien intentionné, il ne méritait donc pas d’être traité de la sorte.
Et je n’ai pas trouvé d’autre « Limoud Zkhout » pour cet auteur, que de dire qu’il a ainsi méprisé un grand Rav par ignorance de sa stature.
(Bien que
Rav Falk soit très connu en Angleterre, en France et en Belgique, c’est beaucoup moins le cas en Israël.)
Mais ce Limoud Zkhout reste très mince et largement insuffisant à mes yeux, car ça ne se fait pas, même pour un rav inconnu.
Et je pense que l’auteur -même s’il reste sur ses positions- devrait demander Me’hila au Rav
(-ce qui est, depuis peu, devenu un peu plus corsé, car le Rav Falk nous a quitté subitement il y a quelques semaines, le 23 Tevet (20 janvier) dernier, comme je l’avais annoncé à l’époque sur Techouvot).
Tout ça pour dire, que le Psak Halakha Lemaassé peut varier d’une communauté à l’autre.
Je ne peux donc pas répondre à votre question, car pour cela il faudrait que je connaisse la situation précise de chacun des futurs lecteurs et leurs familles respectives.
Ce que je peux dire, c’est qu’il faut suivre la halakha, ça c’est valable pour tous.
Et quant à savoir quelles ‘Houmrot adopter, c’est là qu’il est indispensable d’avoir un Rav qui nous connaisse.
Particulièrement dans le domaine de la Tsniout où les abus imposés par des parents qui pensaient naïvement bien faire en imposant strictement toutes les ‘Houmrot de rav Falk, ont entrainé des carnages sur certains de leurs enfants.
Le grand et fameux
Rav Wolbe enseignait avec beaucoup de sagesse qu’
il ne faut pas adopter une ‘Houmra que l’on ne ressent pas.
C-à-d que si l’on ne voit pas comment une ‘houmra nous rapprocherait de D.ieu, si l’on ne voit pas la nécessité de s’ajouter cette ‘houmra, si on ne la « ressent » pas, la prendre sur soit ne sert pas à grand-chose, car elle ne nous rapprochera pas réellement de D.ieu, ça ne sera qu’un geste vide de sens, donc autant s’en tenir à la Halakha stricte.
(J’appelle ici l’attention et le bon sens du lecteur et lui demande de bien noter que
Rav Wolbe ne parle pas ici d’un «
Safek », ni d’une «
halakha », mais d’une «
‘houmra », soyons clairs.)