Je réponds aux deux internautes qui posent la même question:
Citation:
Comment savez vous qu'il est impossible que bilam faisait partie du conseil des sage de Paro?
De différentes manières, mais pour faire simple, je dirais que s’il faisait partie de ce conseil, c’est donc qu’il est (nettement) plus âgé que Moshé Rabénou
(qui n’était pas encore né à ce moment, puisque sa naissance était concernée par ce décret).
Donc lors de la sortie d’Egypte, il avait plus de 80 ans (âge de Moshé à cette date) et comme il a été tué lors de Mil’hemet Midian (à la 39ème année de désert), il aurait donc vécu 119 ans !
(ce qui serait en soi étonnant, même si ça ne déroute pas Nahouto mais passons. Et voyez plus bas.)
Or, la
Gmara (Sanhedrin 106b) nous dit qu’il est mort à 33 ans!… Il serait donc né alors que les Bnei Israel étaient déjà dans le désert et n’a pas pu participer à ce fameux conseil.
Et comment mourir à plus de 119 ans lorsqu'on est mort à 33 ans?
Il y a beaucoup à dire et à redire sur cette preuve, mais sachez que
R. Tsadok Hacohen écrit dans
Ressissei Layla (§44) au nom du
Sefer Hayashar, qu’il parait improbable qu’un tel Rasha ait vécu tant d’années (119 ans)
(pas comme Nahouto) et qu’il faut donc dire qu’il s’agît-là de deux Bilam différents, le second serait le petit-fils du premier.
Cette idée était déjà mentionnée dans le
‘Hezkouni (Shemot I, 9).
Le
Seder Hadorot (I, an 2448), remarquant aussi cette difficulté, dit que c’est un Guilgoul de Bilam…
(apparemment que le second Bilam est un Guilgoul du premier.
Je ne vois pas trop ce qu’il y gagne, dans la mesure où il devra tout de même dire qu’il y avait deux personnes portant toutes les deux ce prénom.
Il pouvait se contenter de dire comme les Rishonim qu’il s’agît de deux Bilam distincts.
Nombreux sont les A'haronim qui soulignent l'excellence du
Seder Hadorot et qui déplorent qu'il ait
-selon eux- "gâché" ce magnifique travail en y parlant trop souvent de Guilgoulim.)
Il faut aussi savoir que la
Gmara (Sotah 11a) déclare que les trois conseillers ayant participé à ce conseil sont Bilam, Iyov et Yitro.
Bilam qui a donné cette mauvaise idée (de tuer les garçons) en a mérité la mort (et a été tué ultérieurement –mil’hemet midian),
Iyov qui s’est tu a été puni par les Yissourin (les fameuses souffrances, les malheurs de Job)
et Yitro qui a fuit (par désaccord) a mérité d’avoir de sa descendance à la Lishkat Hagazit.
Or, sur Iyov aussi c’est problématique, comme le souligne le
‘Hatam Sofer (et voir aussi le
Gaon de Vilna dans Shnot Eliahou et dans Kol Eliahou §45), car nous trouvons dans
Baba Batra (15a) et dans le
Seder Olam que Iyov a vécu depuis l’arrivée des hébreux en Egypte et jusqu’à leur sortie.
Soit en tout 210 ans selon le décompte des ‘Hazal.
Nous savons aussi, ce qui est écrit en fin de
Sefer Iyov, que ce dernier vécut encore 140 ans après ses fameux malheurs.
Il les rencontra donc vers ses 70 ans.
Ce qui nous amène vers la 70ème (ou 71ème) année de présence des hébreux en Egypte.
Cependant, ce conseil se tint après la mort de tous les Shvatim (fils de yaakov) comme rappelé par
Rashi (Shemot VI, 16).
Et Lévi a vécu 137 ans et est entré en Egypte âgé de 44 ans
(Seder Olam), il est donc mort à peu près 93 ans après l’arrivée en Egypte, comment pouvons-nous donc dire que la punition de Iyov est intervenue 23 ans plus tôt ? Il n’avait pas encore fauté par son silence !
Je vous passe les
[tentatives de] réponses que vous trouverez dans le
Rashash (Bereshit raba LVII, 4) et le Kol Eliahou (§45) et même s’il serait préférable de dire comme le
Ressissei Layla (qu’il ne s’agît pas du même Bilam et qu’il y en avait deux, ici aussi, il y aurait deux Iyov), ça commence à faire beaucoup de monde à dédoubler dans cette affaire, ça fait un peu TDI…
Voilà pourquoi je pense que la véritable réponse est un Yessod que nous trouvons chez les Rishonim comme chez les A’haronim :
la Gmara attribue des noms en tant qu’adjectifs.
Lorsqu’on dit que l’un des conseillers était Iyov , ce n’est pas son prénom, mais son qualificatif.
C’est un surnom, on l’appelle Iyov en raison des Yissourin qu’il a rencontrés par la suite.
Pareil pour Bilam, on l’appelle ainsi parce qu’il ressemble à Bilam dans sa volonté de détruire le peuple juif (voir ce que dit le
Maharal sur Memoukhan c’est Haman –
Meguila 12b- qu’il s’agît en fait de deux personnes distinctes mais qui se ressemblent par leur caractère etc…)
Il y a beaucoup à dire sur cette façon de nommer les gens qu’a la Gmara, cela répondra à beaucoup de questions et expliquera beaucoup de bizarreries dans le Talmud, sans avoir à entrer dans des do’hakim auxquels ont parfois recours certains A’haronim désemparés devant des incohérences et anachronismes résultant d’une lecture simple.