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Les pleurs pendant la prière à la synagogue

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Shalo-m ouvrakha Rav Binyamin Wattenberg,

C'est la première fois que j'écris sur Techouvot.

Je suis Bat Noah depuis une vingtaine d'années, en processus de conversion orthodoxe. Mes interrogations portent sur les pleurs spontanés et l'émotivité à la synagogue. Je suis en général une personne très sensible.

Durant la prière et les bénédictions, la lecture de certains versets déclenchent des réactions intenses que je tâche souvent de réprimer.

1) Parce que je ne veux pas être vue dans un état de « faiblesse ».
2) J'essaie de fuir l'ostentation involontaire, je ne veux pas donner l'impression d'être pieuse.
3) J'ai honte d'être entendue par les hommes et manquer ainsi à mon devoir de tsniout.
4) Je crains que mes sanglots soient systématiquement assimilés à du chagrin alors que je ne suis pas triste — au contraire — je pleure d'amour et de joie, de bonheur et de béatitude.
5) Je suis inquiète face aux éventuels jugements et l'incompréhension possible des femmes.

Classiquement, les livres d'éthique exhortent le croyant à maîtriser ses émotions. C'est un devoir d'autant plus présent dans le mouvement du Moussar.

Les aristocrates lituaniens mettaient un point d'honneur à briser leurs pulsions, à maîtriser leurs désirs et à modérer l’expression de leurs sentiments. Rav Dessler, par exemple, démontrait un détachement et une magnanimité à toute épreuve.

Je rêve d’en être capable — au moins en public.

En fait, c'est un dilemme. D'une part, j'aimer faire preuve de discrétion et de retenue dans l'espace communautaire. D'autre part, j'ai tendance à considérer mes épanchements sensibles comme une grâce absolue, un cadeau d'Hachem. La connection peut être si forte. Je le vis comme un privilège. Je ne veux pas devenir ingrate. D'ailleurs quand mon cœur est sec pendant la Tefila, je vois bien que mon esprit vaque aux occupations du monde et la kavana en pâtit. En même temps, lorsque je suis prise par les émanations de ma vie spirituelle, je culpabilise après coup et même sur le moment : punaise, contrôle-toi ! arrête de chialer comme un enfant, sois digne et sobre !

En l'occurrence j'ai trouvé cet article sur le Web:
https://www.torah-box.com/question/pleurer-chabbath_22055.html

Les extraits suivants m'intéressent car ils soulignent l'idiosyncrasie:

Citation:
« D'après rav Israël Salanter, le fondateur du mouvement du moussar (cité dans Kémotsé Chalal Rav), ces deux approches ne sont nullement contradictoires. Le principe de base est que « à Roch Hachana, plus l'homme se soumet à D.ieu, meilleur sera son jugement » (Talmud Roch Hachana 26/b) – la soumission doit primer toute autre considération. Par conséquent, expliquait-il, l'attitude à suivre en ces jours dépend essentiellement de la nature de chacun.

De ce fait, les personnes dotées d'une grande sensibilité, qui ont la larme facile et pleurent à la moindre émotion, doivent s'efforcer de refouler cette sensibilité, comme preuve de soumission.

Rav Yossef Salant (ad loc.) résout cette contradiction d'une manière différente. De fait, personne ne doit s'efforcer de susciter les larmes à Roch Hachana. Au contraire, il convient de se réjouir, comme la Torah nous le demande. Toutefois, si une personne est saisie d'émotion face à la gravité de l'heure au point qu'elle ne peut réprimer ses larmes, la chose est alors permise, voire recommandée.

Nous trouvons une idée similaire dans le Taz (Ora'h 'Haïm 288, 2), sur les lois de Chabbat. Le Rama écrit dans ce passage qu'une personne qui ressent pendant Chabat le besoin de pleurer pour atténuer sa douleur, a le droit de le faire, car ceci constitue une forme de « plaisir ».

Le Taz rapporte à ce propos qu'un Chabat, les disciples de Rabbi Akiva trouvèrent leur maître en train de pleurer à chaudes larmes. À leur étonnement, il répondit que ces pleurs étaient pour lui une réjouissance. C'est-à-dire, explique le Taz, « qu'en raison de la grande proximité que ressentait Rabbi Akiva pour le Saint béni soit-Il, les larmes coulaient chez lui naturellement ».

Cet auteur cite un passage du Zohar 'Hadach, où l'on apprend que lorsque Rabbi Akiva récitait le Cantique des cantiques, il pleurait abondamment, car il en comprenait la signification, « comme c'est le cas chez beaucoup de personnes, lorsqu'elles prient avec dévotion ».

Être en adéquation avec ce que l'on ressent, vivre pleinement sa foi, assumer d'incarner sa dévotion, aimer D-ieu de tout son cœur, de toute son âme, et à travers la totalité de ses moyens, n'est-ce pas un objectif authentique et souhaitable ? Qu'est-ce qui doit primer au juste ? Le regard de la communauté, des standards, ou bien la relation avec Hachem ? Comment oser renier l'union mystique ?
Rav Binyamin Wattenberg
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Shalo-m ouvrakha Rav Binyamin Wattenberg,

C'est la première fois que j'écris sur Techouvot.

Je suis Bat Noah depuis une vingtaine d'années, en processus de conversion orthodoxe. Mes interrogations portent sur les pleurs spontanés et l'émotivité à la synagogue. Je suis en général une personne très sensible.

Durant la prière et les bénédictions, la lecture de certains versets déclenchent des réactions intenses que je tâche souvent de réprimer.

1) Parce que je ne veux pas être vue dans un état de « faiblesse ».
2) J'essaie de fuir l'ostentation involontaire, je ne veux pas donner l'impression d'être pieuse.
3) J'ai honte d'être entendue par les hommes et manquer ainsi à mon devoir de tsniout.
4) Je crains que mes sanglots soient systématiquement assimilés à du chagrin alors que je ne suis pas triste — au contraire — je pleure d'amour et de joie, de bonheur et de béatitude.
5) Je suis inquiète face aux éventuels jugements et l'incompréhension possible des femmes.

Classiquement, les livres d'éthique exhortent le croyant à maîtriser ses émotions. C'est un devoir d'autant plus présent dans le mouvement du Moussar.

Les aristocrates lituaniens mettaient un point d'honneur à briser leurs pulsions, à maîtriser leurs désirs et à modérer l’expression de leurs sentiments. Rav Dessler, par exemple, démontrait un détachement et une magnanimité à toute épreuve.

Je rêve d’en être capable — au moins en public.

En fait, c'est un dilemme. D'une part, j'aimer faire preuve de discrétion et de retenue dans l'espace communautaire. D'autre part, j'ai tendance à considérer mes épanchements sensibles comme une grâce absolue, un cadeau d'Hachem. La connection peut être si forte. Je le vis comme un privilège. Je ne veux pas devenir ingrate. D'ailleurs quand mon cœur est sec pendant la Tefila, je vois bien que mon esprit vaque aux occupations du monde et la kavana en pâtit. En même temps, lorsque je suis prise par les émanations de ma vie spirituelle, je culpabilise après coup et même sur le moment : punaise, contrôle-toi ! arrête de chialer comme un enfant, sois digne et sobre !

En l'occurrence j'ai trouvé cet article sur le Web:
https://www.torah-box.com/question/pleurer-chabbath_22055.html

Les extraits suivants m'intéressent car ils soulignent l'idiosyncrasie:

Citation:
« D'après rav Israël Salanter, le fondateur du mouvement du moussar (cité dans Kémotsé Chalal Rav), ces deux approches ne sont nullement contradictoires. Le principe de base est que « à Roch Hachana, plus l'homme se soumet à D.ieu, meilleur sera son jugement » (Talmud Roch Hachana 26/b) – la soumission doit primer toute autre considération. Par conséquent, expliquait-il, l'attitude à suivre en ces jours dépend essentiellement de la nature de chacun.

De ce fait, les personnes dotées d'une grande sensibilité, qui ont la larme facile et pleurent à la moindre émotion, doivent s'efforcer de refouler cette sensibilité, comme preuve de soumission.

Rav Yossef Salant (ad loc.) résout cette contradiction d'une manière différente. De fait, personne ne doit s'efforcer de susciter les larmes à Roch Hachana. Au contraire, il convient de se réjouir, comme la Torah nous le demande. Toutefois, si une personne est saisie d'émotion face à la gravité de l'heure au point qu'elle ne peut réprimer ses larmes, la chose est alors permise, voire recommandée.

Nous trouvons une idée similaire dans le Taz (Ora'h 'Haïm 288, 2), sur les lois de Chabbat. Le Rama écrit dans ce passage qu'une personne qui ressent pendant Chabat le besoin de pleurer pour atténuer sa douleur, a le droit de le faire, car ceci constitue une forme de « plaisir ».

Le Taz rapporte à ce propos qu'un Chabat, les disciples de Rabbi Akiva trouvèrent leur maître en train de pleurer à chaudes larmes. À leur étonnement, il répondit que ces pleurs étaient pour lui une réjouissance. C'est-à-dire, explique le Taz, « qu'en raison de la grande proximité que ressentait Rabbi Akiva pour le Saint béni soit-Il, les larmes coulaient chez lui naturellement ».

Cet auteur cite un passage du Zohar 'Hadach, où l'on apprend que lorsque Rabbi Akiva récitait le Cantique des cantiques, il pleurait abondamment, car il en comprenait la signification, « comme c'est le cas chez beaucoup de personnes, lorsqu'elles prient avec dévotion ».

Être en adéquation avec ce que l'on ressent, vivre pleinement sa foi, assumer d'incarner sa dévotion, aimer D-ieu de tout son cœur, de toute son âme, et à travers la totalité de ses moyens, n'est-ce pas un objectif authentique et souhaitable ? Qu'est-ce qui doit primer au juste ? Le regard de la communauté, des standards, ou bien la relation avec Hachem ? Comment oser renier l'union mystique ?



Je cite:
Citation:
C'est la première fois que j'écris sur Techouvot.


Bienvenue sur ce site, mais tentez tout de même d’être plus concise dans vos questions.
Plus le texte de la question est long, plus l’attente avant d’avoir une réponse risque d’être longue.


Citation:
En fait, c’est un dilemme. D’une part, dans l’espace communautaire j’aimerais faire preuve de discrétion et de retenue. D’autre part, j’ai tendance à considérer mes épanchements sensibles comme une grâce absolue, un cadeau d’Hachem. La connection peut être si forte. Je le vis comme un privilège. Je ne veux pas devenir ingrate.


Vous n’êtes pas la première à vous poser cette question, il y a près de 2000 ans déjà, un sage du Talmud nommé Rabbi Akiva, confronté à ce dilemme, nous indiquait sa solution par son comportement (Talmud Brakhot 31a et Midrash Tan’houma ‘Hayei Sarah §5) :
lorsqu’il priait en public, à la synagogue, il restait totalement discret et ne différait pas des autres, tandis que lorsqu’il priait à la maison, seul, il laissait son cœur se « déchainer » et son corps s’adapter à son ressenti élevé de Dveikout.

C’est le compromis qui permet de concilier ces deux nécessités.

Citation:
D’ailleurs quand mon cœur est sec pendant la tfila, je vois bien que mon esprit vaque aux occupations du monde et la kavana en pâtit. En même temps, lorsque je suis prise par les émanations de ma vie spirituelle, je culpabilise après coup et même sur le moment : punaise, contrôle-toi ! arrête de chialer comme un enfant, sois digne et sobre !


Je pense que le compromis indiqué par R. Akiva est excellent, plein de sagesse, et porteur de fruits.
Je veux dire que se « donner en spectacle » en public, entrainera que -finalement- le lien perçu et ressenti lors des « transes » apportera à la personne moins de proximité avec D.ieu que si elle s’était retenue en public pour ne « s’exprimer » qu’en privé. Là, le lien sera plus authentique et profond.

Après, concernant la difficulté de rester bien concentré pendant la prière, elle n’est pas nouvelle et est déjà soulignée dans le Talmud (Baba Batra 164b) comme étant quasi-insurmontable de manière parfaite.

C'est un combat de tous les jours.
Le but n'étant pas forcément de gagner, mais de combattre convenablement.
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