Question
Bonjour. Éventuellement Rav Brand aurait il un éclairage sur la manière dont est traitée Rivka dans la Torah.
En effet sa date de décès n'est même pas mentionnée, contrairement à tous les autres avot et imaot. Le Rachi sur place est surprenant (perek 35 passouk 8) : "le texte a dissimulé la date de sa mort pour qu'on en vienne pas a maudire le ventre qui a donné naissance à Essav".
Or Rivka s'est toujours opposé à Essav! De plus, Yisthak aussi est responsable de son fils Essav. Et enfin, Rivka a aussi donné naissance à Yaakov, ce n'était pas que la mère d'un Racha. Il semble vraiment injuste de ne pas lui rendre l'honneur qui lui est du, ne serait ce qu'en mentionnant les années de sa vie.
(L'explication du Ramban disant qu'on ne mentionne pas sa mort parce qu'elle a été enterrée dans des circonstances tragiques ne suffit pas non plus. Non seulement Rivka n'a pas été enterrée dignement mais en plus la Torah ne mentionne pas sa mort !)
Je vous remercie par avance.
Réponse
La Thora respecte la volonté des Tzadikim. Selon Rachi, Rivka ne voulait pas que les gens sachent qu’elle est morte. Contrairement à Sara qui fut honorée devant les bne Het par la présence et l’oraison funèbre d’Avraham, les gens qui auraient eu vent de la mort de Rivka l’aurait maudit pour être la mère de Al Capone alias Essav. Cela ressemble au cas du talmid Haham devant qui on doit se lever, mais si ce geste n’apporte pas d’honneur mais pourrait plutôt l’indisposer, on s’abstient. Pour cela, on ne se lève pas devant lui lorsqu’il entre aux toilettes ou qu’il est au bain (Yoré Déa 244, 4).
Quant à Itzhak, les gens ne le maudissaient pas à sa mort. Tout le monde savait que Avraham et Sara étaient des tzadikim et ce ne sont pas les gènes d’Itzhak qui avait faisaient agir Essav de la sorte, mais plutôt Rivka, la fille et la sœur de deux truands... d’autant plus que Essav avait assisté à l’enterrement de son père (Beréchit, 36, 29) et les gens avaient peur de parler mal d’Essav en sa présence.
Quant au Ramban il ne dit pas autre chose. Vu que ni Yaacov ni Essav n’avaient assisté à son enterrement, la Thora aurait dû écrire que les gens de Bne Het l’avaient enterré, ce qui n’est pas très honorable. Le Ramban fait d’ailleurs la remarque que la mort et l’enterrement de Léa ne figure non plus dans la Thora. En fait il y a une règle : derrière chaque homme exceptionnel se trouvent une mère et une femme exceptionnelles, qui, par pudeur, n’aiment pas se mettre en avant. Mais à la fin de Michlé, Chlomo consacre un chant, Echet hail, à la gloire de sa mère et de toutes les femmes juives pieuses, qui termine ainsi : « Ses fils se lèvent et la disent : heureuse, et son mari se lève et lui donne des louanges ; beaucoup des filles ont une conduite vertueuse mais toi, tu les surpasses toutes. La grâce est trompeuse et la beauté est vaine, la femme qui craint D-ieu est celle qui sera louée. Récompensez-la du fruit de son travail et aux portes [de la tombe et du Gan Eden] ses œuvres seront loués ». Celle qui ne sera pas louée correctement ici-bas, le sera en haut.
