@ Joël et M.O.
Joël a écrit :
"Dans ma classe, les filles étaient plus nombreuses que les garçons (un exploit). Le meilleur de la classe était … une fille, elle a, par la suite, intégré Ecole Polytechnique."
"Si les femmes ont moins de Nobel que les hommes c'est :
parce qu'elles n'ont pas eu accès à l'enseignement supérieur,
parce qu'elles ont souhaité s'occuper de leurs enfants/famille,
et surement pas parce qu'elles sont moins intelligentes que les hommes."
M.O. a approuvé :
"Votre critique du féminisme est très faible et vos preuves sont plus que douteuses (…) Je pense que Joel vous a bien répondu."
Pomme répond :
1) Vous avez tout à fait raison en avançant l'idée que si les femmes étaient intellectuellement moins productives par le passé, ceci est amputable au fait qu'elles n'avaient pas accès au savoir autant que les hommes.
Mais par contre, si cela devait être la seule raison de leur manque de présence au Nobel, nous aurions dû remarquer une augmentation progressive sur l'échelle du temps de cette productivité, relative à l'ouverture progressive des femmes aux études supérieures. Car bien que, comme vous le rappelez, dans les pays du Maghreb les femmes étaient au début du XXème siècle, totalement privées de l'accès aux études, la situation dans les pays occidentaux (d'où les Nobels proviennent, en général) était à l'époque déjà bien différente, et n'a fait que s'améliorer avec le temps. Or les pourcentages observés ne reflètent pas du tout ce changement.
Pour dire vrai, cette progression a oui fait ses effets, sur le prix Nobel de "physiologie ou médecine" (remporté pour la première fois par une femme en 1947, puis de nouveau en 77, 83, 86, 88, 95, 2004, 08, et enfin en 2009 par deux femmes). On peut en effet y voir la trace de ce que vous dites.
Par contre pour ce qui est des Nobels de physique (1903 et 1963), et de chimie (1911, 35, 64 et 2009), les données sont beaucoup trop radicales et contradictoires pour pouvoir se reposer sur ce que vous dites. Ici même la trace de votre argument n'apparait plus. Or ce phénomène doit être expliqué.
La différence observée d'une discipline à l'autre nécessite, elle aussi, d'être expliquée.
2) Vous dites donc que vous aviez en classe des filles intelligentes ; et bien sûr, j'en connais moi aussi dont l'intelligence ferait pâlir plus d'un homme. La question n'est pas là.
Je n'ai pas dit, ni cherché à dire, que les femmes sont moins "intelligentes" que les hommes.
L'adjectif est très mal approprié.
La question qui se pose ici est de savoir s'il existe une différence de nature entre les hommes et les femmes qui n'influencerait pas seulement sur leur morphologie, ou sur leurs capacités gymniques, mais aussi sur leur intellect.
Cette différence ne doit pas nécessairement s'observer au désavantage d'un des deux sexes. Tout dépend des domaines. Mais comprenez que pour souligner une "différence" au niveau intellectuel je n'avais d'autre choix que de donner des exemples où celle-ci est très nette, donc des exemples de "supériorité". Si j'avais au contraire voulu souligner, par exemple, les nuances de style littéraire que l'on constate entre les œuvres masculines et féminines, pas grand monde aurait vu de quoi je parle, et je n'aurais de plus rien pu répondre à d'éventuelles contradictions. Il est pratiquement impossible de "prouver" une nuance à qui ne veut pas la voir. J'ai donc opté pour des exemples "piquants", comme "le Nobel" ou "les grands philosophes". Ce simplement pour rendre mes propos plus palpables.
Mais je ne cherche au fond qu'à souligner le fait que les femmes et les hommes sont essentiellement – et pas accidentellement – différents.
Que leur nature diffère.
3) Pour expliquer le sens de ma démarche prenons un exemple qui n'a rien à voir avec le féminisme :
"Le Tabac tue" est une phrase que vous avez certainement déjà du entendre. Et en effet on vous dira, où que vous alliez, que fumer est mauvais pour la santé.
Pourtant il existe des personnes qui fument et vivent longtemps et en bonne santé. Pas tous les fumeurs "toussent" ou souffrent de leur habitude. Le tabac n'est donc pas systématiquement cause de morbidité.
Alors le tabac tue ou pas ?
A se fier à la campagne du ministère de la santé en France en 2007, qui avait pour slogan "Le tabac tue un fumeur sur deux.", il faut croire qu'un fumeur sur deux n'en meurt donc pas… Comment dès lors pense-t-on que le tabac tue ?
La question n'en est peut-être pas une, mais il faut savoir en articuler le pourquoi.
Pourquoi le tabac tue-t-il parfois, et parfois non ? Et de plus, à partir du moment où nous savons qu'il ne tue pas systématiquement, à quoi correspond "l'affirmation" qu'il tue ?
L'explication de ce "mystère" est que la Nature n'a pas qu'une seule dimension.
On ne peut pas dire du tabac qu'il tue comme le fait la lame d'un couteau. Par contre on dira qu'il influence négativement sur l'état de santé du fumeur.
Mais, étant donné que dans cette santé d'autres paramètres entrent en jeu, comme par exemple la dynamique du système immunitaire propre au fumeur, son patrimoine génétique, sa nutrition, les effets de ses activités sur son métabolisme etc., il arrive que les effets du tabac se trouvent contrés par toutes ces données (et peut être encore bien d'autres qui échappent aujourd'hui encore à la médecine), et que le fumeur reste alors en bonne santé, malgré son tabagisme.
Si vous le voulez on peut, pour illustrer cette idée, la comparer aux additions vectorielles.
Un vecteur (a,b) qui a donc pour fonction de "transporter" du point a au point b, lorsqu'on l'additionne à d'autres vecteurs, on peut aboutir sur un résultat complètement différent de l'orientation de (a,b).
Bien que le vecteur (a,b) soit tout à fait "présent dans l'addition", le résultat parait pourtant ne pas l'avoir pris en considération, puisque celui-ci affiche un nouveau vecteur de taille et de direction "sans aucun rapport avec ceux de (a,b)".
En fait il fait bien partie de l'addition, mais les autres vecteurs l'ont "emporté" par rapport à lui.
Pareil pour le tabac. Oui le tabac tue, c’est-à-dire que c'est un vecteur (au sens donc mathématique ou physique du terme) qui mène vers la morbidité et la mort. Mais une fois additionné aux autres "vecteurs" présents dans la Nature, son influence peut ne plus vraiment apparaitre, bien qu'elle existe.
Comment alors parvient-on à détecter la gravité de ce "vecteur", puisqu'il est systématiquement noyé dans d'autres vecteurs ?
Il faut pour cela faire une étude à très grande échelle. En considérant par exemple la population française dans son ensemble. C'est une façon d'annuler les autres vecteurs (puisque ceux-ci diffèrent d'une personne à l'autre, la seule constante qui subsiste est alors le tabagisme, et ce sont donc les effets qui lui sont relatifs qu'il nous est enfin donné d'observer).
Après ces études il a été possible d'arriver à la conclusion que "le tabac tue", et de comprendre que si une personne sur deux n'en meurt pas, cela n'est en rien une contradiction au fait que le tabac est nocif pour la santé.
3) L'idée est la même concernant les différences entre homme et femme. Lorsqu'on affirme que leur nature est différente cela ne veut pas dire que l'un est une "chaussure" et l'autre est une "orange". Cela signifie juste que dans la composition de la nature de l'homme un vecteur (dans le sens que nous venons d'utiliser) "masculin" s'introduit, et que dans celle de la femme s'introduit un vecteur "féminin".
C'est ce qui explique par exemple pourquoi les hommes sont en général plus musclés que les femmes, sans que cela n'empêche qu'il y ait certaines femmes bien plus musclées que certains hommes.
La musculation fait apparemment partie de l'orientation que le vecteur masculin donne à la créature. Mais la Nature ne s'arrête pas là. D'autres données entrent dans la formation de l'être ; celles-ci peuvent parfois changer le résultat du tout au tout.
Ce que j''affirme c'est uniquement que ces "vecteurs" masculin et féminin, ont également leur influence au niveau intellectuel. (Il serait grossier de parler ici de supériorité d'un des deux sexes. Il convient mieux de parler d'aptitudes différentes en fonction des domaines.)
Et puisque pour détecter la présence de ces vecteurs il faut beaucoup de recul (comme pour le tabac). Je trouvais donc que le Nobel, distribué à l'échelle mondiale, et ce depuis plus d'un siècle, était assez représentatif.
Je n'imagine pas pour autant que le Nobel soit le seul moyen de prendre le pouls de la société. C'était juste une façon pour moi d'afficher des chiffres indiscutables, parce que vérifiables.
Bien sûr, si je le pouvais j'aurais volontiers analysé l'ensemble des productions intellectuelles masculines et féminines, à la lumière des différences de style, de rigueur, de souplesse d'esprit, d'inventivité, et encore bien d'autres paramètres, pour mettre ces vecteurs à jour. Mais ceci est dans la pratique irréalisable.
Quoi qu'il en soit, soyez convaincus que ce n'est pas en prenant conscience des statistiques de ce prix que j'ai "découvert" qu'il existait une différence au niveau intellectuel entre les hommes et les femmes… Ceci me parait être une évidence pour toute personne qui sait ouvrir les yeux.
Cependant je le répète, il ne s'agit pas pour moi de dire que "les hommes sont plus intelligents que les femmes". Il faut apposer à cette phrase deux rectifications :
a) Tout dépend des domaines. Au Nobel de physique et chimie on constate une supériorité masculine, dans d'autres domaines il pourrait absolument y avoir égalité ou bien supériorité féminine.
b) Il s'agit d'une différence au niveau de la nature générale, pas au niveau des éléments lorsqu'ils sont considérés individuellement.
Donc :
a) Il est tout à fait probable que la "première de la classe", même en physique, soit une fille. Comme je l'ai dit le problème n'est pas un problème d'intelligence.
Et je pense même au contraire que la nature féminine se prête plus à être "bonne élève" que celle de l'homme. Le côté par exemple méticuleux et suivi que comporte le "vecteur" féminin, lui donne ici un avantage certain.
b) Il est absolument possible de trouver certaines femmes qui dépassent l'écrasante majorité des hommes même en physique (Marie Curie et sa fille en sont de parfaits exemples), parce que les autres éléments qui composent leur nature propre les y conduisent, et ce malgré la présence en elles du vecteur féminin (ou l'absence du vecteur masculin).
4) Voilà pour répondre aux remarques de Joël et M.O. qui semblaient penser qu'il n'existe pas de différence au niveau intellectuel entre les deux sexes.
M.O. concluait :
"J'avoue ne pas connaître le nom d'un seul scientifique/psychologue qui défendrait votre thèse selon laquelle les femmes ont des capacités intellectuelles différentes (inférieures ?) de celles des hommes..."
Il faut alors croire que vous n'avez jamais lu Freud…
Mais de toutes les façons je pense que la meilleure preuve à "ma thèse" provient des féministes eux-mêmes, qui s'évertuent à élaborer une "théorie du genre" pour expliquer que les différences intellectuelles, que l'on constate entre les deux sexes, pourrait ne pas dépendre de leur nature, mais du contexte social dans lequel ils évoluent.
"Même eux" se sont fait à l'idée que cette différence existe bien.
Simone de Beauvoir disait "On ne nait pas femme, on le devient." Elle avait donc bien en vue que dans la pratique une femme et un homme sont deux choses.
Alors, me dira-t-on, et la théorie du genre puisque vous l'évoquez, qu'en dites-vous ? Aujourd'hui au programme dans les écoles, ce n'est pas rien !
Je pense que ceux que cela intéresse trouverons la réponse à cette question dans le message suivant, que j'adresse à LBH.
Dernière édition par pomme le Ven 17 Juin 2011, 8:46; édité 1 fois