Je suis toujours désolé de mon retard, mais certains évènements ne me permettent pas la régularité à laquelle je tentais jadis de m’astreindre.
Navré.
Comme les remarques vont un peu dans le même sens, j’y réponds en un seul message car certaines choses que j’écris à l’un pourraient aussi intéresser l’autre.
Je commence par le dernier, je cite Kikouze :
Oui, je suis désolé, je suis en retard, mais je vais tenter de me rattraper en n’étant pas radin en paroles afin de répondre en détail.
A Bluxor :
Citation:
quel est donc le nom de ce cardinal qui hébergeait Rav Tishbi ?
Le cardinal se nommait :
Gilles de Viterbe ou
Egidio da Viterbo, dit
Petrus Egidius, né en 1465-9 (à Viterbe) et décédé en 1532.
Il était ami de
Reuchlin et de
Pic de la Mirandole, hébraïsants, « kabbalistes » et judéophiles comme lui.
Par contre l’empereur
Antonin que vous baptisez «
le pieux », n’est pas forcément le bon.
Selon certains il s’agît en fait de
Marc Aurèle (
Marcus Aurelius Antoninus Augustus) qui était aussi un empereur de la dynastie des Antonins.
(Adopté par
Antonin le pieux et qui lui succéda avec
Lucius Verus).
C’était un prénom à la mode à l’époque.
Et plus tard encore, car c’était aussi celui du père de notre cardinal
da Viterbo (qui lui-même était plutôt augustin !), d’où l’appellation
Egidio Antonino da Viterbo.
Certaines preuves pour identifier
Marc Aurèle comme l’
Antonin de
Rabbi se reposent sur ses écrits.
Il est vrai que ses «
Pensées à moi-même » ne sont pas sans rappeler le livre de
Mishlé ainsi que plusieurs adages rabbiniques.
[Si l’on admet qu’il se soit secrètement converti, on aura du mal à expliquer de nombreux passages (des dizaines !) de ses pensées desquels il ressort qu’il était polythéiste convaincu, à moins d’imaginer qu’ils soient antérieurs à une éventuelle conversion et qu’il n’ait pas pensé les corriger, ayant perdu son Tipp-ex…].
D’autre part, les dates (de
Marc Aurèle) correspondent mieux avec
Rabbi Y. Anassi.
(Même si en fait , même
Marc Aurèle est mort un peu trop tôt, une quinzaine d’années supplémentaires de vie aurait simplifié bien des calculs.)
Nous avons aussi certaines informations
(Avoda Zara 10a) sur le prénom du fils de l’
Antonin concerné qui donnent une préférence pour
Antonin le pieux, mais d’autres textes (
Otiot derabbi Akiva ot zaïn, dans
Otsar Amidrashim p. 415) concernant le père de l’
Antonin indiquent plutôt
Marc Aurèle… Mais il n’est pas exclu qu’il s’agisse de deux Antonins différents.
A Ronydenyro:
Je vous cite :
Citation:
J'imagine que s'ils n'ont pas interdit de manger avec le goy c'est par rapport au fait de Rov tsibour eino yahol laamod bo.
Moi je ne l’imagine pas car c’est le cas de l’huile comme vous semblez le savoir.
Nous constatons qu’au départ les ‘ha’hamim ont interdit ce qui leur semblait « dangereux » puis se rendant compte que c’était trop difficile à respecter, ils ont allégé le décret.
Il semble donc qu’interdire totalement de manger avec un non juif n’a jamais été envisagé –même au moment où ils envisageaient des choses difficilement supportables –comme l’huile.
(je sais que vous pourriez rétorquer que l’on peut encore dire que le fait de manger avec un non juif n’a pas été envisagé étant encore plus difficile à respecter, alors que l’huile était au moins envisageable au début.
Mais en y réfléchissant vous trouverez des objections à cela, que je préfère ne pas détailler ici afin d’éviter les débats sans fin.
Sans parler du fait qu’à mon sens un interdit de manger avec un non juif est PLUS FACILEMENT respectable que l’interdit de consommer leur huile même seul chez soi.)
Citation:
j'ai l'impression que quiconque lit les raisons pour lesquelles les gzerot ARHAKA du goy ont été faites, comprendra que hahamim voulaient nous éloigner au max du goy
Quant à moi, j’ai l’impression que quiconque lit ces raisons n’en arrive pas à cette conclusion.
Dois-je vous rappeler que « ces raisons » sont « mishoum ‘hatnout », c’est-à-dire pour éviter que nos enfants en viennent à se marier ensemble.
Si les Sages ont exprimé l’idée sous cette forme (= de peur que nos enfants se marient ensemble) et non en disant « de peur qu’on devienne amis avec des goyim
(–‘has veshalom !)» c’est qu’ils ne cherchaient pas nécessairement à
« nous éloigner au max du goy » comme vous le dites.
Savez-vous que
Raban Yo’hanan Ben Zakaï disait toujours bonjour en premier, même à un non juif dans la rue.
Si les Sages voulaient nous éloigner « au max », c’est bien là un mauvais exemple que le
Talmud (Bra’hot 17a) nous indique.
Notez aussi au passage que, selon vous,
Rabbi Yehouda Anassi et les autres rabanim concernés se seraient mal comporté (en mangeant ou copinant avec un non juif).
Je trouve ça un peu difficile à admettre, les ‘Hazal auraient pu nous le préciser.
Citation:
Mais pour ma part il est évident qu'il est préférable de ne pas se rapprocher de lui même lors d'un repas cachere!!!
Donc c’est clair, pour vous
Rabbi Yehouda Anassi n’aurait pas dû se permettre de manger avec un non juif.
Nous savions déjà que le
Rav était en ma’hloket avec
RobertD, le voici en ma’hloket avec vous aussi, la partie s’annonce difficile pour ce pauvre
Rabbi.
Pourriez-vous tenter une explication de ce dégoût qu’auraient -selon vous- les ‘Hazal d’un non juif qui se comporte parfaitement bien (car c’est bien de cela que nous parlions, un gentil goy, honnête et irréprochable) ?
Est-ce racial ?
Génétique ?
Doit-on comprendre que le non juif n’est pas créé à l’image de D… ?
D’un autre côté, je vous « cautionne » totalement si vous parlez d’une situation où le fait de manger avec un non juif vous éloignera de D…, comme je l’écrivais plus haut, cette situation est à éviter.
Je ne fais que dire que ça n’entre pas dans les interdits prononcés et que ça n’en a pas la valeur.
Autrement dit : Ala’hiquement –stricto sensu- c’est PERMIS, mais d’autres facteurs peuvent bien entendu jouer, comme celui de l’éloignement de D… s’il est applicable.
En fait, ce que je dis -si vous voulez le voir d’un «autre côté »- c’est que manger avec un non juif n’est pas
obligatoirement un facteur éloignant de D…
Si la totalité des non juifs que vous connaissez ne sont pas recommandables, cela ne suffit pas encore pour décréter que cela concerne la totalité des non juifs.
Nous autres juifs avons assez souffert de ce genre d’amalgames pour ne pas avoir le réflexe de garder la tête claire.
Il peut y avoir deux raisons pour que les Sages décident de nous éloigner des non juifs ;
soit de peur d’en venir à nous marier avec eux (ce qui demeure interdit même s’il s’agît de très grands tsadikim ‘hassidei oumot aolam) ,
soit de peur d’en venir à imiter leurs mauvaises actions.
Cette deuxième raison n’est applicable que vis-à-vis d’un non juif qui se comporte mal ; si c’est un tsadik, pas d’inquiétude.
La première est applicable systématiquement mais les Sages considèrent que certains interdits suffisent pour nous rappeler à l’ordre et ne pas oublier que nous pouvons être amis mais pas nous marier ensemble.
Nous ne pouvons pas inventer nous même une interdiction de manger ensemble « de peur d’en venir à nous marier ensemble » si les Sages ne l’ont pas créé.
Chacun peut s’imposer les barrières qu’il juge nécessaire en fonction de son niveau et de sa connaissance de soi, mais l’imposer aux autres, impossible de nos jours sans le Sanhedrin ou l’accord de tous les Sages réunis.
A Kikouze :
Je vous cite
Citation:
Cher Rav merci pour vos réponses claires et riches, mais je ne suis pas totalement d'accord avec vous sur la preuve que vous ramenez de rabbi Yehouda .
Premièrement … c'est très possible qu'ils aient du faire profile bas… plutôt utile pour notre chalom en exile.
Je comprends votre remarque.
Je serai tenté de commencer par vous répondre que nous aussi avons besoin d’être en shalom en exil, mais il est vrai que le besoin était peut-être plus
impérieux sous domination
impériale.
En tous cas, il est clair que la situation des juifs sous cet
Empire était
pire que la nôtre (à l’époque de
R.Y. Anassi) et risquait aussi d’
empirer.
Mais je ne crois pas que ce
Rabbi agissait sous la crainte, son amitié avec
Antonin était sincère et si vous aviez essayé de voir par vous-même les sources que j’indiquais, vous auriez vu que cela ne semblait pas du tout être une dérogation particulière pour raisons politiques.
Aussi, si c’était le cas, les Sages n’auraient certainement pas manqué de nous le signaler.
Ils ne se seraient jamais permis d’écrire qu’un Rav mangeait avec des goyim s’il y a réellement un interdit à cela sans préciser que ça lui était permis par dérogation pour raisons politiques.
Les Sages l’ont bien précisé dans différents endroits comme dans
Baba Kama (83a) où l’on précise que les ‘ha’hamim ont permis à
Avtulmus Bar Reouven de se faire une coupe de cheveux « à la mode des Goyim » (
lessaper koumi), ils ont aussi permis à la famille de
Raban Gamliel (famille du Nassi -pour des raisons politiques «
mipné shékrovim lemal’hout ») de parler en « langue de ‘ho’hma yevanit » [qui était déjà interdite par décret rabbinique]
(ce qui ne veut pas dire causer le grec, voir
Rashi et voir aussi
Rivash (§45).
Cependant il faudra remarquer la différence de guirsa entre
Baba Kama 83a et
Sota 49b, en saisir la subtilité, puis voir le
Méiri dans ces deux endroits).
Or,
Rabbi Yehouda Anassi était aussi de cette famille, il était lui aussi Nassi, donc les Sages auraient certainement ajouté à la liste des dérogations la permission de manger avec un non juif, mais nous n’en trouvons aucune trace…
D’autre part, puisque ce
Rav n’est pas le seul, le fait que
Rav Eliahou Ba’hour (par exemple) l’ait aussi fait (en habitant 13 ans chez le cardinal
Gilles de Viterbe auquel il enseigna l’hébreu, comme il l’enseigna à plusieurs autres non juifs dont
Sebastian Münster) alors qu’il n’y était pas contraint du tout, prouve que n’est pas une entorse à la religion pour raison de danger ou de shalom avec les non juifs.
(Au passage, puisque nous parlons de
Rav Elia Ba’hour et que nous parlions plus haut de la fondation de la ville de
Tibériade, je mentionnerai que
Rav Eliahou Ba’hour pensait que c’était
Tibère lui-même qui avait créé cette ville –et non
Hérode.
Mais le témoignage (cité plus haut) de
Flavius Josèphe –qu’il ignorait vraisemblablement- a plus de valeur de par sa proximité dans le temps et dans l’espace.
Voyez ce qu’écrit le
Rav E. Ba’hour à l’un de ses élèves –
Münster- dans une lettre imprimée en 1894 dans le recueil nommé «
Miguinzei Israel » de
Goldblum, page 38.
Münster lui-même a imprimé cette lettre sous le nom de
Mi’htav Meeliahou dans sa
préface au commentaire du Radak sur Amos qu’il a publié en 1531).
Citation:
Deuxièmement, le fait que rabbi hakadosh mange avec des goyim ne peut pas nous permette de manger nous aussi avec eux , … nous sommes infiniment plus faibles que rabbi hakadosh
C’est bien ce que je précisais ; si quelqu’un a l’impression que manger son casse-croûte à proximité d’un non juif va l’éloigner de D… (que le fautif soit l’un ou l’autre), il devra évidemment s’en abstenir.
Je ne fais QUE dire qu’il n’y a pas d’INTERDIT répertorié comme l’interdit du vin ou du lait.
C’était pourtant très clair dans mon premier message, je me cite :
«
Si vous ressentez que manger avec vos collègues de travail vous éloigne de D… d’une quelconque manière, c’est qu’ils sont peut-être à inscrire dans le groupe de ceux qui ne respectent pas assez la sainteté, ou bien, si le problème vient de vous (par exemple : si vous avez honte de faire la bra’ha en leur présence), vous comprenez de vous-même qu’il faudra éviter cette situation ».
Lorsque j’écrivais à
RobertD que je respecte son point de vue –et cela vous concerne aussi bien entendu- je voulais dire que je peux comprendre que certaines personnes, s’étant fragilisées spirituellement, préfèrent éviter tout contact avec des non juifs, je ne pense pas que ce soit la volonté de D… (que nous soyons renfermés sur nous même à ce point) mais je sais qu’il existe des situations qui entrainent des restrictions indispensables.
C’est pourquoi, si quelqu’un pense qu’il n’y a pas d’interdit ala’hique mais qu’il préfère s’en abstenir car se connaissant il craint une influence néfaste, je l’en félicite (-pas d’en être arrivé là, mais de reconnaitre ses faiblesses sans orgueil).
Par contre, s’il veut interdire (=aux autres aussi) les relations amicales avec les non juifs (comme la tendance de certains ‘hassidim qui tiennent en haut dégoût tout ce qui est non juif), je ne suis pas d’accord avec lui (et
Rabbi Yehouda Anassi non plus).
Il y a une tendance d’origine plutôt ‘hassidique (qui a largement déteint sur le monde lituanien, puis maghrébin et juif en général) de mépriser le non juif sans tenir compte de son niveau de rou’hniout.
Je considère cette ashkafa comme inadaptée à la réalité dans laquelle nous vivons, elle est née dans les campagnes polonaises (et des alentours) où les seuls non juifs que l’on voyait étaient souvent des paysans barbares voleurs menteurs ivrognes et analphabètes qui n’obéissaient qu’à la loi du plus fort.
Forcément leur compagnie était à éviter.
Mon Grand-Père (qui est né et a vécu ses premières décennies en Pologne) m’a expliqué que ce « dégoût du goy » que l’on peut retrouver dans certaines mentalités n’est pas applicable aujourd’hui où l’on vit parmi des « goyim civilisés », mais trouvait naturellement sa place dans les petits villages polonais où l’analphabétisme et l’antisémitisme local ne permettait presque pas au non juif d’être -si ce n’est sympathique- au moins « calme » avec les juifs voisins.
Mais les non juifs qui étaient amenés à travailler avec des juifs ou à vivre parmi eux, étaient souvent considérés –pour peu qu’ils parlassent Yiddish- comme des demi-juifs et admis très gentiment, voire même invités le shabbat.
Mon Grand-Père m’a raconté que son propre père avait invité pour un repas de vendredi soir un non juif qui travaillait chez les juifs, je lui ai demandé comment était-ce possible dans ce climat d’antisémitisme et il m’a répondu que celui-là était gentil, qu’il était « des nôtres », qu’il parlait yiddish et que c’était donc « A halbe yid » !
Citation:
les goyim à l'époque étaient je pense aussi beaucoup plus évolué qu'aujourd'hui ( bien qu'au niveau de la touma les romains n'étaient pas des petits saints)
Alors là, vous m’en bouchez un coin !
En quoi les goyim de l’époque étaient-ils « beaucoup plus évolués qu[e les goyim européens d]’aujourd’hui » ?
Même si l’Empire romain était un progrès énorme pour l’époque (pour son organisation et sa Pax Romana), ce n’était pas au niveau éthique ou moral.
Vous savez certainement que le niveau spirituel de ces gens était terriblement dégradé, c’était vraiment l’orgie –et c’est le cas de le dire. (que ce soit chez les grecs ou chez les romains.)
Les 3 « péchés capitaux » de Avoda Zara, Guilouy arayot et Shfi’hout damim étaient pratiquement « efker » dans ces sociétés romaines, c’était admis sans honte !
(>Shfi’hout damim avec les gladiateurs)
Honte à une telle société [qui aurait dû avoir honte de ne pas –au moins- avoir honte] !
Nous ne sommes peut-être pas entourés de saints, mais il y a tout de même une certaine différence, Barou’h Ashem.
Citation:
Existe t il des preuves que les tanaim mangeaient de leur plein grès avec des goyim?
Autant que ce qu’il existe de preuves que les Tanaïm parlaient à des goyim de leur plein gré.
Nous trouvons qu’ils leur parlaient et nous ne trouvons aucune source indiquant que c’était seulement sous la torture.
Conclusion: c’était de plein gré jusqu’à preuve du contraire.
Mais si cela ne vous suffit pas, je vous renverrai vers les autres rabanim qui vivaient à des époques où le joug romain avait totalement disparu.
Le
Rav Eliahou Ba’hour est un bon exemple car vous aurez du mal à imaginer que c’était sous la torture qu’il est resté habité chez son cardinal pendant 13 ans.
Mais que vous me demandiez des tanaïm ou autres rabanim qui le faisaient (de leur plein gré) n’avancera à rien si vous comptez me répondre par la suite que seuls eux pouvaient mais pas nous car «
nous sommes infiniment plus faibles que rabbi » untel.
Enfin, puisque vous le demandez gentiment, je vous proposerai une preuve qu’un sage du
Talmud ne s’interdisait pas de partager sa table avec un non juif, ça va même plus loin car il s’agît de boire du vin (mevoushal) ensemble !
Le grand Amora
Shmouel (l’ami de
Rav et le maître de
Rav Yehouda et d’autres) avait un ami non juif nommé
Avlet (Shabbat 156b) qui était astrologue (cf.
Rashi ad loc.).
Ils se sont une fois attablé ensemble et lorsqu’on leur servit le vin,
Avlet étant respectueux et connaissant les ala’hot, retira ses mains de peur de toucher le vin et l’interdire à
Shmouel par son contact.
Alors
Shmouel lui dit qu’il n’y avait pas de problème pour ce coup car il s’agît de vin cuit (mevoushal).
C’est ce que nous raconte le
Talmud (Avoda Zara 30a).
A partir de là, je vous demande : s’il y avait un quelconque problème intrinsèquement lié au fait de partager son repas (ou ici, sa boisson) avec le non juif, même en supposant que
Shmouel y était contraint par je ne sais quel moyen magique (dont le
Talmud n’aurait rien dévoilé pour des raisons mystérieuses ou kabbalistiques), pourquoi
Shmouel s’est-il avancé pour lui expliquer une nouvelle ala’ha selon laquelle il peut boire avec lui de ce vin puisque mevoushal ?
Shmouel aurait dû profiter de l’occasion pour éviter de partager sa boisson avec ce non juif !
Nous constatons donc que
Shmouel était volontairement prêt à boire en compagnie de son ami
Avlet de plein gré.
D’autre part vous n’ignorez certainement pas la
Gmara dans
Betsa (21b) (retenue dans la ala’ha) qui annonce clairement que l’on peut inviter un non juif à manger chez soi le shabbat « mezamnin et ano’hri beshabat »
(mais pas à yomtov à cause de la gzeira de « shéma yarbé »), gmara de laquelle il ressort clairement qu’il est permis d’inviter un non juif à manger chez soi en semaine comme à shabbat.
C’est assez choquant de la part de rabbins qui faisaient tout pour «
nous éloigner au max du goy » (ha, non, pardon , ce n’est pas de vous cette phrase, c’était plus haut).
Bien sûr vous comprenez que si je ne vous ai cité que
Rabbi Yehouda Anassi et
Rav Eliahou Ba’hour qui étaient amis avec des non juifs, ce n’était pas restrictif du tout, il y en a encore beaucoup d’autres, même d’époque talmudique.
Par exemple :
Shmouel cité plus haut avec
Avlet (Shabbat 156b),
Rav (le fameux, le célèbre, le grand
Rav, alias
Rabbi Aba, doublement neveu de
Rabbi ‘Hiya, élève de
Rabbi et grand ‘transmetteur’ de Thora en Bavel) était ami avec un non juif du nom de
Adre’han (ou Hydrokan, etc… aucune idée de la prononciation correcte, sauf qu’il y a peu de chances pour Hydrokan qui est un nom de maladie)
(Avoda Zara 10b en bas)
(là-bas on parle aussi de
Rabbi et
Antonin, Avoda Zara 10b et 11a),
Rabbi Méir (le maître de
Rabbi, l’élève de
Rabbi Akiva, de
Rabbi Yishmael et de
Rabbi Yehouda ben Baba) était ami avec
Nimus Agardi
(cité dans
‘Haguiga 15b et
Shemot Rabba XIII, 1, on constate leur liens d’amitié dans le
Midrash Ruth Rabba II, 13 et dans le
Yalkout Shimoni sur Ruth §601, on y constate aussi sa non-judaïcité. Cette dernière se dévoile aussi dans le
Midrash Bereshit Rabba LXV,20, dans le
Midrash Zouta sur Ei’ha I et dans le
Midrash Rabba sur Ei’ha –akdama- II, dans la
Psikta deRav Kahana XV, 5 et dans le
Yalkout Shimoni sur Bereshit §115),
et les quatre Gdolei Ador
Raban Gamliel, Rabbi Yeoshoua, Rabbi Elazar ben Azaria et
Rabbi Akiva étaient amis avec un non juif philosophe (
Dere’h Erets Rabba §III ou §V selon les versions).
Avez-vous déjà lu des écrits du
Rav Delmedigo ? Et de
Rabenou Menashé Ben Israel ? Comme
Vindiciae Judaeorum et autres.
Et des sfarim du
Rav Benamozegh ? Voyez par exemple
Israel et l’humanité et aussi
Morale juive et morale chrétienne (le chapitre VII) .
[au passage, si je cite le
VIIème chapitre de ce livre et que nous parlions plus haut de
Marc Aurèle qui était peut-être l’ami de
Rabbi, j’en profite pour mentionner que le
Rav Benamozegh réserve des places au Gan Eden pour
Socrate, Platon et
Marc Aurèle (Morale juive et morale chrétienne, dans la récente édition de l’an 2000 aux
éditions In Press, c’est
page 145).
Notez cependant que le destin de
Platon semble dépendre d’une ma’hloket entre nos rabbins italiens car
Rabbi Emmanuel de Rome le condamne au Guéhinom dans sa
ma’hberet Tofet Veéden (page 10b dans l’édition que je possède –
Berlin 1778).
C’est un livre étrange, l’auteur quelque peu contesté par certains pour d’autres
Ma’hberot de ses œuvres, était l’ami de
Dante (tiens ! mais c’est un goy !
:)) et cet ouvrage est largement inspiré de la
Divine Comédie].
Je vous conseillerais tout particulièrement
Les décisions doctrinales du grand Sanhedrin, édition bilingue de l’
Imprimerie hébraïque de Sétier fils, Paris 1812 (les
Takanot IV, V, VI et IX), rédigées sous l’égide du grand
Rav David Sinzheim, premier grand rabbin de France.
Ce Rav est épatant de par sa bekiout qui s’exprime pleinement dans ses
Yad David sur le
Talmud et dans son
Min’hat Ani.
Sa correspondance avec le
Rav Shpitz dans le
Kountras Shiva ‘Hakirot est aussi très palpitante, je suis sûr qu’il aurait pu donner un sacré punch au site
Techouvot.com s’il faisait partie du staff répondant, car il n’en manquait pas (de répondant).
Le
7 Kislev prochain ça fera 200 ans tout ronds de son décès.
(Avis aux amateurs de Yohrtzeiten & Hiloulot, son Kever se trouve au
Père Lachaise).
De nombreuses sources indiquent que sa date de décès correspond au
9 novembre 1812, mais il me semble que c’est une erreur.
Car le
9 Novembre 1812 était le
5 Kislev (5573), on sait qu’il a rendu l’âme en soirée vers 22h, donc au soir c’était le
6 Kislev (le vav pouvant fréquemment se confondre avec un zaïn, on passe vite de 6 à 7, c’est vrai).
Sur la Matseva (au
Père Lachaise) il est écrit le
7 kislev 5573, « beyom revii, shiva le’hodesh kislev » pas possible d’hésiter entre Vav et Zaïn (par contre le yom revii…), et c’est même écrit en français, avec un 7 qui n’a rien à voir avec un 6.
C’était donc bien le
7 Kislev et ce fût le
11 novembre, ou si c’était le soir avant minuit, le
10 Novembre 1812.
Il y a une biographie de ce
Rav, en français, par le
grand rabbin René Gutman sous deux formes différentes, l’une imprimée dans le
Shelal David qui date de 2004 et l’autre un peu plus ancienne, dans son livre «
Les décisions doctrinales du Grand Sanhedrin » (sous la direction de
René Gutman, Presses Universitaires de Strasbourg, 2000).
Dans ces deux endroits, le
grand rabbin Gutman écrit que le décès du
Rav Sintzheim est bien le
7 kislev, mais il annonce aussi la date civile du
9 Novembre au soir à 10h (=22h).
Dans le
Shelal David, c’est
page 22 des pages en français et dans
Les décisions doctrinales, page 146.
Or le
9 novembre au soir correspond au
6 Kislev…
C’était donc le
10 novembre au soir.
J’ai aussi lu de
Micheline Gutmann (cette fois avec deux N) (dans son article sur
les Membres du Grand Sanhedrin) que le
Rav Sintzheim serait décédé le
11 novembre 1812… (peut-être a-t-elle simplement calculé la date sans savoir qu’il était décédé au soir).
Je ne sais pas pourquoi, tous les
Gutman[n] ont peur du
10 Novembre, surtout que le
Grand Rabbin Gutman est originaire de Rouen, ville libérée de l’occupation anglaise par
Charles VII un
10 novembre 1449…
Peut-être ne voulaient-ils pas faire correspondre le Yohrzeit du
Rav Sinzheim avec celui –lehavdil- du [bref] pape
Celestin IV ?
En tout cas, il me semble clair que le
7 kislev 5573 était un
10 novembre au soir et une journée de
11 novembre.
Beaucoup d’autres erreurs se trouvent bizarrement un peu partout en ce qui concerne les détails des dates autour de ce
Rav Sintzheim, dans différentes langues et différents milieux et pays, plus que sur d’autres personnalités (de la même époque et dans des pays qui tenaient des registres), je ne sais pas pourquoi.
Le
Grand Rabbin Max Warschawski (dans l’
Almanach du KKL-Strasbourg de l’an 1989) indique comme date de décès le
9 décembre 1812… (au lieu de Novembre).
Ailleurs (dans l’
Almanach de l’an 1992), ce même rav écrira qu’il est mort en 1813…
D’autres écriront qu’il est mort en 1810…
On croirait qu’il s’agît d’un personnage de l’Antiquité ou du Haut Moyen-Âge…
Quoi qu’il en soit, tous s’accordent à dire que c’était un très grand de la Thora, le
‘Hatam Sofer –son ami d’enfance- lors de son Hesped, ne tarît pas d’éloges à son sujet.
Je n'ai pas la force de me relire, j'espère que vous aurez celle de me lire.