A Catman :
Je cite :
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Le Pélé Yoets est le premier livre de moussar " qui me parle", et je le lis régulièrement.
Pourriez vous me donner 1 ou 2 exemples " d'embuches sans s'en rendre compte" dans lesquels un lecteur qui n'est pas avrekh pourrais trébucher.
Voici des exemples « d’embûches » dans le
Pélé Yoets, mais
ATTENTION, je vous les livre un peu en vrac et qu’on ne me demande pas après de les expliquer , il serait extrêmement long d’expliquer ces bizarreries (surtout pour moi qui en arrive souvent à écrire des meguilot sur des choses assez simples) et le faire par écrit relève d’un courage et d’une disponibilité me faisant défaut (surtout quand je vois l’entêtement et l’incompréhension obstinée de certains internautes à laquelle je dois parfois faire face sur ce site) :
Dans Ahavat Ish Veisha il écrit que le mari doit réprimander sa femme si elle ne fait pas toutes les prières (les prières, pas les bénédictions qu’il cite à la suite) cela semble dire que les femmes soient tenues de prier même Arvit et surtout même moussaf !
Plus bas (même chapitre) il écrit qu’une femme dont le mari est méchant pervers et brutal doit accepter sa situation et ne rien dire même à ses propres parents du fait que son mari la tabasse ( !!!)
Et même si ses parents ou sa famille (de la femme) entendent que son mari la brutalise, ils doivent faire comme s’ils n’avaient rien entendu ( !)
(il y a encore plusieurs endroits qui donnent l’impression au lecteur que le rav était un misogyne de premier ordre, par exemple dans le
chapitre A’him…)
Dans Ahavat Réim il y a un passage duquel on pourrait comprendre qu’il n’y a pas de libre arbitre tel qu’on l’entend.
Dans A’hila veshtia un passage semble interdire (même aux hommes) d’avoir les bras découvert pendant le repas de shabbat ou au moins les zmirot.
Dans le paragraphe Amen, un passage laisse entendre que si on ne sait pas parfaitement réciter le kaddish il vaut mieux s’abstenir de le réciter. Ce qui n’est pas totalement faux mais pourrait entraîner des erreurs d’interprétation.
Dans Or’him, il conseille que la maitresse de maison reste à part (dans la cuisine ?
: ) ) et ne se montre pas du tout à l’invité qui viendrait à la maison, surtout si elle est maquillée.
Dans Beth Aknesset il écrit de ne pas parler de Divrei Thora dans une synagogue (même en dehors des horaires de prière) de peur que ceux qui le voient pensent qu’il parle de choses futiles…
Ensuite il écrit que pendant la prière on ne doit pas parler du début à la fin de la tfila –même en dehors d’une synagogue.
(Alors qu’en fait il est permis de parler à certains moments -comme entre les birkot asha’har, avant Aleinou…)
Dans Bizayon il semble dire que le non juif n’a pas été créé à l’image de D. (clairement contredit par la mishna de Avot -‘haviv adam…’havivin israel… -comme le soulignent les commentateurs ad loc.)
Dans Kinouy, il interdit de dire « le Rav Karo », « le rav Algazi », etc… mais il faudrait impérativement dire « Moreinou arav Yossef Karo »…
Je pense qu’il ne faut pas en faire trop non plus, avec ce genre de conseils on ne s’en sort plus.
Si pour la majorité des remarques que j’ai sur le
Pélé Yoets je pense qu’il suffit d’avoir lu le
Talmud et savoir remettre les choses dans leur contexte pour le comprendre, ici c’est différent.
Je suis sûr qu’il aurait eu beaucoup d’opposants sur ce point pour peu qu’il eût été lu par des talmidei ‘ha’hamim.
D’ailleurs le
Yefei Lalev qui l’a lu le critique sur ce point
(Yefei Lalev V §242, 8) et termine en disant que pour le coup c’est un mauvais « conseil » (yoets= etsa) que le rav nous a donné.
Dans Touma il écrit qu’il ne faut ni acheter ni louer un appartement d’un non juif (idolâtre) ni non plus acheter un habit fait par un idolâtre pour lui-même.
(je passe sur le verset explicite qui dit que les hébreux ont récupéré des habits des égyptiens ainsi que des maisons des cananéens. Seuls leurs autels étaient interdits et il fallait les briser.)
Je ne souligne pas les inexactitudes et les petites erreurs humaines qui se retrouvent de toute façon dans beaucoup d'autres sfarim aussi (le Rav
Pélé Yoets cite parfois des textes avec inexactitude ou de manière inappropriée, par exemple il cite -dans le
paragraphe ‘Hizouk- un
Zohar dans parshat ‘Hayei Sarah, ce texte ne s’y trouve pas.
Il m’apparait clair que le rav ne l’a pas lu lui-même dans le
Zohar mais l’a vu cité ailleurs sauf qu’il s’est trompé dans la lecture de la référence ; en voyant un sefer qui indiquait comme référence pour ce texte «
זהר פ"ח », il a compris que cela voulait dire «
Zohar parshat ‘Hayei » alors qu’en fait la source est dans le
Zohar daf 88 qui s’écrit aussi
פ"ח, à part ça il ne cite pas fidèlement ce qui y est dit.)
A part ça, de manière générale l’auteur fait usage de notions de kabbale qui –selon moi- sont nocives de nos jours, nombre de ses conseils inspirés de kabbale seraient de nos jours –toujours selon moi (personne n’est tenu de me croire, ni de me comprendre)- de nature à éloigner l’homme d’une véritable Avodat Ashem.
Quoi qu’il en soit, cela ne m’empêche pas d’étudier ce livre que j’aime beaucoup.
Il faut savoir faire un tri intelligent et comprendre les choses en fonction de leur contexte.
Ou au moins le considérer comme il considérait lui-même le livre
Meam Loez qu’il aime bien mais il précise qu’il ne faut surtout pas lui faire confiance au niveau ala’ha (voir
chapitre Assoufa).
Le
Meam Loez a été écrit par un gentil rabbin plein de bonnes midot mais qui ne s’y connaissait pas vraiment en ala’ha, ce qui fit que les rabbins de sa génération s’étaient opposés à ce livre car certains le lisaient en lui accordant une confiance aveugle et commettaient des erreurs au niveau de la ala’ha.
Je pense que tant qu’on n’a pas de traduction commentée ou l’accompagnement d’un rabbin qui pourrait expliquer certaines choses, il faut lire le
Pélé Yoets avec un certain recul.
Voilà pour le
Pélé Yoets, je m’arrête-là pour les remarques, j’espère qu’elles suffisent à expliquer clairement mon ressenti vis-à-vis de cet ouvrage.