QUATRIEME MESSAGE qui répond à Cheelnaute n°2 :
Citation:
Quelles sont les taanot de fond des " pro iyoun " ?
Elles sont beaucoup plus évidentes, je ne pensais pas qu'il fallait les exposer.
En bref, je résumerais ainsi:
À quoi ça sert de courir dans les dapim, l'essentiel n'est pas de tourner les pages mais de comprendre, d'intégrer les svarot.
Même si grâce à une 'hazara acharnée on peut réciter par cœur tous ces dapim, mais si on les comprend de travers ou en superficie, à quoi bon ?
Il ne s'agit pas de réciter des Tehilim, il faut comprendre la profondeur de la logique proposée.
Ce n'est qu'un conseil du Yetser hara qui aveugle l'homme qui se dit avoir parcouru tout un traité de gmara et qu'il connait une grande hatsla'ha dans son étude, alors qu'en fait, il n'a même pas véritablement « étudié » un seul Daf de cette massékhet, tellement sa compréhension en est imparfaite.
Nous connaissons ces « bekiim » qui récitent des dapim mais qui ne comprennent rien, c'est ce qui les amène à trancher la halakha de manière erronée, c'est normal, quand on ne comprend qu'en superficie…
Citation:
Vous avez ramené des sources qui tendent vers ça ( maharal, rivash , etc ) , mais donc la question se pose : pourquoi n'etudie-t-on pas comme ca dans le olam atorah ?
Cela fait partie des défauts du Olam Hatorah moderne.
Je ne dis pas qu'en dehors de ma proposition de derekh limoud, point de salut.
On ne peut pas parler d'un derekh limoud unique et applicable à tous sans distinction. Chacun doit se trouver son propre derekh, l'adapter à ses besoins, ses capacités et ses nécessités.
Plus haut, je ne donnais que MA proposition de derekh limoud, mais elle peut ne pas être adaptée à chacun.
Cependant, si ceci est vrai pour les détails et la précision, il y a quand même des grandes lignes que le bon sens ET la massoret nous indiquent.
C'est pourquoi je considère ce « ralentissement » du limoud au profit du « Iyoun » comme une erreur qui sera fatale (et qui l'est déjà en fait).
Il faut savoir que le Olam Hatorah n'étudiait pas comme ça du tout il y a encore quelques décennies.
Regardez les cahiers de shiourim des élèves de Ponovez dans les années 60, on terminait souvent la massekhet en 1 zman.
La cadence a commencé à ralentir vers les années 60-70. On avançait de moins en moins vite, de telle sorte qu'à la fin des années 80 le « iyoun » était parfaitement installé.
Toutefois, à Ponovez par exemple, malgré le ralentissement, il était fréquent d'étudier en 1 zman (5 mois), EN IYOUN, 35 dapim (ce qui fait un peu moins de 2 dapim par semaine –le matin en iyoun).
Vous pourrez le constater avec les cahiers de shiourim de l'époque.
Je ne suis pas le seul à dire que ce nouveau derekh limoud est dangereux pour l'avenir de la Torah. Tous les Gdolei Israel le disaient et le répétaient à l'époque où ce changement commençait à s'installer trop sérieusement.
Rav Shakh hurlait à ce sujet.
Je me souviens de ses « menaces » et critiques: «
Si vous continuez comme ça, je vous garantis que vous finirez Amei Haarets », «
ce n'est pas une yeshiva, mais une usine à produire des Amei Haarets » ("Amaratsim", dans ses mots).
Durant l'hiver 1991-92,
rav Shakh a consacré quatre Shmuessen (Si'hot, discours) consécutifs à ce sujet.
(c'était les mardis en fin d'après-midi, vers 18h15).
Je ne me souviens pas qu'un autre sujet ait été à la une quatre semaines consécutives.
(et je précise qu'à cette époque, on parlait tout de même d'une cadence qui serait aujourd'hui considérée comme beaucoup trop rapide)
Vous pourrez lire plusieurs 'hovrot sur le sujet, de
rav Shakh et d'autres rabanim.
Bref, le Olam Hayeshivot n'a pas que son adoration de la politique comme tort.
Citation:
sans parler des shitot djerbienne où l'on peut rester 3h sur un diyouk de rashi
Je ne connais pas assez cette shita pour en parler. À mon avis, rester 3h sur un Rashi n'est réservé qu'aux Talmidei 'hakhamim, car s'il s'agit de le faire systématiquement. Pas besoin de calculatrice pour comprendre que ça prive de tout espoir d’étudier le shas.
Je ne sais pas s'il y a eu des dérives chez eux aussi, si de nos jours chaque jeune élève veut s'octroyer le « droit » de creuser un Rashi durant trois heures alors qu'avant ce n'était que l'apanage des Talmidei 'hakhamim.
Si c'est le cas, il ne sera même pas indispensable d'avoir recours à la massoret, au derekh des Anciens, pour comprendre que ce derekh ne mène nulle part pour un jeune étudiant.
Encore une fois, je ne cherche pas à imposer « mon » derekh et je comprends qu'il peut y en avoir plusieurs, mais il faut tout de même ne pas négliger le bon sens et croire que ça va marcher par miracle.
Citation:
Selon vous apparament il n'y a pas de " iyoune ou bkiout " mais une seule shita si j'ai compris ?
On pourrait dire ça. C'est ce que disait
Rav Shakh, mais il n'est pas nécessaire d'être catégorique là-dessus.
Consacrer deux heures à une bekiout très rapide en fin de journée peut s'avérer bénéfique, c'est d’ailleurs ce que conseillait le
Steipler.
Disons qu'il n'y a qu'une seule règle fixe et immuable:Le bon sens.
Il faut savoir ce que l'on veut et où espère-t-on arriver en limoud et voir si notre derekh limoud est supposé nous y amener.
Pas de doute qu'un derekh limoud qui préconise d'étudier à fond tous les tosfotim, plus des Rishonim et des A'haronim, en ajoutant des diyoukim sur chaque mot de Rashi (-même si c'est très intéressant) et qui entraîne par conséquent un Hespek de 10 ou 20 dapim à l'année ne mènera pas à la connaissance du Shas.
Il y a à peu près 2750 dapim dans le Shas. À raison de 10 par année, vous le finirez dans 275 ans.
Bon courage.
Et si à la fin, vous vous souvenez encore du début qui date d'il y a deux siècles, chapeau !
Renseignez-vous (ou: réfléchissez), vous verrez que TOUS les gdolei israel de TOUS les pays et de TOUTES les générations ont étudié beaucoup plus rapidement que ça.
Citation:
Alors sur quoi se basent les autres (les autres = le iyoun traditionnel), qui n'agissent pas comme ça, et qui meme sans connaitre le shas, s'attardent sur des sougyot, sur des mefarchim, sur des " details " j'ai envie de dire, alors qu'il n'ont pas de vue d'ensemble concretement ?
D'aucuns sur l'orgueil, certains sur le Yetser Hara et d'autres sur la bêtise et le manque de réflexion.
(Que personne ne se sente ici insulté par moi, c'est la position de
Rav Shakh et d'autres rabanim, je n'y suis pour rien, désolé.)