Je sais que beaucoup attendent que je leur réponde, je suis navré de cette attente, mais soyez assuré de ma bonne volonté.
A Toto78 :
Citation:
la date a ete choisie commemorant (par la meme occasion la revolte du Ghetto de Varsovie)...
Oui, il n’en demeure pas moins que ce n’était pas très malin.
Contrairement à ce qu’on dit, il y a eu d’autres révoltes que celle de Varsovie.
Cette dernière étant un peu armée a tenu un moment et a eu la puissance de faire suer les nazis en leur tenant tête de manière inimaginable.
Quoi qu’il en soit, la date est en fait à Pessa’h, comme ça ne collait pas avec la fête, ils ont imaginé cette date du 27 Nissan qui ne correspond à rien du tout en elle-même.
C’est pourquoi je disais qu’il eût été préférable de remettre ça un peu plus tard, le 2 Iyar étant bien mieux adapté, mais c’était un peu trop proche de Yom Aatsmaout…
Enfin s’ils s’étaient décidés un peu plus rapidement, ils auraient fixé cette date avant 1948 et n’auraient pas pu être embêté de la proximité des deux commémorations…
(et il y a en plus Yom Azikaron…)
A Joel :
Citation:
Pourtant les 'hakhamim, suite à la mort des 24000 elèves de Rabbi Akiva, ont fixé une période de deuil qui commence (pour les sépharades) au mois de Nissan et se termine à Lag Baomer.
Vous savez bien que l'on ne fait pas de mariage pendant cette période, qu'on ne se coupe pas les cheveux ni la barbe... Ce sont bien des signes que nous sommes en deuil pendant cette période.
Oui, je sais bien que les sfaradim commence le deuil de la sfira en Nissan, c’est vrai que c’est en soi étonnant.
La coutume ashkenaze d’attendre rosh ‘hodesh Iyar correspond mieux au sentiment de fête durant Nissan.
Néanmoins, il semble que le minhag de ne pas commémorer de deuil en nissan se soit établi progressivement et « tardivement ».
A l’époque des 'Hazal on n’en trouve pas vraiment de trace.
L’origine est de
Masse’het Sofrim (-qui est tardive, j’y reviendrai plus bas), mais les tanaim ne pratiquaient peut-être pas ce minhag –du moins, avec autant d’attention que nous.
D’ailleurs dans la source même
(Sofrim XXI, 3) il est aussi dit que les be’horot jeûnent ainsi que les personnes pieuses (ou délicates) qui jeûnent en veille de Pessa’h pour manger la Matsa avec appétit et les jeunes élèves jeûnent « Lundi-Jeudi » (voir
Tour fin de §580)…
Nous voyons bien qu’un jeûne est envisageable –tant qu’il n’est pas imposé- (sauf Taanit Be’horot) comme l’avis du
Rav Karo (qui trouve sa source dans la ala’ha suivante
(Sofrim XXI, 4) où l’on retrouvera l’expression étrange utilisée par le
Rav Karo, «
leazkir betsibour »).
Il est vrai que le jeûne n’est pas approprié au mois de nissan mais malgré tout il est toléré.
C’est que l’interdit d’aveilout en Nissan n’est pas si catégorique.
C’est ce qu’écrit le
Beth Yossef (§429) sur ce passage de
masse’het Sofrim ; « on ne va pas annuler une habitude de jeûner parce que les Nessiim ont amené leurs sacrifices et en ont fait une journée de fête »
(il est à noter aussi que les journées de fête sont celles des 12 nessiim, puis pessa’h. Mais la aveilout de la sfira pour les sfaradim c’est après pessa’h…)
Il est donc imaginable de s’endeuiller pour les élèves de
Rabbi Akiva aussi.
Ainsi, le minhag de s’endeuiller pour les élèves de
R. Akiva aurait devancé celui de ne pas s’endeuiller en Nissan.
Ce qui fait que les sfaradim gardent le deuil malgré le mois de nissan.
Nous savons bien que le jeûne des be’horot a été institué en Nissan, malgré que pour le
Shoul’han Arou’h, s’il est permis de jeûner en Nissan, il est interdit d’y instaurer un jeûne.
Ce qui m’étonne c’est que si nos anciens ancêtres respectaient le deuil pour les élèves de
R.A. depuis pessa’h, pourquoi la
masse’het Sofrim ne le précise pas parmi les autres exceptions à la règle de la fête en Nissan?
Comme le disait
Joel, ne pas se couper les cheveux etc… sont bien des signes de deuil incompatibles avec une ambiance de joie.
Ce qui me pousse à croire que si la coutume de s’endeuiller était respectée à l’époque de
Masse’het Sofrim, elle l’était selon la coutume Ashkenaze.
Le minhag sfarade devant être tardif, peut-être sous impulsion kabbalistique même s’il semble trouver sa source depuis l’époque (de la fin) des
Gueonim.
Concernant la date de rédaction de masse’het Sofrim, le sujet est un tantinet discuté mais l’opinion du
Rosh (Ala’hot ktanot Sefer Thora XIII) est généralement retenue, la rédaction serait postérieure au
Talmud.
Voir encore
Tour (O’’h §582) et
Drisha (ad loc sk.3).
D’autres
rishonim semblent considérer ce traité comme datant de l’époque talmudique, le
Rashba l’appellera
(Shout I, §487) gmara.
Son expression à son sujet ailleurs
(Rashba Baba Batra 13b et Bra’hot 34a) rattachant ce traité aux « rishonim » n’est pas très claire.
Qui étaient les rishonim à l’époque du
Rashba ?
Étaient-ce les gueonim ? les Savoraim ? les Amoraim ?...
L’appellation
Gmara Yeroushalmit qu’utilise le
Ramban (Meguila 22a) en parlant de ce traité (
matsanou bemasé’het Sofrim shéi gmara yeroushalmit…) ne doit pas nécessairement indiquer que sa rédaction date de ce temps-là.
De toute manière, sont cités des noms d’amoraim tardifs dans ce traité, la rédaction ne peut pas être antérieure à leur époque…
[L’argument de
Rabbi ‘Haim Vital (préface du Shaar Aakdamot 3b) concernant ce même phénomène pour le
Zohar, en dehors du caractère inintelligible qu’il comporte et qu’il est contredit par une multitude de rabanim, ne sera pas adaptable à la
masse’het Sofrim.]
Le
Beth David (o’’h §365) qui pense que ce traité est bien plus ancien (il daterait de l’époque Tanaïque) et attaque le
Rosh sur ce point, aura affaire au
‘Hida (Birkei Yossef o’’h §582, 7)(Ein Zokher ot Samekh §31), il aurait dû remarquer tout seul des noms tardifs qui y sont cités.
Je lui ferai aussi remarquer ce qui est dit dans le quinzième chapitre de
massekhet Sofrim (§XV, 6) qui indique clairement que ce traité est post-époque Tanaïque.
La fin de la
ala’ha 7 du même chapitre est aussi assez éloquente, tout comme le début de la
Ala’ha 8 et la
Ala’ha 9 et d’autres passages encore.
Si nous trouvons certains auteurs qui parlent de « paroles de 'hazal » en citant la
masse’het Sofrim, je ne pense pas qu’il y ait lieu d’en déduire qu’ils pensaient que la rédaction de ce traité datait de l’époque des ‘hazal (=jusqu’à rédaction du
Talmud Bavli), mais simplement qu’ils ne savaient pas que ce traité était tardif ou qu’ils ne faisaient pas attention en disant « ‘hazal » de s’assurer que les paroles dataient bien d’avant la rédaction du
shas.
Le
Ram’hal (Daat Tvounot p.378 dans l’édition de Jérusalem 1997) écrira «
les ‘hazal nous ont enseigné dans masse’het Sofrim… », mais ce n’est pas le seul;
Rabbi Tsadok Acohen de Lublin aussi l’imitera en cela
(Ma’hshevot ‘Harouts §XIX fin de d’’h veoulay p.165 dans l’édition classique) et même chez les
rishonim nous avons le
Rabeinou Be’hayei (Shemot XIV, 7) qui en fait autant.
Mais rien d’affolant, ce n’est pas comparable au fait que de très nombreux commentateurs citent des phrases au nom de ‘hazal alors qu’il s’agît en fait de dictons populaires n’ayant aucune source dans ‘hazal (sous cette forme), voire pire, ayant une source dans le
Nouveau Testament !
Citer une phrase d’un livre d’une autre religion au nom de ‘hazal me semble bien plus étonnant que de citer une
masse’het Sofrim au nom de ‘hazal.