Citation:
Une guerre comme celle s'annoncant actuellement en Israël a-t-elle le din de mil'hemet mitsva ? Si elle ne l'est pas, pourquoi ?
Si elle l'est, pourquoi ne devrions-nous pas tous, y compris les ba'houré yechivot et avre'him, sortir pour participer à l'effort de guerre comme l'indique le Rambam ?
Lorsqu’on est attaqué, c’est Mil’hémet Mitsva que de se défendre.
Dans ce cas, tous les citoyens sont « enrôlés », même un ‘Hatan et une Kala qui viennent de se marier
(Mishna Sota VIII,7).
La Kala, comme toute autre femme, ne se battra pas au front, mais servira l’armée pour l’approvisionnement en eau et en denrées [cf.
Radbaz (Melakhim VII,4), Rashash (Sotah 44b), Ben Yehoyada (Sotah 44b)].
C-à-d qu’on recrute tout le monde et que chacun sert là où il peut servir, une femme ne pouvait pas se battre donc elle servait pour la logistique (au lieu d’y consacrer un homme qui peut porter les armes), comme l’approvisionnement de l’eau et la nourriture qui était une tâche indispensable (et qui l’est toujours mais elle est plus simple de nos jours).
Il est difficile de savoir mettre la limite de ce qui s’appelle « la défense », mais il semble logique de faire confiance à l’état-major de l’armée sur ce point, et il est compréhensible de dire que tant que le ‘Hamas existe, les israéliens seront encore attaqués.
Néanmoins, il y a une Ma’hloket quant à savoir si une guerre « préventive » (comme éradiquer le ‘Hamas pour éviter de futures attaques de sa part) se qualifie de Mil’hémet Mitsva ou Reshout.
Encore faudrait-il pouvoir définir le niveau de crainte, ainsi que tenir compte de l’encouragement à la récidive que constituerait une réplique trop molle.
Mais tant qu’Israël est sous les bombardements de roquettes du ‘Hamas, venant de Gaza, nous sommes toujours dans le cadre de la défense, puisqu’il faut pouvoir empêcher qu’ils envoient d’autres roquettes.
Donc : oui, il s’agit de Mil’hémet Mitsva.
Lorsqu’on dit qu’on enrôle tout le monde pour Mil’hémet Mitsva, cela inclut-il aussi les yeshivistes ? C’est discuté.
D’après le
Rav Kook (Igrot Haraaya III, §810) non; les yeshivistes ne sont pas enrôlés.
C’est aussi ce qu’on comprend du
Rambam (Shmita Veyovel XIII,12), voir
Igrot Kodesh (I, §88) du dernier
Rabbi de Loubavitch.
C’est aussi l’opinion du
Tsits Eliezer dans son
Hilkhot Medina (II, Shaar 3 §4).
D’autres ne suivent pas cette ligne et disent que les yeshivistes sont aussi enrôlés, il semblerait que
Rav Tsvi Yehouda Kook en faisait partie, soutenant qu’il fallait interpréter autrement la lettre de son père (op cit).
Néanmoins, dans la mesure où le type de Mil’hémet Mitsva friserait avec le besoin impérieux du Pikoua’h Nefesh
(par exemple s’il n’y a pas assez de soldats pour combattre les attaquants), la question ne se poserait plus, tous seraient d’accord que les Yeshivistes
(voire même les femmes) devraient aussi participer, ne serait-ce qu’en raison de Lo Taamod Al Dam Reékha (cf.
Hazon Ish Avoda Zara §23,3, ‘Hidoushei Hagriz Sota daf 43).
Vous me direz, mais alors, selon ceux qui pensent que tous sont enrôlés, pourquoi les élèves des Yeshivot ne sont pas au front ?
Tout simplement parce qu’ils n’y seraient pas utiles.
Voire pire.
Sans service militaire préalable, peu d’entre eux sauraient apporter une aide militaire convenable, l’armée israélienne n’a pas besoin de s’alourdir en incorporant des yeshivistes qui ne savent pas tenir une arme.
Par contre, ces derniers doivent se tenir prêts à servir l’armée pour les tâches d’intendance et similaires qui sont dans leurs cordes.
Pour l’instant, ils font ce qu’ils savent faire le mieux pour apporter des mérites au Klal Israel : étudier la Torah.
C’est pourquoi les Rashei Yeshivot ont décidé d’annuler les vacances (la semaine après soukot) et que tous les élèves regagnent le Beit Hamidrash.
Il y a 50 ans, à Ponovez, suite à la Guerre de Kippour, les Rashei Yeshivot avaient aussi annulé le Bein Hazmanim (les vacances) et les élèves étaient restés à la Yeshiva pour étudier et prier pour les soldats.
Si jamais de la main d’œuvre dans une usine d’armement venait subitement à manquer (tous étant au front), la Halakha stipule qu’on y envoie toute personne disponible, et à défaut, un élève de Yeshiva qui devra interrompre son étude pour les besoins de la guerre.