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Je voudrais vous poser deux questions concernant les 100 bénédictions que l'on doit réciter chaque jour.
A l’avenir, merci de SEPARER les questions en autant de fils distincts.
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1) Est-il vrai que celui qui récite le passage de
« אין כאלוקינו, אין כאדוננו, [...] מי כאלוקינו, מי כאדוננו, [...] נודה לאלוקינו, [...] »
…ça compte comme s'il récitait une Brakha... à chaque fois qu'il dit une phrase, …
... ce qui reviendrait à réciter (au moins) 20 bénédictions en récitant tout le passage de « אין כאלוקינו », et qu'il suffirait ainsi de réciter ce passage à cinq reprises pour avoir le compte des 100 Brakhot quotidiennes ?
C’est connu comme étant « l’opinion de
Rashi » qui acceptait de comptabiliser le Ein Kelokeinou dans le décompte des 100 bénédictions quotidiennes.
On retrouve cette Shita de
Rashi dans le
Ma’hzor Vitry (§1), le
Sidour Rashi (§1) et le
Sefer Hapardes (§5).
Il est aussi cité dans le
Shibolei Haléket (§1) et dans le
Kolbo (§37), Or’hot ‘Haim (Moussaf Shabbat §4), et le
Rokéa’h (§319).
Mais ce n’est pas unanimement accepté, le
Sefer Hamanhig (§1) récuse cette solution en pointant l’absence de «
Shem Oumalkhout » qui serait rédhibitoire selon lui.
Même d’après cette Shitat
Rashi, on ne comptabilisera que 12 Brakhot et non 20, à l’exception du
Kolbo qui y voit comme vous 20 substituts de bénédictions.
Dans le Shiour de Halakha que je donne le Shabbat matin, lorsque nous étions sur ces Halakhot, j’avais fait remarquer que d’après les Shitot emboitant le pas à
Rashi et ne s’arcboutant pas contre l’absence de «
Shem Oumalkhout », l’idée serait que ce qui a combattu la Magueifa à l’époque de David, c’était la multiplicité de louanges à D.ieu, peu importe la forme, il fallait louer D.ieu cent fois par jour.
Si c’est ainsi, rien n’empêcherait de comptabiliser aussi la simple expression «
Baroukh Hashem ».
J’ai ainsi expliqué l’habitude juive de glisser des « Baroukh Hashem » à tout bout de champ, cette habitude est peut-être née en suivant l’idée de
Rashi que tout Sheva’h s’additionne même s’il ne comporte pas de «
Shem Oumalkhout », ainsi, dès que l’occasion se présente, le juif loue D.ieu par un « Baroukh Hashem » qui lui est compté comme une Brakha.
(Mon maître
Rav Chaim Jacov Rottenberg z’’l l’avait expliqué autrement, il disait que c’était l’accomplissement du verset «
Vayikra Beshem Hashem » (dit à propos d’Avraham).
De nos jours, c’est en disant Baroukh Hashem ou Beezrat Hashem…).
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2) Est-ce que les femmes ont cette Mitsva de réciter les cent bénédictions quotidiennes, au même titre que les hommes ?
C’est discuté.
Plusieurs Poskim les en dispensent, voyez :
Tshouvot Vehanhagot (II, §129)
Shevet hakehati (I, §63)
Rivevot Ephraïm (III, §47) (V, §114)
Piskei Tshouvot (§46, 8)
Shevet Halévy (V, §23)
Halikhot Shomo (§XXII, 25)
Halikhot Bat Israel (§XIV, 47)
Mais d’un autre côté, contrairement à ce à quoi nous aurions pu nous attendre,
ROY dans
Halikhot Olam (I, Vayeshev §9, p.59) (IV, Vayeshev §80), et cité par son fils
Rav Its’hak dans
Otsar Dinim (§VI, 1), et par son fils
Rav David dans
Halakha Broura (III, §46, 8, p.347), l’impose aux femmes.
Idem pour
Rav Elyashiv cité dans:
Yashiv Moshé (Turetzky) (p.19),
Pninei Tfila (p.70),
Shabbat Hayom (I, §284, 5)
et
Ashrei Haïsh (O’’H, §VII, 1).
ROY explique que les preuves de
Rav Wozner ne sont pas contraignantes
(et c’est vrai), et par conséquent il n’y a pas de raison de dispenser les femmes car ce n’est pas une Mitsva dépendante du temps.
Mais en fait, il faudrait d'abord savoir si c’est Min Hatorah ou Miderabanan.
Le
Sdei ‘Hemed (II, p.385, §34) mentionne les différents avis sur ce point, le
Behag et
R. Shlomo Ibn Gabirol sont d’avis que c’est Min Hatorah, le
Dovev Siftei Yeshénim estime que c’est aussi l’opinion de
Rashi (Mena’hot 43b) mais le
Sdei ‘Hemed ne le suit pas.
Tandis que le
Rambam et le
Ramban penseraient que c’est Miderabanan, ce qui semble la Pashtout
(et le Passouk n’est qu’une Asmakhta).
Et dans ce cas, si c’est Miderabanan (Takana de Moshé, puis renouvelée par David -cf.
Sefer Hamanhig §1 et
Shout Yossef Omets §50), il conviendrait de savoir si la Takana concernait les femmes aussi ou non
(car même si ça ne dépend pas du temps, si la Takana ne visait pas les femmes, elles en seraient exemptées).
Selon les psoukim cités comme Remez pour l’obligation des 100 Brakhot par les Rishonim
(en plus de celui indiqué par le Talmud Mena’hot 43b), on pourrait comprendre que seuls les hommes seraient concernés.
Rabénou Be’hayei (Kad Hakéma’h, Brakhot) indique le verset de
Tehilim (§128, 4) 'הנה כי כן יברך גבר ירא ה où les mots כי כן rappellent, par isopséphie, les 100 bénédictions, et en lisant sous forme active
Yevarekh au lieu du passif
Yevorakh (qui est écrit ‘Hasser), ça nous donne que l’homme qui craint D.ieu fera 100 bénédictions.
Or ce verset parle bien de גבר , un homme, excluant par-là les femmes de cette obligation.
[Idem pour l’autre Remez cité par
Rabénou Be’hayei (ad loc) à partir de
Shmouel II (§23, 1) נאם דוד בן ישי ונאם הגבר הקם על, le mot על serait là aussi un rappel aux 100 Brakhot par le même procédé, et de nouveau le verset parle de גבר. ]
Etant donné que le ‘Hiyouv lui-même est discuté, même pour les hommes,
[cf. ‘Hida dans Ma’hzik Brakha (O’’H §290, sk.1), même si le Péta’h Hadvir (§290, sk.3) s’en indigne, ainsi que le Sdei ‘Hemed (II, p.385, §34) qui ne comprend pas le ‘Hida et ne voit que la possibilité d’une obligation, qu’elle soit Min hatorah ou Miderabanan, mais en aucun cas une notion facultative ou Midat ‘hassidout], et que selon Shitat
Rashi on s’en sort avec
Ein Kelokeinou -et fort probablement avec chaque louange comme un
Baroukh Hashem (doté de Kavana, of course)-, si une femme souhaite suivre l’opinion rigoureuse (
ROY et
Rav Elyashiv) alors qu’elle ne fait généralement que moins de prières quotidiennes que les hommes
(surtout pour les Sfaradiot), elle pourra s’appuyer sur ces pistes pour compléter ses 100 Brakhot.
PS: je ne me relis pas par manque de temps, veuillez excuser les fautes, et veiller à séparer vos questions la prochaine fois, merci.