@ Joël,
Je suis content de savoir que nous sommes d'accord en ce qui concerne le féminisme en général.
Pour ce qui est de l'étude des femmes, il faut préciser que le débat n'est pas s'il faut "interdire" l'étude aux femmes ou pas.
Personne ne l'a jamais interdit. Une femme peut absolument étudier la Torah en sa totalité.
La question est faut-il "encourager" l'étude poussée chez les femmes ou pas.
Les M.O. pensent que oui. Les 'haredim pensent que non.
A partir d'ici, je n'ai aucun doute que vous savez qu'il existe une différence de fond importante : l'étude pour les hommes est une Mitsva. Pour les femmes non.
Donc lorsque vous, en tant qu'homme, étudiez les lois relatives au Grand Prêtre, bien que celles-ci ne vous concernent pas, vous accomplissez une Mitsva. Ce qui n'est pas le cas lorsqu'une femme étudie.
Les M.O. sont d'accord là-dessus. Ils pensent seulement que pour des raisons sociales ou autres il serait, malgré tout, bon d'encourager les femmes à étudier.
Leur démarche pose pourtant deux problèmes.
Premièrement, comme vous l'avez judicieusement remarqué, l'esprit féminin en général ne présente pas les dispositions favorables à l'approfondissement du Talmud et de la hala'ha.
C'est ce qui a fit dire au Rambam (hil'hot talmud torah 1, 13) que :
"nos sages nous ont proscrit d'enseigner la Torah à nos filles, parce que la plupart des femmes n'ont pas l'esprit taillé pour cela, et tournent de ce fait les paroles de Torah en paroles vaines."
Bien sûr il y a des exceptions ; le Rambam lui-même ne parle que de "la plupart des femmes", pas de toutes. Et notre histoire ne manque pas de femmes qui possédèrent d'extraordinaires connaissances en Torah.
Cependant il s'agit d'exceptions. De cas isolés.
Par contre lorsque l'on parle d'encourager l'étude pour les femmes à l'échelle collective, il semble clair que cela le Rambam l'interdit.
Donc une femme qui se sentirait "investie" de la capacité adéquate à l'étude du Talmud, a tout à fait le droit de s'y mettre à titre personnel. Mais sur le plan général, nous n'encourageons pas la démarche. Celle-ci ne doit certainement pas être systématique.
Sur ce point j'ai cru comprendre que les M.O. pensent que les femmes d'aujourd'hui sont "plus intelligentes" que celles de l'époque du Rambam, et qu'aujourd'hui les exceptions formeraient la majorité.
Personnellement je pense – apparemment comme vous – que si déjà on parle de changement se serait dans l'autre sens : aujourd'hui il devient même difficile de trouver des hommes qui savent saisir la véritable problématique du Talmud…
Le second problème est beaucoup plus essentiel.
Il s'agit de décider de quelle façon cherche-t-on à orienter sa vie. Lorsque l'on a assimilé le fait que notre vie sur terre n'a pour but que de nous conduire au monde futur, et que l'on comprend que le rôle spirituel qui incombe à la femme ne passe généralement pas par l'étude, mais plutôt par le soutien actif à son époux et ses enfants, on préfère naturellement orienter nos filles dans cette direction plutôt que dans celui de l'étude poussée.
Comprenons que pour que l'investissement dans l'étude du Talmud soit "rentable" en matière de "monde futur" pour une femme, il faudrait que celle-ci soit un véritable génie, dont les capacités la conduiraient à devenir un véritable "Gadol hador" comme Dvorah la prophétess, ou presque.
Personnellement je ne prendrais pas le risque pour mes propres filles.
(Je pense avoir déjà parlé de ces deux points dans mon message du 21 avril au matin, je vous invite à vous y reporter.)
Les M.O. argumentent qu'il existe une nécessité pour les femmes de se mettre à l'étude, pour ne pas qu'elles deviennent savantes en matières profanes, et ignorantes en Torah, ce qui créerait un contraste trop grand.
Je pense pour ma part que cet argument peut en effet nous mener à exiger un enseignement plus riche pour nos filles que par le passé, et c'est bien ce qui se fait aujourd'hui dans les "Beit Yaakov" 'haredim. Mais qu'il est exagéré de vouloir en arriver à l'étude du Talmud. Ce n'est pas nécessaire, et au contraire, celle-ci dans la plupart des cas risquerait d'entrainer une "ignorance" encore plus grande, due à la compréhension partielle, et donc erronée, que ces dames en tireront.
Quoi qu'il en soit, il faut pour prendre la décision d'un changement dans ce domaine de très larges épaules, et pas sur un simple coup de tête. Que chacun fasse donc confiance aux personnes qui lui semblent être crédibles.