Bonjour
L'on pourrait penser, de prime abord, qu'un goy fort peu instruit en matière de cacherout n'a guère sa place dans ce débat. Cependant votre débat traite diverses questions dont on voit facilement qu'elles excèdent le cadre en lesquels elles sont posées, de là mon désir d'y faire entendre ma voix.
Je ne sais si mon intervention sera d'une quelconque utilité, je l'espère, et, j'en donne tout de suite une limite: Je n'ai pas de solution.
Je me contenterai donc de proposer reformulations et extensions, le tout dans une langue claire, pour autant que j'en soi capable, ce qui en un sens me fera des vacances ainsi qu'à ceux qui eurent déjà le courage ou l'obligation de me lire.
Ecrit de Rav Wattenberg: «Je la poste sur le forum afin de pouvoir faire participer tout le monde», le monde en question n'étant pas plus précisé et le monde en général étant une entité relativement obscure, je vois dans cette proposition un encouragement à intervenir, car d'un monde, fut il autre, je le suis assurément.
De Rav Wattenberg toujours :
Citation:
A/ Définition du problème :
Les importateurs vraisemblablement passent des accords avec les revendeurs sur les prix, il est logique que les plus grands commerçants se voient attribuer les prix les plus bas.
Un petit épicier ne peut que se fournir chez un grand qui possède des dizaines d’épiceries kasher (-ou chez l’importateur mais à un prix bien plus élevé), résultat, ceux qui possèdent le marché imposent leurs prix et personnes ne peut casser les prix.
Remarques :
je ne suis pas spécialiste en économie, cependant les termes selon lesquels vous décrivez le problème, loin de renvoyer à une spécificité juive, concernent aussi l'économie goy.
Des catégories rencontrées me viennent à l'esprit, sont elles pertinente ici, seul un économiste pourrait le dire, mais j'ose :
1/ Marché fermé, clientèle captive, situation de quasi monopole.
Il m'arrive d'être brodeuse ou dentellière mais aussi radical et lourdement extrémiste. Je choisi ici un temps l'option lourde, sachant qu'il n'y aura pas là de quoi «fouetter un talmudiste» car du très peu que j'en connaisse le Talmud me semble-t-il ne s'embarrasse pas de préjugés s'autorisant au moyen de figures d'apparences fortement improbables à penser ce qui en d'autres termes ne le serait pas. Audaces dans l'usage de figures irréelles et concrètes s'apparentant à des mathématiques pures.
Dans le monde goy nous avons donc aussi des marchés fermés avec clientèle captive et ayant promis de l'extrême j'en nomme un : le marché des drogues. Le produit y est illicite mais répandu, le marché est illégal mais fonctionne nuit et jour. Retenons qu'un marché fermé, à clientèle captive, trouble une éventuelle ligne de distinction entre licite et illicite. La violence n'y est jamais lointaine. La duplicité omniprésente.
Moins radical, nous avons aussi nos autres monopoles. Il est connu que de nombreux problèmes existent chez nous entre les grandes centrales d'achat, les transporteurs, les producteurs, les clients, bref les différents intervenants de la chaine alimentaire de production, distribution, consommation, et il en est de même sur d'autres chaines. La téléphonie par exemple, ou l'énergie.
Point particulier, un certain nombre de monopoles privés sont des recyclages d'anciens monopoles publics, la distinction entre public et privé n'est pas toujours très claire. Notons aussi que la situation de monopole et de clientèle captive n'est pas forcément liée à la rareté d'un produit, l'abondance comme la rareté pouvant les engendrer également.
«...ceux qui possèdent le marché imposent leurs prix et personne ne peut casser les prix.»
Question: Comment en vient-on a posséder un marché ? Qu'est-ce donc qu'un marché et quelle sorte de diable peut en prendre possession ? Il faut creuser.
Citation:
B/ En parallèle, il existe un autre terrible problème : les certificats de cashrout «non sérieux».
Évidemment, et ce parallèle-là est souvent indistinguable des situations de monopoles, les deux lignes n'en font qu'une, il y a superposition.
Notre monde goy regorge de produits dont on ne sait trop s'ils sont des concombres magiques ou de réels produits de consommation, c'est là une lourde part de la magie égyptienne. Cependant pour resserrer sur votre problème, il y a vraiment un sérieux souci. Si j'ai bien suivi le film, la situation se présente ainsi : Le consommateur qui souhaite
manger kasher a toutes les chances de payer un prix injustifié, et donc d'être volé. Mais de plus, il n'a aucune garantie sur la qualité du produit, deuxième niveau de vol.
Radicalement provocateur: À ce compte-là ne vaut-il pas mieux manger non kasher ?
Je pousse: Jusqu'où est-il tenable en pratiquant le respect de mitsvot d'en venir à cautionner et faire perdurer un système qui les viole radicalement ? Car je tiens que ces divers niveaux de vols relèvent d'un viol radical de plusieurs prescriptions de votre Thora.
Que voit «Hashem» si je puis me permettre et je me permets puisque c'est sous forme de question. La volonté de manger kasher ? Ou la collaboration à un système d'arnaque ?
Vous vous doutez que je n'ai pas de réponse, vous peut-être qui en êtes chéris et plus proches, dit sans aucune ironie.
Dira-t-on qu'il juge l'intention et sonde les cœurs, mais alors, que faire du «naassé ve nischma», la voie ne s'ouvrirait-elle pas à un idéalisme pieux renonçant a être d'une quelconque pertinence dans les affaires de ce monde ?
Dira-t-on qu'il juge les faits, alors certes le «naassé» tient mais que «nishmate»-t-on d'autre que le règne de l'embrouille entretenu par le respect même des formes du «naassé» ?
La situation est vraiment délicate. Tel produit certifié aurait toutes les apparences du bon produit, mais la langue du dealer serait fourchue. Très délicat. Peut-on en manger sans en mourir et mange-t-on alors autre chose que de la poussière. La question mériterait me semble-t-il d'être posée à Joseph au fond de son trou car je tiens que de sa captivité scorpionesque à laquelle telle forme de fraternité ne fut pas étrangère, il su trouver de délicats équilibres qui lui permirent en temps venus d'assurer une certaine régulation des alimentations égyptiennes.
Des alimentations, car par extension j'entends que les produits kasher douteux peuvent être de natures diverses, des plus subtiles paroles aux plus lourdes pièces de plomb.
La certification juste, adéquate, du bon produit, au juste prix: Un casse-tête, une oscillation entre «théorie» et pratique.
Citation:
Voici mon idée:
Faire en sorte que les rabanim qui donnent les ashga'hot ne soient pas payés par le fabricant du produit.
On pourrait imaginer pour un premier temps que les ahsga'hot soient sponsorisées par des donateurs.
L'idée est sympathique. L'élément nouveau déterminant est «donateurs». Cela ne va pas de soi.
L'on comprend aisément que le don serait étranger à la sphère du commerce, dans celle-ci ne se trouverait nul don, nulle gratuité, tout y a un prix. D'un autre côté il serait faux de s'en tenir strictement à ce point de vue car le monde du commerce, des commerces, est traversé, travaillé, hanté par une multitude de dons qui généralement n'y sont point comptabilisé. Existent aussi des situations intermédiaires, différentes caisses d'entraide ou des solidarités de voisinage ou du service amical.
Notons dans le registre de la radicalité qu'il est une forme particulière de don, don de soi sacrificiel, qui s'autorise à être aussi parfois une prise, je veux dire les «kamikaze» et autres du même calibre. Ceci, dit, pour se souvenir que le don sans mesure peut aussi entrainer une économie mortifère.
Nous avons des textes concernant les économies du don, en particulier chez Georges Bataille et probablement d'autres dont certains visibles à partir des siens. Cela peut valoir un détour.
Citation:
«Et en plus, un très grand mérite s’y greffe: celui d’éradiquer peu à peu les ashga’hot de charlatans.
En effet, le donateur, s’il n’est pas totalement dénué de bon sens, se renseignera sur le Rav Ama'hshir avant de le sponsoriser (on pourrait même imaginer une institution avec accords, certifications, etc…), ainsi, à la longue les charlatans seront démasqués, et surtout ils ne pourront plus continuer à gagner leur vie en tamponnant des produits si le tampon ne peut plus augmenter le prix du produit.
Les donateurs gagnent donc un incroyable z'hout qui vaut certainement plus que celui d'offrir un énième sefer Thora à une synagogue…»
Voilà donc de la mesure. Le don n'était pas purement gratuit, il y a un retour sur investissement possible, une gagne, une greffe.... De quel arbre ? Conditionnelle en tout cas, le donateur ne doit pas être dénué de «bon sens». Voilà donc la stratégie contre les charlatans, le couple don + bon sens. On pourrait aussi avoir la tentations des coups de bâtons mais les résultats n'en sont pas toujours assurés. Remarquez, «don + bon sens» ce n'est pas vraiment garanti non plus.
Incursion dans Monde du rêve, Josephique domaine.
Ici donc l'affaire searit réglée, par bon sens, don, bâton ou tout autre; tel jour, le «charlatan» disparait du commerce casher ! Heureuse nouvelle ! Qui sait si les goys ne vont pas alors être tentés de suivre votre exemple et d'appliquer à leurs propres charlatans (des légions) le traitement que vous aurez appliqué aux vôtres ?
Et si eux ne le font pas ; après vous être débarrassés des «charlatans de la cashrout», allez-vous supporter facilement les charlatans éventuels de la téléphonie, de l'automobile, de l'énergie et de que sais-je encore ?
Vous la placez où, la limite de la lutte contre les «charlatans» ?
Voilà, je pense avoir utilisé une langue claire ce qui est probablement chez moi un signe de maladie grave, ma délicatesse naturelle qui me pousse habituellement à l'obscur s'en trouve un peu écornée. Mais le sujet me semblait valoir quelques sacrifices. J'espère n'avoir pas été trop hors sujet, ni trop long et si cela peut être utile profitez-en c'est gratuit.
Bonne guerre contre les charlatans.