Plus haut vous écriviez:
Citation:
j'ai été surpris de découvrir que le Rav David Yossef parle plutôt bien l'anglais; J'imagine donc qu'il l'a appris, et qu'il n'en a pas honte
Cela dénote grandement de certains milieux dans lesquels vouloir apprendre l'anglais peut vous renvoyer à une taxation immédiate de "Koyefer"
Je vous répondais:
Généralement, ce qui est mal vu est d'apprendre l'anglais, pas de le parler.
Si le parler amène à suspicion, c'est que cela suggère un apprentissage et donc la fréquentation d'écoles peu fréquentables (pour les 'Harédim israéliens).
Mais celui qui apprendrait l'anglais "sur le tas", sans avoir pénétré ces lieux de perdition que sont les écoles qui enseignent l'anglais, n'aurait pas de quoi en avoir honte.
Il est possible que ce soit le cas de Rav David Yossef. Je ne lui ai jamais demandé d'où il parle l'anglais, mais je suppose que ses voyages à l'étranger y sont pour beaucoup.
Mais lors de notre récente rencontre, en décembre dernier, je lui ai demandé d'où parlait-il l'anglais?
Il m'a dit qu'il a pris des cours particuliers pour pouvoir se débrouiller et parler l'anglais de manière suffisante pour permettre de dialoguer.
Il n'a donc pas appris à l'école, mais pas non plus "sur le tas" (par contre: "sur le tard", oui).
Son frère Rav Its'hak ne parle pas l'anglais.
Je crois que leur père, ROY, s'était prononcé "pour" lorsqu'il avait été question de savoir si l'enseignement des écoles religieuses (sfarades) devait ou non comporter l'anglais.
Mais Rav Shalom Cohen était contre.
Rav Ovadia était pour car cela permettait de s'exprimer et d'enseigner la Torah aussi dans d'autres pays qu'Israël.
Rav Shalom Cohen était contre car il disait que donner la langue aux élèves créerait des tentations d'aller se balader en 'Houts Laarets et c'est un grand risque de "kilkoul", il valait mieux ne pas leur enseigner l'anglais et grâce à cela ils seraient protégés.
ROY n'était pas convaincu, mais il s'est incliné car Rav Baadani penchait plus pour l'opinion de 'Hakham Shalom.
C'est ce qu'on raconte du moins, je n'étais pas présent pour en attester.
Finalement, ils n'enseignent pas l'anglais et les enfants pourront peut-être faire comme Rav David Yossef qui l'a appris plus tard (
un peu comme le Yaabets qui a pris des cours particuliers pour apprendre les caractères latins -cf. Meguilat Sefer -Jér. 1979, p.125 et je crois qu'ailleurs aussi il raconte avoir pris des cours de français par un militaire qui partageait sa chambre et en échange de quoi il se chargeait de sa lessive -je ne me souviens plus de la page.)
Cette attitude qui consiste à renfermer encore plus les enfants (ne pas les laisser apprendre l'anglais car ça serait la porte ouverte aux tentations), a ceci de particulier que c'est une voie sans issue.
Je veux dire que ça s'accentue de plus en plus et on va toujours enfermer et surprotéger encore plus, car les enfants ayant ainsi été protégés de tout contact avec l'extérieur, deviennent encore plus fragiles, et du coup il devient nécessaire (pour ne pas dire obligatoire) de continuer à les enfermer et protéger encore et encore.
A ce stade, il est vrai que toute mini ouverture sur le monde représente un danger spirituel pour ceux qui ont été éduqués ainsi, mais est-ce souhaitable?
C'est un grand problème en Israël.
Les rabanim eux-mêmes, que ce soit ROY ou Rav Shalom Cohen, n'ont pas été surprotégés dans leur jeunesse comme le sont les israéliens aujourd'hui. En même temps, les dangers sont différents et les tentations bien plus fortes qu'à leur époque.