A
Aralé :
Citation:
Pouvez-vous détailler comment utiliser une souffrance en force et non en affaiblissement ?
Il est difficile de répondre sans vous connaitre, ni connaitre votre histoire familiale.
Je ne sais pas non plus si vous avez vécu la guerre ou seulement vos parents.
Si vous l’avez vécue personnellement, je ne serai peut-être pas en mesure de vous parler de cela.
Je ne pourrais que difficilement vous permettre de revoir l’analyse de ce que vous auriez vécu il y a maintenant bien longtemps, n’étant pas moi-même passé par-là.
Je suis né après la guerre, ce sont les générations au-dessus de moi qui l’ont connue : mon père, mon grand-père et mon arrière-grand-père.
Les membres de ma famille qui ont été assassinés durant cette période, je ne les ai jamais connus.
Ce qui fait qu’il est difficile d’indiquer à l’écrit une manière d’utiliser cette histoire pour en tirer de la force, si je ne vous connais pas et ne sais pas par quoi vous êtes passé.
Globalement, il faut comprendre ce que veut dire «
Ce qui ne me tue pas me rend plus fort » (et c’est un boche qui l’a dit !), et voir dans les souffrances endurées un gain de robustesse psychique, de force mentale, de courage, de capacité d’abnégation, etc.
C’est en parallèle de la tristesse concernant la disparition des proches, ça ne vient aucunement l’atténuer.
Celui qui a passé la guerre, qui a connu les camps, la traque, le rationnement, la faim, la mort de ses proches, etc. est en mesure de regarder de haut les petits problèmes de la vie de tous les jours.
Il n’est pratiquement plus jamais « dépassé par les situations », au contraire, il peut affronter plus ou moins tout ce qui se présente.
A un moindre niveau, le service militaire aussi, ça endurcit.
Eh bien, la guerre encore plus.
Et la guerre inéquitable encore plus que plus.
Et la guerre inéquitable menée par des nazis encore plus que tout.
Et puis, il y a l’aspect religieux : Lorsque la situation était parfaitement favorable à ce que quelqu’un se fasse tuer et qu’il a finalement survécu (souvent au prix de miracles, je veux dire grâce à une étonnante suite de circonstances incroyables), il peut se sentir « protégé » par le Ciel, qu’il a été fait en sorte qu’il survive même si logiquement, il n’aurait pas pu s’en sortir.
Cela responsabilise dans le bon sens du terme, ça amène à prendre conscience que si D.ieu m’a sauvé, c’est qu’Il estime que je pourrais accomplir de grandes choses, ou en tout cas que je dois les accomplir, maintenant qu’Il m’a sauvé.
Enfin, il y a le poids de l’héritage qu’on récupère sur les épaules ; on se doit de faire honneur à notre famille assassinée, surtout lorsqu’il n’en reste que peu de représentants.
Voilà de quoi motiver une personne à se prendre en main et ne pas « laisser filer » la vie sans rien en faire de particulier.