Bon et maintenant que je me suis immiscé dans cette discussion que je préférais éviter, j'ajoute au moins le minimum nécessaire pour remettre certaines pendules à l'heure :
1) asb demandait :
"Lorsque vous recevez des invités, vous faites servir les hommes par vos fils et les femmes par vos filles?"
Oui, d'après le Talmud (Kiddouchine 70a) c'est ce que nous devrions faire, et ce, d'après Rachi ad. Loc., "pour éviter que votre fille ne s'habitue à côtoyer les hommes."
Pas moins que cela.
AKazan s'étonnait :
"Tout cet état d'esprit de cloisonnement hermétique qui constitue une interprétation extrémiste des textes (même sur une base volontaire) ça, personne ne le condamne !"
En effet, non seulement on ne le condamne pas mais en plus sachez qu'on l'encourage, du moins certaines de ces conduites. Les autobus séparés ont été lancés avec la "bénédiction", entre autres, du rav Lefkowits et du rav Elyachiv.
(Et en passant, rappelons que les bus séparés sont en service aux Etats Unis sur les lignes "froum" au moins depuis les années 80 ; avis à Mme Clinton…).
Alors quoi ? "on cautionne cette recherche radicale de non mixité, qui va toujours plus loin"? pourtant "la hala'ha ne nous demande pas d'aller si loin", s'étonnera AKazan.
Ce qu'il faut comprendre c'est que la notion de tsniout (pudeur) n'est pas un concept figé sur du papier. C'est une notion qui reste partiellement relative à l'endroit et à l'époque où l'on se trouve, comme l'a déjà souvent souligné le rav Wattenberg sur ce site.
Alors le fait qu'un internaute français trouve bizarre que l'on sépare les bus n'a rien d'alarmant dans l'absolu. Abrutit (excusez le terme, mais il n'y en a pas d'autre…) par les images qu'il avale consciemment ou inconsciemment du matin au soir, et par les histoires qu'il vit au quotidien, on ne peut pas espérer beaucoup plus de sa part. Que l'idée d'un bus séparé lui paraisse "choquante", est normal.
Par contre comprenez qu'a Bné Braq ou Méa Chéarim, où les gens vivent très loin de ce que nous vivons en France. Où l'air qu'ils respirent est tellement différent de celui pollué auquel nous avons été astreints à nous habituer. Il est au contraire normal, et même moral, de chercher à instaurer ces quelques règles supplémentaires de tsniout.
Alors oui, en termes de halaha stricte on peut se passer de ces bus, mais dans leur contexte il n'y a rien d'exagéré, au contraire.
Et alors où est la limite ?
Ici aussi tout dépend d'où et quand. Et c'est pourquoi il convient à chaque endroit que ce soit les rabbanim qui fixent les limites.
Dernièrement certains mouvements (pour ne pas dire certaines sectes) ont été "plus loin", les rabbanim les ont blâmés.
2) Il m'est impossible de ne pas glisser un mot sur l'aspect "politique" de cette histoire. Si comme moi la politique vous gonfle, ne lisez simplement pas la suite de mon message.
L'Etat d'Israël à ses débuts était dirigé par ce que l'on appelle "la gauche".
Et, bien que l'état soit officiellement démocratique, officieusement les dirigeants s'arrangeaient pour être tout le temps réélus. Comment ? Tout simplement parce qu'à l'époque chaque électeur savait que si le Parti ne passait pas dans sa circonscription, il risquait après les élections de se retrouver sans emploi et sans couverture sociale (les petits carnets rouges pour ceux qui s'en rappellent).
Puis en 1977, pour la première fois la droite emporte les élections. Le Tabou était anéanti.
Mais nos ex-dirigeants n'ont pas lâché le morceau, et ont continué à influencer la vie en Israël à l'aide de deux instruments très puissants: les tribunaux et les médias, qui sont sous leur totale "tutelle".
Et bien que leur pouvoir politique aille depuis en diminuant (à part une petite reprise momentanée dans les années 90 avec l'Alya de l'ex-U.R.S.S.), ces deux instruments leur sont restés fidèles, et leur permettent souvent de "contourner" habilement la démocratie.
Mais voilà qu'il y a à peu près deux ans, une nouvelle secousse les a menacés. C'était la fameuse histoire d'Immanuel. Le tribunal gauchiste c'est retrouvé confronté à un bras de fer avec les orthodoxes, qui a été gagné par ces derniers. (Je passe sur la façon dont cette histoire a été déformée par les médias d'un combat idéologique en combat raciste, ce n'est pas le sujet ici.)
Depuis "ils sont mal". Les tribunaux ne sont plus aussi menaçants qu'avant.
Heureusement il leur reste une arme ultime : les médias.
C'est à l'aide de ceux-ci qu'ils ont tout fait pour essayer de généraliser la conduite de quelques marginaux sur l'ensemble des religieux. Comment ?
En mélangeant dans les esprits non avertis la conduite odieuse de certains extrémistes orthodoxes (les crachas etc.), à la conduite fort mal comprise de l'ensemble de la communauté orthodoxe (les bus etc.). Dans le but diaboliser les orthodoxes aux yeux du peuple en Israël, et du monde.
Je pense donc que le plus important pour le moment est de savoir clairement faire la distinction entre la violence (sous toutes ses formes), et la recherche de tsniout. La première étant à rejeter totalement, et la seconde étant entièrement légitime (tant qu'elle est volontaire, et soutenue par les rabbanim en Israël).
Bon j'ai déjà trop parlé...