Shalom à tous,
Je me permets de répondre parce que je suis tombé un peu par hasard sur ce sujet. Désolé si je remonte un sujet un peu ancien, mais je me sens obligé de répondre aux commentaires que j'ai pu lire.
Je suis un guer, qui me suis converti par le Consistoire de façon totalement casher, et je ne me reconnais pas dans les commentaires négatifs au sujet de la conversion.
Qu'il y ait des épreuves, c'est absolument certain. La conversion est un chemin difficile, et il serait malhonnête de dire le contraire. Au niveau humain, je n'ai néanmoins jamais eu de problème dans ma vie juive. Tout le monde a toujours été adorable, que ce soit le rabbin ou ma communauté (à titre informatif je vis à Paris, mais j'ai entendu dire que c'est aussi le cas ailleurs). Les rabbins consistoriaux ont été très bons avec moi et ont même accéléré un peu le processus à un moment en voyant que je maîtrisais bien les bases. Je ne me suis jamais senti discriminé, mal à l'aise ou quoi que ce soit. Je pense qu'on a exigé de moi du sérieux, à la fois dans le travail de conversion et au niveau de ma personnalité. On attend effectivement du converti, outre son niveau de connaissances, d'être adulte et équilibré - quel que soit notre âge. Les rabbins évaluent ça, Baroukh Hachem. La conversion n'est donc pas facile mais n'est pas impossible. Les cas de conversion annulées sans motif sont généralement des légendes. Quelqu'un de sérieux, rigoureux et équilibré ira jusqu'au bout, et je n'ai jamais vu un rabbin mettre des bâtons dans les roues d'un candidat.
Sur les forums on entend beaucoup de choses à la fois sur l'attitude des rabbins du Consistoire, sur l'attitude des gens... à la fois de guérim, de personnes en conversion et de non-guérim. Je n'ai jamais ni vécu cela, ni connu quelqu'un qui l'ait vécu. D'expérience, le guer est plutôt bien vu. Souvent ce sont des gens discrets - ça a été mon cas - qui s'excluent un peu d'eux-mêmes. Je pense que le problème ici est le même que pour les Baalé Techouva : on se retrouve dans un environnement avec des gens qui se connaissent, souvent depuis très petits, et l'intégration est dure. Ce n'est pas inhérent au guiyour, mais général à l'intégration à une synagogue consistoriale. D'expérience, les Beth Habad sont plus familiers car les gens ne se connaissent généralement pas trop (je parle d'expérience seulement), ou moins en tout cas. C'est juste une question sociologique. Ne tombez pas dans la paranoïa : ça arrive beaucoup aux convertis.
Je dirais même le contraire : l'avantage de la conversion - consistoriale en tout cas - est qu'elle implique des cours suivis avec d'autres personnes en voie de conversion (généralement dans les mois ou l'année qui précède la conversion, c'est un peu "l'ultime étape" avant l'examen puis le Beth Din). Ces cours sont très bien pensés, car ils ne sont pas les moyens d'avoir des connaissances (là-dessus on est déjà censé les avoir en réalité, au moins la plupart), mais ils préparent psychologiquement à la conversion, et SURTOUT, ils permettent de rencontrer des gens aux parcours fantastiques. Si quelqu'un qui se convertit me lit : ne pas voir ces cours que comme une formalité, mais vraiment comme un moyen de socialisation. Je pense qu'ils sont aussi pensés pour ça.
Pour le mariage, il y a des épreuves, sans doute, et ce qui a été dénoncé existe, mais pas à ce niveau-là. Là-dessus deux remarques :
- Ce n'est pas aussi systématique et grave que mentionné.
- C'est à la discrétion d'une femme d'épouser qui elle veut. Un homme qui dira "Je veux épouser une femme séfarade" n'est pas raciste envers les ashkénazes. C'est juste qu'il veut épouser une femme séfarade, et c'est son droit.
- Les mentalités ont beaucoup évolué et de plus en plus de familles juives accueillent des guérim.
- J'ai des cas de guérim mariés à des femmes juives, et réciproquement (même le cas d'un Loubavitch marié à une guer). Ce qui a été mentionné au-dessus est donc largement exagéré. On ne peut pas dire que ça n'existe pas du tout, mais c'est exagéré.
- Le guer peut parfois avoir tendance à la paranoïa. Ça se comprend. Mais il doit se rentrer dans la tête qu'il n'est pas dans un environnement hostile, et ne pas perdre confiance en Hachem. Les gens ne le jugent pas, en général ils n'en ont rien à faire ou voient ça favorablement. Pour le mariage ça existe mais ça existe aussi des cas où ça se passe bien. Il ne faut pas non plus tout monter en épingle : une remarque doit rester anecdotique. La vie est dure, les gens ne sont pas des saints, et alors ? Vous avez Hachem de votre côté alors tout va bien.
- Je n'ai jamais entendu parler d'enfants de guerim maltraités par les autres. Je pense qu'on exagère des cas marginaux d'enfants "bullies" qui les ont blessés, et que c'est plus inhérent à la cruauté des enfants qu'autre chose. Encore une fois : le converti ne doit pas tout monter en épingle. Une remarque cruelle ne représente que la personne qui l'émet, pas plus. Il est probable que les enfants harceleurs aient aussi harcelé un enfant parce qu'il était plus petit, un peu rond... sinon, rien à dire si ce n'est que les enfants sont cruels entre eux, et que la moindre différence sera mal vue. Au pire, que l'enfant ne le dise pas et que les parents restent discrets. Pas besoin de le hurler sur tous les toits non plus.
- Sinon épousez une guer. Où est le problème ? Ce n'est pas de l'exclusion, c'est juste que le parcours sera similaire. C'est pratique. Personnellement, c'est le choix que je recommanderais. Comme ça vous pourrez échanger sur vos parcours, vos difficultés, vous comprendrez les situations familiales... Pour des raisons pratiques - et le Chidoukh est une rencontre où la raison doit, je pense, avoir un rôle considérable, si ce n'est primer - je ne peux que vous le recommander. Il existe des guerim qui se refusent à en épouser je ne sais pas pourquoi. Le guer à qui l'on répète - à juste titre - que les autres juifs ont le devoir de l'aimer beaucoup doit aussi appliquer cette halakha et se rendre compte de la chance qu'il peut avoir à épouser une guer.
- Les cas de rejets d'une juive "de naissance" s'expliquent à mon avis par la différence de parcours/familiales que je peux comprendre. Ce n'est pas du racisme, ni de la ségrégation. Un homme blanc fait-il de la ségrégation quand il refuse d'épouser une femme asiatique, par exemple ? Non. La ségrégation est quelque chose de sérieux que je vous recommande d'étudier. Elle a existé pour le peuple juif pendant deux millénaires, ou encore en Afrique du Sud contre les Noirs il y a moins de cinquante ans. C'est un processus grave qui repose sur des moyens d'une grande cruauté et n'a rien à voir avec ce que vous mentionnez.
J'ai parfois l'impression que certains font croire que la conversion est impossible et que c'est une vie infernale. Ce n'est pas impossible, quelqu'un de motivé ira au bout, et c'est une vie magnifique pleine de berakha et de présence divine. Je n'ai jamais eu de remarque de personne, les femmes se marient avec qui elles veulent - fort heureusement - et chacun trouve chaussure à son pied. Il existe un forum, que je ne citerai pas ici car je ne sais pas si j'ai le droit, adressé aux candidats au guiyour, sur lequel beaucoup de convertis témoignent de leur parcours post-conversion. Il y a parfois eu des chiddoukhim qui se sont mal passés, oui, c'est vrai, mais comme il peut mal se passer pour des tonnes d'autres raisons. Je n'ai en revanche jamais lu de situations de personnes totalement désespérées qui ne trouvaient pas, et tout le monde trouve sans trop de problèmes.
Pour la personne qui dit que les juifs sont racistes, je n'ai rien compris. Qu'il y ait des cas de jeunes un peu excités dans un contexte de conflit israélo-arabe (je reprends l'exemple donné par la personne qui a parlé), je n'en doute pas. C'est condamnable, mais anecdotique. Je n'ai pas rencontré de juif raciste contre les guérim. Il y en a sans doute, mais c'est ultra-marginal, et souvent dans des familles assez superficiellement juives et pas pratiquantes. Quand on est converti on ne doit pas devenir parano...
L'attitude ultra-majoritaire des gens sur les convertis est un mélange d'indifférence vis-à-vis de votre parcours et de bienveillance. Tout le monde doit se mettre en tête, juifs comme non-juifs, que 99,99% de l'humanité se fiche de votre vie et sont préoccupés par la leur, et la question de savoir si vous êtes converti ou non ne les préoccupe pas tant que ça...
Si tant est que vous rencontrez quelqu'un d'intolérant, ignorez-le : c'est marginal et on s'en fiche.
Merci de m'avoir lu, ce message me tenait à cœur.