Chaque synagogue juive tolérait une frange de croyants venant de chez les Gentils, des hommes “ dévots ” ou “ craignant Dieu ”, et c'est parmi cette frange de prosélytes que Paul opéra la majeure partie de ses premières conversions au christianisme. Même au temple de Jérusalem, il y avait, pour les Gentils, une cour richement décorée. La culture, le commerce et le culte de Jérusalem étaient très étroitement liés avec ceux d'Antioche. C'est à Antioche que les disciples de Paul furent appelés, pour la première fois, “ les chrétiens ”.
La centralisation, à Jérusalem, du culte juif du temple constituait à la fois le secret de la survivance du monothéisme juif et la promesse qu'il nourrirait et répandrait, dans le monde, un nouveau concept élargi de ce Dieu unique de toutes les nations et Père de tous les mortels. Le service du temple, à Jérusalem, représentait la survivance d'un concept culturel religieux en face de la chute d'une succession de suzerains nationaux Gentils, persécuteurs raciaux
.
Bien que le peuple juif de l'époque fût sous la suzeraineté romaine, il jouissait d'une très grande autonomie gouvernementale. Et se souvenant des héroïques exploits de délivrance alors récemment accomplis par Judas Macchabée et ses successeurs immédiats, il vibrait dans l'attente de l'apparition toute prochaine d'un libérateur encore plus grand, le Messie longtemps attendu.
Le secret de la survie de la Palestine, royaume des Juifs, en tant qu'état semi-indépendant, était intimement lié à la politique étrangère du gouvernement romain qui désirait conserver le contrôle de la grande route palestinienne de transit entre la Syrie et l'Égypte, ainsi que les terminus occidentaux des routes des caravanes entre l'Orient et l'Occident. Rome ne souhaitait pas qu'une puissance quelconque puisse s'élever dans le Levant avec la possibilité de brider son expansion future dans ces régions. La politique d'intrigues, qui avait pour objet d'opposer la Syrie séleucide et l'Égypte des Ptolémées, conduisait à conserver la Palestine comme un État séparé et indépendant. La politique romaine, la dégénérescence de l'Égypte et l'affaiblissement progressif des Séleucides devant le pouvoir croissant des Parthes expliquent pourquoi, pendant plusieurs générations, un faible petit groupe de Juifs parvint à maintenir son indépendance à la fois contre les Séleucides au nord et les Ptolémées au sud. Les Juifs attribuaient cette liberté fortuite et cette indépendance de la férule des peuples voisins plus puissants, au fait qu'ils étaient “ le peuple élu ”, à l'intervention directe de Yahweh. Une telle attitude de supériorité raciale leur rendit d'autant plus dur de supporter la suzeraineté romaine lorsqu'elle s'abattit finalement sur leur pays. Même à ce triste moment, les Juifs refusèrent d'apprendre que leur mission mondiale était spirituelle et non politique.
Les Juifs étaient anormalement craintifs et soupçonneux à l'époque de Jésus, parce qu'ils étaient alors gouvernés par un étranger, Hérode l'Iduméen, qui s'était emparé de la suzeraineté sur la Judée en s'insinuant habilement dans les bonnes grâces des dirigeants romains. Bien qu'Hérode professât d'être loyal aux observances du cérémonial hébreu, il se mit à construire des temples pour nombre de dieux étrangers...
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