quant à la source du kirouv, il y a un maamar intéressant dans Sanhédrin 37a : Rabbi Zeira faisait du kirouv et les 'hakhamim s'énervaient contre lui pour ce qu'ils faisaient. La aggada est obscure sur place, dur à dire quelle était vraiment la ma'hloket.
Comme source pour le kirouv voyez hilkhot mamrim 3, 3. Voyez tout de même le commentaire du Radbaz sur place.
J'ai fait une 'haboura au Cej (collel de Nice) la semaine dernière sur le sujet.
Au final (en me basant notamment sur ces mekorot), il me semble qu'il faille distinguer entre deux choses :
-le kirouv en vue de "faire connaître"
-le kirouv en vue de faire du "prosélytisme interne".
Le premier = diffuser la Torah afin de donner la possibilité à ceux qui ne connaissent pas de l'étudier.
Le second = tenter de convaincre à tout prix qu'il faille accomplir les mitsvot.
Il me semble que seul le n°1 trouve une légitimité dans nos sources rabbiniques.
Bonjour,
en lisant le texte cité par LaBonneHumeur j'ai eu le sentiment que "le kirouv en vue de faire du prosélytisme interne" peut lui aussi y trouver sa source.
Voyez-vous cela différemment ?
שמצוה זו כוללת גם כן שנדרוש ונקרא האנשים כולם לעבודתו יתעלה ולהאמין בו
= cette mitsva inclut qu'on cherche et qu'on appelle tous les hommes à Le servir et à croire en Lui
Ce n'est pas de prosélytisme "interne" qu'il s'agit puisque sont concernés tous les hommes ( "haanachim koulam") et non tous les juifs. Il ne s'agit donc pas de pousser aux mitsvot (dans le sens = 613 mitsvot en général). L'application concrète de cette mitsva me semble assez difficile. Peut-être ceux qui vont chercher également les bné Noa'h pour leur enseigner la Torah l'appliquent-ils.
Par ailleurs, il n'est pas question de "pousser à tout prix à faire les mitsvot". Le Rambam dit en effet au début des Issodéi haTorah qu'il faut SAVOIR qu'il y a une Dieu. Le "savoir" ne peut procéder que d'une compréhension intellectuelle et non d'une foi sentimentale provoquée par le travail de "missionnaires" très persuasifs.
Il ne peut donc s'agir selon le Rambam que d'un "Kirouv" visant à apporter une connaissance, avec l'objectif final de reconnaître la Grandeur Divine.
J'en profite pour apporter une précision sur cette mitsva assé n°3 :
Si vous lisez ce texte en hébreu vous trouvez :
הנה אתה בלא ספק תדרוש ותקרא הכופרים והסכלים לידיעת האמת אשר ידעת אותה
"Tu dois sans aucun doute rechercher et appeler les "kofrim/hérétiques" et les idiots à la connaissance de la vérité que tu connais"
Cette idée d'aller vers les "kofrim" contredit ce que dit le Rambam par ailleurs cf. Hilkhot mamrim 3, 3 :
מאחר שנתפרסם שהוא כופר בתורה שבעל פה [מורידין אותו] ולא מעלין והרי הוא כשאר כל האפיקורוסין והאומרין אין תורה מן השמים והמוסרין והמומרין, שכל אלו אינם בכלל ישראל ואין צריך לא לעדים ולא התראה ולא דיינים [אלא כל ההורג אחד מהן עשה מצוה גדולה והסיר המכשול].
(en gros = dès qu'il s'agit certainement d'un kofer, il faut le rejeter d'emblée)
voir aussi son commentaire sur la MIchna avot au second perek "sache quoi répondre à l'apikoros" et dans les hilkhot Techouva au sujet de ceux dont la techouva ne peut être acceptée (cela va dans le même sens que cette halakha pré-citée)
En réalité, il n'y a pas de contradiction à mon avis mais juste une erreur de scribe. En effet dans l'édition Frankel du Mishné Torah, la note montre une autre version lisant "hasikhlim véhapétiim" (les idiots et les sots) au lieu de "hakofrim véhasikhlim" (les hérétiques et les idiots). L'édition du sefer haMitsvot du Beth-Loubavitch a d'ailleurs justement traduit selon la seconde version : "on cherche sans doute à convaincre les sots et les ignorants d'acquérir la connaissance ...." (4ème édition 2006 p.16 cours n°6).
a/ Pourtant en lisant "qu'on appelle tous les hommes à Le servir" je comprends qu'il ne s'agit pas seulement de viser à apporter une connaissance, avec l'objectif final de reconnaître la Grandeur Divine, mais aussi d'inciter (peut être pas par un travail de "missionnaires" très persuasifs - mais c'est une autre question) à l'accomplissement des Mitsvot.
b/ Bravo pour votre remarque à propos des kofrim, qui en effet semble ne pas coller avec l'avis général du Rambam. Ainsi que de votre réponse qui parait juste.
A noter que le sefer amitsvot à été rédigé en arabe, et que les traductions que nous utilisons peuvent tout à fait être inexactes.
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